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dimanche 1 décembre 2013

[Les tergiversations d’Ennahdha pour endormir les masses]



par Farid KHALMAT

Tunisie 

Les tergiversations d’Ennahdha pour endormir les masses

Le « Dialogue National » n’arrête pas de reprendre ou plus précisément n’arrête pas d’arrêter. Au Luxembourg, on appellerait cela « la procession d’Echternach ». Sinon qu’en Tunisie, on recule plus qu’on n’avance.

La semaine des quatre jeudis
En octobre, au terme de plusieurs semaines de négociations au forceps, le « quartet de choc »[1] avait réussi à convaincre vingt et un partis politiques - dont Ennahdha, au pouvoir - de signer une « feuille de route » fixant les prochaines étapes de la transition, lesquelles devaient être bouclées avant la fin octobre : adoption de la Constitution, mise sur pied de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), élaboration de la loi électorale et formation d'un gouvernement apolitique dirigé par une personnalité indépendante. Dire qu’Ennahdha avait plus que peiné à accepter la feuille de route est un euphémisme. Mais la pression populaire était encore forte après l’émotion provoquée, une deuxième fois, par un assassinat politique, celui, le 25 juillet, du député Mohamed Brahmi après celui de Chokri Belaïd en février. Il était clair que les islamistes et leurs alliés feraient tout pour rester au pouvoir, ses ministres ne le cachaient pas. Ils firent donc le gros dos et entreprirent une véritable guérilla dans tous les domaines : manœuvre pour bloquer l’ANC, refus puis interprétation changeante de la « feuille de route », blocages répétés sur les noms des personnalités présentées par le quartet pour succéder au premier ministre… « On quitte le gouvernement et pas le pouvoir » résume Rached Ghannouchi, leader d’Ennahdha.
« Le dialogue est, effectivement, en panne depuis plus de deux semaines, à cause, justement, du désaccord sur le nom du futur chef du gouvernement. Ce qui est en train de faire le bonheur de la Troïka et à sa tête Ali Laârayedh qui a, enfin, refait surface en sortant de son silence. ‘Le gouvernement actuel n’a pas été placé par l’opposition et ne partira pas par la volonté de celle-ci’, a-t-il dit en substance. » indiquait fort justement le site Business-News[2] le 17 novembre.
Le même jour, Rached Ghannouchi répétait que « le gouvernement actuel est venu par les urnes et ne remettra les rênes du pouvoir qu’entre des mains sûres. Le gouvernement d’Ali Laârayedh ne démissionnera pas avant l’achèvement de la rédaction de la Constitution et la formation de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE)». Les islamistes utilisaient ainsi la clause, que certains avaient qualifiée déjà de véritable bombe à retardement, qu’ils avaient tenu à ajouter à la « feuille de route » et qui conditionne la démission du gouvernement par une simultanéité des deux processus, donc par l’obligation d’achever le processus constitutionnel. Or, depuis lors, les manœuvres de la Troïka au pouvoir ont bloqué l’ANC. Faut-il rappeler que des élections devaient se tenir au maximum un an après le 23 octobre 2011, date de l’élection de l’ANC, celle-ci devait donc avoir terminé la rédaction de la Constitution en octobre 2012.

Lundi, c’est sûr.
Il y a quelques semaines, c’était sûr, le « Dialogue National » allait reprendre lundi… mais de quelle semaine ? Après l’onde de choc du funeste 25 juillet, le premier ministre avait annoncé des élections générales : « croix de bois, croix de fer si je mens je vais en enfer (version locale) »… La date avancée : le 17 décembre, date plus que symbolique, troisième anniversaire de l’immolation de Mohamed Bouazizi, l’étincelle qui avait déclenché la colère populaire et le renversement de Ben Ali… En Belgique le sieur Di Rupo, avec ses 540 jours de crise, n’a qu’à bien se tenir : à la vitesse à laquelle les tractations avancent, pas de doute, Ali Laârayedh compte bien s’installer « un certain temps » dans son paradis terrestre, la Kasbah, pour « expédier les affaires courantes ». Le temps qu’il faudra.
Ancien ministre de l’Intérieur, il a une manière très particulière de conjuguer le verbe « expédier »… Expédier les journalistes, les avocats et les rappeurs en prison. Expédier les opposants politiques dans la tombe. Expédier les affidés d’Ennahdha dans tous les recoins de l’administration de l’Etat, les Gouvernorats, pour préparer les élections qui s’avèrent plus que périlleuses.
Voilà pourquoi toutes les manœuvres sont bonnes pour transformer le fameux « Dialogue National » en éteignoir de la pression populaire. Aujourd’hui les islamistes se paient même le luxe « d’appeler toutes les composantes de la scène politique tunisienne à fournir les efforts nécessaires pour la reprise du Dialogue National »[3]

Manifestations des Diplômés Chômeurs le 28/11 - Tunis
Seule l’action paie
Ceci  indique combien la gauche tunisienne s’est laissée duper par un processus qui, bien qu’initié par la puissante UGTT, ne pouvait que se trainer en longueur et l’éloigner des grandes mobilisations d’août qui demandaient la chute immédiate du gouvernement et la dissolution de l’ANC qui avait « dépassé sa date de péremption ».
Les atermoiements des politiques et le climat d’insécurité entretenu par le pouvoir (les groupes terroristes semblent frapper aux moments qui le servent le mieux) semblaient avoir rendus les masses amorphes mais les trois mouvements de grèves régionales simultanées, à Gafsa, à Siliana, à Gabès, ainsi que les nombreux conflits et manifestations de secteurs (Santé Publique, Recettes des Finances, Magistrats, Avocats, Cheminots de Sfax, enseignants, Diplômés Chômeurs…) sont venus pour montrer qu’il n’en n’est rien. « Notre peuple vient de nous montrer encore une fois qu'il était prêt à répondre présent pour les grandes batailles et plus jamais pour les mesquineries des « négociations » et des « dialogues » stériles! » estime fort  opportunément notre camarade Anis Mansouri (Porte-parole de la coordination en Suisse du Front populaire) sur sa page Facebook.
Il est grand temps de retrouver le chemin de la mobilisation populaire.
Le secrétaire général de l’UGTT a affirmé ce 28 novembre, au lendemain des grèves de Gafsa, Siliana et Gabès, que les protestations observées dans les différentes régions du pays témoignent d’un grand état de tension. « L’attente a trop duré et elle est devenue insupportable pour les citoyens.  La patience du Quartet touche à ses limites ». Depuis plusieurs semaines le leader de l’UGTT menace de dévoiler les responsables du blocage du « Dialogue National », s’il persiste. Qu’il le fasse, mais surtout qu’il ne dilapide pas, en imitant Ennahdha dans ses tergiversations, la force de frappe que lui confèrent des centaines de milliers d’adhérents. Ceux-là qui avaient « dégagé » Ben Ali le 14 janvier 2011.

30/11/2013 - Farid KHALMAT
paru sur www.lcr-lagauche.org

[1] Le « Dialogue National » initié par le « Quartet » constitué de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), de  l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica, patronat), de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) et de l'Ordre des avocats, était sensé trouver une réponse rapide à la crise politique faisant suite aux assassinats politiques et aux actions terroristes depuis le printemps.
[3] Le Conseil de la Choura du Mouvement Ennahdha, tenu les samedi et dimanche 23 et 24 novembre 2013 à propos de l’évolution du Dialogue National - http://www.tunisienumerique.com/tunisie-communique-du-conseil-de-la-choura-dennahdha-2/202036 -

jeudi 21 février 2013

[Ça chauffe...]

Ça chauffe...


boulevard de l'Empereur...
« Paul Magnette et Bruno Tobback demandent plus d'honnêteté de la part de la FGTB » titre la Libre d’aujourd’hui. Sont-ils bien placés ces deux-là pour parler d’honnêteté ? C’est une autre question. En gros ils exigent que les travailleurs et leurs organisations se plient au leitmotiv des Partis dits socialistes : « sans nous ce serait pire ».
Depuis plus de 20 ans que les socialistes « sauvent l’essentiel » au gouvernement en « faisant de la résistance », regardez où nous en sommes… L’honnêteté que vous exigez des autres vous est-elle épargnée ? Pourquoi ne pas leur demander, aux syndicats, de reconnaître que Lance Armstrong ne s’est jamais dopé, que la terre est plate et qu’un Pape est toujours jeune, beau et infaillible ? Ça, Messieurs Magnette et Toback, ce n’est pas de l’honnêteté, c’est de l’agenouillisme. Ce qui semble vous gêner le plus c’est que l’action syndicale redémarre contre les mesures d’austérité que ce gouvernement n’arrête pas d’empiler. Les organisations syndicales devraient en tirer une leçon : ils sont sur le bon chemin quand ils partent à l’action. On ne peut rien attendre de vous. Tout ce qu’on a, on l’a obtenu par la lutte.
fRED

mercredi 30 novembre 2011

[Un réel appauvrissement des pensionnés, des travailleurs et des chômeurs]

 Un réel appauvrissement des pensionnés, des travailleurs et des chômeurs
Par Peter Veltmans
 
Après plus de 500 jours, il se peut qu’il n’y ait toujours pas de gouvernement. Après les questions communautaires, c’est maintenant le budget qui agite les trois familles politiques traditionnelles. Les négociations traînent en longueur depuis des semaines. Au moment d’écrire ces lignes (1), on nous annonce une énième journée « cruciale » de négociation. On attend de voir si le PS, le SPa, le CD&V, le CDh, l’Open VLD et le MR réussiront à arracher un accord. Une chose est sûre pourtant : la classe des travailleurs va payer le prix fort pour ce budget.
Le cadre européen
Ce budget a pour cadre « L’Europe » en lieu et place des rapports de forces politiques belges. Le Traité de Maastricht (1993) a tracé le cadre d’une Union économique et monétaire (la future « Zone euro ») qui allait de pair avec l’imposition d’une discipline budgétaire aux Etats-membres. En 1997, on y a ajouté le Pacte de Stabilité et de Croissance. Un jugement de la Cour européenne de Justice du 13 juin 2004 stipule que les Etats-membres qui transgressent les normes de ce Pacte de Stabilité peuvent se voir imposer une amende par la Commission européenne. Une telle amende trouve encore son meilleur point de comparaison avec les réparations que le Traité de Versailles a imposées à l’Allemagne après la Grande Guerre.

mardi 23 février 2010

[Grèce : à la veille d’une grève générale…]

Ce 24 février, les travailleurs grecs vont faire la grève et manifester car ils refusent, à raison, de payer l’addition de la crise.
La problématique « dette publique » de l’Etat grec est au centre de beaucoup de débats.  Passons sur le rôle trouble de la Banque Goldman Sachs qui avait concocté un montage sophistiqué qui a permis en 2001, juste après l'adhésion d'Athènes à l'Euro, d'aider le gouvernement grec à emprunter des milliards. Il a aidé Athènes à respecter les règles édictées par Bruxelles en matière d’orthodoxie… budgétaire tout en continuant de vivre au-dessus de ses moyens (l’Etat, pas tous les grecs évidemment, qui ont plutôt subi le passage à l’Euro et perdu une part importante de leur pouvoir d’achat). Pour ce  service, Goldman Sachs a reçu quelque 300 millions de dollars de commission. En fait on ne s’étonnera plus que les Etats se soient empressés d’aider  les mêmes banques quand, fin 2008, elles ont présentés la facture colossale de leur sauvetage. Aujourd’hui, de nouveau au top, ce sont elles qui vont prêter, cher et malin, l’argent qu’on leur avait « avancé »…
Mais l’histoire de la dette grecque mérite d’être analysée. En Grèce, mi 2009, la dette publique a atteint 135% du PIB et la dette extérieure 150%. Le nouveau budget chiffre le montant des intérêts de la dette au quart des recettes totales (habituellement surestimées), soit 5% du PIB, presque le double des années 1980. Cet endettement est en lien avec les dépenses militaires (4 à 4,5% du PIB) ainsi qu'avec un fait soigneusement passé sous silence : l’État grec garantit à 80% les emprunts à court ou long terme faits par les entreprises. Quand les entreprises n'honorent plus leurs obligations, ce paiement pris en charge par l'État se reporte automatiquement sur la dette publique.
Autrement dit les entreprises ont vampirisé les moyens publics pendant des dizaines d’années.
Mais ceci n’est pas l’exclusivité de la Grèce : faites l’addition des déductions fiscales, des primes et garanties sur investissements, des diminutions de charges sociales, des aides à l’expansion économique, du financement public, de l’aménagement des zones industrielles, des infrastructures (routes, ports, voies navigables, réseaux de communications, sécurité, …), des prises en charge, par les autorités publiques, de tous les coûts environnementaux  suite à des fermetures, des effets plus globaux sur l’environnement, sur la santé publique, de ce productivisme à outrance.
Faites les comptes et vous verrez que pendant ces longues années d’offensive néolibérale, le capitalisme est parvenu à mobiliser l’Etat, dont elle prétend ne pas avoir besoin, à son entière dévotion.
En déclarant que « la Grèce ferait face à la crise quelles que soient les réticences sociales dans le pays », le premier ministre « socialiste » Papandreou à clairement indiqué dans quel camp il jouait. Pas question de remettre en cause l’évangile européen du tout au marché.
C’est donc dans un affrontement majeur que s’engagent les travailleurs grecs. En premiers sans doute car tous les ingrédients de la cuisine grecque pourraient se retrouver sur la table de nombreux pays européens.
fRED

jeudi 5 novembre 2009

lundi 26 octobre 2009

[La colère monte en Italie]

La grande manifestation des métallurgistes organisée le 9 octobre par la CGIL et sa branche métallurgie, la FIOM (sur des positions de lutte de classe plus affirmées que sa maison-mère) a été un franc succès: 250 000 manifestants réunis en 5 cortèges – 100 000 à Milan, 70 000 à Florence, 50 000 à Naples, 30 000 à Rome et 10 000 à Palerme – et des taux de grévistes estimés par la FIOM à plus de 70%. La raison majeure de cette mobilisation est la menace d'accord séparé sur la re-négociation des conventions collectives que vont signer prochainement les deux syndicats minoritaires et réformistes que sont la Fim (dépendant de la Cisl – syndicat chrétien-démocrate) et l'Uilm (dépendant de l'Uil – syndicat social-démocrate). La pratique des accords séparés vise à court-circuiter le syndicat majoritaire et de classe qu'est la CGIL-FIOM en laissant le patron (ou la fédération patronale qu'est la Federmeccanica) choisir pour les salariés les syndicats qui les représentent. La CGIL-FIOM conteste un déni de démocratie, elle exige que l'on mette des pratiques d'accords séparés, et que la question des conventions collectives soient traités avec les organisations réellement représentatives des travailleurs. Dans l'appel à la grève, la CGIL-FIOM lie la question du refus de l'accord séparé à la défense de l'emploi et à la lutte contre la crise qui doit reposer sur l'extension des « amortisseurs sociaux » et plus largement sur une politique de relance industrielle.
Toutefois, l'élément marquant de cette journée du 9 octobre restera la rencontre des métallurgistes et des étudiants dans la rue. Les débuts d'une convergence des luttes. Selon les syndicats étudiants, 150 000 étudiants ont défilé dans 60 villes, remettant en cause l'école à deux vitesses et la privatisation de fait du système éducatif italien contenue dans la réforme Gelmini. Si on ajoute à ces manifestations du 9 octobre, la manifestation géante bien que symbolique à Rome pour la défense de la liberté de presse qui a réuni 350 000 manifestants au début du mois, au moment même où Berlusconi tente le coup de force par des attaques réitérées contre les pouvoirs constitutionnels (Présidence de la République, Cour Constitutionnelle), on se pose la question, que manque-t-il à ces luttes?

vendredi 16 octobre 2009

[La solidarité face à la faillite]


Plusieurs de centaines de personnes ont manifesté leur solidarité avec les 173 travailleurs de Preiss Daimler (ex Belref), usine mise en faillite le 29 septembre. Parmi les manifestants, une présence très symbolique, celle de la délégation syndicale de Bridgestone Frameries en Front Commun. De nombreuses entreprises de la région étaient représentées et tous ont fortement manifesté leur volonté d'unification, de radicalisation des réactions contre les "patrons voyous" qui ne reculent devant rien pour assouvir leur soif de profits.

jeudi 15 octobre 2009

[Conflit chez IAC: vous avez dit « procès politique » ?]

carte blanche à la délégation MWB - FGTB d'IAC (FIAT)

Se débarrasser de « gêneurs », briser la résistance des travailleurs et remettre en cause les procédures de concertation et de négociation sociales en vigueur: voilà les objectifs poursuivis depuis près d'un an par la direction d'IAC (Fiat, Bruxelles). Excusez du peu... Bref retour en arrière: depuis décembre 2008, nous nous opposons à la restructuration décidée par la direction et au licenciement de 24 travailleurs... dont 12 protégés par un mandat syndical. La direction veut fermer l'atelier de Meiser (Schaerbeek) et le magasin de Delta (Auderghem), deux de ses cinq sites à Bruxelles. Raison invoquée ? « Limiter les pertes ». Argument peu crédible: selon les chiffres dont nous disposons, ces pertes ne constituent qu'environ 7% du passif total des cinq sites.
[Et la voiture de la Reine, bordel ?]
Nous avons proposé de négocier un plan social. Refusé, au motif que les syndicats ont rejeté la levée préalable des protections syndicales. Pire: depuis le 18 juin, la direction a licencié 12 travailleurs. Parmi eux, pour l'anecdote, il y avait notamment le technicien qui s'occupe de la voiture de la Reine, ainsi que le meilleur technicien du Benelux et des mécaniciens et garnisseurs reconnus par l'importateur. Alors que d'autres personnes étaient prêtes à quitter l'entreprise ou à partir en prépension ! Que se passe-t-il en réalité ? La direction veut fractionner l'entreprise en 16 « divisions » pour pouvoir contourner la loi Renault et se débarrasser sans contraintes de ceux qui lui résistent. Elle a ainsi transféré les « gêneurs » d'un site à l'autre, pour les regrouper et les virer d'un bloc. Nous ne pouvions évidemment pas accepter cela. Nous avons donc décidé en mai dernier d'occuper l'atelier de Meiser. La direction nous a envoyé les huissiers, et nous avons été cités à comparaître devant le tribunal de première instance de Bruxelles. On a été délogés par la police, et la direction a décidé dans la foulée de licencier cinq d'entre nous pour « faute grave ». C'est monté de toutes pièces, mais c'est clair: action collective syndicale = faute grave... Depuis lors, la direction nous traîne en justice. Elle veut à tout prix faire sauter notre protection syndicale, en court-circuitant la Commission paritaire, seule compétente normalement pour lever éventuellement cette protection en cas de restructuration, après qu'un plan social ait été négocié. Ici, pas de négociation, pas de plan social: la direction veut passer en force. Elle remet ainsi fondamentalement en cause le rôle de la Commission paritaire et s'assied sur la législation en vigueur. Vous l'aurez compris: c'est un danger majeur pour la concertation sociale en Belgique, pour les droits syndicaux, pour les organisations syndicales et pour tous les travailleurs. C'est pour cela que nous parlons de « procès politique ». Demain, si la justice donne raison à la direction, c'est la protection des délégués contre les licenciements abusifs pour raisons économiques qui disparaît. Et les commissions paritaires que l'on transforme, désavouées, en coquilles vides. En créant un précédent pour une petite entreprise, on pourrait ainsi faire jurisprudence pour toutes les autres !
[Après Carrefour, Bridgestone, UCB…]
Au-delà de notre cas à nous, c'est la logique des astreintes, des huissiers, des attaques contre le droit de grève qui, aujourd'hui, tente de s'imposer partout. Rappelez-vous Carrefour, Bridgestone, UCB... Pas de hasard: l'avocat qui défend la direction d'IAC est le même que celui qui avait introduit les requêtes visant à lever les piquets de grève chez Carrefour... De plus en plus, on traîne les délégués devant les tribunaux, on veut faire d'eux des délinquants, des terroristes. On personnalise les attaques, on criminalise celles et ceux qui osent résister et se battre, et on s'assure ainsi la peur et la docilité des autres... Aujourd'hui, 10 mois après le début du conflit, on vit dans l'attente. L'atelier de Meiser est à l'arrêt, et 12 travailleurs se rongent les ongles. Toute l'activité de l'entreprise s'en ressent, à l'intérieur comme pour les clients. On est suspendus à la décision du tribunal du Travail, qui devrait tomber vers la fin octobre. On n'en serait pas là si la direction avait accepté de négocier un accord social. C'est une fuite en avant dangereuse pour tout le monde. D'autant plus qu'on se rapproche de la fin de l'année, et du Salon de l'auto. Pas terrible, pour l'image d'une marque, de tenir salon en faisant ouvertement la guerre à ses propres travailleurs...
[Appel à soutien !]
Jusqu'ici, nous avons été utilement soutenus par des camarades d'autres entreprises de garage, d'autres secteurs, et par l'organisation syndicale. Des délégations de Caterpillar, d’Opel Anvers et de la sidérurgie de Liège sont venues nous témoigner leur soutien. Mais il ne faut pas relâcher la pression. Nous sommes face à une injustice criante et un risque majeur. Si on accepte ça, alors il faut arrêter le syndicalisme.

Qu'on soit mécano chez IAC, sidérurgiste, postier ou producteur de lait, on est tous piétinés par les mêmes logiques. On est tous victimes de la même crise, du même système. Ce qu'il faut, désormais, c'est se mobiliser ensemble, tous secteurs confondus. Pour démontrer de manière éclatante la force de la FGTB, des travailleurs, et leur détermination à ne pas reculer.

mardi 29 septembre 2009

[France : Déclaration unitaire]

A l’initiative du Nouveau Parti Anticapitaliste s’est tenue lundi 28 septembre une première réunion de la gauche antilibérale et anticapitaliste en vue des régionales. L’ensemble des partis et des mouvements présents ont rappelé que face à l’offensive accélérée du pouvoir contre l’ensemble des droits sociaux et démocratiques de la population, il y avait urgence de soutenir et de contribuer aux mobilisations et aux luttes les plus larges et les plus unitaires possible dans la perspective d’une confrontation politique et sociale avec le pouvoir et le patronat Dans cette même logique, l’ensemble des partis et mouvement de la gauche radicale confirme qu’il y a aussi urgence de construire une alternative au système capitaliste et productiviste, de battre la droite et de mettre en œuvre un programme alternatif dans les régions. C’est pourquoi, face à la constitution d’un bloc de centre gauche Modem/PS/Verts, le NPA a réaffirmé sa proposition d’un accord national pour des listes communes de toute la gauche radicale dans les 21 régions. A l’issue de cette première réunion, un cadre national de discussion commun s’est constitué et une prochaine réunion aura lieu le mercredi 7 octobre.

[Déclaration unitaire FASE, GU, Alternatifs, NPA, PCF, PCOF, PG]
Les partis et mouvements réunis ce jour, lundi 28 septembre, dans le cadre d’un groupe de travail sur les Régionales ont fait la déclaration suivante :
Dans une situation marquée par une offensive accélérée de la droite et du patronat contre l’ensemble des droits sociaux et des droits démocratiques, nous appelons à soutenir et à contribuer aux mobilisations et aux luttes de façon les plus larges et les plus unitaires possible dans la perspective d'une confrontation politique et sociale avec le pouvoir et le patronat. L’enjeu est de faire subir, enfin, une défaite à ce pouvoir réactionnaire. Les sujets ne manquent pas : la privatisation de la Poste, la multiplication des plans de licenciements, le travail du dimanche, la précarisation du travail et des conditions de vie, la remise en cause du droit aux études pour tous et toutes, l’augmentation du forfait hospitalier, la mise au pas des libertés publiques, les expulsions massives de travailleurs immigrés… Beaucoup de manifestations, d’initiatives sociales et politiques, se mettent en place en cette rentrée. Nous les soutenons ensemble comme la votation citoyenne contre le changement de statut de la Poste, la manifestation pour le droit des femmes du 17 octobre, les marches pour l’emploi, contre la précarité et les licenciements ou les initiatives en riposte au sommet « climat » de Copenhague…
La crise du capitalisme, économique et écologique, continue ses ravages démentant les discours trompeurs sur la reprise et la moralisation de celui-ci. Les États ont distribué des centaines de milliards d’euros ou de dollars aux responsables de la crise financière. Ils demandent maintenant à la population et au monde du travail de payer cette facture, de payer l’addition pour les banques, de payer à la place des pollueurs. La crise écologique s'accentue, alimentée par la logique productiviste du capitalisme : réchauffement climatique, épuisement des ressources naturelles et des terres cultivables, pollutions. Cette crise conduit à la mise en danger des moyens d'existence de millions d'être humains et menace gravement la biodiversité. Il y a urgence et les belles déclarations des gouvernants ne sont pas suivies d'actes conséquents. Nous voulons rompre avec cette logique toujours plus folle du capitalisme productiviste. Nous voulons une politique qui remette en cause la logique du profit pour satisfaire les besoins élémentaires et durables de la population.
Face à un capitalisme de plus en plus brutal et sauvage et à un gouvernement bien décidé à accélérer le rythme de ses attaques, rien ne doit détourner de la nécessaire construction d’une alternative à logique du système capitaliste et productiviste. Sur cette base, il faut œuvrer à gagner la majorité des travailleurs et des citoyens aux perspectives ouvertes par une gauche de combat. Voilà nos priorités.
Or, face à la détermination du pouvoir Sarkozyste, nous assistons au contraire à un nouveau glissement à droite de la gauche d’accompagnement avec la tentative de construction d’une coalition de centre-gauche PS/MODEM/Europe Ecologie et le projet de primaires. C’est à dire d’une gauche qui va toujours plus vers la droite et risque de favoriser ainsi les futures victoires électorales de cette dernière comme le prouve malheureusement la situation italienne.
Dans ce contexte, les forces qui composent la gauche antilibérale et anticapitaliste ont le devoir de tout faire pour battre la droite et offrir une autre voie : un débouché politique qui permette de mettre en œuvre un programme traduisant dans les régions les exigences populaires issues des mobilisations, un programme régional véritablement alternatif au libéralisme et au productivisme.
Il s’agit, ensemble, non seulement de contrecarrer l’offensive politique de la droite et du libéralisme pour défendre les exigences du monde du travail, encourager les résistances mais plus fortement inverser le rapport de forces dans les urnes et dans les luttes.
A ce stade, nous savons que des approches différentes existent entre nous sur plusieurs points. Ils sont connus et nous n’avons pas cherché à les esquiver au cours de notre rencontre.
Nous ne pouvons préjuger des décisions souveraines de chacun de nos partis.
Mais nous décidons de constituer un cadre politique national de discussion commun en vue de vérifier la possibilité d'aller ensemble aux régionales.
C’est pourquoi les partis et courants politiques réunis ce jour se sont mis d’accord pour une prochaine réunion de notre groupe de travail sur les Régionales le mercredi 7 octobre. Il aura pour première tache d’élaborer un calendrier qui permettra d'organiser les discussions sur tous les points à régler afin de trouver un accord
C’est un premier pas mais il est important car les enjeux de ces élections sont non seulement régionaux mais nationaux. Ensemble, nous pouvons contribuer à inverser le rapport de force entre la droite, le patronat et les classes populaires dans les luttes et dans les urnes.

[Signataires] Fédération pour une alternative sociale et écologique (FASE), Gauche unitaire, Les Alternatifs, Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Parti communiste français (PCF), Parti communiste des ouvriers de France (PCOF), Parti de gauche (PG).
Ont également assisté à cette réunion au titre d'observateurs, des délégations du Forum social des quartiers populaires (FSQP) et de Lutte ouvrière (LO).
Paris le 28 septembre 2009.