dimanche 19 décembre 2010

[Toute ressemblance avec…]

Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien.
Avec cette pleine puissance,
en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France,
de l’Europe peut-être.
Seulement voilà, il a pris la France et n’en sait rien faire.
Dieu sait pourtant que Le Président se démène :
Il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ;
ne pouvant créer, il décrète ;
il cherche à donner le change sur sa nullité ;
c’est le mouvement perpétuel ;
mais, hélas ! Cette roue tourne à vide.
L’homme qui, après sa prise du pouvoir
a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux.
Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots,
ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir.
Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort.
Il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse.
Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit
et qu’ensuite on mesure le succès et qu’on le trouve énorme,
il est impossible que l’esprit n’éprouve pas quelque surprise.
On y ajoutera le cynisme car, la France,
il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l’insulte et la bafoue !
Triste spectacle que celui du galop, à travers l’absurde,
d’un homme médiocre échappé.
Victor HUGO, dans  Napoléon, le petit

mercredi 15 décembre 2010

[Vous avez raison, laissons-les crever]

une humeur que je partage totalement, je prends la liberté de la publier...
par Antoine Nélisse
http://nelisse.be/blog/

J’en ai marre de répondre au coup par coup. Mais il y a des choses qui, à la lecture, me donnent envie de vomir. C’est le cas de cette nouvelle chaîne qui circule sur les profils de certains de mes amis. Je la reproduis ici pour que tout le monde comprenne bien de quoi je parle :

"38 euros par jour et par refugié à Bierset…Combien donne-t-on, Messieurs les Ministres, à nos belges qui meurent de froid dans nos rues??? 38 x 30 = 1140 euros…Beaucoup de pensionnés ont beaucoup moins et ils ont travaillé toute leur vie…Mettez cela sur votre mur si vous osez…..c’est HONTEUX…"

Il y a plusieurs choses qui me choquent dans ces propos, pour des raisons tant purement objectives que totalement subjectives. La première, la plus viscérale, tient en deux mots de ce pamphlet : « nos belges ». Comprenez bien la portée de ces deux mots. Ils signifient qu’un mot sur une carte d’identité, le hasard de la naissance, devrait à eux seuls déterminer si oui ou non on peut crever de froid ou de faim dans la rue. Ils tiennent au même sentiment bas et mesquin que vous, qui publiez ce texte, reprochez à un De Wever quand il tient des propos du genre « nos flamands paient trop pour ces wallons ».

Pensez-y : « nos belges » ont bon dos quand il s’agit de stigmatiser l’aide apportée à des êtres humains que la vie a fait naître hors de nos frontières. Ils forment un groupe que vous voudriez homogène pour l’opposer à « ces réfugiés ». Mais vous avez vite fait de diviser « nos belges » en « ces flamands », « ces chômeurs », « ces assistés »,… quand il s’agit de hurler sur d’autres dépenses ou pour d’autres causes.

Le deuxième élément qui me choque est la comparaison financière. Le calcul est simple, 38€, 30 jours dans un mois, ça fait 1140€ qu’on « donne » à « ces réfugiés » là où « d’honnêtes pensionnés belges » reçoivent moins. La logique est imparable. Ou pas.

Les 38€ par jour ne représentent pas de l’argent de poche qu’on « donne » aux réfugiés. Ils représentent l’ensemble des coûts supportés par les pouvoirs publics pour assurer les besoins minimums de ces êtres humains. Si vous voulez que la comparaison soit un minimum correcte, il ne faut pas comparer cette somme à la pension nette d’un « honnête pensionné belge ». Il faut ajouter à celle-ci l’ensemble des coûts pris en charge par la collectivité (à juste titre, là n’est pas la question) pour un pensionné « moyen ». Ce qui inclut, comme pour n’importe quel citoyen, les services publics, le remboursement des soins de santé, certains avantages liés au statut de pensionné, mais aussi des aides sociales pour les plus démunis (prime de chauffage annuelle, logements sociaux,…). Sans avoir les chiffres précis de ces différentes interventions, je peux vous garantir que le total monte largement au-dessus des 38€ quotidiens.

Je voudrais tout de même préciser certains points de ma pensée. Je ne pense pas que les pouvoirs publics en fassent assez pour les plus démunis de « nos belges ». Je ne trouve pas normal que des êtres humains quelle que soit leur nationalité passent la nuit dans la rue par -10°C et soient obligés de dormir dans la Maison des TEC pour avoir un peu de chaleur. Je ne trouve pas normal qu’une personne qui a travaillé et payé ses impôts toute sa vie vive sous le seuil de pauvreté.

Là où je m’insurge, c’est qu’on ne pense à ces gens que pour opposer leur situation à celle d’autres humains. La plupart d’entre vous, en temps normal, quand il ne s’agit pas de gueuler parce que les pouvoirs publics aident des êtres humains en détresse, n’en a strictement rien à foutre des SDF et des pensionnés.

Là où je m’insurge, c’est quand je lis que, sous prétexte de nationalité, des gens devraient être autorisés à crever dans le froid et la faim, enfants compris. La situation des réfugiés en Belgique, quoi qu’en laisse miroiter la presse avec des chiffres à deux balles, n’est pas idyllique. En l’absence de critères clairs et précis, la plupart des dossiers d’admission traînent des années durant et sont adjugés à la tête du client. Pendant ce temps, ces êtres humains n’ont droit à rien, si ce n’est les miettes qu’on veut bien leur jeter. La plupart d’entre eux ne demande qu’à travailler et à oeuvrer à la bonne marche de la société, mais sans papiers, pas de boulot. Sans oublier la raison pour laquelle ils sont ici. Ceux qui ont effectivement le statut de réfugié sont venus parce que la situation de leur pays d’origine fait que leur vie y est menacée. Ils ne sont pas forcément ici par choix.

Les solutions d’hébergement que vous décriez bien fort sont des mesures d’urgence qui ne remplaceront en rien une réflexion longue et profonde sur le statut des réfugiés et autres sans-papiers et sur la manière dont nous voulons envisager leur accueil. Mais elles sont nécessaires ! Elles portent bien leur nom, car il y a urgence. Et ces gens ne méritent pas plus que « nos belges » de crever la gueule ouverte en attendant que leur statut soit, ou non, régularisé !

Et puis merde ! Ce sont des êtres humains ! Ce qui est « HONTEUX », c’est de laisser ces gens crever dans la rue sous prétexte qu’ils sont étrangers. En faisant ça, nous perdons nous-même le droit de nous prétendre humains. Pourriez-vous vraiment continuer à vous regarder dans la glace après ça ? Pas moi.

Alors allez-y, postez ce pamphlet anti-réfugiés comme statut Facebook si vous osez vous proclamer comme des partisans de la machine à exclure, si vous trouvez normal que des mômes qui n’ont rien demandé crèvent dans la rue sous prétexte qu’ils ne sont pas nés ici. Osez vous affirmer haut et fort comme des individualistes qui ont cessé de croire en des concepts essentiels comme la solidarité. Mais espérez de tout votre coeur ne jamais avoir besoin de la moindre aide, ne jamais connaître le moindre accident de la vie. Car ce jour-là, il y a de fortes chances que vous creviez de faim et de froid, peut-être même sans un toit au-dessus de votre tête.

Ou bien, si vous avez compris le sens de mon propos et que vous avez réfléchi quelques minutes à la portée de quelque chose d’aussi simple que ces quelques lignes assassines, supprimez ce statut et encouragez ceux de votre connaissance qui le postent à lire cet article. Il est paramétré pour que n’importe qui puisse le lire, contrairement au reste de mes publications, car je crois fermement que ce message doit être diffusé.

Et désormais, quand vous tomberez sur une chaîne Facebook qui semble tellement logique, tournez sept fois vos mains sur votre clavier avant de le diffuser. Utiliser le net ne dispense pas d’esprit critique. Au contraire.

mardi 14 décembre 2010

[Pensions : signez la pétition]

Un retraité sur 5 vit sous le seuil de pauvreté (966 €/mois)
En 10 ans, les pensionnés ont perdu près de 30% de pouvoir d’achat
Les femmes sont les plus durement touchées
Nos pensions sont parmi les plus basses d’Europe






regarder l'émission de la FGTB cliquez ici

lundi 13 décembre 2010

Vive la crise

A la fin des années 70, 1% des Américains accaparaient plus de 8% des revenus totaux du pays. Après la crise, leur part a été multipliée par trois. Cherchez l'erreur. (Marianne)

mercredi 27 octobre 2010

[PROPAGANDE]

[Les raffineries ne redémarreront pas]
Quel surprise d’entendre sur France inter « Trois raffineries ont suspendu le mouvement et vont reprendre l’activité ».
Alors que la veille, lors d’une visite aux gréviste de la raffinerie de Donges, la détermination était là, et aussi pour toutes les autres. Renseignement pris auprès d’un délégué CGT de la raffinerie de Donges, il s’avère que ca n’est pas prêt de repartir.
Petite explication... Il y en effet trois raffineries qui ont suspendu le mouvement.
La raffinerie de Reichstett (Bas-Rhin), de la compagnie helvétique Petroplus, qui venait d’annoncer sa volonté de fermer définitivement le site pour le transformer en simple terminal pétrolier, supprimant au passage 253 emplois sur 255. Le mouvement a été suspendu suite à la garantie de la part de la direction de ne plus fermer le site ! La raffinerie est alimentée en pétrole brut par un pipeline qui viens du port pétrolier de Fos-sur-mer qui lui est en grève et lâche rien. La raffinerie ne peut donc pas redémarrer !
Deux raffineries du groupe Exon une à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et une a Port-Jérôme (Seine-Maritime). Elle ont toutes les deux suspendu le mouvement après que la direction est mis le paquet sur la table et leur ait proposé le paiement intégral des jours de grève !! Tous sachant quelle ne pourrait pas redémarrer aussi. En effet celle de Fos est alimentée par le même terminal pétrolier de Fos-sur-Mer. Celle de Normandie est alimentée par l’entreprise SIM qui est également en grève et ne lâche rien également !!
Les 9 autres raffineries (6 du groupe Total, 1 Petroplus, 2 Basell) sont toujours dans le mouvement contre la mise en place de la réforme des retraites !!
[La pénurie de pétrole ne s’éloigne pas] L’approvisionnement par bateau ne suffira pas a couvrir les besoins quotidiens. Ce n’est pas le moment de se faire duper par une presse mal renseignée et démobilisatrice !!
Continuons à généraliser la grève, à durcir le ton et à soutenir les grévistes. Des caisses de solidarité circulent un peut partout, pour celle de Donges on en est a 30 000€.

paru sur http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5310

vendredi 22 octobre 2010

[Les casseurs]


Pour une fois je suis d'accord avec Sarko : il faut arrêter les casseurs. Et les punir lourdement.
Et lui en premier. Et toute sa bande.
Regardez bien cette photo. Ce que vous voyez là ce sont les casseurs de Sarko. Ne vous laissez pas séduire par l'autocollant "Je lutte de classes", baissez le regard et vous rencontrerez la matraque télescopique qui équipe les flics en civil.
Mais surtout regardez bien derrière ces casseurs. Non pas seulement un rang, un peu plus loin, tout au dessus : le pouvoir, le fric, la finance. Qui ont besoin de ces larbins pour tenter de discréditer le mouvement qui prend de l'ampleur.
Cette photo a été prise ce 21 octobre 2010 à Paris, place Denfert-Rochereau mais vous auriez pu retrouver la même à Athènes un an plus tôt. Et aussi la même à Bruxelles le 29 septembre.

mardi 19 octobre 2010

[RETRAITE : LA JOINT-VENTURE DES FRERES SARKOZY CONTRE LES REGIMES PAR REPARTITION]


par Laurent Mauduit
MEDIAPART


[Dans le tumulte actuel] de la réforme des retraites, syndicats et opposition font à Nicolas Sarkozy d'innombrables reproches. Tout particulièrement celui de faire porter le poids de l'effort quasi exclusivement au monde du travail et presque pas au capital. Mais, dans le flot des griefs, il en est un qui est rarement adressé au chef de l'Etat: celui de vouloir déstabiliser le système de retraite par répartition – l'un des pivots du modèle social français –, et de faire le jeu du système individuel de retraite par capitalisation – l'un des ressorts du capitalisme anglo-saxon.

[Arrestation et détention arbitraire dans le cadre d'une vaste opération policière au marché de Châtelineau]

Samedi 16 octobre. Nous nous trouvons avec quelques membres de la Plate-forme Charleroi-Palestine avec un stand au marché de Châtelineau. Tout se passe bien, nous avons de multiples discussions avec les gens, très réceptifs à nos arguments sur le boycott des produits israéliens. Vers midi, un hélicoptère tourne sans arrêt au-dessus de la place. Nous nous demandons ce qui se passe. Un peu plus tard, une camionnette de la police se fraie un chemin le long du marché, passant à proximité de notre stand. Puis un ami de la Plate-forme vient nous dire : « Ils sont en train d'arrêter plein de sans-papiers, là-bas. » Cela se passe dans une rue donnant sur le marché, tout près de notre emplacement.

Je décide d'aller voir. Là, derrière une camionnette de police, je vois quatre ou cinq personnes alignées contre une grille, les mains menottées dans le dos. Je m'en vais un peu plus loin, puis je reviens sur mes pas et je prends deux photos. Un policier me dit, calmement, que je dois laisser la police faire son travail et que je ne peux pas prendre de photos. Je demande pourquoi on arrête tous ces gens. Il me répond qu'ils vendent des produits de contrefaçon.

Je m'éloigne, je retourne au stand, la rage au coeur. Pourquoi s’en prend-on aux petits vendeurs, souvent des sans-papiers n'ayant pas la possibilité de faire un autre boulot, alors que ce ne sont pas eux qui font écouler la marchandise sur le marché.

On discute un peu au stand, et voilà qu'un commissaire de la police s'amène.

« Vous pouvez venir une minute avec moi ? » Je le suis, un membre de la Plate-forme le suit aussi. Le commissaire me dit : « Vous avez posé une question au policier. Vous n'avez pas le droit de poser des questions. » « Vous avez pris des photos aussi. On va vous entendre au commissariat. » Il appelle son « team d'arrestation ». Trois ou quatre policiers en civil s'amènent très rapidement. Ils me prennent de force, me soulèvent des deux côtés à la fois.

On me pousse dans la camionnette, on me prend mon GSM, mon appareil photo et on met tout cela dans un sac en plastic. Dans la camionnette, il y a trois personnes arrêtées, menottées. J'apprends que deux d'entre elles n'ont pas de papiers de séjour, le troisième n'a pas de permis de travail.

J'entends par la radio de la camionnette que l'opération d'arrestation se poursuit. Des policiers en civil passent régulièrement près de la camionnette.Mon GSM sonne tout le temps. Je demande de pouvoir répondre. « Vous n'en avez pas le droit, vous êtes en détention administrative. »On ne part toujours pas. En fait, le chauffeur attend du renfort...

Une des personnes arrêtées supplie : « S'il vous plaît, éloignez-nous d’ici : les gens du marché vont nous prendre pour des criminels... » Le policier du marché propose d'accompagner la camionnette pour qu'enfin celle-ci puisse partir.

Nous arrivons au commissariat de Châtelet. On nous amène dans un couloir. À gauche, il y a le bureau d'« accueil ». À droite, des cellules où des jeunes d'origine étrangère se trouvent par deux, les mains liées, derrière les barreaux. Il y a un va-et-vient impressionnant, dans ce couloir. De nouveaux « arrivages » de personnes arrêtées, de policiers en civil.

Un policier particulièrement excité et très autoritaire (et je reste polie) donne les ordres et décide qui va où.

Je suis « appelée » dans ce bureau. Le policier hyper-excité se met à m'aboyer dessus. Je lui réponds que je ne suis pas son chien. Vu que mon comportement n'est pas assez collaborant, il m'accuse de « trouble de l'ordre public », « rébellion », « outrage à policiers en fonction ». « Maintenant vous avez deux dossier judicaires et vous êtes en détention judiciaire." Le lendemain, un avocat me dira qu'ils m'ont dit n'importe quoi. Je ne pouvais pas être en arrestation judiciaire, parce que je n'avais pas vu un juge d'instruction.

Je dois enlever mon bonnet, mon manteau, mes châles, mes sacs... Le policier donne l’ordre à une collègue de me fouiller et envoie une deuxième policière pour l’accompagner car « elle (moi, en fait) se rebelle ».

Je laisse faire la fouille. (Je dois enlever les chaussures, les chaussettes, le jeans, le T-shirt, le pull. Me mettre de face, me mettre de dos. Soulever le soutien-gorge). Après, je dis aux policières qu'il n'est pas normal qu'on me traite ainsi, uniquement parce que je pose une question et que je prends des photos.

On m'amène dans un bureau pour que je fasse une déclaration. Je le refuse. C'est mon droit. Les policiers à qui j’ai affaire ne sont pas contraires. Je dis que je voudrais déposer plainte. Ils me disent que j'ai le droit de déposer plainte au comité P.

De retour à « l'accueil », le policier hyper-excité ordonne qu'on m'emmène dans une cellule en bas. Je vois de nouveaux visages de personnes arrêtées derrière les barreaux. Il y a de nouveau plein de monde dans le couloir.

On m'emmène dans les caves. Je dois enlever mes chaussures, on me fait entrer dans une cellule, je dois enlever mon soutien-gorge. Le froid me tombe dessus. Je demande d'avoir ma veste. « Vous n'avez pas le droit, il y a une couverture. »

Cette cellule ressemble plus à un cachot qu'à autre chose. Il n'y a pas de lumière de jour, elle est à demi éclairée par un spot placé au-dessus de la porte d'acier. Un banc, une toilette. 2 m sur 2 m 30. Il y fait très froid. Je ne peux pas mettre les pieds à terre car le carrelage est très froid lui aussi. Je mets la couverture autour de moi, des épaules jusqu'aux pieds et j'attends sur le banc.

A un certain moment, j'entends qu'un policier vient dans le couloir. Je tape avec mon coude contre la porte d'acier : « Je veux téléphoner à mon mari et à un avocat. » « Vous n'avez pas le droit, vous êtes en détention judiciaire. » Encore un qui dit n'importe quoi.

Je reste au moins deux heures dans cette cellule froide. Heureusement, en élevant la voix, je peux échanger quelques mots avec la personne qui se trouve à côté. J'apprends que c'est la personne qui était assise avec moi dans la camionnette. « Madame, vous êtes là ? »... « Oui. »... « Putain !... ».

Je lui demande s'il ne craint pas d'être expulsé. Il me dit que, la fois précédente, on l'a relâché après quelques heures. J'espère pour lui que ce sera pareil maintenant. « Patience, Madame, quelques heures... »

A nouveau, des pas dans le couloir. Le commissaire qui a ordonné la détention administrative ouvre la porte, accompagné de deux autres policiers. Il me dit que je peux sortir. Je récupère mes affaires à « l'accueil ».

Mais je suis encore amenée dans un autre bureau. Avec le commissaire, encore les deux mêmes policiers qui sont venus jusqu'à la cellule, et un nouveau, en civil.

Le commissaire précise qu'il m'a mise en détention administrative, mais que cela n'a rien à voir avec mes activités sur le marché. « Je ne vous ai pas non plus parlé de photos. » Ce qui est manifestement faux. « Il y a trois dossiers contre vous : celui du marché, rébellion, trouble de l'ordre public. »

Le « civil » dit que son rôle est de protéger les policiers en fonction. Il me demande de voir les photos pour constater s'il y a des policiers reconnaissables. Apparemment, il faut protéger les indics.

Il montre une photo que j'ai prise du stand de la Plate-forme. « Vous vendiez des objets à votre échoppe ? » Je lui réponds que je n'ai rien à dire là-dessus. « Moi, je suis passé à 8 h 35, vous vendiez de la marchandise. » « Alors cela, c'est votre quatrième dossier. » Je lui ai répondu que c'est un grossier mensonge. En réalité, nous étions sur place à 10 h 30. Il me rend l'appareil.

Les photos des arrestations ne sont pas enlevées. Il faut dire qu'elles n'étaient pas très réussies non plus.

Je m'adresse au commissaire. « Je voudrais connaître votre identité. Je vais déposer plainte contre vous. » Réponse : « Votre avocat n'a qu'à faire son travail. »

Je suis reconduite à la sortie. Il est 16 h 50. J'ai été arrêtée pendant 3 h 30.Je demande qu'on me reconduise à Châtelineau, ma voiture se trouve trois ou quatre kilomètres plus loin. Cela, c'est rêver, évidemment.

Ce n'est qu'une fois chez moi, que j'apprends que des amis ont averti un avocat, lequel a téléphoné au commissariat, et qu'un camarade est venu voir le commissaire pour connaître la raison de ma détention. Ce sont probablement ces interventions qui ont fait que j’ai été libérée plus tôt.

Tout au long de mon « séjour », j'ai pu constater que certains policiers, en particulier ceux qui sont responsables du marché, semblaient plus qu'embarrassés et n’étaient visiblement pas d'accord avec les méthodes utilisées.

J'estime que ces faits, me concernant, sont très graves, c’est une réelle atteinte aux droits démocratiques (au même moment se déroulait une manifestation à Bruxelles sur le même sujet) et je ne resterai pas les bras croisés.

Mais évidemment les personnes arrêtées et qui sont d'origine étrangères ont subi un sort bien plus dur que moi.

Je n'ai pas été menottée (alors qu'on m'a dit que c'était la procédure). Je n'ai pas dû m'inquiéter si j'allais être amenée dans un centre fermé et expulsée du pays. J'ai encore pu répliquer aux aboiements de certains policiers, sans qu'on me frappe. D'ailleurs, un policier m'a dit : « Vous avez vu qu'on a mis des gants, lorsqu'on vous a amenée à la camionette. « Je n'allais pas vous frapper, vous avez l'âge de ma mère. »

Il a oublié de dire aussi que je suis « blanche » et que j'ai la nationalité belge.

Myriam De Ly

mardi 21 septembre 2010

APPEL


Pour le retrait du projet de loi sur les retraites et pour nos revendications

Syndicalistes pour la grève générale


Syndicats de la CGT, de la FSU, de Solidaires, de la CNT, de la CDMT, de la CTU, du STC, …

Ensemble, nous construisons la grève générale pour le retrait du projet de loi sur les retraites!

Ensemble, pour un syndicalisme de lutte plus fort et plus efficace.

Le projet de loi sur les retraites est encore une preuve que la lutte des classes existe, et que la classe sociale qui n'est pas la nôtre la mène activement. Les annonces catastrophistes à coup de milliards qui manqueraient pour nos retraites ont pour seul but de masquer la réalité : patrons et gouvernement veulent nous faire travailler plus longtemps et nous payer moins, pour dégager encore plus de profits sur notre travail.

Pourtant, de l'argent il y en a … dans les poches du patronat et des actionnaires.

Sur seulement 3 ans, de 2007 à 2009 (année de crise !), les entreprises françaises du CAC 40 ont fait 212 milliards de bénéfice. En 2009, ces mêmes entreprises ont distribué 39 milliards d'euros à leurs actionnaires. Les « niches fiscales » réservées aux 1% les plus riches représentent 3 milliards par an, les cadeaux au patronat sous forme d'exonérations de charges sociales, 15 milliards chaque année.

Largement plus que les sommes, parfois fantaisistes, qu'on nous dit nécessaires dans 40 ans !

  • Avant la fin du travail des enfants, les patrons expliquaient « ce n'est pas supportable économiquement, on ne peut pas ! ».
  • Avant la journée de 8 heures, les patrons expliquaient « ce n'est pas supportable économiquement, on ne peut pas ! ».
  • Avant les 40 heures, les patrons expliquaient « ce n'est pas supportable économiquement, on ne peut pas ! ».
  • Avant les 35 heures, les patrons expliquaient « ce n'est pas supportable économiquement, on ne peut pas ! ».
  • Avant la retraite à 65 ans, les patrons expliquaient « ce n'est pas supportable économiquement, on ne peut pas ! ».
  • Avant la retraite à 60 ans, les patrons expliquaient « ce n'est pas supportable économiquement, on ne peut pas ! ».

Aujourd'hui, c'est pareil ! Mais le rapport de forces entre classes sociales étant ce qu'il est, gouvernement et patrons ne luttent plus contre la réduction du temps de travail mais pour le rallonger.

2 ans de plus pour avoir droit à la retraite, c'est comme nous reprendre 24 années de congés payés, comme s'il fallait les rembourser avant de partir en retraite !

Il faut arrêter ça ! Retrait du projet de loi, annulation des contre-réformes des retraites qui se succèdent depuis 1993, prise en compte des revendications syndicales sur les travaux pénibles et dangereux, l'égalité professionnelle entre femmes et hommes, etc. Soyons à l'offensive ! Nous sommes légitimes à vouloir récupérer le fruit de notre travail, à vouloir en décider l'utilisation pour le bien être collectif.

Les journées de grève et manifestations interprofessionnelles de ces derniers mois, et aussi plusieurs luttes sectorielles, confirment que les travailleurs et travailleuses veulent se battre. L'expérience montre que face à des enjeux comme le projet de loi sur les retraites ou pour obtenir satisfaction sur nos revendications, la répétition de journées isolées ne permet pas de gagner.

En 2009, la grève générale a débouché sur des acquis en Guadeloupe et en Martinique.

En France, la même année, les journées d'action de janvier, mars, avril, mai n'ont rien donné et se sont terminées par une mobilisation affaiblie en juin. Tirons le bilan de nos expériences, ne recommençons pas la même chose en 2010. Mars, mai, juin, septembre, nous étions des millions dans la rue ; cela crée un rapport de forces, mais il faut maintenant l'utiliser, assumer l'affrontement social … c'est ce qui nous permettra de gagner.

Nos collectifs syndicaux CGT, FSU, Solidaires, CNT, CDMT, CTU, STC déclarent travailler ensemble à construire un mouvement d'ampleur, la grève générale pour le retrait de ce projet de loi sur les retraites et pour la satisfaction de nos revendications !

Au-delà de cet important enjeu, nos sections syndicales, syndicats, unions interprofessionnelles, fédérations, réfléchissent ensemble aux moyens à mettre en œuvre pour renforcer le syndicalisme de lutte : réunissons-nous à la base, dans les entreprises, les services, les villes … opposons-nous solidairement aux méfaits du patronat … échangeons sur nos pratiques … travaillons ensemble nos revendications … dégageons des axes revendicatifs précis et unifiants … faisons connaître les luttes …

Maintenant, il faut agir !

C'est au nom de « la crise » que gouvernement et patronat veulent nous imposer de nombreux reculs sociaux. Le projet de loi sur les retraites est l'attaque frontale et générale ; mais l'offensive patronale se traduit aussi par les licenciements, la précarité, les salaires bloqués, des conditions de travail exécrables, etc.

Mais cette crise, c'est celle de leur système économique : le capitalisme qui repose sur l'exploitation de la grande majorité (salarié-e-s en activité, au chômage, en retraite, en formation) par une minorité (patrons et actionnaires).Cette crise, c'est celle de leur système politique. Celui des services rendus contre quelques légions d'honneur, celui des conseils aux milliardaires pour se soustraire à la loi pendant qu'est prônée la « tolérance zéro » contre la délinquance, celui qui nie le droit à l'autodétermination des peuples, qui attise le racisme, les discriminations. Celui où la démocratie est remplacée par l'élection de politicien-ne-s professionnel-le-s qui considèrent n'avoir aucun compte à rendre de leur mandat.

Patronat, banques, institutions internationales (FMI, Banque mondiale, …) sont autant de relais du capitalisme engagé dans une offensive globale contre la classe ouvrière : destruction des services publics, gel ou baisse de salaires, démantèlement des garanties sociales, répression antisyndicale … les recettes du capitalisme sont internationales. Le syndicalisme doit aussi répondre à ce niveau, avec une détermination bien plus grande que cela ne se fait actuellement.

Syndicalistes, nous pensons que c'est l'action directe et collective des travailleurs et des travailleuses qui fait changer les choses. Notre démarche n'est pas proclamatoire mais soucieuse de construire la grève générale nécessaire. Il ne s'agit pas d'exiger des structures syndicales nationales d'agir en dehors des mandats décidés dans le cadre de leur fonctionnement interne.

Nous voulons :

  • Rassembler, coordonner, les nombreux collectifs syndicaux de lutte. Pour cela nous appelons toutes les structures, tous les syndicalistes qui se reconnaissent dans cet appel à provoquer des réunions locales afin d'en faire l'outil d'un débat syndical renouvelé à la base.
  • Unir nos efforts, entre sections syndicales, syndicats, unions interprofessionnelles, fédérations,
  • Construire un réseau syndical utile à toutes celles et tous ceux qui veulent défendre et pratiquer un syndicalisme de lutte, un syndicalisme qui affirme que nos intérêts sont opposés à ceux de nos exploiteurs.
  • Gagner sur les retraites !

Syndicats de la CGT, de la FSU, de Solidaires, de la CNT, de la CDMT, de la CTU, du STC, …

Ensemble, nous construisons la grève générale pour le retrait du projet de loi sur les retraites !

Ensemble, pour un syndicalisme de lutte plus fort et plus efficace.

Signer en ligne à : Syndicalistes pour la grève générale

vendredi 27 août 2010

Marche pour les droits sociaux de Saragosse, le 14 août, à Bruxelles le 27 septembre

Parti-e-s de Saragosse le 14 août, des militant-e-s d’organisations syndicales, associatives, politiques d’Aragon (Espagne) marchent jusqu’à Bruxelles, où ils et elles arriveront juste avant la manifestation européenne du 29 septembre. Depuis la frontière française, le 22 août, nos organisations participent à cette action internationale et oeuvrent à sa réussite à travers les diverses étapes (accueil et logistique, réunions publiques, manifestations locales, etc.). Nous nous inscrivons dans la suite de l’appel de nos camarades d’Espagne.
Nous marchons contre la dictature des Marchés et des gouvernements à leur service, contre le pessimisme qu’ils nous inculquent, contre la logique du Capital. Une autre économie est possible : basée sur le partage des richesses, du travail, le droit à la santé, à l’éducation et au logement ; sans faire payer la crise aux immigré-e-s.
Les grèves et manifestations du 7 septembre en France, les mobilisations européennes du 29 septembre sont de nouveaux pas après les premières ripostes dans différents, notamment en Grèce. A la crise écologique, économique et financière du système capitaliste, nous voulons imposer une solution populaire et sociale.
Nous marchons contre l’exploitation de la classe ouvrière, contre la destruction et la privatisation de tout ce qui est public en Europe. Nous allons au Parlement Européen, pour porter nos exigences : nous voulons construire l’Europe des travailleurs/ses et des citoyen-ne-s. Nous marchons aussi contre les réformes antisociales du gouvernement français, notamment le projet de loi sur les retraites dont nous exigeons le retrait. Avec d’autres en Europe, il applique une politique de rigueur envers les salarié-e-s, les retraité-e-s, les jeunes, les chômeurs/ses. Sa politique ne favorise que les riches, et malgré ses promesses ne s’attaquent pas aux paradis fiscaux, ni à la fraude fiscale ; il n’inquiète ni les responsables de la crise, ni les banquiers, ni les spéculateurs et les milliardaires qui jouent avec l’argent public. Il préfère s’attaquer aux immigré-e-s, en faisant les premières victimes, les boucs émissaires de la crise.

Nous ne nous rendrons pas !
Si nous ne luttons pas, ils vont tout nous voler !
Tous dans la rue, c’est maintenant ou jamais !


Organisations signataires :
Union syndicale Solidaires
Marches européennes
Nouveau Parti Anticapitaliste NPA
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envoyé par oziel1996. - L'info internationale vidéo.

mardi 3 août 2010

Grèce : Fondation du Comité Grec contre la Dette (CGD)


par CADTM international
 
Le Comité grec contre la Dette a été fondé début juillet 2010 à Athènes. Il est composé de représentants de partis et de mouvements sociaux provenant d'un large éventail de la gauche grecque. Le Comité grec contre la Dette a annoncé sa volonté de travailler étroitement en collaboration avec le réseau international du CADTM. Celui-ci se réjouit de la création d'une organisation sœur en Grèce, épicentre de la nouvelle crise de la dette publique qui affecte tous les pays industrialisés.


 

Déclaration fondatrice du Comité Grec contre la Dette (CGD)
La question de la dette publique joue le rôle central dans l'offensive historique en cours du capital contre le travail, les salariés, les femmes, les jeunes mais aussi contre toute la société. En effet, c'est au nom de la dette et de son remboursement que sont « justifiées » toutes les coupes sans précédent des salaires, des pensions et des indemnités de chômage, ainsi que le démantèlement de la sécurité sociale, l'effondrement et la privatisation méthodiquement programmée des services publics, l'explosion des prix des produits de consommation de première nécessité résultant des hausses successives de la TVA, les licenciements de masse, le refus de prendre en compte réellement le problème climatique et environnemental, l'extrême flexibilisation des travailleurs, la déréglementation du marché du travail qui est en train de se transformer en une véritable jungle, l'abrogation des droits du travail, le refus des droits et libertés démocratiques les plus élémentaires, ou encore la mise en question de la démocratie parlementaire elle-même…

Les responsables de la crise exercent un chantage inouï sur les innombrables victimes de cette crise qui sont contraintes de payer le prix fort. Ce chantage vise à culpabiliser les peuples afin qu'ils acceptent de payer pour un crime pour lequel non seulement ils ne portent aucune responsabilité, mais qui de surcroît a été perpétré exclusivement contre eux !

Les véritables responsables de l'explosion de la dette publique sont les politiques néolibérales des gouvernements de droite et de gauche des dernières décennies, qui ont légalisé et favorisé la fraude fiscale des nantis. Les recettes de l'Etat diminuant énormément à cause de ces politiques, les déficits se creusent et nourrissent une dette publique en constante progression. Cette progression a pris des dimensions effrayantes avec l'explosion de la dernière crise capitaliste, qui est d'ailleurs le produit direct de la même politique néolibérale.

Pourtant, le grand capital et les classes aisées profitent doublement des politiques gouvernementales aux dépens du reste de la société. D'une part, la dette publique, qu'ils ont façonnée, s'avère pour eux une source supplémentaire d'enrichissement facile : la politique fiscale des gouvernements néolibéraux leur permet d'investir leurs surprofits dans le marché des fameux bons d'Etat et de s'enrichir avec des taux d'intérêt outrageusement élevés, grâce auxquels l'Etat espère servir sa dette. Voici donc pourquoi la dette publique et son remboursement constituent un mécanisme de transfert des revenus de « ceux d'en bas » vers « ceux d'en haut », c'est-à-dire un instrument fondamental de la redistribution drastique des richesses en faveur des riches qui deviennent encore plus riches, et aux dépens des salariés et des classes populaires !

Ce hold-up du siècle doit prendre fin, et dans ce but, il s'agit de lutter pour construire tous ensemble, dans l'unité et sans exclusive, un rapport de forces afin d'être en mesure d'imposer à la classe dominante et à ses alliés internationaux la fin des ces politiques inhumaines et barbares.

La constitution du Comité Grec contre la Dette est le premier pas dans cette direction. Si on veut atteindre notre objectif commun, d'autres pas doivent suivre, non seulement dans notre pays, mais aussi dans toute l'Europe et au-delà, car notre problème dépasse la seule échelle nationale et, confrontés à un ennemi de classe international si uni et coordonné, nous ne pouvons y faire face qu'en présentant un front le plus large possible. Le but est donc la constitution d'un mouvement international de masse en vue de la remise en cause et de l'annulation de la dette, tant au Sud qu'au Nord.

C'est pourquoi la collaboration étroite du Comité Grec contre la Dette avec le CADTM (Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde www.cadtm.org ), qui se bat depuis 20 ans pour libérer les populations du fardeau de la dette qui les condamne au sous-développement et à la misère, marque son intention de contribuer activement a la construction d'un mouvement radical contre la dette aux Balkans et dans toute l'Europe. Un mouvement qui se battra contre la dette au Nord, mais mettra aussi en première ligne de ses priorités la solidarité active envers les peuples du Tiers Monde en lutte depuis des décennies contre la dette au Sud.

La première tâche du Comité sera de combattre la propagande quotidienne qui présente la dette comme un « phénomène naturel », qui constitue un tabou et ne peut pas être contestée. Au contraire, nous pensons que contester la dette constitue le premier pas vers la libération de la société. Les citoyens ont le droit, mais aussi le devoir, de démythifier et de contrôler cette dette, de la passer au scanner pour savoir exactement d'où elle vient, ce qu'elle a financé, qui l'a contractée et qui en profite. En d'autres termes, il s'agit de déterminer les responsables de l'endettement et de les forcer à en assumer le coût.

La réalisation d'un tel audit par les citoyens mobilisés doit contribuer à la mobilisation populaire afin d'obtenir l'annulation d'une dette largement illégitime, odieuse et scandaleuse.


 

En collaboration étroite avec le CADTM, le Comité Grec contre la Dette ambitionne de contribuer activement, ensemble avec d'autres mouvements sociaux, à la création d'un mouvement de masse tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de notre pays, mouvement qui portera le mot d'ordre « Nous n'allons pas payer Votre crise » et luttera de toutes ses forces contre la dette et les causes de la crise actuelle.



Déclaration en grec

mercredi 30 juin 2010

Le 30.06.1960 : Discours de Patrice Lumumba

Congolais et Congolaises,
Combattants de l'indépendance aujourd'hui victorieux, je vous salue au nom du gouvernement congolais.
A vous tous, mes amis qui avez lutté sans relâche à nos cotés, je vous demande de faire de ce trente juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cœurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l'histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté.
Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd'hui dans l'entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d'égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c'est par la lutte qu'elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n'avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang.
Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et sang, nous en sommes fiers jusqu'au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l'humiliant esclavage qui nous était imposé par la force.
Ce fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste; nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire, car nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou nous loger décemment, ni d'élever nos enfants comme des êtres chers.
Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des « nègres ». Qui oubliera qu' à un noir on disait « tu » non certes comme à un ami, mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls blancs?
Nous avons connu que nos terres furent spoliées au nom de textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort.
Nous avons connu que la loi n'était jamais la même selon qu'il s'agissait d'un blanc ou d'un noir : accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres.
Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses; exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort même.
Nous avons connu qu'il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les blancs et des paillotes croulantes pour les noirs, qu'un noir n'était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits « européens »; qu'un noir voyageait à même la coque des péniches, aux pieds du blanc dans sa cabine de luxe.
Qui oubliera enfin les fusillades ou périrent tant de nos frères, les cachots ou furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d'une justice d'oppression et d'exploitation.
Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert.
Mais tout cela aussi, nous que le vote de vos représentants élus agrée pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cœur l'oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut, tout cela est désormais fini.
La République du Congo a été proclamée et notre cher pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants. Ensemble, mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur.
Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail.
Nous allons montrer au monde ce que peut faire l'homme noir quand il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l 'Afrique tout entière.
Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement a ses enfants.
Nous allons revoir toutes les lois d'autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.
Nous allons mettre fin à l'oppression de la pensée libre et faire en sorte que tous les citoyens jouissent pleinement des libertés fondamentales prévues dans la déclaration des Droits de l'Homme.
Nous allons supprimer efficacement toute discrimination quelque qu'elle soit et donner à chacun la juste place que lui vaudra sa dignité humaine, son travail et son dévouement au pays.
Nous allons faire régner non pas la paix des fusils et des baïonnettes, mais la paix des cœurs et des bonnes volontés.
Et pour tout cela, chers compatriotes, soyez surs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l'assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu'elle sera loyale et ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu'elle soit.
Dans ce domaine, la Belgique même qui, comprenant enfin le sens de l'histoire, n'a plus essayé de s'opposer à notre indépendance, est prête à nous accorder son aide et son amitié, et un traité vient d'être signé dans ce sens entre nos deux pays égaux et indépendants. Cette coopération, j'en suis sur, sera profitable aux deux pays. De notre coté, tout en restant vigilants, nous saurons respecter les engagements librement consentis.
Ainsi, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, le Congo nouveau que mon gouvernement va créer sera un pays riche, libre et prospère. Mais pour que nous arrivions sans retard à ce but, vous tous, législateurs et citoyens congolais, je vous demande de m'aider de toutes vos forces.
Je vous demande à tous d'oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l'étranger.
Je demande à la minorité parlementaire d'aider mon gouvernement par une opposition constructive et de rester strictement dans les voies légales et démocratiques.
Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise.
Je vous demande enfin de respecter inconditionnellement la vie et les biens de vos concitoyens et des étrangers établis dans notre pays.
Si la conduite de ces étrangers laisse à désirer, notre justice sera prompte à les expulser du territoire de la République; si par contre leur conduite est bonne, il faut les laisser en paix, car eux aussi travaillent à la prospérité de notre pays.
L'indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain.
Voilà, Sire, Excellences, Mesdames, Messieurs, mes chers compatriotes, mes frères de race, mes frères de lutte, ce que j'ai voulu vous dire au nom du gouvernement en ce jour magnifique de notre indépendance complète et souveraine.
Notre gouvernement fort –national –populaire, sera le salut de ce pays.
J'invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants de se mettre résolument au travail en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique.
Hommages aux combattants de la liberté nationale!
Vive l'Indépendance et l'unité africaine!
Vive le Congo indépendant et souverain.
Patrice E. Lumumba
Premier ministre

Le 5 octobre 1960, le comte Harold d'Aspremont Lynden, ministre belge des Affaires africaines et proche du roi Baudouin, lui écrit : « l'objectif principal à poursuivre dans l'intérêt du Congo, du Katanga et de la Belgique est évidemment l'élimination définitive de Lumumba. » Le 17 janvier 1961, après avoir été torturé, Patrice Lumumba est abattu par des militaires katangais en présence de trois officiers belges dont deux se chargeront de découper le corps en morceaux qu'ils jettent dans un fut d'acide. Déclaration du Gouvernement belge, le 5 février 2002 : « À la lumière des critères appliqués aujourd'hui, certains membres du gouvernement d'alors et certains acteurs belges de l'époque portent une part irréfutable de responsabilité dans les événements qui ont conduit à la mort de Patrice Lumumba. Le Gouvernement estime dès lors qu'il est indiqué de présenter à la famille de Patrice Lumumba et au peuple congolais ses profonds et sincères regrets et ses excuses pour la douleur qui leur a été infligée de par cette apathie et cette froide neutralité. »

jeudi 10 juin 2010

[Mavi Marmara]


HOMMAGE AUX 9 VICTIMES TURQUES DES ASSASSINS ISRAÉLIENS

 

Hommage aux neuf victimes turques, assassinées par l'armée israélienne à bord du navire turc Mavi Marmara, alors qu'il tentait d'acheminer l'aide humanitaire à la population de la bande de Gaza, et se trouvait dans les eaux internationales.

 
Furkan Dogan, 19 ans, étudiant à Kayseri High School ; espérait devenir médecin. Fils du Dr Ahmet Dogan, Prof Assoc à l'Université Erciyes. Un turco-américain, double national, avec deux frères et sœurs.
Cengiz Akyüz, 41 ans, d'Iskenderun. Marié à Nimet Akyüz ; trois enfants - Furkan (14), Beyza (12) et Erva Kardelen (neuf).
Ibrahim Bilgen, 61 ans, ingénieur électricien de Siirt. Membre de la Chambre des ingénieurs en électricité de la Turquie. Marié et père de 6 enfants.
Bengi Haydar Ali, 39 ans, tenait un magasin de réparation de téléphones à Diyarbakir. Diplômé de l'Université Al-Azhar, au Caire (département de littérature arabe). Marié à Saniye Bengi ; quatre enfants.
Cevdet Kiliçlar, 38 ans, originaire de Kayseri. Journaliste, travaillait dernièrement en tant que webmaster pour la Fondation d'aide humanitaire (IHH). Marié à Derya Kiliçlar ; deux enfants.
Çetin Topcuoglu, 54 ans, d'Adana. Ancien joueur de football amateur et champion de taekwondo, qui a entraîné l'équipe nationale de taekwondo de la Turquie. Marié, un fils, Aytek. Son épouse, Cigdem Topcuoglu, était également à bord du Mavi Marmara, mais a survécu.
Necdet Yildirim, 32 ans, travailleur humanitaire IHH de Malatya. Marié avec une fille de trois ans.
Fahri Yaldiz, 43 ans, pompier qui a travaillé pour la municipalité de Adiyaman. Marié et père de quatre enfants.
Cengiz Songür, 47 ans, d'Izmir. Marié à Nurcan Songür, six filles, un fils.

 
D'après CAPJPO-EuroPalestine (Merci à ceux qui ont recherché et traduit ces informations et qui les font circuler sur Facebook)

[8 raisons de voter « Front des Gauches » aux élections législatives du 13 juin 2010]


Par Olivier Bonfond1 et Éric Toussaint2– juin 2010


Le 13 juin 2010, les citoyennes et citoyens belges se rendront aux urnes pour élire leurs nouveaux(elles) représentant(e)s à la Chambre et au Sénat. Nous appelons les citoyennes et citoyens à affirmer qu'il est temps de rompre avec la logique capitaliste et de mettre en place des alternatives qui combinent justice fiscale, justice sociale et respect de la nature. Le programme du Front des Gauches (liste n°18) va dans ce sens.

1)   Pour refuser l'austérité
2)   Pour faire payer la crise aux responsables, pas aux peuples !
3)   Parce que voter PS, ce n'est pas voter utile
4)   Parce qu'Ecolo ne constitue pas non plus une alternative
5)   Parce que le capitalisme à visage humain n'existe pas
6)   Parce que les alternatives existent !
7)   Pour soutenir l'unité et les lutte
8)   Parce que l'abstention n'est pas une solution

 

1. Pour refuser l'austérité

Les Etats du Nord, afin de pouvoir rembourser les montants généreusement donnés au secteur financier, responsable de la crise rappelons-le, s'apprêtent à mettre en place des plans d'austérité qui vont toucher très durement les conditions de vie des populations : baisse des salaires et des retraites, casse de la protection sociale, destruction des services publics, remise en cause du droit du travail, augmentation de la TVA,…

Depuis des mois, des manifestations et des grèves générales ont lieu en Grèce pour s'opposer au plan d'austérité que le gouvernement, les dirigeants européens et le Fonds monétaire international (FMI) ont décidé d'imposer au peuple grec. De la France à la Roumanie, en passant par l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, l'Islande, … tous les peuples seront logés à la même enseigne. Soyons en sûrs, la seule et unique raison pour laquelle on ne parle pas encore de plans d'austérité en Belgique, ce sont les élections du 13 juin prochain. Mais si le pouvoir reste aux mains des mêmes, la question de l'austérité reviendra inévitablement sur la table, et l'on demandera aux citoyens et citoyennes de se serrer la ceinture pour payer les erreurs commises par les marchés financiers.

Rappelons ici que ces politiques ressemblent comme deux gouttes d'eau aux plans d'ajustement qui ont été imposés pendant 25 ans aux pays du Sud, avec les résultats que l'on sait : des milliards d'êtres humains privés de leurs droits fondamentaux. Privés d'eau potable, de nourriture, de logements décents. Privés d'accès à la santé et à l'éducation. Sans oublier la destruction massive de l'environnement et le pillage des ressources naturelles… Cette situation est inacceptable et doit cesser.

2. Pour faire payer la crise aux responsables, pas aux peuples !

Même si on ne peut en aucun cas s'en réjouir, car elle touche et va toucher durement des millions de personnes partout sur la planète, la crise capitaliste actuelle a fait tomber les masques. Les gouvernements ont montré leur vrai visage : quand les travailleurs et travailleuses (professeurs, infirmiers, fonctionnaires, mouvements sociaux,…) réclament la satisfaction de leurs droits sociaux ou quelques millions pour améliorer la qualité du service fourni aux populations, les caisses sont vides, mais, quand les détenteurs de capitaux sont en détresse, il devient possible de trouver – et de leur donner – plusieurs dizaines de milliards de dollars en quelques semaines. Maintenant, c'est un ouragan d'austérité qui s'abat sur l'Europe, et la Belgique n'y échappera pas.

Pourtant, si le gouvernement en avait la volonté, il pourrait refuser la logique néolibérale et mettre en place toute une série de mesures concrètes en vue de sauver les emplois et de faire payer le coût du sauvetage financier aux responsables :

  • Nationalisation sans indemnisation du secteur bancaire
  • Interdiction de nationaliser les dettes privées (comme le prévoit l'article 290 de la Constitution de l'Equateur),
  • Moratoire immédiat sur le remboursement de la dette, mise en place d'un audit intégral de la dette en vue de répudier toutes les dettes odieuses ou marquées d'irrégularités (tout comme l'a fait l'Equateur en 2007)
  • Impôt exceptionnel sur le patrimoine des grosses fortunes
3. Parce que voter PS, ce n'est pas voter utile

Le Parti socialiste porte une énorme responsabilité dans la crise actuelle. Au pouvoir de manière ininterrompue depuis plus de 20 ans en Belgique, celui-ci a approuvé et appliqué la quasi-totalité des mesures néolibérales : dérégulation des marchés financiers, privatisation des service publics, diminution de la progressivité de l'impôt, intérêts notionnels, austérité budgétaire, etc.

En abandonnant le projet de construire le socialisme pour lui préférer une « gestion » du capitalisme, la quasi-totalité des partis socialistes européens ont perdu de fait la légitimité de s'appeler de la sorte. Afin de justifier leur orientation néolibérale et se maintenir au pouvoir, ceux-ci adoptent une tactique et un discours assez simple, qui pourrait se résumer par « la logique du moindre mal » ou le fameux « vote utile » : ils prétendent se battre, dans le cadre d'une mondialisation capitaliste sans pitié, pour imposer le plus de « social » possible, ou, lorsque les rapports de force ne le permettent pas, freiner l'application de mesures néolibérales, ou au minimum en atténuer les effets les plus « destructeurs ». Ils peuvent alors affirmer, quoi qu'il arrive, que la situation est peut-être mauvaise, mais que sans eux, ce serait encore bien pire. Il faudrait donc continuer à les soutenir. Soyons sérieux, « le pire », nous y sommes : crise financière, crise sociale, crise économique, crise écologique, crise énergétique, crise climatique, crise migratoire, crise alimentaire, …

Aujourd'hui, malgré la crise et malgré le fait que ce sont ces mêmes mesures néolibérales qui sont à la base du problème, le PS, ainsi que les autres « grands » partis, ne veulent pas changer de cap.

4. Parce qu'Ecolo ne constitue pas non plus une alternative

Il faut être conscient qu'Ecolo, comme les autres partis traditionnels, a choisi d'embrasser la logique du libre marché et de la croissance. Pour résoudre la crise sociale et écologique, Ecolo nous parle de développement durable, de croissance soutenable, de marché du carbone ou encore de technologies « vertes ». Ces orientations et ces mesures, même si elles ne sont pas toujours intrinsèquement mauvaises, ne pourront en aucun cas résoudre la crise écologique. La raison est simple : elles ne remettent pas en cause l'impératif de croissance, dicté par la logique du profit. Or, dans un monde fini, la recherche de la croissance constitue la raison fondamentale pour laquelle le « capitalisme vert » est une illusion et ne peut aboutir qu'à un désastre écologique. Malgré des beaux discours et certaines déclarations ambitieuses, Ecolo, tout comme le parti socialiste, prétend pouvoir résoudre les crises en cours en régulant la finance et en donnant au capitalisme un visage humain et une couleur verte. Illusion…

5. Parce que le capitalisme à visage humain n'existe pas

Selon certains discours, nous serions face à un capitalisme devenu fou qu'il s'agit de raisonner. Pour inverser la tendance actuelle et sortir de la crise, il faudrait imposer au capitalisme de « lâcher du lest », notamment en revenant à plus de régulation. La régulation du secteur financier est nécessaire et il faut tout faire pour qu'elle se concrétise, au-delà des discours. Cependant, si on ne remet fondamentalement en cause la logique du capital, logique qui place le profit et les besoins du capital avant les besoins des individus, ces mesures resteront absolument insuffisantes pour parvenir à renverser durablement les tendances et résoudre les crises en cours.

La recherche du profit maximum à court terme, la propriété privée des grands moyens de production, l'exploitation sans limite des travailleurs et de la nature, la spéculation, la compétition, la promotion de l'intérêt privé individuel au détriment de l'intérêt collectif, l'accumulation frénétique de richesse par une poignée d'individus ou encore les guerres sont des caractéristiques inhérentes du système capitaliste. Le capitalisme n'a pas de visage humain. Il a le visage de la barbarie. Pour le capital, peu importe la destruction la planète. Peu lui importe de mettre les enfants au travail. Peu lui importe que les gens mangent ou ne mangent pas, qu'ils aient un logement ou non, qu'ils aient des médicaments quand ils tombent malades, ou une retraite quand ils deviennent vieux.

5. Parce que les alternatives existent !

Au lieu de l'ouragan d'austérité qui s'annonce pour les populations européennes et du monde entier, il faut mettre en place des alternatives radicales qui s'attaquent à la logique du profit et combinent justice fiscale, justice sociale et respect de la nature.

Il s'agit notamment de :

  • Réduire radicalement le temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire
  • Lutter contre la fraude fiscale massive dont sont responsables les grandes entreprises et les plus riches
  • Interdire les intérêts notionnels
  • Assurer l'égalité hommes/femmes dans toutes les sphères de la vie
  • Mettre fin aux privatisations et développer massivement des services publics de qualité et gratuits
  • Développer des emplois socialement utiles et respectueux de la nature
  • Développer massivement les énergies renouvelables
  • Relocaliser et planifier démocratiquement l'économie pour éviter gaspillage et pollution
  • Supprimer les paradis fiscaux et lever le secret bancaire
  • Sortir de l'OTAN et retirer les troupes belges d'Afghanistan
  • Annuler la dette du Tiers Monde

Ces mesures sont parfaitement réalisables et tout à fait légitimes, afin que le poids de ces crises ne reposent pas en bout de course sur la population qui en est la victime. Le gouvernement belge devrait d'ailleurs considérer ces mesures comme une obligation d'un point de vue international, puisque celui-ci a ratifié la Déclaration sur le droit au développement de 1986 qui stipule dans son article 2 : « Les Etats ont le droit et le devoir de formuler des politiques de développement national appropriées ayant pour but l'amélioration constante du bien-être de l'ensemble de la population et de tous les individus, fondée sur leur participation active, libre et utile au développement et à la répartition équitable des avantages qui en résultent. »

6. Pour soutenir l'unité et les luttes

Après des années d'efforts collectifs, six organisations de la gauche radicale ainsi que des représentants du milieu associatif se rassemblent dans le Front des Gauches afin de proposer une réelle alternative à la gauche du PS et d'Ecolo. C'est une initiative très positive et très importante. Ces dernières années, beaucoup de citoyens critiquaient de manière légitime la grande division de la gauche radicale. Avec un programme commun et des propositions concrètes pour résoudre les crises multiples auxquelles les belges doivent faire face, cette nouvelle alliance pourrait changer la situation politique. Maintenant que l'unité est là, malgré sa « jeunesse » et ses faiblesses, il s'agit de la soutenir.

Gardons en tête que cette unité, si elle est un pas dans la bonne direction, ne pourra suffire. Au-delà de la campagne électorale, il faudra tout faire pour concrétiser et consolider la capacité d'agir en commun sur le long terme, et faire en sorte que cette alliance devienne un outil utile pour les luttes à venir. N'oublions pas que toutes les conquêtes sociales de l'humanité, (abolition de l'esclavage, fin de la colonisation, sécurité sociale, mais aussi le droit de vote, etc.) ne sont jamais venues en premier lieu d'un geste généreux ou d'un acte courageux de responsables politiques. Elles ont toutes été le fruit de luttes et de mobilisations populaires qui ont réussi à modifier le rapport de force en faveur des opprimés. Si l'on veut parvenir à transformer radicalement la société et avancer vers l'émancipation sociale des peuples, la construction d'un large mouvement populaire, conscient, critique et mobilisé est donc une priorité.

7. Parce que l'abstention n'est pas une solution

Parmi les nombreux mécontents de la politique actuelle, beaucoup pensent que ne pas voter est une manière utile de montrer son mécontentement et de sanctionner les gouvernements en place. Ce raisonnement, bien que légitime à certains niveaux, ne tient malheureusement pas la route, essentiellement pour deux raisons. Premièrement, il faut rappeler que de droit de vote, tout comme la quasi-totalité des droits sociaux, en Belgique ou ailleurs, n'ont pas été généreusement donnés par les dirigeants mais ont été conquis par la lutte. Alors, même si la démocratie peut et doit être critiquée fortement dans nos pays du Nord, quand le peuple peut s'exprimer, il doit le faire ! Deuxièmement, parce que l'abstention n'a jamais empêché les gouvernements en place de continuer leur politique néolibérale. Les taux d'abstention ces dernières années ont été régulièrement massifs dans beaucoup de pays européens, pour atteindre des niveaux record lors des précédentes élections européennes, allant jusqu'à 70% ! Est-ce que ces records d'abstention ont changé quelque chose ? Au contraire, l'abstention, plutôt que de soutenir les luttes et le changement, les affaiblit.

Il faut donc voter, pour sanctionner les responsables de la crise, pour envoyer un puissant signal politique en faveur des listes qui luttent contre le capitalisme, pour soutenir positivement les travailleurs en lutte, et pour montrer que le peuple est toujours là et qu'il sait ce qu'il veut, c'est à dire faire entendre sa voix et se mobiliser pour que celle-ci soit respectée. La démocratie ne se décrète pas, elle se pratique et se construit, par les peuples, pour les peuples et avec les peuples.

   
Notes :

1. Olivier Bonfond est membre de la LCR, militant au CADTM (Comité pour l'Annulation de la dette du Tiers Monde -www.cadtm.org) et 7ème effectif à la Chambre de Liège pour le Front des Gauches (Liste n°18). Plus d'infos ici : http://frontdesgauches.be/candidats/liste-chambre-a-liege/olivier-bonfond.html

2. Eric Toussaint est Docteur en sciences politiques, membre du comité exécutif de la quatrième Internationale et du CADTM ; 15ème effectif au Sénat pour le Front des Gauches (Liste n°18). Plus d'infos ici : http://frontdesgauches.be/candidats/liste-senat/eric-toussaint.html

3. Plus d'infos sur le programme du Front des Gauches : http://frontdesgauches.be/