Ce 24 février, les travailleurs grecs vont faire la grève et manifester car ils refusent, à raison, de payer l’addition de la crise.
La problématique « dette publique » de l’Etat grec est au centre de beaucoup de débats. Passons sur le rôle trouble de la Banque Goldman Sachs qui avait concocté un montage sophistiqué qui a permis en 2001, juste après l'adhésion d'Athènes à l'Euro, d'aider le gouvernement grec à emprunter des milliards. Il a aidé Athènes à respecter les règles édictées par Bruxelles en matière d’orthodoxie… budgétaire tout en continuant de vivre au-dessus de ses moyens (l’Etat, pas tous les grecs évidemment, qui ont plutôt subi le passage à l’Euro et perdu une part importante de leur pouvoir d’achat). Pour ce service, Goldman Sachs a reçu quelque 300 millions de dollars de commission. En fait on ne s’étonnera plus que les Etats se soient empressés d’aider les mêmes banques quand, fin 2008, elles ont présentés la facture colossale de leur sauvetage. Aujourd’hui, de nouveau au top, ce sont elles qui vont prêter, cher et malin, l’argent qu’on leur avait « avancé »…
Mais l’histoire de la dette grecque mérite d’être analysée. En Grèce, mi 2009, la dette publique a atteint 135% du PIB et la dette extérieure 150%. Le nouveau budget chiffre le montant des intérêts de la dette au quart des recettes totales (habituellement surestimées), soit 5% du PIB, presque le double des années 1980. Cet endettement est en lien avec les dépenses militaires (4 à 4,5% du PIB) ainsi qu'avec un fait soigneusement passé sous silence : l’État grec garantit à 80% les emprunts à court ou long terme faits par les entreprises. Quand les entreprises n'honorent plus leurs obligations, ce paiement pris en charge par l'État se reporte automatiquement sur la dette publique.
Autrement dit les entreprises ont vampirisé les moyens publics pendant des dizaines d’années.
Mais ceci n’est pas l’exclusivité de la Grèce : faites l’addition des déductions fiscales, des primes et garanties sur investissements, des diminutions de charges sociales, des aides à l’expansion économique, du financement public, de l’aménagement des zones industrielles, des infrastructures (routes, ports, voies navigables, réseaux de communications, sécurité, …), des prises en charge, par les autorités publiques, de tous les coûts environnementaux suite à des fermetures, des effets plus globaux sur l’environnement, sur la santé publique, de ce productivisme à outrance.
Faites les comptes et vous verrez que pendant ces longues années d’offensive néolibérale, le capitalisme est parvenu à mobiliser l’Etat, dont elle prétend ne pas avoir besoin, à son entière dévotion.
En déclarant que « la Grèce ferait face à la crise quelles que soient les réticences sociales dans le pays », le premier ministre « socialiste » Papandreou à clairement indiqué dans quel camp il jouait. Pas question de remettre en cause l’évangile européen du tout au marché.
C’est donc dans un affrontement majeur que s’engagent les travailleurs grecs. En premiers sans doute car tous les ingrédients de la cuisine grecque pourraient se retrouver sur la table de nombreux pays européens.
fRED
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