Prague 16 mai 2009.
Il est 14h, la manifestation vient de se terminer face au château. Dans une brasserie à proximité de l’abbaye de Strahof, les mines sont réjouies : 35.000 participants, plus du double des espérances… A vrai dire c’est la première manifestation syndicale de masse à Prague depuis bien longtemps ! Parmi les dirigeants de ČMKOS (qui organise cette manifestation avec la CES), peu ont connu les évènements du printemps 68, dernière grande effervescence populaire qui fut réprimée par les chars russes. Avant cela, du temps des apparatchiks communistes, les tanks encadraient les défilés ronflants du 1er mai. Et puis une longue apathie… La crise capitaliste a réussi à (re)mettre dans la rue des dizaines de milliers de travailleurs.
Il est 12h45, le défilé a été court. La place du Château est déjà bondée devant le podium. Dans le guide du routard j’ai lu ceci : « tous les ans, un jour du mois de mai, opération portes ouvertes, inutile de vous préciser que la file d’attente est longue ». Au point de départ de la manifestation ils sont encore des dizaines de milliers qui n’ont pas bougé d’un centimètre. Des milliers de polonais (dont une forte délégation de mineurs), un bloc très visible et très animé, des roumains, des croates, des autrichiens, des allemands, des slovènes, des bulgares, des hongrois, des italiens. Un panaché de couleurs, une foule de drapeaux, une meute de trompettes, un bataillon de crécelles, un tintamarre de sifflets. Pas de doute l’ex-Europe de l’est est bien réveillée.
Il est 13h35, les discours ont enfin commencé sans attendre la fin du cortège qui est toujours bloqué deux places plus loin. On annonce 100.000 manifestants à Berlin ; une immense ovation salue les allemands, fait notoire quand on sait les tensions que la guerre et le nazisme ont laissées en héritage entre les deux peuples.
Il est 10h15, à deux pas du Pont Charles des petits groupes se forment, rencontres improbables entre des manifestants roumains et des profs tchèques en lutte contre la casse dans l’enseignement. Bientôt une délégation de métallos hongrois les rejoint. Prague, qui a pourtant l’habitude de voir défiler des groupes de touristes bigarrés, n’en revient pas : on va manifester !
Il est presque midi. Le soleil perse trois jours de nuages. C’est le printemps. La manifestation démarre.
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