La grande manifestation des métallurgistes organisée le 9 octobre par la CGIL et sa branche métallurgie, la FIOM (sur des positions de lutte de classe plus affirmées que sa maison-mère) a été un franc succès: 250 000 manifestants réunis en 5 cortèges – 100 000 à Milan, 70 000 à Florence, 50 000 à Naples, 30 000 à Rome et 10 000 à Palerme – et des taux de grévistes estimés par la FIOM à plus de 70%. La raison majeure de cette mobilisation est la menace d'accord séparé sur la re-négociation des conventions collectives que vont signer prochainement les deux syndicats minoritaires et réformistes que sont la Fim (dépendant de la Cisl – syndicat chrétien-démocrate) et l'Uilm (dépendant de l'Uil – syndicat social-démocrate). La pratique des accords séparés vise à court-circuiter le syndicat majoritaire et de classe qu'est la CGIL-FIOM en laissant le patron (ou la fédération patronale qu'est la Federmeccanica) choisir pour les salariés les syndicats qui les représentent. La CGIL-FIOM conteste un déni de démocratie, elle exige que l'on mette des pratiques d'accords séparés, et que la question des conventions collectives soient traités avec les organisations réellement représentatives des travailleurs. Dans l'appel à la grève, la CGIL-FIOM lie la question du refus de l'accord séparé à la défense de l'emploi et à la lutte contre la crise qui doit reposer sur l'extension des « amortisseurs sociaux » et plus largement sur une politique de relance industrielle.
Toutefois, l'élément marquant de cette journée du 9 octobre restera la rencontre des métallurgistes et des étudiants dans la rue. Les débuts d'une convergence des luttes. Selon les syndicats étudiants, 150 000 étudiants ont défilé dans 60 villes, remettant en cause l'école à deux vitesses et la privatisation de fait du système éducatif italien contenue dans la réforme Gelmini. Si on ajoute à ces manifestations du 9 octobre, la manifestation géante bien que symbolique à Rome pour la défense de la liberté de presse qui a réuni 350 000 manifestants au début du mois, au moment même où Berlusconi tente le coup de force par des attaques réitérées contre les pouvoirs constitutionnels (Présidence de la République, Cour Constitutionnelle), on se pose la question, que manque-t-il à ces luttes?
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