lundi 31 janvier 2011

[Chroniques de la révolution tunisienne - du 26 au 30 janvier]

Treizième jour du peuple tunisien: Tensions à la Quasba
Par Alma Allende - Tunis, le 26 janvier 2011

Si tout avait obéi à un plan, si 120 personnes avaient été tuées pour rajeunir un vieux pays afin de mieux l'inscrire dans un monde arabe sous la botte de Washington, s'il s'agissait de mieux garantir la continuité en introduisant quelques changements cosmétiques, alors il faut à tout prix ramener à l'ordre ceux que le vent de la révolte – toujours imprévisible – a rassemblé dans la Quasba.
Le passé revient avec une rapidité inquiétante. Sur sa première page, « La Presse » publie la photo de la minuscule manifestation pro-gouvernementale qui s'est déroulée hier sur l'Avenue Bourguiba. La même photo est publiée sur « As-Sabah » et « Le Quotidien », afin d'insinuer le désir général d'un retour à la normalité. La télévision, où aucune des principales figures de l'opposition n'est encore apparue (Ben Brik, Marzouki, Hama Hamami), offre des image en direct (« Tunis à dix heures du matin ») de rues grouillantes et paisibles, d'honnêtes citoyens vaquant à leurs occupations quotidiennes. Comme sous l'ancien régime; « kulu shai behi », tout va bien. Ainsi que le craignait le jeune chômeur Haydar Allagui, on ignore, on méprise, on fait taire la Quasba, qui est aujourd'hui en ébullition – du fait de cet isolement – avec une tension particulière. La fatigue est visible et affûte les nerfs. L'air festif et frondeur de ces derniers jours laisse place à une atmosphère de menace qui se prolonge toute la journée. On joue avec les manifestants. Il s'agit clairement de les faire douter du succès de leur entreprise et de les couper du reste des citadins. Il s'agit aussi de les séparer du reste de la Tunisie, puisque d'autres éléments tentent, inutilement, de rejoindre la capitale et sont retenus sur les routes.

vendredi 28 janvier 2011

[La Révolution tunisienne est belle]

Déclaration internationale de soutien à la Révolution tunisienne


[La Révolution tunisienne est belle.] Spontanément, sans directives, sans organisation, le peuple tunisien s’est soulevé pour renverser Ben Ali, un dictateur, disposant d’une machine policière puissante et tentaculaire et qui était soutenu par toutes les grandes puissances au prétexte fallacieux qu’il constituait un «rempart contre l’islamisme». Presque unanime, avec pour slogan principal le départ de Ben Ali, le peuple tunisien a triomphé du despote prédateur qui le gouvernait. En quelques semaines d’intenses mobilisations entamées par le sacrifice tragique d’un jeune vendeur ambulant d’une des régions les plus déshéritées du pays, l’histoire de la Tunisie, et peut-être celle de tout le monde arabe, a basculé.
Au-delà de ce premier succès, la mobilisation se poursuit, car chacun sait que les principales institutions mises en place par le président déchu restent en place. Contre les forces de la normalisation, les forces du changement exigent en premier lieu la dissolution du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) qui n’est pas tant un parti qu’un organe de répression, de surveillance et de clientélisation. Chacun sait également que sans rupture véritable avec les institutions mises en place par le dictateur, les couches populaires qui ont porté le mouvement révolutionnaire et en particulier la jeunesse risquent d’être dépossédées de leur victoire au nom d’une transition sans heurts qui n’accorderait aux revendications du peuple que quelques concessions minimes, semblables à celles que Ben Ali offraient «généreusement» une poignée d’heures avant d’être chassé par les puissantes manifestations de rue. Chacun sait qu’une démocratie de façade n’est en rien ce qu’attendent les Tunisiens et qu’ils ne veulent pas non plus d’une politique économique dictée par l’Union européenne et les institutions financières internationales, dont le credo libéral conduit à toujours plus de misère et de chômage. Ils ne veulent plus d’une politique étrangère soumise aux intérêts des puissances impériales et pressée d’en finir avec la résistance palestinienne. Chacun sait, en Tunisie, que l’onde de choc de cette Révolution dans l’ensemble du monde arabe est un formidable acquis, qu’elle suscite beaucoup d’espoir qu’il serait désastreux de décevoir.
L’expérience historique a montré que, face à des dynamiques de cette ampleur, les puissants du monde entier, ceux qui perpétuent l’oppression et l’exploitation, n’ont de cesse de réduire leur portée, de les étouffer dans l’œuf et, si la menace persiste, de les briser par la violence. En Tunisie, comme cela a pu se passer ailleurs, nous ne doutons pas que certains, déjà, notamment au sein des services des États impérialistes, préparent la contre-révolution pour mater une fois pour toutes la mobilisation populaire.
C’est pourquoi, nous, militants, intellectuels, citoyens, tous engagés pour la démocratie et la justice sociale, saluons le peuple tunisien et sa Révolution de la dignité. Nous lui assurons notre solidarité indéfectible dans ses efforts pour l’approfondissement du processus démocratique comme nous nous engageons à être à ses côtés pour préserver ses acquis et s’opposer à toute tentative contre-révolutionnaire.

Si vous approuvez le contenu de cette déclaration et que vous souhaitez faire partie des signataires, veuillez envoyer un mail à l’adresse solidaritytunisia@gmail.com en indiquant vos noms, prénoms, fonction et pays de résidence.
Merci également de diffuser dans vos réseaux avant le lancement officiel prévu entre mardi et mercredi.

Premiers signataires:
Sadri Khiari, militant tunisien et membre du Parti des indigènes de la république (France), Brahima Moctar Ba, Consultant (Mauritanie), Tariq Ali, romancier, historien (Grande Bretagne), Ramon Grosfoguel, chercheur (USA), François Gèze, éditeur (France), Ángel Quintero, Universitaire (Puerto Rico), Houria Bouteldja, porte-parole du PIR (France), Ilham Moussaïd (France), Odile Tobner, présidente de l’association Survie(France), Youssef Boussoumah, membre du PIR (France), Leonard Makombe, journaliste (Zimbabwe), Maya Valecha, Social Activist (Inde), Ghazi Hidouci, économiste (France), Chouicha Kaddour, enseignant (Algérie), Omar Benderra, économiste (France), Yoshie Furuhashi, Editor of MRZine (USA), Michael Lowy, chercheur et membre du NPA (France), Said Bouamama, chargé de recherche (France), Philippe Corcuff, sociologue (France), Jacques Gaillot, Evêque (France), Nadine Rosa-Rosso, Liste pour l’Egalité (Belgique), Nordine Saïdi, Liste pour l’Egalité (Belgique), Muthu Senthamizhan, médecin (Inde), Hassan Benghabrit, écrivain poète (France), Stéphane Lavignotte, pasteur, militant écologiste (France), Sabine Broeck, enseignante (Allemagne), Christine Delphy, sociologue (France), Mimoun Rahmani, membre d’ATTAC-Maroc et CADTM-Afrique, Roberto D.Hernandez, Lecturer-UC Santa Barbara (USA), Yasser Munif, militant (Syrie), Jean Nanga (Suisse), Mohamed Habib Chourabi, enseignant (Tunisie), Daniel Vanhove, Observateur civil - Membre du Mouvement Citoyen Palestine - Auteur (Belgique), Alex Schlenker, écrivain et cinéaste (Allemagne-Equateur), Wolfgang Zeller, researcher in African Studies University of Edinburgh (Grande Bretagne), Karen Wirsig, permanente syndicale (Canada), Fathi Chamkhi, syndicaliste (Tunisie), Nigel Gibson, Adri Mandado, Henri Saint Jean, Ancien Président de l’Association des Français de l’étranger en Tunisie (France), Bénédicte Veilhan (France), Françoise Harf (France), Zineb Azouz, Enseignante (Algérie), Razmig Keucheyan, NPA (France), Carlos Martinez García, politologue, président de Attac-Espagne, Mathieu Colloghan, Henri Braun, avocat (France), Les Alternatifs (France), Claude Calame, chercheur (France), Cristina Serna, étudiante (USA), Jonathan Barne, étudiant (USA), Francisco Moreno Colmenero, parado (Andalousie/Espagne), Eaine Mulet Hocking, psychologue et journaliste (Puerto Rico), Marla Pagan-Mattos, étudiante (Puerto Rico), Teresa Pérez del Río, universitaire (Espagne), Gallois Martine, Attac, Afps, Cgt, Associations-Culturelles (France), Henri Merme, Les Alternatifs (France), Zarifian Philippe, professeur des universités, (France), Christina Marquez Calzada, Colette Lesoin, Dew Baboeram, éditeur (Pays Bas), Jabier Ruiz Mirazo, Alejandro Sancho-Royo, Pierangela Contini, Ramon Cid Lopez, Rezgui Nicole, médecin (Tunisie), Todd Gordon, Toronto Workers’ Assembly and York University (Canada), David Bouvier militant gay feminist (France), Bruno Drweski, Maitre de conférences (France), Bouguerra Monia, enseignante (France), Andri Cahyadi, étudiant (Indonésie), Mehdi Meftah, membre du PIR (France), Naïma Zibat, Comptable (France), Docteur Jacques Lacaze, Militant pour le communisme, responsable syndicaliste (France), Atman Zerkaoui (France), Cordeiro Albano, économiste-sociologu (France), Francisca Bagulho (Portugal), Isabelle Garo, enseignante (France), Jean Vogel, Institut Marcel Liebman (Belgique), Jean-Claude Meyer International Jewish Antizionist Network et UJFP (France), Marianne Modak, Sociologue (Suisse), Antonio Vergara de Campos (Espagne), Dubosc Patrice, cinéaste (France), Walid Ben Youssef, Producteur audiovisuel (France), Gérard Delteil, écrivain (France), Daniele Petillon-Wilmart (France), Martine Gallois, Francisco Altemir Ruiz-Ocaña, Dr. Ingeniero de Caminos (Espagne), Elías Py Rodríguez, Jaime Pastor, Prof. universitaire de Science Politique (Espagne), Anna María Garriga, fonctionnaire de la AMB (Area Metropolitana de Barcelona) (Espagne), Patricia Laranco, Ecrivain (France), Abdellah Hammoudi, anthropologue (USA), Miloud Kerzazi, fondateur du site www.sous-France.fr (France), Mamane Sani Adamou, Secrétaire Général ORDN (Niger), Clément Lechartier (France), Nicolas Sersiron, Cadtm (France), Pierre-Alexandre Voye, Informaticien (France), Jean-Louis Sounes (France), Hamadi Edoula, Etoile nord-africaine anticapitaliste (France), Lebkiri Moussa, Comédien, écrivain (France), Hadj-arab Amar, enseignant universitaire (Algérie), George Ciccariello-Maher, Assistant Professor of Political Science, Drexel University (U.S.A), Michel Arbaret, ingénieur (France), Sid-Ahmed Khiat, enseignant (Grande Bretagne), Linda Gillich, traductrice (Malte), Celso Vargas, enseignant (Costa Rica), Salim Belhadi, Laboratoire LMS Université de Guelma (Algérie), Yassir Kazar, Dominin Doreide, Psychologue-Psychothérapeute (Suisse), Sami Hamdi, citoyen franco-tunisien (France), Mirjam Brunner, étudiante (Suisse), CADTM international (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde), Olivier Noel, sociologue (France), Steven Katz, horse breeder (USA), Nicholas Malavis, professeur d’histoire (USA), Monique Abiad, Assistante de gestion (France), Virgile Bousoummah, Graphiste/ Webmaster (France), Serge Pralat, prof de philosophie (France), Yvon Journet, professeur, agrégé de l ’université (France), Véronique Chaize, Archives de Lyon (France), Anissa Bellahsene, René Giraud, professeur de lycée à la retraite (France), Georgina Martínez Antúnez, organización Movimiento de Unidad Socialista (Mexique), Dr. Sahel Sidi Mohamed, Maître de conférences (Algérie), Greg Albo, York University (Canada), Boukriss Imen, étudiante (France), Warren Davis, Jobs with Justice (USA), Trancart Zita, retraitée (France), Rouadjia Ahmed Chercheur, Historien et politologue, Maîtres de conférence (Algérie), Charles Post, PSC-CUNY/American Federation of Teachers (USA), Djamel Baali Cherif, Enseignant Universitaire (Algérie), Marie Clotilde Ferret, Assistante Sociale (France), Meksem Zahir, enseignant (Algérie), Toufik Laroussi, Ph.D Signals and Communication Systems Lab, ’SISCOM (Algérie), Dr. Dario Azzellini, Department of Sociology, Politics and Development Research Johannes Kepler Universität (JKU) Linz, Michel Connagle, Retraité banque, syndicaliste (France), Saddik Lahrach, Militant associatif, Marie Cousein, psychanalyste (France), Bertrand Vrain, Conseiller Municipal (France), Louigi Addario-Berry, Assistant Professor McGill University, Richard Roman, Sociology Professor (Canada), Profr. José Luis Alonso Vargas, Coordinateur du Mouvement du 23 septembre (Mexique), Colin Mooers, Ph.D. Professor and Director Graduate Program in Communication and Culture (Canada), David Roediger (USA), Begoña de la Fuente Miranda Desempleada (Espagne), Bennis Rachid, ingénieur informaticien (France), Daniel Lebordais, Danactu-resistance (France), Jean-Claude Ravet, rédacteur en chef revue Relations (Canada), Olivier Fouchier, ancien travailleur social et comédien (France), Seri Sidibe Mariam, Travailleuse Sociale (France), Jeffery R. Webber, Queen Mary, University of London, Lecturer in School of Politics and International Relations (Grande Bretagne), Naima Silarbi, Ethel Brizard, Artiste lyrique (France), Samia Berri, assistante de vie (France), Farida Aitou, artiste (France), Gabriela Zanbria Corona México D.f, Partido Revolucionario de los Trabajadores. y Coordinadora metropolitana contra la militarización y la violencia en México (Mexique), Pierre Plougonven, retraité de l’enseignement (France), Pierre Tevanian, professeur de philosophie (France), Hadj-Arab Amar, enseignant universitaire (Algérie), George Ciccariello-Maher, Assistant Professor of Political Science, Drexel University, (U.S.A), Aldenir Dias dos Santos, professora universitaria (Brésil), Alain Chancogne CGT, militant du communisme (France), Oughlis Laziz, enseignant universitaire (Algérie), Nait Bouda Faïçal, Maitre de Conférence, Université de Béjaïa (Algérie), Marianne Plus, Youcef Boussaa, psychiatre ( France ), Myriam Malmi, étudiante (France), Jacques Baud, retraité (Suisse), Francine Guillot ( France), Hassane Mezine, photographe (France), Yahiaoui Meriem, maître-assistante en chimie (Algérie), Vincent Gay, Documentaliste (France), Joëlle Marelli, traductrice (France), Aurélie Savy, étudiante (France), Annie Coulibaly, Membre de benso, association des Maliens d’Angers (France), Yvon Fotia, sociologue (France), Bentridi Salah-Eddine, Enseignant Chercheur (Algérie), Meux Frédéric, Enseignant (France), Arim Merouane, Etudiant (France), Javier Sethness, Educateur (USA), Franck Gaudichaud, Université Grenoble 3 (France), Samir Bouakouir, Opposant algérien Association forum méditerranéen, Bouchra Tounzi, présidente du Forum marocain des femmes (Maroc), José María Pérez, sociologue (Espagne), MebarkiAïcha, Formatrice (Guadeloupe), Hashas Mohammed, Informaticien (France), Marguerite Rollinde, chercheure (France), Jean-Bernard Gervais, journaliste, Yann Fiévet, Professeur de Sciences Economiques et Sociales (France), Eduardo Mosches, poète et éditeur (Mexique), Ana María López Rodríguez, universitaire (Mexique), Carlos Ferra Martínez, universitaire (Mexique), Eunice Ferra López, universitaire (Mexique), Jonás Torres Monetalbán, universitaire (Mexique), Julio Munoz Rubio (Mexique), José Luis Hernández Ayala, membre du syndicat mexicain de l’électricité (Mexique), Tárzia Medeiros, Leader de Socialism and Liberty Party, militante de la Marche mondiale des femmes (Brésil), Bruno Deusdará, universitaire (Brésil), Véronique Vilmont, Fechet Vincent, Éric Vincelot, enseignant ( Île de la Réunion), Jean François Verhaeghe, membre du PIR (France), Mustapha Boukari, Catherine Blondin, retraitée (France), Adel Abderrezak, Universitaire (Algérie), Bechier Marie-Magdeleine, Graphiste-vidéaste (France), Assri Saltana, lycéenne (France). Durand Solange (Meriem), assistante production (France), Enrique Barrilero Abengózar (Espagne), Dr. phil. Sabine Schiffer, Institut pour ameliorer la Responsabilite des Medias (Allemagne), Mohamed Kebieche, Peter Rachleff, College Professor (USA), Nadia Laporte, consultante en veille artistique (France), Claude de la Potterie, Florence Lozet (France), Fabienne Loup-Brunswick, Consultante éditoriale scientifique (France), Beppu Arimitsu, occupation peasan (Japon), Robert Jasmin et Claude Vaillancourt, coprésidents d’ATTAC-Québec (Canada), Catherine Caron, ATTAC-Québec (Canada), Ghali-Sghairi Ghania, enseignante (France), Ana Lúcia Sá, Chercheur (Portugal), Nadia Fadil, Sociologue, Chercheur Postdoctorale FNRS, KULeuven (Belgique), Martine Tessard, retraitée (France), Claude Branciard (France), Gérard Gueniffey, militant syndical CGTR (La Réunion), Julia Suárez Krabbe, PhD candidate, Intercultural Studies (Danemark), Catherine Cauwet (France), Antonella Selva, association Sopra i ponti (Italie), Djeddi Mohamed, Universitaire (Algérie), Annamaria Rivera, militante antiraciste et anthropologue, Université de Bari (Italie), Violaine Dean (France), Sandew Hira, director International Institute for Scientific Research (Pays-Bas), Dr. Mathias Delori, Universitaire (Italie), Alberto Burgio, Universitaire (Italie), Vincenza Perilli - Marginalia http://marginaliavincenzaperilli.blogspot.com/ (Italie), Javier Guerrero-Rivera, enseignant (Colombie), François Brun, ingénieur de recherche (France).Nathalie Fessol, journaliste, militante RESF (Belgique), Michel Tibon-Cornillot, anthropologue (France), Kassia Aleksic, anthropologue (France), Saha Ouafi, enseignant universitaire (Algérie), Sarah Schilliger, Sociologue, Université de Bâle (Suisse), Lucile Daumas, Documentaliste, Militante d’Attac Maroc (Maroc), Prof. Mylène Botbol-Baum, HELESI (Health, Ethics, Law, Economics, & Social Issues) IRSS (Institut de Recherche Santé et Société) (Belgique), Benabdelmoumène Aichata, recherche d’emploi (France), Pierre Cottet, Cadre communal à la ville de Venissieux, syndicaliste (France), Mikou Noufissa, Universitaire (France), Annie Pourre, présidente de NOX VOX INTERNATIONAL (France), Thomas Schaffroth, journaliste (France), Alejandro de la Rica, étudiant (Espagne), Moussa Lebkiri, Fournier Cindy, recherche d’emploi (France), Alexandre Piettre, sociologue (France), Mohamed Amami (France), Hamrouni Ali, Cadre moyen (Tunisie), Farid Brikci, retraité, Anouar Nourdine Errida, militant des Droits humains, pour la démocratie et la justice sociale (Maroc), Manai Jane, Retraitée (France), Pierre-Alexandre Voye, Informaticien (France), Mlayeh Rhouma, Professeur universitaire (Tunisie), Carole Condé et Karl Beveridge, Visual artists (Canada), Leila Hamza, Jocelyne Ducrocq, Kamel Barkaoui, Professeur des Universités, Paris (France), Ann Phelan, Artiste (USA)

jeudi 27 janvier 2011

[Ils sont libres et nous l’ignorons]

par H. El Forkani



Ils sont arrivés dimanche matin de Rgueb, Gasserine, Sidibouzid, Menzel Bouzaiane, Théla et d’ailleurs, tous de fripe vêtus, les traits creusés par une nuit de marche à pieds, fiers.
Par milliers ils se sont installés à la Casbah, siège du gouvernement de leur pays. Ils sont venus voir, parader et en finir.
Les Tunisois, curieux, s'amassent, commentent, participent timidement. Un ami me chuchote d’un air moqueur “ils sont ignorants, il n’y a personne en ce moment dans le bâtiment”, reflet de ce mépris ordinaire des nantis de la capitale que nous sommes face à ces gens “de l’intérieur”.
En réalité, mépris de l’ignorant face à une sagesse instinctive qui le dépasse.
Nous, qui sommes trop près de nos économies, de notre quotidien, de nos “acquis” qu’on aime tant à exposer à répétition à nos amis étrangers, jusqu'à l’ennui.
Nous, qui par appréhension du changement, angoisse archaïque du chaos, avons transformé ce beau pays peuplé de gens de valeurs en un générateur automatique de dictature, tantôt éclairée, tantôt crapuleuse, au gré du vent de l’histoire.
Ces Tunisiens de l’ombre manifestent en effet un dimanche devant un bâtiment public vide. Ils manifestent parce qu’il est vide, vide de sens, depuis longtemps.
Ils veulent y loger du sang neuf, libérer le premier ministre de sa propre peur. Ils veulent remettre de la dignité dans l’état, de la morale dans l’administration, de la patrie dans le pays. Et on les traite d’ignorants.
Ils ont balayé en quelques jours, armés de pierres et de téléphones, un système que toutes les oppositions politiques et syndicales ont échoué à faire reculer pendant cinquante ans. Ils ont affronté la peur, les balles, seuls, ensemble, spontanément, poussés par le seul sentiment d'être “dans le vrai”, de faire ce qu’il faut.
Ils ont réveillé la conscience moribonde de dix millions de personnes, ému le monde, réconcilié Islam et vie, Islam et liberté dans l’imaginaire de l’humanité, et on continue à les traiter d’ignorants.
Leur sacrifice a mis la Tunisie sur la carte du monde libre, devinez quoi? Ils restent encore et malgré tout des ignorants, pour nous.
A tout ceux parmi nous, qui aujourd’hui, parlent de crise alors que nous vivons une fête, tous ceux qui déploient leur énergie à colmater les brèches, tous ceux qui ont encore peur et renoncent à réclamer plus, leur message est limpide: “nous sommes libres et nous l’ignorons”.

publié sur webdo.tn

mercredi 26 janvier 2011

« Si tu arrêtes de pédaler, tu tombes »


Dignité, dignité, dignité (karama, karama, karama), cela revient à dire travail, hôpital, culture, pouvoir de décision, parole publique, respect de ses propres créations. Ils n'ont pas risqué leurs vies pour que les nantis de la capitale aient libre accès à Youtube ou puissent faire de l'art d'avant-garde. « Ne nous volez pas notre révolution » dit une inscription sur la Place Ibn Khaldun; ils savent très bien que leur chance est à saisir. Ils ont tardé 23 ans – 54 – à se mobiliser et connaissent les risques d'accepter une trève avant d'atteindre leurs objectifs. « C'est comme faire du vélo », rappellait cet après midi Mohamed en citant Che Guevara: « Si tu arrêtes de pédaler, tu tombes »

Pour lire la suite des "Chroniques de la révolution tunisienne" d'Alma Allende rendez-vous sur : http://www.lcr-lagauche.be

[Etablissons un contre pouvoir]

par Bilel Chabbi





Aujourd'hui , il y a deux pouvoirs visible en Tunisie.
 
- Le gouvernement de Transition;
- Le pouvoir militaire , représenté par le Général Rachid Ammar.
 
Aucun des deux pouvoirs n'est légitime.
En effet , le gouvernement de Transition contient des têtes de l'ancien régime , même si nous supposons qu'ils soient animés des meilleurs intentions du monde, personne ne peut leur faire confiance.
Concernant le pouvoir militaire, même si le Général Rachid est un homme dont les actions forcent le respect , même si cet homme est sûrement l'homme qui a conduit au départ du dictateur, même si cet homme est pour l'instant le meilleur homme  ayant du pouvoir en Tunisie , le rôle des militaires ne doit JAMAIS être politique. Chaque chose à sa place , ceux qui appellent le Général Ammar a devenir Chef de l'Exécutif se trompent. Le Général Rachid est un homme sûrement efficace en tant que militaire , en tant qu'homme fort de la Nation, en tant qu'homme tout simplement, mais ce n'est absolument pas une raison pour lui donner un rôle qui incombe au peuple.
Oui, le Chef de l'exécutif doit être le peuple.
Face à ce problème , la solution réside dans la question, à savoir, qui doit gouverner ?
Réponse : ceux qui ont demandé aux gouverneurs de foutre le camp.
Prenons la politique comme un mur de brique.
Il serait absurde de construire un mur de haut en bas.
La politique , c'est pareil. Demander un gouvernement avant de demander ce que l'on veut réellement revient à bâtir le pays de haut en bas. Avec toutes les dérives que l'on connait .
Il faut commencer par la base, c'est à dire par les revendications du peuple.
Mais ceux qui disent qu'il y a un temps pour les DÉGAGE et un temps pour CONSTRUIRE se trompent. On peut en effet demander aux résidus de dictature de DÉGAGEZ tout en proposant.
Le problème, c'est que rare sont ceux qui proposent, et majoritaire sont ceux qui crie dégage.
Je fais partie de ceux qui crient et écrivent DÉGAGE!
Mais posons nous deux secondes. Je me rappelle de mes cours d'Histoire de France , durant le Révolution, les paysans de tout le royaume avait fait une chose que nous devrions faire. Les fameux cahiers de doléance.
Nous avons vu l'incroyable solidarité du peuple tunisien face aux miliciens. Spontanément , les gens sont descendus dans les quartiers pour défendre ce qui leur appartient.
Ces citoyens étaient RESPONSABLES ! Ils n'attendaient rien du haut. Aujourd'hui, qui peut prétendre attendre quoi que ce soit politiquement du haut.
Nous devons pousser le raisonnement plus loin. Il faut créer un contre pouvoir aux deux sus-cités pour avoir la seule alternative envisageable pour le pays .
Les quartiers sont déjà organisé en comité. Poussons le comité plus loin. Vous pouvez poser les matraques et bâtons et prendre des feuilles, des cahiers et des crayons.
Notez vos problèmes. Les problèmes de la communauté dans laquelle vous vivez, dans la cité, dans la ville. Rassemblez les écrits de tout le périmètre et décidez ENSEMBLE d'un représentant. N'attendez rien du haut , de l'état , n'attendez pas que cet état là vous propose des élections , anticipez les . Proposez l'alternative!!
Les problèmes, les enjeux politiques ainsi notés seront des preuves de l'Histoire. Aucun président ne pourra plus jamais dire , "mais je ne savais pas !"
Un quartier de 2500 habitants, chacun avec son crayon , notez vos soucis. Le seul travail des politiques est de répondre à ces soucis. Mais nous peuple devons cibler nos problèmes.
Une fois cette étape de rédaction terminée, élisez au sein des quartiers, puis au sein des villes des représentants qui seront votre voix à l'assemblée.
N'attendons pas que le gouvernement invente un conseil des Sages, soyons ces Sages! Il faut que dès que ce gouvernement de pacotille dégage , nous , peuple, soyons aux premiers rang car c'est notre dû. Pas celui des militaires ! Les militaires ont un autre travail important à faire et le savent.

En résumé, écrivons nos besoins sur cahiers au sein de comité de quartier.
Élisons les gens qui nous représenterons au sein de ces quartiers.
Élisons ensuite au niveau des villes.
Dernière étape, à une date connue de tous , allons déposer ces cahiers à l'assemblée et montrons leurs que nous sommes seuls maîtres.
Dans cette dynamique de débat émergerons des partis politiques fiables et issues du peuple. Des Maires auront ainsi été élus ! L'élection présidentielle et législative ne doivent intervenir qu'à la fin d'un long processus.

[Tunisie : Est-ce une révolution ou une réforme ? Quelques réflexions]

par Bouraoui Taïeb



sur la photo : "Non, non, non aux ministres de Ben Ali"
-------------------------










[Il est évident] qu’un conseil de la révolution ou un front commun de la révolution est une nécessité pour débloquer la situation et redonner l’initiative à ce qu’on a appelé Notre révolution, car nous remarquons aujourd’hui que l’initiative lui échappe. Le pouvoir illégitime des héritiers du dictateur et ses médias nous opposent, sans cesse, les mêmes griefs:
  1. vous n’avez pas d’organisation représentative de l’ensemble de l’opposition capable d’assurer la transition vers la démocratie, ni même un leader charismatique.
  2. Le mouvement populaire est spontané et la tutelle que cherche à exercer l’opposition sur ce mouvement est, donc, illégitime. Bien que reconnaissant ne pas avoir initié ce soulèvement de la jeunesse tunisienne, ladite opposition cherche à l’instrumentaliser. Cet argument largement répandu tend à priver le soulèvement de ses soutiens naturels que sont l’UGTT et les élites opposées au régime de Ben Ali.
Il est vrai que toute l’opposition a été prise de court. Contrairement aux autres révolutions, la notre a été le fruit d’un soulèvement populaire, spontané et sans leader. L’opposition était affaiblie et trop divisée, du fait de la politique répressive de Ben Ali. L’absence d’une structure représentative de toute l’opposition et l’avidité de pouvoir d’une partie de cette opposition ont été une aubaine pour les héritiers politiques de Ben Ali restés au pouvoir. Des personnalités politiques, dites indépendantes, qui prétendaient soutenir totalement la révolution n’ont pu résister à l’offre de collaboration qui leur a été faite par Ghannouchi. Ces héritiers de Ben Ali restés au pouvoir ont déjà marqué un point: diviser l’opposition et créer des collabos prêts à toutes les concessions, pourvu qu’ils obtiennent quelques maroquins.

[28 janvier : débat Front des Gauches sur la Tunisie]

Ven­dredi 28 janvier, 19h30,
Espace Marx - 4 rue Rouppe, 1000 Bruxelles.
(métro : Anneessens)

lundi 24 janvier 2011

[Le syndicat tunisien UGTT demande la démission du gouvernement]

Voici le texte issu d’une nouvelle réunion importante de la commission administrative de l’UGTT réunie le 21 janvier 2011. Traduction rapide et sommaire. L’UGTT aurait appelé à des grèves tournantes dans les régions.

1) La CA réaffirme que l’UGTT est une organisation nationale concernée par le fait politique, et ce vu son histoire de lutte durant l’époque coloniale ou durant la période de la construction de l’Etat moderne et en considération des liens dialectique entre l’économie, le social , le politique, le culturel qui existent dans un processus de développement et surtout durant ces jours

2) Ils rappellent que le retrait des ministres de l’UGTT du gouvernement est du au fait qu’il n’a pas été répondu aux conditions posées par le bureau exécutif de l’UGTT dans sa déclaration du 15 janvier, position qui s’est avérée juste et correspond aux demandes des manifestants et des composantes de la société politique et civile

3) Vu les grandes manifestations dans le pays qui réclament la dissolution du gouvernement et le refus d’y voir la participation de représentants du RCD, en considération, vu les démissions nombreuses vu au refus d’un certain nombre de partis et courants politiques, et vu la nécessité de rassurer tout le monde pour se consacrer effectivement aux réformes annoncées ; les membres de la CA demandent la dissolution du gouvernement et la création d’un gouvernement de coalition et de « sauvetage » nationale qui répond aux demandes des manifestants et des partis politiques, des associations, des ONG et de l’ensemble du peuple.

4) Il décident en vue de la participation effective à une commission de réformes politiques ; la création de comités syndicaux composés d’experts et de spécialistes pour la préparation des projets de l’UGTT en matière de réformes politiques, économiques , sociales qu’il y a lieu de mettre en place pour l’édification de la démocratie ; ainsi que des élections transparentes qui permettent des la liberté de choix et la création d’un gouvernement parlementaire, une information honnête. En outre l’UGTT demande a participer la commission d’enquête sur les meurtres par balles en vue de juger les responsables et aussi sa participation dans la commission contre la corruption

5) Ils appellent tous les travailleurs à se dresser contre les tentatives d’entraves au fonctionnement normal des institutions et leurs retour à la normal , et aussi à rester sur ses gardes pour la défense de nos acquis et éviter au pays tout vide

6) Ils réaffirment leur droits de lutter légitimement soit par la grève ou les manifestations pacifiques jusqu’à la composition du gouvernement selon les conditions posées par l’UGTT et qui correspondent aux demandes de toutes les composantes politique et à celles du peuples

7) Ils demandent la proclamation du 14 janvier comme fête nationale

8) Ils demandent de toute urgence aux travailleurs de maintenir l’unité de leur organisation pour permettre la continuité de la lutte et la satisfaction des revendications et de rester vigilants contre les tentatives de division.

21 janvier 2011

paru sur http://www.lcr-lagauche.be/

samedi 22 janvier 2011

[Le quatrième jour du peuple tunisien: Réforme ou rupture?]

[Le quatrième jour] du peuple tunisien a quelque chose de « déjà vu ». Parce nous l'avons vécu hier? Ou parce que nous l'avions rêvé un jour? Les états d'exception – les guerres ou les vacances de pouvoir – imposent une ombre familière, l'écho d'une ritournelle. On vit pour la première fois les choses les plus banales. La terreur et l'enthousiasme nous apportent toujours de vieux souvenirs parce qu'ils sont partagés par une multitude.
Il y a une intensification qui homogénéise l'expérience, ou une homogénéisation qui l'intensifie. Cela explique, en partie, l'ambiance qui règne dans les queues pour acheter le pain, la facilité avec laquelle s'établit les conversations entre inconnus, la tranquillité surprenante avec laquelle les gens prennent le café après un échange de tirs ou la routine apparente avec laquelle on dresse une barricade. Ou, ce qui est le plus étonnant; qu'un peuple réduit au silence pendant 23 ans parle soudainement de politique avec un tel naturel et une telle maturité qu'il semble qu'il l'a fait toute sa vie. Quelle fantastique transformation qui fait que ce nous n'avons jamais vécu et que nous avons conquis avec une centaine de mort nous paraisse aujourd'hui quelque chose de normal!

[Le troisième jour du peuple tunisien]


par Alma Allende
[Au troisième jour] du peuple tunisien, le terrible silence, dû à l'absence du bruit de l'hélicoptère qui m'avait empêché de dormir pendant la nuit, me réveille très tôt. De la rue, de fait, ne monte aucun bruit: ni voitures, ni voix, ni oiseaux. C'est un dimanche dans une nouvelle dimension et, après les incertitudes de l'aube, on se surprend à craindre que le monde ait disparu. Tout est terminé? Pour le meilleur? Pour le pire? Pour la même chose? Soudain, le silence est brisé par le bruit strident, quotidien, réconfortant et qu'on ne peut confondre; celui de la devanture de l'épicerie d'en bas. Ils ont ouvert le magasin!
Les premières nouvelles, dans la presse et à travers les amis – qui viennent eux aussi de se réveiller – confirment la trève: les assauts ont cessé et les quartiers s'ébrouent au milieu des restes de la tempête, dans ce chaud mois de janvier au ciel très bleu et aux bruits insoupçonnables.

vendredi 21 janvier 2011

[sur la "manif" du 23 janvier...]


Largement médiatisée, la manifestation de ce dimanche 23 janvier « pour la formation d'un gouvernement » va sans doute rassembler du monde. Il est bien sûr positif que la population exprime enfin son ras-le-bol face au blocage politico-institutionnel et son inquiétude pour l'avenir qui s'annonce pour le moins obscur. Mais, comme le rappelle Félix De Clerck, l'un des organisateurs et par ailleurs fils du Ministre de la justice (CD&V), « ce n'est pas à nous de faire de la politique ».
En conséquence, cette manifestation se veut « neutre » et « apolitique ». Elle vise simplement à adresser un « signal » aux professionnels de la politique pour qu'ils « fassent enfin leur travail » et reprennent en main la gestion du pays. Pour quoi faire ? Soigneusement, la question n'est pas évoquée. Elle entraînerait d'ailleurs des réponses sans doute bien contrastées de la part des différentes organisations qui soutiennent l'initiative (Jeunes CSC, Jeunes Socialistes, Jeunes CD&V, PTB, Parti Populaire, …).
La LCR n'appelle pas à cette manifestation d'où se dégagera un message pour le moins confus et ambigu. Selon nous, l'urgence est ailleurs, comme nous l'exprimons dans le tract que nous publions ici (LCR-Web)

mercredi 12 janvier 2011

[Tunisie : « Des millions de Mohamed Bouazizi »]

Témoignage
Par Ramzy Kelam
Paru sur Rue 89 ce 11 janvier 2011

Aux bruits dans la cuisine, je devine qu'il est environ 7 heures. Mon oncle marmonne je ne sais quoi tandis que ma cousine lui prépare un café serré. Comme d'habitude. En Tunisie, je ne porte jamais de montre. A quoi bon puisque là-bas, rien ne presse. Les journées se répètent inexorablement sans que personne ne bronche.
Ici, la routine n'a rien d'un concept abstrait. Elle est une maladie avec laquelle on apprend à vivre parce qu'au fond, il n'y a pas d'autre choix. Et il fallait bien plus qu'une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Car « le patron des patrons », comme le surnomment les Tunisiens, veille au grain, impitoyable avec les frondeurs. La simple évocation de son nom donne des frissons. Ben Ali n'est pas qu'un président, c'est aussi un tabou.