jeudi 26 mars 2009

Le mouvement syndical européen lance une campagne de mobilisation marquée par quatre manifestations européennes du 14 au 16 mai prochains – le 14 mai à Madrid, le 15 mai à Bruxelles et le 16 mai à Prague et Berlin. Cette vaste campagne de mobilisation sera l’occasion de rappeler aux différents gouvernements qu’ils doivent apporter des réponses européennes pour régler cette crise et non pas prendre des mesures au cas par cas. La Confédération européenne des syndicats (CES) comprend actuellement 82 organisations membres, issues de 36 pays de l’Europe de l’Ouest, centrale et de l’Est, et 12 fédérations syndicales. La CES représente les intérêts de 60 millions de syndicalistes au niveau européen. La CES appelle à « un nouveau Deal social donnant la priorité aux travailleurs et citoyens. Cet agenda social devra garder le cap sur les principales préoccupations des citoyens européens : l’emploi, le pouvoir d’achat et leurs droits fondamentaux ».

60 millions de syndicalistes, c’est un chiffre qui fait rêver… Et combien la CES compte t’elle en mettre dans la rue en mai? 60.000 ? 100.000 ? C’est en tout cas ce que semble « espérer » les dirigeants de la CES.

Car encore une fois, ce sont des manifestations « contingentées » qui sont mises sur pied. Contingenter - limiter - rationner - borner - circonscrire - restreindre - délimiter - démarquer - arrêter - réduire - localiser - plafonner - entourer - cerner - cantonner… Prenons l’exemple de la manifestation de Bruxelles, elle reposera essentiellement sur les syndicats belges et hollandais. On connaît déjà les quotas : 6000 pour la CSC, 6000 pour la FGTB, 6000 pour les libéraux… Et ainsi de suite jusqu’au niveau régional de chaque syndicat. Les syndicats des pays voisins seront eux-mêmes limités par les difficultés de transports (coûts, distances,…).

Ce type de « mobilisation » aboutit à écraser la réelle mobilisation à la base, on crée une couche de « manifestants professionnels » (au bout de la 12ème, une casquette gratuite), dont la sincérité n’est pas à mettre en cause, mais qui ne s’ancre pas dans aucune conscientisation des autres 59,900 millions de syndicalistes qui n’ont pas eu « la chance » de gagner le voyage, à Bruxelles, Madrid, Berlin ou Prague. Les « autres » militants ne sauront peut-être même pas qu’il ya une manif… Tout au plus les différentes organisations se « mesurent » entre-elles au nombre de drapeaux, quand elles prennent la peine de se déplacer. Et on est bien loin des 10 millions de manifestants qui sont descendus dans les rues de France, Espagne, Italie, Grèce ces six derniers mois.

Dans le même temps les principales organisations nationales programment des actions à leur niveau. Pourquoi l’Exécutif de la CES dans lequel elles siègent n’est-il pas capable de décider une date commune de mobilisation pour (au moins) un paquet significatif de pays ? Pourquoi ne pas avoir tenté de synchroniser les mouvements en Espagne (éparpillés sur tout le mois de mars), en Grèce (grève Générale le 2 avril), en Italie (grèves régionales en mars et big manif le 4 avril à Rome), en France ? Pourquoi la CES ne répercute t’elle pas des échos des mobilisations en cours dans différents pays ? Alors qu’ils les critiquent souvent les dirigeants de la CES font tout pareil à leurs gouvernements nationaux qui ne sont jamais responsables des décisions européennes qu’ils prennent pourtant ensemble dans différents sommets, l’Europe sert alors d’éteignoir aux revendications.

Et pourtant nous avons besoin d’un syndicalisme de combat au niveau européen, un syndicalisme de réseaux qui enrichit les luttes d’entreprises dont les contours dépassent tellement souvent les frontières nationales. Les « nouveaux » pays européens ont besoin de l’expérience des grandes organisations, les plus « faibles » ont besoin de la force des plus « forts ».

Un vrai contre-pouvoir syndical européen reste à construire dans les luttes car toutes les politiques de recul social sont élaborées au niveau européen, ce n’est pas pour rien que ces 30 dernières années, celles de la dérégulation, sont aussi celles de l’approfondissement de l’Europe du capital, celle qui écrase les petites gens.

Pour empêcher la destruction de millions d’emplois à cause de la crise capitaliste qui elle s’est propagée à travers toute la planète, il faut bâtir un front des luttes au niveau européen.

fRED

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