Ce jeudi, le pays était au ralenti pour la cinquième fois en l'espace d'un an. Surtout c'était le premier mouvement de grève après l'hiver torride qui avait suivi la mort du jeune Alexis et avait révélé l'ampleur du désarroi du peuple grec.
Les grévistes entendent dénoncer les licenciements, la flambée du chômage et la dégradation des relations du travail. Selon l’Institut du Travail de la GSEE (Confédération Générale des Travailleurs de Grèce) les licenciements et les mises à disposition auraient augmenté depuis le mois de novembre dernier. Rien qu’au mois de février, 4.136 licenciements ont été enregistrés. Les secteurs les plus concernés sont l’industrie, l’industrie textile, le commerce et la construction. Toujours selon ce même rapport, les régions les plus touchées par le chômage sont la Macédoine orientale et occidentale, la Thrace, le Péloponnèse et l’Attique. C'est en réponse à cette évolution que le Comité Exécutif de la GSEE a décidé une grève générale le 2 avril pour coïncider avec la réunion du G20. Les syndicalistes demandent l’arrêt des licenciements et la protection du revenu des travailleurs, des retraités et des chômeurs. La GSEE a développé plusieurs initiatives : le 8 mars, Journée mondiale de la Femme, pour revendiquer un emploi stable, des congés de maternité et le refus de reculer l'âge de la retraite pour les femmes, le 21 mars (contre le racisme) et le 11 avril prochain (sur le pouvoir d'achat).
La Grèce, rentrée dans la zone Euro au pas de charge (nombreux étaient ceux qui y avaient condamné les hausses de prix incontrôlées qui l'avaient accompagnée), connaît aujourd'hui avec la Lettonie et la Bulgarie l'un des plus haut taux d'endettement d'Europe, bien loin des 3% des critères de convergence. Le gouvernement conservateur dirigé par Costas Caramanlis veut faire passer ses projets d' austérité (notamment sur les pensions) malgré la forte opposition qu’il suscite. Il faut dire que ce n'est pas seulement la fièvre financière qui l'atteint mais aussi les nombreux scandales dans lesquels il est compromis (avec l'église orthodoxe notamment).
Tous les ingrédients étaient donc réunis, au moment où a éclaté la crise mondiale du capitalisme, pour accélérer et radicaliser la révolte. En novembre, la première étincelle,l'assassinat d'Alexis -15 ans- par la police, et à la veille de Noël, l'ignoble agression contre une syndicaliste de base des nettoyeuses du métro athénien, ont jeté dans la rue des centaines de milliers de grecs dans toutes les régions du pays. Si les médias "généralement bien informés" n'y ont vu que "quelques centaines d'anarchistes encagoulés", c'est bien une génération entière qui s'est invitée sur la scène politique.
Mais où est la Gauche?
En Grèce le syndicalisme a une configuration particulière : entre "unique" et "unitaire", différentes "fractions" politiques (de la gauche à la droite) s'y partagent les influences et les mandats. Pour l'action syndicale c'est un avantage mais... il faut d'abord mettre tout le monde d'accord à l'intérieur. Côté politique, le PASOK (social-démocrate) réclame la démission de Costas Caramanlis mais peut difficilement apparaître comme une alternative sérieuse, lui-même entâché par ses errences dans un passé proche et parcequ'il a initié des politiques assez proches de ce prônent ses successeurs. Il tente bien de récupérer des voix aux conservateurs mais n'offre aucun projet mobilisateur aux jeunes (la "génération 700€") et aux travailleurs malmenés par la crise. Ne parlons pas des communistes du KKE, enfermés dans un sectarisme stalinien, condamnant une fois pour toute tous les autres courrants...La "petite gauche" a mieux profité de la vague de radicalisation de cet hiver. Des tentatives de regroupement sont apparues, mais cette dynamique est lente et le mouvement social n'attendra pas...
fRED
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire