jeudi 5 novembre 2009

lundi 2 novembre 2009

[Appel : faire payer ceux qui ont provoqué la crise]

[Fermetures, restructurations, chômage…] Voici les mots que l’on entend tous les jours : Fermeture de Vesuvius à Tertre, 64 emplois perdus - IAC (Fiat, Bruxelles) 24 licenciements dont 12 délégués syndicaux - Faillite de l’entreprise Preiss/Daimler Saint-Ghislain, 173 emplois perdus – restructurations dans l'imprimerie à Charleroi (BD Land, Graphing, Hélio, ...) - Depuis l’introduction de Géoroute en 2002, la Poste a perdu 2500 emplois - Le groupe de transport Ferrari (quatre filiales réparties sur Liège et Charleroi) a annoncé son intention de licencier 46 personnes – DAF à Oevel : 400 jobs en péril - Plan de restructuration à la KBC - Touring Secours veut sous-traiter le remorquage : 64 personnes concernées - Dexia va supprimer 445 postes en Belgique - chez Monsanto à Anvers : 80 - chez Borealis à Beringen :120 - à Keramo Hasselt : 117 – chez BASF Feluy :134. Fermeture progressive de l’usine Opel d’Anvers (2.500 personnes concernées). Mastercard confirme son intention de supprimer 134 emplois à Waterloo. Ajoutez à cela les non-renouvellements de CDD, d’Intérims, les licenciements individuels, le non-remplacement des départs naturels…
[800.000 chômeurs en Belgique en 2011]
C’est ce qu’annonce le Bureau du Plan. Le Conseil supérieur de l’Emploi a estimé à 110 % la croissance du chômage temporaire en un an. Le BIT annonce 52 millions de pertes d’emplois dans le monde en 2009. Depuis 10 mois, chaque semaine nous avons perdu 150.000 emplois en Europe : 1.000 en Belgique, 7.000 en France, 20.000 en Espagne,…

[Précarité à tous les étages
]
Il n’y a pas que le chômage qui grimpe, il y a aussi la précarité qui s’amplifie. Dans les entreprises, il n’est pas rare d’alterner le chômage technique et les heures supplémentaires. Les intérimaires, les CDD, se crèvent car ils savent qu’ils sont les premiers sur la liste des gens à virer, cela crée une concurrence entre tous et pousse les con
ditions de travail et de rémunération vers le bas. Les allocations sociales et les pensions prennent le même chemin. Et pourtant partout les entreprises ont empoché des aides publiques, des incitants, des réductions de charges sociales,…Et les « bonus », les « parachutes dorés », les spéculations, les taux de profits à deux chiffres, sont de nouveau de mise… Difficultés réelles ou supposées, les patrons présentent l’addition aux travailleurs. La crise est utilisée pour « remettre de l’ordre » dans l’économie capitaliste, encore et toujours plus au détriment des travailleurs.

Ils veulent nous faire payer la crise qu’ils ont provoquée
La crise économique et financière touche des familles entières. Aujourd’hui, c’est notre voisin qui est touché, demain ce sera peut-être vous, peut-être nous… Quel avenir pour les jeunes? Les jeunes, les travailleurs et les demandeurs d’emploi autour de nous ont besoin de réponses. Comment vont-ils réussir à trouver
un travail ? Les perspectives d’emploi de millions de jeunes et d’adultes sont menacées. Le prétexte est connu : la Crise. Les causes aussi : le système capitaliste ne se maintient qu’au prix de crises répétées qui engendrent chômage, misère et guerres. Cette crise est une des plus profondes qu’ait connu ce mode de production. Patronats et gouvernements n’ont qu’une seule solution : détruire les emplois, écraser toujours plus les salaires, augmenter la productivité, c’est-à-dire dégrader nos conditions de travail Avec les licenciements et le chômage de masse, c'est toute la société qui est en train de reculer. Qu’attendons-nous pour bouger et pour crier notre colère???
  • [Qu'on soit mécano chez IAC, sidérurgiste, postier ou producteur de lait, on est tous piétinés par les mêmes logiques. On est tous victimes de la même crise, du même système. Ce qu'il faut, désormais, c'est se mobiliser ensemble, tous secteurs confondus. La délégation MWB-FGTB d'IAC]
Les conséquences de la crise ne risquent pas de s’estomper de si tôt. Il ne peut plus être question de faire le gros dos et d’attendre que ça passe. Les travailleurs réagissent car ils comprennent que rester sur la défensive, c’est la certitude d’aller de reculs en défaites : Saint-Gobain à Auvelais : 2 manifs et 1 semaine de grève contre 241 pertes d'emplois; 9 semaines de grève à Bridgestone contre la fermeture du magasin « pneus », 8 licenciements; Grève et occupation à Fiat; Occupation d'usine chez Boch La Louvière après la faillite jusqu'à la reprise; manif de 12.000 à Charleroi après les annonces de 440 licenciements chez Sonaca, 800 CDD non-renouvelés chez Caterpillar, 204 licenciements chez AGC Automotive à Fleurus et Seneffe.

Chacun va devoir faire le choix : la lutte ou la résignation Nous, nous avons fait notre choix.
Nous pensons que c'est à nos organisations syndicales d'organiser, d’amplifier, de coordonner les réactions et la résistance, chaque fois que le patronat nous attaque. Il est temps de se lancer à la contre-attaque : Pour faire payer la crise par ceux qui en sont responsables et qui s’en servent pour faire régresser les droits des travailleurs.
  • Pour une fiscalité juste : lutter contre la fraude et l’évasion fiscale, lever le secret bancaire.
  • Taxer normalement les revenus du capital, à commencer par les plus-values boursières aujourd’hui exemptées d’impôt. Pour une taxe progressive sur la fortune à partir de 1 million€
  • Supprimer les cadeaux fiscaux inutiles à l’économie et à l’emploi comme les intérêts notionnels
  • Nationaliser (= rendre à la nation) tous les organismes financiers, les banques et les assurances pour créer un système bancaire mutualisé qui drainera l’épargne, et se chargera du crédit. Un service bancaire public très largement décentralisé, accessible à tous, dans tous les quartiers et les villages.
  • • Pour l'arrêt des licenciements et une nouvelle législation sociale qui rende le droit à l'emploi effectif et soit fondée sur la continuité des droits (contrat de travail, obligation de reclassement,…) et financée par un fonds patronal mutualisé.
  • Dans tous les cas, par-delà les aléas de telle ou telle entreprise, ce Fonds garantira le revenu des travailleurs et financera un ensemble de mécanismes de protection des travailleurs contre les pertes d’emplois (formation, reconversion, reclassement,…)
  • Pour que les entreprises qui licencient y remboursent toutes les aides publiques et diminutions de charges indument perçues.
  • • Pour la réduction du temps de travail sans perte salariale et la répartition du travail disponible.
  • • Pour la limitation drastique des contrats précaires sous le contrôle des travailleurs (CDD, Intérims,.. utilisés comme variables d’ajustement afin de garantir le maximum de profits).
  • • Pour des Services Publics de qualité permettant la satisfaction des besoins du plus grand nombre. Cela implique de mettre un terme aux privatisations et aux plans de restructuration.
  • Pour des pensions dignes : le paquet sur le premier pilier ! Il est urgent de revaloriser et renforcer la pension légale, c’est-à-dire le premier pilier de pension, constitué et organisé au sein de la sécurité sociale. Il faut en finir avec les systèmes de pension par capitalisation. Un nombre croissant de pensionnés vivent aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté. Les pensions légales ne représentent plus que 32% du salaire moyen, et 27% des pensionnés vivent avec moins de 868 €/mois pour un isolé et 1.302 €/mois pour un ménage sans enfant !
Mobilisons-nous tous ensemble pour stopper les licenciements
Tout le monde comprend bien que nous ne trouverons pas de réponse à cette crise et à ces attaques globales entreprise par entreprise, secteur par secteur, catégorie par catégorie. Voilà pourquoi nous nous prononçons pour une mobilisation générale qui passe par le soutien et le renforcement des luttes en cours, de leur coordination pour aller vers un vaste mouvement qui sera seul à même d’inverser la tendance et de faire payer ceux qui ont provoqué la crise.


pour obtenir le texte en [néerlandais]

lundi 26 octobre 2009

[La colère monte en Italie]

La grande manifestation des métallurgistes organisée le 9 octobre par la CGIL et sa branche métallurgie, la FIOM (sur des positions de lutte de classe plus affirmées que sa maison-mère) a été un franc succès: 250 000 manifestants réunis en 5 cortèges – 100 000 à Milan, 70 000 à Florence, 50 000 à Naples, 30 000 à Rome et 10 000 à Palerme – et des taux de grévistes estimés par la FIOM à plus de 70%. La raison majeure de cette mobilisation est la menace d'accord séparé sur la re-négociation des conventions collectives que vont signer prochainement les deux syndicats minoritaires et réformistes que sont la Fim (dépendant de la Cisl – syndicat chrétien-démocrate) et l'Uilm (dépendant de l'Uil – syndicat social-démocrate). La pratique des accords séparés vise à court-circuiter le syndicat majoritaire et de classe qu'est la CGIL-FIOM en laissant le patron (ou la fédération patronale qu'est la Federmeccanica) choisir pour les salariés les syndicats qui les représentent. La CGIL-FIOM conteste un déni de démocratie, elle exige que l'on mette des pratiques d'accords séparés, et que la question des conventions collectives soient traités avec les organisations réellement représentatives des travailleurs. Dans l'appel à la grève, la CGIL-FIOM lie la question du refus de l'accord séparé à la défense de l'emploi et à la lutte contre la crise qui doit reposer sur l'extension des « amortisseurs sociaux » et plus largement sur une politique de relance industrielle.
Toutefois, l'élément marquant de cette journée du 9 octobre restera la rencontre des métallurgistes et des étudiants dans la rue. Les débuts d'une convergence des luttes. Selon les syndicats étudiants, 150 000 étudiants ont défilé dans 60 villes, remettant en cause l'école à deux vitesses et la privatisation de fait du système éducatif italien contenue dans la réforme Gelmini. Si on ajoute à ces manifestations du 9 octobre, la manifestation géante bien que symbolique à Rome pour la défense de la liberté de presse qui a réuni 350 000 manifestants au début du mois, au moment même où Berlusconi tente le coup de force par des attaques réitérées contre les pouvoirs constitutionnels (Présidence de la République, Cour Constitutionnelle), on se pose la question, que manque-t-il à ces luttes?

vendredi 16 octobre 2009

[La solidarité face à la faillite]


Plusieurs de centaines de personnes ont manifesté leur solidarité avec les 173 travailleurs de Preiss Daimler (ex Belref), usine mise en faillite le 29 septembre. Parmi les manifestants, une présence très symbolique, celle de la délégation syndicale de Bridgestone Frameries en Front Commun. De nombreuses entreprises de la région étaient représentées et tous ont fortement manifesté leur volonté d'unification, de radicalisation des réactions contre les "patrons voyous" qui ne reculent devant rien pour assouvir leur soif de profits.

jeudi 15 octobre 2009

[Conflit chez IAC: vous avez dit « procès politique » ?]

carte blanche à la délégation MWB - FGTB d'IAC (FIAT)

Se débarrasser de « gêneurs », briser la résistance des travailleurs et remettre en cause les procédures de concertation et de négociation sociales en vigueur: voilà les objectifs poursuivis depuis près d'un an par la direction d'IAC (Fiat, Bruxelles). Excusez du peu... Bref retour en arrière: depuis décembre 2008, nous nous opposons à la restructuration décidée par la direction et au licenciement de 24 travailleurs... dont 12 protégés par un mandat syndical. La direction veut fermer l'atelier de Meiser (Schaerbeek) et le magasin de Delta (Auderghem), deux de ses cinq sites à Bruxelles. Raison invoquée ? « Limiter les pertes ». Argument peu crédible: selon les chiffres dont nous disposons, ces pertes ne constituent qu'environ 7% du passif total des cinq sites.
[Et la voiture de la Reine, bordel ?]
Nous avons proposé de négocier un plan social. Refusé, au motif que les syndicats ont rejeté la levée préalable des protections syndicales. Pire: depuis le 18 juin, la direction a licencié 12 travailleurs. Parmi eux, pour l'anecdote, il y avait notamment le technicien qui s'occupe de la voiture de la Reine, ainsi que le meilleur technicien du Benelux et des mécaniciens et garnisseurs reconnus par l'importateur. Alors que d'autres personnes étaient prêtes à quitter l'entreprise ou à partir en prépension ! Que se passe-t-il en réalité ? La direction veut fractionner l'entreprise en 16 « divisions » pour pouvoir contourner la loi Renault et se débarrasser sans contraintes de ceux qui lui résistent. Elle a ainsi transféré les « gêneurs » d'un site à l'autre, pour les regrouper et les virer d'un bloc. Nous ne pouvions évidemment pas accepter cela. Nous avons donc décidé en mai dernier d'occuper l'atelier de Meiser. La direction nous a envoyé les huissiers, et nous avons été cités à comparaître devant le tribunal de première instance de Bruxelles. On a été délogés par la police, et la direction a décidé dans la foulée de licencier cinq d'entre nous pour « faute grave ». C'est monté de toutes pièces, mais c'est clair: action collective syndicale = faute grave... Depuis lors, la direction nous traîne en justice. Elle veut à tout prix faire sauter notre protection syndicale, en court-circuitant la Commission paritaire, seule compétente normalement pour lever éventuellement cette protection en cas de restructuration, après qu'un plan social ait été négocié. Ici, pas de négociation, pas de plan social: la direction veut passer en force. Elle remet ainsi fondamentalement en cause le rôle de la Commission paritaire et s'assied sur la législation en vigueur. Vous l'aurez compris: c'est un danger majeur pour la concertation sociale en Belgique, pour les droits syndicaux, pour les organisations syndicales et pour tous les travailleurs. C'est pour cela que nous parlons de « procès politique ». Demain, si la justice donne raison à la direction, c'est la protection des délégués contre les licenciements abusifs pour raisons économiques qui disparaît. Et les commissions paritaires que l'on transforme, désavouées, en coquilles vides. En créant un précédent pour une petite entreprise, on pourrait ainsi faire jurisprudence pour toutes les autres !
[Après Carrefour, Bridgestone, UCB…]
Au-delà de notre cas à nous, c'est la logique des astreintes, des huissiers, des attaques contre le droit de grève qui, aujourd'hui, tente de s'imposer partout. Rappelez-vous Carrefour, Bridgestone, UCB... Pas de hasard: l'avocat qui défend la direction d'IAC est le même que celui qui avait introduit les requêtes visant à lever les piquets de grève chez Carrefour... De plus en plus, on traîne les délégués devant les tribunaux, on veut faire d'eux des délinquants, des terroristes. On personnalise les attaques, on criminalise celles et ceux qui osent résister et se battre, et on s'assure ainsi la peur et la docilité des autres... Aujourd'hui, 10 mois après le début du conflit, on vit dans l'attente. L'atelier de Meiser est à l'arrêt, et 12 travailleurs se rongent les ongles. Toute l'activité de l'entreprise s'en ressent, à l'intérieur comme pour les clients. On est suspendus à la décision du tribunal du Travail, qui devrait tomber vers la fin octobre. On n'en serait pas là si la direction avait accepté de négocier un accord social. C'est une fuite en avant dangereuse pour tout le monde. D'autant plus qu'on se rapproche de la fin de l'année, et du Salon de l'auto. Pas terrible, pour l'image d'une marque, de tenir salon en faisant ouvertement la guerre à ses propres travailleurs...
[Appel à soutien !]
Jusqu'ici, nous avons été utilement soutenus par des camarades d'autres entreprises de garage, d'autres secteurs, et par l'organisation syndicale. Des délégations de Caterpillar, d’Opel Anvers et de la sidérurgie de Liège sont venues nous témoigner leur soutien. Mais il ne faut pas relâcher la pression. Nous sommes face à une injustice criante et un risque majeur. Si on accepte ça, alors il faut arrêter le syndicalisme.

Qu'on soit mécano chez IAC, sidérurgiste, postier ou producteur de lait, on est tous piétinés par les mêmes logiques. On est tous victimes de la même crise, du même système. Ce qu'il faut, désormais, c'est se mobiliser ensemble, tous secteurs confondus. Pour démontrer de manière éclatante la force de la FGTB, des travailleurs, et leur détermination à ne pas reculer.