jeudi 12 juin 2008

Sayshitforme.con


Le progrès, c’est oublier d’éteindre son GSM et de se faire réveiller en pleine nuit par un BipBipBip, « Vous avez reçu un message de… ». Vous ne vous affolez pas tout de suite, « ce n’est que » votre collègue qui va vous annoncer, vous le savez, que sa femme le quitte. Et bien non, c’est lui mais il a seulement égaré le numéro d’un autre collègue qui devait lui remettre une note importante et dont il n’a pas de nouvelles…
Version courriel, on a les mêmes qui ne vous réveillent pas mais vous envoient à 3h17 du matin, quand même, un message angoissé qui commence invariablement par « Que penses-tu de… ». A cette heure-là, leur mail sent la fin de nuit ou la dernière goutte de café tiédi dans le creux d’une môlaire cariée. Bref voilà les prévisions météo qui changent de camp, votre soleil promis se mue en crachin pour toute la journée.
D’autant qu’à 8h15 ils vous attendent (et LEUR réponse) et mordent tous ceux qui s’approchent de la machine à café, vous traitent (mentalement) de « connard » et retrouvent la boulette de papier qui a échappé à la lessiveuse, 04.8 ..7Y Ω… Ils engueulent (mentalement) leur femme « pour une fois qu’elle ne me fait pas les poches, connasse ! ». Re-mail à l’heure de l’apéro : « tu n’as pas reçu mon message ? » ça sent la boulette mora, sur lit de boursin (ail et fines herbes).

La machine révolutionnaire est arrivée.
Et vous voudriez vous abaisser à répondre à ce genre d’individus ? N’en faites rien. Nous venons d’inventer pour vous la machine à répondre intelligemment dans toutes sortes de situations. En fait ce n’est pas une machine mais une machination. Un effroyable complot qui va vous procurer beaucoup de plaisir, à vous et vos complices.
Car avant tout il vous faut des complices : sitôt réveillé et lu le message angoissant, sortez une bonne bouteille de votre cave et faites-vous inviter chez un copain (une copine, ça marche aussi) pour un déjeuner sympa. Amenez un troisième pote, et un quatrième si le « Que penses-tu de ? » est trop lourd à porter (ou son auteur). Faites gaffe quand même vous n’avez qu’une bouteille.
Le menu n’est pas important, vous pouvez manger des nouilles, des poires, de la citrouille.
Ce qu’il vous faut c’est, si possible, une belle bibliothèque, ou, au minimum, une quarantaine de bouquins entassés sur une chaise. Le premier complice ferme les yeux en goûtant le vin. Le (la) deuxième lui demande de choisir un livre à l’aveuglette. Et, en fermant les yeux, l’ouvre arbitrairement.
La réponse à la question du jour se trouve sur la page de droite, en 27ème et 28ème lignes. Vous les recopiez. Ne les envoyez pas immédiatement, pensez d’abord à vider la bouteille et surtout à tout le bien que cela va vous faire quand vous allez cliquer sur l’icône « envoyer ». Vous serez soulagé, joyeux et surtout plus intelligent car avec vos compères vous venez de découvrir un livre dont vous vous souviendrez. Il ne vous reste plus qu’à convaincre votre hôte de vous le prêter à tour de rôle et à lui laisser faire la vaisselle.
FRED
Merci à Nath pour l'illustration : http://www.messousvetementssontpropres.blogspot.com/

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