dimanche 28 février 2010

[La caissière belge]

Qui est responsable de tout ce bordel : la caissière !

En prétendant que c’est la hauteur des coûts salariaux qui justifie son plan de restructuration, Carrefour est en train de créer un nouveau mythe. Après le plombier polonais, voici donc désignée la coupable idéale : la caissière belge qui gagne 29% de plus que sa collègue de la concurrence !
Bien sûr ces chiffres sont faux, mais cela permet de détourner l’attention de l’opinion publique.
Les syndicats mettent ainsi en évidence les manipulations douteuses qu’ils ont pu observer dans les comptes au cours des derniers mois.
Ainsi, il y a à peine 3 mois, Carrefour Belgium a cédé à la SA Eastshore Finance un milliard d’euros et réduit son capital d’un montant équivalent. Attention, ce milliard n’est pas du cash, mais une cession de créance. Le Centre de Coordination de Carrefour avait une dette d’un milliard envers Carrefour Belgium, qu’elle doit désormais à Eastshore Finance. Le résultat, toutefois, est le même : la société d’hypermarchés s’appauvrit d’un milliard d’euros.
A qui appartient l’heureux bénéficiaire de l’opération? Eastshore Finance a été créée le 14 octobre 2009 par la SA GMR, qui n’est autre que la maison-mère de Carrefour Belgium…
Et bien entendu on découvre que le groupe a bénéficié d’aides publiques par les différentes autorités gouvernementales : Carrefour devrait d’ailleurs rembourser 86 millions d’euros de subventions déclarées illégales par la Commission Européenne, mais selon la FGTB, le groupe a bénéficié de 129 millions d'euros d'avantages octroyés par les pouvoirs publics en raison de la concentration de ses activités financières en Belgique dans un Centre de Coordination.

0,008% d’impôt…
En 2008 Carrefour Belgium réalise un bénéfice de 66 millions, mais comme elle cumule 458 millions de pertes les années précédentes, elle ne paie pas d’impôt.
Par contre, le Centre de Coordination Carrefour se porte bien : il affiche, fin 2008, 1,57 milliard de bénéfices cumulés. Sur 2008 même, il a réalisé un bénéfice de 381 millions, sur lequel il a payé un impôt de… 33 225 euros. Ce qui fait un taux de 0,008 %.
Précisons que ce Centre de Coordination n’est pas détenu par Carrefour Belgium, mais par sa maison-mère GMR SA.
Il faut dire que les dirigeants de Carrefour ont depuis longtemps compris toutes les facilités offertes par la Belgique, terre d’accueil des « exilés fiscaux » voulant échapper à l’ISF. Parmi les familles fondatrices du groupe relevons quand-même, Badin, Defforey et Fournier, les Halley et les March, qui détiennent ensemble près de 21% du capital, et qui ont tous trouvé refuge dans un paradis fiscal voisin. Robert Halley, frère de Paul-Louis, et Jacques Badin vivent à Bruxelles. Hervé Defforey, à Londres. Denis Defforey et Jacques Fournier, frère de Marcel, à Genève. Jusqu’à Luc Vandevelde lui-même, président du conseil de surveillance, qui partage son temps entre Bruxelles et Londres…
Les empereurs de la grande distribution semblent s’être donné le mot puisqu’on retrouve aussi la famille Gérard Mulliez (propriétaire de Auchan, Décathlon, Mondial Moquette, Feu vert et Kiabi…) en Belgique.
Voilà de bons exemples de « mobilité professionnelle » dont devrait s’inspirer la caissière (la fameuse caissière belge!). Vous me direz qu’elle pourrait prendre résidence en France pour bénéficier du statut de « travailleur frontalier » et même, perfides comme vous êtes, ajouter qu’en travaillant à mi-temps, elle a tout le temps pour se rendre dans son paradis… professionnel! Et, pourquoi pas, retrouver un boulot dans les Balkans où Carrefour va créer de nouveaux postes !
fRED

jeudi 25 février 2010

[CARREFOUR : EN VRAC]

[Les pauvres] n’arrêtent pas de se plaindre. On leur donne un boulot, on les paie bien (songez, jusque 29,78% en plus que dans la concurrence, 40% en plus qu’en France !) et ils continuent à se plaindre. Comment voulez-vous qu’on continue à garder des gens pareils… Et quand on les renvoie rejoindre les chômeurs (dont ils sont tellement jaloux) parce qu’on n’a plus de boulot pour eux, ils arrêtent de travailler. Ils nous narguent encore en faisant grève  et prennent les clients en otage. Vous vous rendez compte, arrêter de travailler sous prétexte qu’on veut du boulot! Ils ne respectent pas plus l’ordre que la propriété privée.
Ils se mettent à sortir des chiffres. C’est encore leur jalousie qui les fait critiquer l’ancien PDG du groupe, tout ca pour quelques zéros en plus sur son indemnité de départ…
C’est désespérant. Nous sommes victimes d’une campagne de désinformation systématique alors que nous nous investissons à fond, ne comptant pas les heures dans les TGV, dans les restos et grands hôtels où toutes les chambres se ressemblent...
Nous aussi on doit se creuser les méninges à la fin du mois pour savoir ou planquer notre fric.
Même notre copain Sarko fait des déclarations contre notre classe, le goujat. Il parle même de refonder le système et tarde à supprimer les privilèges des pauvres. Partout on nous montre du doigt, on nous dénigre.

[Justice de Classe]
Le Ministre de la Justice devrait prendre des mesures. Maintenant qu’on connait les coupables, ces gueux, que dis-je ces gueuzes, il faut indaguer.
Ne tournons pas autour du pot : nous sommes des gens honnêtes, nous connaissons les lois puisque nous les faisons. Et nous les respectons. Nous payons nos impôts, juste comme il faut. Nos investissements d’aujourd’hui sont les emplois de demain. Nous créons de la richesse pour que tous puissent en profiter. Mais il ne faut pas cracher dans la soupe. Et si on n’est plus maîtres chez nous, si on ne veut plus reconnaître les efforts que nous faisons chaque jour pour vous apporter bonheur, progrès et prospérité, nous n’insisterons pas. Nous irons voir ailleurs. Le monde est un village et, autour, les grands prés sont grands.

mardi 23 février 2010

[Grèce : à la veille d’une grève générale…]

Ce 24 février, les travailleurs grecs vont faire la grève et manifester car ils refusent, à raison, de payer l’addition de la crise.
La problématique « dette publique » de l’Etat grec est au centre de beaucoup de débats.  Passons sur le rôle trouble de la Banque Goldman Sachs qui avait concocté un montage sophistiqué qui a permis en 2001, juste après l'adhésion d'Athènes à l'Euro, d'aider le gouvernement grec à emprunter des milliards. Il a aidé Athènes à respecter les règles édictées par Bruxelles en matière d’orthodoxie… budgétaire tout en continuant de vivre au-dessus de ses moyens (l’Etat, pas tous les grecs évidemment, qui ont plutôt subi le passage à l’Euro et perdu une part importante de leur pouvoir d’achat). Pour ce  service, Goldman Sachs a reçu quelque 300 millions de dollars de commission. En fait on ne s’étonnera plus que les Etats se soient empressés d’aider  les mêmes banques quand, fin 2008, elles ont présentés la facture colossale de leur sauvetage. Aujourd’hui, de nouveau au top, ce sont elles qui vont prêter, cher et malin, l’argent qu’on leur avait « avancé »…
Mais l’histoire de la dette grecque mérite d’être analysée. En Grèce, mi 2009, la dette publique a atteint 135% du PIB et la dette extérieure 150%. Le nouveau budget chiffre le montant des intérêts de la dette au quart des recettes totales (habituellement surestimées), soit 5% du PIB, presque le double des années 1980. Cet endettement est en lien avec les dépenses militaires (4 à 4,5% du PIB) ainsi qu'avec un fait soigneusement passé sous silence : l’État grec garantit à 80% les emprunts à court ou long terme faits par les entreprises. Quand les entreprises n'honorent plus leurs obligations, ce paiement pris en charge par l'État se reporte automatiquement sur la dette publique.
Autrement dit les entreprises ont vampirisé les moyens publics pendant des dizaines d’années.
Mais ceci n’est pas l’exclusivité de la Grèce : faites l’addition des déductions fiscales, des primes et garanties sur investissements, des diminutions de charges sociales, des aides à l’expansion économique, du financement public, de l’aménagement des zones industrielles, des infrastructures (routes, ports, voies navigables, réseaux de communications, sécurité, …), des prises en charge, par les autorités publiques, de tous les coûts environnementaux  suite à des fermetures, des effets plus globaux sur l’environnement, sur la santé publique, de ce productivisme à outrance.
Faites les comptes et vous verrez que pendant ces longues années d’offensive néolibérale, le capitalisme est parvenu à mobiliser l’Etat, dont elle prétend ne pas avoir besoin, à son entière dévotion.
En déclarant que « la Grèce ferait face à la crise quelles que soient les réticences sociales dans le pays », le premier ministre « socialiste » Papandreou à clairement indiqué dans quel camp il jouait. Pas question de remettre en cause l’évangile européen du tout au marché.
C’est donc dans un affrontement majeur que s’engagent les travailleurs grecs. En premiers sans doute car tous les ingrédients de la cuisine grecque pourraient se retrouver sur la table de nombreux pays européens.
fRED

lundi 22 février 2010

[Et TI?]

[Étymologie.] Certains devraient en faire de temps en temps. Ils apprendraient ainsi le sens des choses de la vie. Ils nous parleraient différemment de la CRISE dont ils nous rabâchent les oreilles depuis 18 mois s’ils savaient qu’en grec le sens du mot CRISE (Κρίσις ) est la faculté de distinguer, une décision entre deux choix possibles. Une crise suppose donc une prise de décision, une action pour s’en sortir, celle qu’ils n’ont pas coutume d’entreprendre.
Ils éviteraient de se croire intéressants en cherchant des boucs émissaires parmi les métèques. Dans la Grèce antique, le terme de METEQUE désignait l'étranger domicilié dans une cité, autre que celle dont il était originaire et ne comportait alors aucune connotation péjorative, au contraire de son usage contemporain en français (et en belge).
fRED

dimanche 21 février 2010

[Tête d’Orange]


[Il y a des titres et des photos] qui n'ont pour vocation que de conditionner votre cerveau.
Ce jour-là le cliché, et le titre qui l'accompagnait en une du journal local, étaient de cette veine. « La photo qui dérange »… m'a fait dresser les cils… En quoi la photo de mariés devait-elle choquer ? Qui devait-elle choquer ?
Doit-elle choquer ? Oui, elle doit choquer, on vous dit qu'elle doit choquer. On pose l'affaire comme une évidence : « la photo qui dérange ». Ne cherchez pas plus loin, rien ne vous dira en quoi, pourquoi, pour qui.
C'est la Une qui compte, le cliché qui cliche.
[Clicher] recopier le contenu, à un instant déterminé, de tout ou partie d'une mémoire sur un autre support.