Nous, ouvriers de Bridgestone Frameries, sommes en grève en front commun depuis le 11 juin 2009 contre le licenciement de 8 collègues de travail, ainsi que notre délégué principal. Nous dénonçons la direction qui ne respecte pas la convention collective de travail sectorielle. Cette convention, qui a force de loi, disait: "L’entreprise mettra tout en œuvre en vue d'éviter des licenciements pour raisons économiques et techniques. Si des difficultés surviennent en la matière, il est préalablement instauré un régime de chômage partiel, si possible par roulement."
[Les faits] Début juin, en Conseil d’Entreprise, sans aucune discussion préalable, la direction a annoncé la fermeture du département « Magasin Pneus» et par conséquent le licenciement sec des 8 ouvriers qui y travaillent. Des raisons techniques et de sécurité ont été invoquées, mais il n'y a eu aucun audit, aucun document de non-conformité, aucune justification ou preuve de la nécessité de fermer ce département. Aucune réorganisation du département n’avait été préalablement annoncée. Notre surprise face à ces licenciements injustifiés a été complète.
Bridgestone Aircraft Tyres contrôle 50% du marché du pneu des compagnies aériennes d’Europe, d’Afrique et du Moyen Orient. Son chiffre d’affaires est passé de 53,2 millions d’Euros en 2007 à 62,3 millions en 2008. Les bénéfices du site de Frameries pour 2008 s’élèvent à 5,2 millions d’euros (2 fois plus qu’en 2007). L’entreprise investit des milliers d’euros dans des panneaux photovoltaïques engage du personnel, refuse des prépensions, augmente ses projets de production et fixe de nouveaux contrats de sous-traitance. Bridgestone n’est pas une entreprise en difficulté qui peut « justifier » des licenciements secs!
En même temps, l’entreprise a bénéficié d’avantages mis à sa disposition par les pouvoirs publics pour plus d’un million d’Euros: intérêts notionnels (591.914 €), réductions de cotisations de sécurité sociale (358.559 €), économies au niveau de la formation (189.997€)
Le traitement subi par les travailleurs licenciés est inacceptable. Les cadres ont réclamé les badges et le matériel de nos camarades avant même de leur présenter un préavis écrit. A ce moment-là, tous les ouvriers ont compris que la paix sociale était rompue. L’élan de solidarité a été rapide et complet: chaque nouveau travailleur qui arrivait pour prendre son temps de pause s’est joint au piquet pour résister ensemble à l’injustice patronale.
Notre mouvement se fait dans le respect, le calme et la dignité. Nous n’avons pas séquestré la direction. Cependant, alors que la direction viole la loi, elle nous traite de voyous et nous accuse de destructions. Ces accusations honteuses et mensongères ont été reprises par Essenscia, la fédération patronale de l’industrie chimique, et répercutées par la presse.
[Revendications] Nous, travailleurs de Bridgestone, continuons notre grève pour nos revendications :
1. L’annulation des huit licenciements.
2. La reprise des travailleurs dans le poste de production
3. Le respect de la convention collective de travail du secteur
4. Que les contrats à durée déterminée soient transformés en contrat à durée indéterminée
[Appel] Nous nous adressons à toutes et tous, travailleurs et allocataires sociaux. Nous accusons les patrons: ils profitent de la crise pour accroître la pression sur les salaires, sur les conditions de travail, sur les contrats, et pour briser la force syndicale. Ils veulent avoir à leur disposition une main d’œuvre docile et flexible, sans droits. C'est inacceptable.
Le monde du travail n'est pas responsable de la crise, il n'a pas à en payer les frais. Notre situation montre l’urgence d’un combat d’ensemble du monde du travail pour interdire les licenciements.
Notre combat est le vôtre. Avec votre solidarité, nous gagnerons!
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