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dimanche 6 février 2011

[Soutenir la révolution démocratique arabe et tirer les leçons d’une révolte pas si éloignée de nos préoccupations]



Par Sylvia Nerina 
le Samedi, 05 Février 2011

[La vague révolutionnaire qui traverse le monde arabe] et que nous regardons avec attention n’est pas si éloignée de nous que nous pouvons le penser. Plusieurs responsables de l'Union européenne (UE) ont décrit la Tunisie comme un pays presque « européen » parce que les réformes de Ben Ali l'avaient fait entrer dans le grand jeu néolibéral qui est en train de fossoyer nos perspectives d’avenir, de bien-être, de conditions d’existence et de sécurité sociale (Le 1er janvier 2008, la Tunisie est devenue le premier pays du sud de la Méditerranée à avoir créé une zone de libre-échange avec l’UE pour les produits industriels, deux ans avant la date initialement prévue). Les citoyens tunisiens se sont rassemblés dans la rue pour s’opposer à un système, dont Ben Ali et le RCD ne sont que les instruments. Un système qui précarise, qui affaiblit, qui transforme l’être humain en valeur marchande.

mercredi 2 février 2011

[« Tirez sur les manifestants ! ». Médias israéliens et révolution égyptienne]

Par Michel Warschawski



Fouad Ben Eliezer (Parti travailliste) ne comprend pas ce qui est arrivé, et sur toutes les stations de radio il étale son embarras. Qu’est-il arrivé à son ami Hosni Moubarak ? Pourquoi n’a-t-il pas donné l’ordre aux militaires de tirer sur les masses et ainsi de mettre fin aux « émeutes » ?, tels sont ses propres mots. Compte tenu de sa relation amicale avec le dictateur égyptien, Ben Eliezer est devenu ces derniers jours un analyste éminent des affaires égyptiennes, seulement cette fois, il avoue, par une modestie qui lui est peu coutumière, que tout simplement il ne comprend pas : quelques centaines de morts de plus et tout reviendrait à la normale.
La vérité est que non seulement Ben Eliezer n’a aucune vision et ne comprend rien, mais en Israël tous les « analystes des affaires arabes » et « spécialistes sur les questions du Moyen-Orient » - tous des diplômés des services de renseignements militaires israéliens ou du Mossad – sont bien obligés d’admettre leur ignorance. Une fois encore, nous avons été surpris, comme nous sommes surpris à chaque fois : surpris par le franchissement du Canal de Suez en 1973, surpris par la résistance palestino-libanaise en 1982, par la ténacité du Hezbollah en 2006, par la victoire du Hamas aux élections palestiniennes et ainsi de suite.

Dans ses propos, Ben Eliezer est le reflet de la presse israélienne qui, immédiatement, a pris position : tous avec les forces de l’ordre, contre le mouvement populaire même si, comme en Tunisie, cela veut dire le peuple tout entier. Les masses arabes sont toujours l’ennemi, et les régimes, des partenaires. Le fait que ces régimes soient des régimes autoritaires, meurtriers et corrompus n’est pas du tout vu comme un inconvénient, mais comme le témoignage de leur capacité bienvenue à maîtriser leur population. Pour dire simple : alors que les masses arabes ne sont qu’une horde, un troupeau de sauvages surexcités, leurs dirigeants sont les garants de l’ordre même si, parfois, Israël est contraint d’aller leur faire la guerre.
Autre surprise, et cette fois pour les élites politiques et intellectuelles du monde entier, et pas seulement pour Ben Eliezer et nos « commentateurs » : les masses populaires, du Maroc à l’Iraq, de la France à la Bolivie, n’ont pas lu « La Fin de l'Histoire » Fukuyama, et si jamais elles l’ont lu, elles ont refusé de quitter le cadre de l’histoire : quand elles sont piétinées, poussées à la famine ou humiliées – tôt ou tard, elles se soulèvent et chassent les dictateurs corrompus et arrogants. Même si elle est retardée, la révolution finira par éclater. Pour s’en sortir, mais pas obligatoirement pour gagner, il n’est pas inconcevable que Moubarak écoute les conseils de la presse israélienne et du général Ben Eliezer, et qu’il ordonne aux militaires d’écraser le soulèvement dans le sang.
On peut déjà deviner quel sera le thème de la prochaine étape de la presse et de la campagne de propagande de nos journalistes experts : Al Qaïda. Les dictatures de Ben Ali et Moubarak sont justifiées car elles font barrage à l’Islam militant et derrière les manifestations populaires, on ne trouve pas moins que Ben Laden. Zvi Barel (Ha’aretz, 30 janvier) est l’un des rares journalistes à réfuter l’argument que les Frères musulmans seraient au centre du soulèvement égyptien. Il souligne que leur slogan n’est pas « Allah Akhbar » mais, « A bas le dictateur, A bas la corruption ». Ainsi, en Tunisie, le parti islamique Al Nahda n’a pas joué de rôle dans l’insurrection, ne serait-ce que parce qu’il a encore à se remettre de la répression cruelle de Ben Ali et de ses bandes.
Ce ne sont ni Al-Qaïda, ni les Frères musulmans qui sont derrière les masses en colère au Caire, à Rafah ou à Suez, mais trente années de régime autoritaire, d’oppression, de pauvreté. Tant que les journalistes et les politiciens israéliens n’arriveront pas à le comprendre, ils continueront à se faire surprendre à chaque fois que les masses (un mot « archaïque » depuis longtemps sorti de leur dictionnaire) prendront leur destinée entre leurs propres mains.
30 janvier 2011

Traduit de l’hébreu en anglais par AIC: http://www.alternativenews.org/english/index.php/blogs/michael-warschawski/3236-shoot-demonstrators-israeli-media-and-the-egyptian-revolution
Traduit de l’anglais par JPP pour: http://www.protection-palestine.org/

à lire sur www.lcr-lagauche.be