mercredi 13 février 2008

La bourse c’est aussi naturel que le foot…

Depuis une bonne semaine, les rubriques « Cartes Blanches » et « Courrier des lecteurs » du journal Le Soir font focus sur l’action symbolique menée par « l’Homme Révolté » qui a accroché une banderole (« Make capitalism history ») sur la Bourse de Bruxelles… Dans un courrier qu’adresse, par Le Soir interposé, Bruno Colmant, Président de la Bourse de Bruxelles, au dangereux terroriste, il lui explique du haut de sa très haute autorité que « (ses) idées ne sont pas réalistes car le capitalisme est l’ordre naturel des communautés humaines », et aussi, que « La Bourse est indispensable à l’économie : elle formule la valeur et fonde l’appel au capital à risque ».
Bref, ce qu’Alternatives Economiques appelle « un merveilleux mécanisme d'horlogerie qui, par le miracle du mouvement des prix, transforme le chaos en ordre, la multitude des intérêts particuliers en intérêt général. »
Le marché, le capitalisme, la bourse, le capital, les actionnaires…

Robert Louis-Dreyfus, actionnaire majoritaire

Le 17 octobre 2007, la Cour d'appel d'Aix-en-Provence a condamné Rolland Courbis à deux ans de prison ferme (un an ferme et un an de révocation de sursis) dans l'affaire des transferts suspects au sein de l'Olympique de Marseille entre 1997 et 1999. En première instance, l'ancien entraîneur de l'OM avait été condamné à trois ans et demi de prison ferme pour faux, usage et complicité de faux, complicité et recel d'abus de biens sociaux. L'actionnaire principal de l’Olympique de Marseille, Robert Louis-Dreyfus, a été condamné lui à dix mois de prison avec sursis et à une amende de 200.000 euros. Gilbert Sau, agent de joueurs, a écopé de dix-huit mois ferme, alors que Jean-François Larios, également agent, a pris six mois avec sursis. Au cours de son procès il a déclaré, concernant les raisons de sa venue à l’OM, à une époque où il était patron d’Adidas : "Nike avait l’objectif de devenir numéro un dans le football. Notre stratégie était de les repousser pour conserver le leadership, en conservant l’équipe nationale et un club mythique dans chaque pays". À propos de la nomination d‘Yves Marchand au club : "On a lui a cherché une autre mission au sein d’Adidas. Comme on n’a rien trouvé, je lui ai proposé de prendre la présidence de l’OM". Quant à Me Carlos Bejarano, avocat de Rolland Courbis lui aussi y allait d’une image très liée au monde des affaires : "Dans un avenir proche, l’OM appartiendra à un fonds de pension chinois géré à Miami. C’est le sens de l’histoire".
Bon, vous allez me demander où je veux en venir à propos de ces « amoureux du foot », un peu « dévoyés » concédons-le, mais qui ne remettent en rien en cause l’évidence énoncée par le Président de la Bourse.
Et puis tout ça c’est en France, à Marseille, c’est loin et il y a longtemps…
Ouais, je ne parlerai pas tout de suite des liens de ces affaires avec le Standard de Liège, ni des transferts entre le Standard et d’autres Clubs wallons.
Patientez, ça vient. Je reste à la Bourse.

Qu'est-ce que la Bourse?
J’en trouve une définition dans un article très sérieux de la très honorable Libre Belgique (
1 ) : « Il s'agit d'un marché, où vendeurs et acheteurs peuvent se rencontrer facilement. Les vendeurs sont les actionnaires, propriétaires d'une ou de plusieurs parts (appelées "actions") d'une entreprise et les acheteurs sont des investisseurs désireux de miser sur une entreprise dans laquelle ils croient. De nos jours, l'ordre d'achat ou de vente est passé, via une plate-forme boursière électronique telle qu'Euronext, par un courtier de Bourse (banque, société de bourse) au nom de son client, investisseur ou actionnaire. Le prix de l'action de l'entreprise est déterminé par la loi de l'offre et de la demande. Ce prix, aussi appelé cours de Bourse, est censé représenter la valeur de marché de l'entreprise. Voilà pour la théorie. »
Je résume un peu : la Bourse c’est un peu comme un match avec de gros enjeux. Y’a des joueurs, des Présidents de Clubs, des agents de joueurs, et, forcément aussi, parfois il y a des tricheurs : des spéculateurs.
La Libre, toujours elle, les définit comme suit : « Certain, que l'on qualifie de spéculateurs, décident d'acheter des actions d'une entreprise parce qu'ils pensent que beaucoup d'autres acheteurs vont ensuite se présenter, faisant ainsi grimper le cours de Bourse. Une fois un certain niveau de prix atteint, les spéculateurs revendront leurs actions sans un regard pour l'entreprise. Ils ont leur plus-value, ils sont contents. Grâce aux nouvelles technologies, les transactions sont très rapides. On peut être actionnaire d'une entreprise pendant quelques secondes puis vendre ses actions pour profiter de la hausse du cours. »

« Dieu occupe la première place dans sa vie »
Je me permets à nouveau une comparaison avec le foot. « Il retournera alors en Belgique, à Mons, durant le mercato d'hiver de la saison 2004-2005. Il reviendra au Standard à la fin de la saison. Il portait au Standard de Liège le numéro 8. Il mesure 1,68 m et pèse 67 kg. Wamberto est un joueur dont Dieu occupe la première place dans sa vie. Lors de la saison 2006-2007, Wamberto a resigné un contrat d'un an à Mons où il montrera son talent ... » (2)
Dans tous les championnats du Monde, on en connaît des mouvements de joueurs très fréquents, des aller/retour, des « j’achète, je vends », le « mercato » est l’occasion de relancer la « compétitivité » de l’équipe. Au point de se demander si ces transferts n’ont pas plus d’intérêt pour les intermédiaires que pour l’entreprise, le foot, l’équipe, le jeu. Cela semble être entré dans la « nature » du foot érigé en compétition impitoyable.

90 % des transactions financières sont spéculatives…
« Les spécialistes estiment qu'aujourd'hui, plus de 90 pc des transactions financières n'ont plus rien à voir avec les flux de biens et services», écrivent Philippe Maystadt et Françoise Minet-Dermine (3). « Il s'agit d'opérations purement financières qui forment ce que l'on appelle la "bulle financière", cette masse de capitaux spéculatifs à la recherche d'opportunités de placements n'importe où dans le monde. »
Par ce constat peu flatteur, Philippe Maystadt offre une belle leçon au Président de la Bourse : le capitalisme naturel et son outil naturel, la Bourse, produisent naturellement, dans 90% des cas, de véritables « truands ».
La comparaison avec le foot s’arrêtera là. Car je pense que tous ceux qui ont fait leur petite niche d’affaires véreuses dans le foot, si mafieux soit-il, n’atteindront jamais un tel pourcentage. Ils ne jouent pas encore dans la cour des grands. Ils ne sont qu’une copie un peu brouillonne du merveilleux mécanisme d'horlogerie capitaliste.

fRED

(1) http://www.lalibre.be/economie/actualite/article/401441/les-speculateurs-nourrissent-la-crise.html
(2)
WIKIPEDIA
(3) "Comprendre l'économie", 4e édition, Luc Pire éditeur, 2007.

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