dimanche 19 avril 2009

Toyota : réponse à Monsieur Nonaka et journal de la Grève n°8bis

Réponse de E. Pecqueur et F. Cambier à T. Nonaka, Vice-Président de TMMF

Le 16/04/2009

En tant que secrétaire de la CGT-Toyota, militant de Lutte Ouvrière, en tant que secrétaire du syndicat Force Ouvrière-Toyota, et tout les deux grévistes depuis le lundi 6 avril, nous avons quelque chose d’important à répondre à vos mensonges et calomnies, et notre opinion reflète celle de toute une partie des militants CGT, des militants de FO, de toute une partie des grévistes et de nombreuses ouvrières et ouvriers qui n’ont pas pu ou pas osé faire grève pour différentes raisons.

Vous écrivez que vous nous avez « … expliqué brièvement dans quelle situation difficile se trouve le groupe Toyota actuellement, et que même dans ces conditions nous ferions tout pour maintenir l’emploi. »

Quelle situation difficile ?

Les actionnaires du groupe Toyota ont accumulé 100 milliards de dollars de bénéfice ces dernières années… Si on était réellement une grande famille comme vous-même et vos collègues se plaisent à le répéter, les actionnaires de Toyota pourraient se priver de quelques milliards pour donner les moyens aux salariés de passer le cap de la crise. Rien qu’un seul milliard, c’est-à-dire 1/100ème de la fortune accumulé par les actionnaires, c’est 4 à 5 000 euros par salarié de Toyota dans le monde… Ce n’est pas grand-chose pour les actionnaires, ça ne leur enlèverait ni le pain de la bouche, ni les prochains cadeaux pour leurs enfants ! Et 3 à 4 mois de salaire en plus pour les ouvrières et les ouvriers, ici à Onnaing, aux Philippines, au Japon… ça résoudrait bien des problèmes de fin de mois…

Et comment vous croire lorsque vous affirmez que « … nous ferions tout pour maintenir l’emploi ».

C’est aussi ce qu’a dit le directeur de Continental dans l’Oise il y a deux ans pour faire accepter aux ouvriers l’augmentation des horaires avec les mêmes salaires. Aujourd’hui le directeur n’est plus là, mais les actionnaires veulent fermer l’usine et licencier tout le monde ! Pourquoi les actionnaires de Continental ne prendraient pas un peu sur leurs profits accumulés pour éviter la misère à des centaines de familles ?

Vous nous avez dit que vous saviez qu’un certain nombre d’ouvrières et d’ouvriers étaient en grève « … pour des problèmes personnels, du type manque de respect ou problème avec votre management. » Vous ajoutez que vous êtes prêts à nous recevoir afin de nous « apporter des réponses personnelles. »

Mais ce n’est pas un problème personnel ! TOUS les ouvriers et les ouvrières, et même tout l’encadrement est sous une pression constante. Pour produire au mieux les voitures que les ingénieurs conçoivent et les techniciens développent ? Sans doute. Mais surtout pour produire le maximum de bénéfices pour des actionnaires qui ne font rien d’autre que gérer leur fortune amassée après année.

Et c’est pour cela que nous avons le dos en compote, les poignets bousillés au bout de quelques mois de travail, les genoux douloureux, etc... et les nerfs à vif...

Et comme on ne peut mettre en doute votre intelligence – pas plus que celle de vos collaborateurs –, comme rien ne vous échappe de ce qui se passe dans l’usine – pas plus qu’aux autres directeurs –, c’est que vous cherchez à nous tromper consciemment, en espérant que ça nous fera accepter notre sort. Vous nous dites fièrement « Pas de travail, pas de salaire ! » Sans doute vos beaux salaires sont le prix d’un travail peu glorieux et peu ragoûtant.

Et M. Nonaka, il vous est bien difficile d’imaginer que des militants ouvriers puissent agir bénévolement – juste avec leur salaire d’ouvrier ou d’ouvrière – pour aider la grande fraternité des travailleurs à s’organiser pour défendre son niveau de vie, défendre ses conditions de travail et laisser un avenir moins sombre à ses enfants, face à la rapacité d’actionnaires oisifs et de leurs valets bien payés.

C’est pour cela que nous n’irons pas travailler « … dans une entreprise qui accepterait de vous payer même lorsque vous ne travaillez pas. » Mais il ne faut pas que M. Nonaka et les autres directeurs oublient qu’ils nous payent même quand nous ne travaillons pas… Cela s’appelle les congés payés ! Et ces congés payés ont été le fruit des luttes menées par nos parents et nos grands parents, parce qu’avant il y avait aussi des patrons et des directeurs qui croyaient qu’on pouvait endormir les travailleurs avec des mots… mais qui ont dû reculer devant les travailleurs organisés.

Eric Pecqueur, ouvrier TL en équipe bleue et Fabrice Cambier, ouvrier TL en équipe jaune.


Le Journal de la GREVE

Les salariés de TOYOTA en grève s’adressent à vous !

Plutôt crever que d'arrêter la grève!

Le 17 avril 2009 8H

La journée de jeudi :

Nous avons eu le soutien de nombreux ouvriers de Sevelnord, de MCA, d’UMV, de Renault DOUAI, de la Française de Mécanique, de FAURECIA, de LME, de BOMBARDIER….

Arlette LAGUILLER, Nathalie ARTHAUD, Olivier BESANCENOT et Alain BOCQUET sont venus apporter leur soutien aux grévistes de TOYOTA.

Un barbecue géant a été organisé et cette journée a été largement relayée par les journaux, les radios et les télés.

Face à l’entêtement de la direction qui préfère perdre des voitures,

à la majorité, les grévistes ont voté pour la reconduction de la grève et la mise en place de piquets de grève jusqu’à l’obtention

du chômage partiel à 100% et du paiement des jours de grève,

ainsi que la remise à zéro de tous les compteurs HZ (respect de la loi).

Depuis jeudi 19 H, l’usine est à l’arrêt total. Les ouvriers de SIMOLDES, dans la zone industrielle, se sont mis en grève pour le chômage partiel à 100 %, pour le paiement des jours de grève et pour la subrogation avec la Sécu en cas de maladie. Les grévistes de TMMF et de SIMOLDES sont ensemble dans la grève et se soutiennent sur les piquets de grève.

A TMMF, les chefs vous disent que la CGT et Eric PECQUEUR auraient lâché le mouvement : C’est FAUX. La direction demande encore une fois aux chefs de mentir ! La CGT et Eric PECQUEUR sont toujours dans la grève !

Les chefs vous disent aussi qu’il y a de l’alcool et de la violence sur les piquets. C’est faux. Venez avec nous et vous verrez !

Pour Vendredi et Samedi :

A l’heure où nous écrivons, il n’y a eu aucune production dans la nuit de jeudi à vendredi et l’usine est toujours à l’arrêt ! Finalement, monsieur NONAKA vous paie, et pourtant il n’y a pas de travail !

Nous vous demandons de venir renforcer les piquets de grève. Nous ne lâcherons pas. TOYOTA et TMMF ont les moyens de payer le chômage partiel passé et à venir à 100 % pour tous les ouvriers et de payer les jours de grève de tous ceux qui nous ont rejoint et qui nous rejoindront.

Pour ce week-end et lundi :

Les piquets de grève sont maintenus. Venez nombreux soutenir et approvisionner les grévistes aux piquets de grève de la Zone Industrielle.

Alors,

Vous, qui êtes solidaires, mais qui n’avez pas encore rejoint le mouvement,

Venez avec nous sur les piquets de grève.

Votre soutien est important et incitera la direction de TOYOTA à céder…

Pour infos :

La semaine dernière, en une journée de grève, les salariés de Willy Betz ont obtenu 2% d’augmentation de salaire, 100 € de prime tous les mois pendant un an et 10 € en moins à payer pour la mutuelle. Le directeur du site a même été licencié !

Mardi, les salariés de Transfreight ont obtenu juste en menaçant de faire grève 600 € de prime pour le Cross Dock et 300 € pour les sédentaires.

Au bout du compte, c’est TMMF qui va payer. Tant mieux pour nos camarades de ces entreprises sous traitantes qui se sont mobilisés. Cela veut dire que TOYOTA a de l’argent pour satisfaire les revendications des ouvriers de TMMF.

Les salariés de TOYOTA en grève s’adressent à vous !

Dernière minute :

De 16H30 à 20 H la direction a reçu le comité de grève.

Face à la pression des grévistes, la direction est prête à :

Payer le chômage partiel à 95 % du net pour tous.

Ne pas appliquer de sanctions aux grévistes

La direction ne veut pas discuter sur le paiement des jours de grève.

Les grévistes, réunis en assemblée ont refusé à la majorité et ont décidé de reconduire la grève.

Nous voulons que les jours de grève soient payés, car c’est à cause de la direction si on s’est mis en grève.

Et si la direction refuse de payer aux grévistes les jours de grève, qu’elle donne à l’ensemble des ouvriers de l’usine une prime d’au moins 500 € !

La direction souhaitait discuter sur les autres points évoqués durant la négociation après le retrait des piquets de grève :

Les autres revendications étaient :

- compteurs HZ remis à 0 pour les CDD et intérims

- majoration des samedis à 25 % payable à la fin du mois.

La grève continue,

et nous vous appelons toutes et tous à venir nous soutenir ce week-end aux piquets de grève avec vos familles


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