Mardi 29 décembre 2009
[Compte rendu de la journée du mardi 29 décembre]
Journée riche et remplie d’émotions contradictoires. Après la réunion quotidienne de briefing et la nouvelle réservation de chambres pour les 60 belgo-luxembourgeois (l’hôtel était réservé jusqu’au 28), nous sommes partis vers 11h30 pour les deux activités programmées pour cette journée du 29.
La première activité était une manifestation pacifique et non violente(non autorisée) ; elle avait pour objectif d’aller soutenir les marcheurs qui avaient commencé une grève de de la faim : des marcheurs de divers pays, dont Madame Epstein, vieille dame juive de 85 ans, rescapée du judéocide et membre de CodePink vieille dame en rose, sur les photos, et en coopération avec le syndicat des journalistes.
Nous nous sommes rendus par petits groupes vers le centre ville (1h de taxe chauqe fois !) pour le rendez-vous derrière la Cour Suprême, au bâtiment du sybndicat des journalistes (voir photo) fixé à 14h. Le chemin pour y arriver nous a permis de traverser des souks aux antiquités (dont de vieilles 2 VC ! et aux légumes variés et colorés, tels que vous les connaissez dans les pays de l’Afrique du Nord). Nous avons aussi pu acheter des journaux égyptiens dont plusieurs rendaient largement compte des manifestations de la veille en première page … De même, les TV égyptiennes ont présenté des nouvelles et des reportages sur ces événements. Le rendez-vous était fixé à 14h.
Lorsque nous sommes arrivés, il y avait déjà plusieurs centaines de marcheurs regroupés sur les marches du syndicat de la presse, avec des bandrolles, des t-shirts de tous genres, tous centrés sur les thèmes centraux de la marche : « free Gaza, free Palestine, ce que nous voulons, c’est aller à Gaza … ». Il y avait évidemment un service d’ordre impressionnant : une cinquantaine de policiers en uniformes et de nombreux membres de la sécurité en civil. Les manifestants étaient encadrés par la police qui avait placé des barrières pour faire la séparation entre l’avenue et son intense trafic, et les manifestants regroupés sur les escaliers et le trottoir. Nous étions ceinturés sur un espace restreint facilement maîtrisable par les forces de l’ordre, mais nous pouvions entrer et sortir relativement librement de cette enceinte. Une partie des policiers se trouvait sur le trottoir d’en face pour empêcher de faire des photos de face et pour faire circuler les marcheursd qu’ils y repéraient : « déguerpissez ou rejoignez les autres ». Les media éggyptiens, Al-Jazeera, et d’autres média étaient présents en nombre. Entre 14h et 17h30, sans interruption, avec de très bons animateurs, nous avons scandé des slogans, tournant autour des objectifs de la marche, des chants, la revendication de pouvoir aller à Gaza, le soutien à Gaza (Free Gaza), la Palestine… et aussi l’exigence de pouvoir aller à Gaza. Ce furent de longues heures intenses et hautes en couleurs. Intenses aussi en contacts avec des marcheurs de tous les coins du monde. Au cours de l’après-midi, nous avons été entre 800 et 900 à nous trouver là, face aux forces de l’ordre et au public égyptien de plus en plus intéressé. Il y eut des interventions de représentants des 42 pays participants, de nombreuses interviews, des films, des photos … Beaucoup de délégations avaient des t-shirts et des banderolles, bien visibles, toutes dans l’esprit et le cadre de la Gaza Freedom March.
La seconde manifestation était fixée à 18h au même endroit, avec la participation du syndicat des juristes égyptiens. Elle avait pour objectifs, d’une part, les objectifs de la marche et, d’autre part, une revendication à l’égard de Netanyaou (présent en Egypte) pour l’ouverture des frontières et la levée du siège de Gaza (rejoignant ainsi l’un des objectifs de la marche). A peu près le même nombre de personnes se sont retrouvées là pendant plus de deux heures, avec un doublement des effectifs de police, cette fois casqués, et des effectifs de réserve sur le côté. La manifestation était donc à nouveau bien cerclée et sous contrôle, mais avec liberté d’entrer et de sortir du rassemblement. Amira Haas ; la journaliste israélienne de Ha’aretz, nous avait rejoints et était venue soutenir la marche et ses objectifs. Son intervention a permis de recadrer les objectifs lorsque quelques slogans hostiles à Moubarak et au gouvernement égyptien ont été scandés par certains. Il se fait que – comme nous l’avions prévu – la manifestation a été infiltrée par un certain nombre de Frères Musulmans, qui sont la bête noire des autorités. Nous nous sommes démarqués clairement de cette déviation de nos objectifs.
Pendant tout ce temps, nous avons longuement échangé avec un jeune ingénieur égyptien, appelé par ses collègues, à rejoindre la manifestation. Il a immédiatement quitté son travail pour nous rejoindre. Il nous a fait part de la grande satisfaction de lui-même, de ses amis et connaissances, de beaucoup d’Egyptiens, qu’une telle marche ait lieu, qu’une telle manifestation se déroule au Caire, sans violence, au vu et au su du public (très bon relai médiatique). Il nous a encouragés à continuer. Nous lui avons aussi exprimé notre soutien et nos encouragements à continuer son action avec ses réseaux de connaissances.
Nous avons évalué ces deux manifestations comme des réussites, dans le cadre des limites qui nous étaient imposées : couverture médiatique, esprit de la démarche, étape possible, quoique dangeureuse (puisque non autorisée), dans notre volonté de rejoindre Gaza. Cette volonté, à la veille du jour J (la marche du 31 décembre avec les Gazaouis), reste intacte. De nombreux contacts ont eu lieu à des niv aux élevés pour que lapression continue, surtout la rencontre avec le représentant de l’Autorité Palestinienne, qui s’est engagé à intervenir auprès du Président Moubarak. L’acceuil de la Consule et de l’Ambassadeyur de Belgique a été, par contre, froid, distant, officiel, décevant et négatif …, nous répétant seulement que le Président M. avait été clair dans son interdiction, et qu’ils nepouvaient donc rien faire : « rentrez ou soyez de cimples touristes ».
Pendant que je vous écris ce mail, les autres sont en réunion pour préparer l’action collective et globale de demain, si notre départ pour Gaza reste interdit.
A suivre …
Toute notre amitié,
Michel L
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