jeudi 30 janvier 2014

[25 mai 2014 : faire entendre une voix de gauche]


637 jours après l’appel de la FGTB Charleroi le 1er mai 2012, des listes de rassemblement intitulées PTB-GO ! ont été présentées officiellement à la presse. Objectif : faire entendre une voix de gauche dans la campagne pour les élections de mai 2014, et offrir la possibilité d’un vote utile à gauche de la gauche. La LCR se réjouit du fait que se regroupent ainsi autour du PTB des personnalités indépendantes, des militants syndicaux et associatifs ainsi que le PC et la LCR, dans le respect de l’identité et des spécificités de chacun.

Gauche d’ouverture
La dynamique lancée le Premier Mai 2012 par les syndicalistes de  Charleroi reçoit ainsi une première concrétisation. La Conférence de Presse de lancement de PTB-GO ! est à l’image de cette dynamique : une quinzaine de personnalités de milieux divers ont en effet présenté un Appel (voir le texte ci-dessous) qui débute par ces mots : « Il est des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer ». Elles l’ont fait en présence des principaux membres du Comité permanent de la FGTB de Charleroi, non signataires de l’Appel, mais  venus se réjouir publiquement du fait qu’un premier pas ait été franchi dans le sens de leurs prises de position.
Hugues Lepaige : « L’appel de la FGTB carolorégienne a constitué un moment fondateur »
Présentant la conférence de presse, Hugues Lepaige (journaliste et réalisateur), a campé brièvement l’initiative de l’Appel « Il y a des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer ». « L’appel de la FGTB carolorégienne a constitué un moment fondateur. Nous nous inscrivons dans cette dynamique », a-t-il dit.
Carlo Briscolini
Carlo Briscolini : « Un syndicat fort sans un parti fort à gauche, c’est une voie sans issue »
Au nom des responsables de la FGTB de Charleroi, presque tous présents, Carlo Briscolini, président de la régionale, s’est félicité du fait que trois partis de gauche aient pu se regrouper, avec l’appui de personnalités indépendantes. « Nous nous réjouissons de cette première étape dans la réponse à notre appel du Premier Mai 2012, a-t-il déclaré. » Rappelant les principes de l’indépendance syndicale, il a noté que les 30 années écoulées n’ont été qu’un long tunnel d’austérité sans fin. « La gauche de gouvernement nous promet toujours que demain ça ira mieux mais il n’y a jamais de lendemain pour les syndicats », a-t-il résumé. Et de conclure : « Un syndicat fort sans un parti fort à gauche, c’est une voie sans issue ».
Irène Pètre : « Une gauche gouvernementale qui fait payer la crise aux plus fragiles peut-elle encore s’appeler gauche ? »
Irène Pètre a rappelé l’événement de la Géode, au cours duquel Isabelle Wanschoor, au nom de la CNE, a soutenu l’appel de la FGTB de Charleroi et salué le courage de ses dirigeants. Elle aussi a souligné à quel point la CNE est attachée à l’indépendance syndicale. Elle a attiré l’attention sur le fait que Felipe Van Keirsbilck, secrétaire général de la Centrale, s’est exprimé en faveur d’un rassemblement à gauche du PS et d’Ecolo. « Le plus dur à supporter, pour les syndicalistes, a été le vote du Traité budgétaire européen : la gauche s’est lié les poings et les pieds, elle renonce aux politiques sociales. » Pointant l’exclusion de 55.000 chômeurs, dont une majorité de  femmes, l’ex-secrétaire de la CNE pose la question : « Une gauche gouvernementale qui fait payer la crise aux plus fragiles peut-elle encore s’appeler gauche ? » Et de dénoncer la mise à l’écart des syndicats, empêchés de faire leur « core business » par la politique gouvernementale.

Irène Pètre, Daniel Tanuro, Isabelle Stengers
Daniel Tanuro : « Ceci n’est pas une crise mais une impasse sociale et écologique du capitalisme »
Daniel Tanuro (LCR) a parodié Magritte : « ceci n’est pas une crise », a-t-il dit, mais une double impasse du capitalisme, sociale et écologique. La social-démocratie et les verts trompent leurs électeurs en disant qu’on en sortira par des sacrifices: outre que ceux-ci rendent les riches plus riches et les pauvres plus pauvres, ils ne permettent pas tracer une sortie de crise socialement juste, démocratique et écologiquement soutenable. Les mouvements syndicaux ont donc besoin d’un nouveau relais politique, anticapitaliste. C’est le sens de l’appel de la FGTB de Charleroi. A la LCR, nous avons estimé que cet appel ne pouvait pas rester sans au moins un début de concrétisation dans les élections de 2014. Les listes PTB-GO ! sont une solution créative pour concilier le sigle PTB et l’appel au rassemblement. La LCR s’y engage avec enthousiasme. Nous ferons tout pour que des représentants soient élus. Mais nous maintenons notre identité. Nous appellerons à voter préférentiellement pour nos candidat-e-s, pour une alternative non seulement anticapitaliste mais écosocialiste – car il faut sortir du productivisme, non seulement anticapitaliste mais féministe – car il faut sortir aussi du patriarcat ».
Jean Fagard : « Nous avons constaté des évolutions, de part et d’autre, et des convergences »
Jean Fagard a rappelé la longue expérience du PC en matière de rassemblement à gauche. « Nous avons estimé qu’il était inutile, voire nuisible de présenter des listes séparées, a-t-il dit. De plus, nous avons constaté des évolutions, de part et d’autre, et des convergences. Par exemple sur la défense des services publics, le logement et les revendications sociales en général. » Et Fagard de rappeler que le PC à Liège a déjà eu une expérience de liste commune avec le PTB. En conclusion, il a souligné que le PC s’inscrit lui aussi dans le cadre de l’appel lancé par la FGTB carolo, et précisé que la participation de la LCR au rassemblement avait été un élément important dans la décision prise par son parti.
Isabelle Stengers : « On nous dit que nous n’avons pas le choix, mais nous avons le choix de la révolte »
Isabelle Stengers en aura surpris plus d’un-e en disant qu’elle n’avait pas hésité une seule seconde à rejoindre l’initiative. En cause : l’émission de la RTBF collant l’étiquette « populistes » au PTB et amalgamant ce parti à Aube Dorée. « Voilà comment seront traités tous ceux qui osent l’insoumission à une société dans laquelle il y a une absence totale de perspectives, a-t-elle déclaré. Je soutiens cette initiative parce qu’elle permet de nous opposer à tout ce qui nous demande de nous soumettre à une société sans issue. On nous dit que nous n’avons pas le choix, mais nous avons le choix de la révolte. »
Jean Fagard, Josy Dubié, Raoul Hedebouw, Hugues Lepaige
Josy Dubié : « Jamais dans l’histoire on n’a produit autant de richesses aussi mal réparties »
Josy Dubié s’est réjoui de la présence nombreuse des syndicalistes à cette conférence de presse. Attirant l’attention sur les désaccords qu’il a avec le PTB, il a ensuite souligné l’évolution positive de ce parti, concrétisée notamment dans le fait que le livre de Raoul Hedebouw comporte un long chapitre sur l’écologie. « Car en effet nous devons mettre en cause le productivisme. Il faut produire, mais aussi respecter l’environnement, les pauvres sont les premières victimes des catastrophes écologiques ». Comme d’autres, J. Dubié a condamné l’attitude des partis traditionnels sur le Traité budgétaire européen : « Il instaure une austérité sans fin alors que l’austérité est le problème, pas la solution ». Citant le rapport d’Oxfam sur l’inégalité sociale (les 85 plus riches possèdent autant que 3,5 milliards d’individus), il a dénoncé la fracture sociale : « jamais dans l’histoire on n’a produit autant de richesses aussi mal réparties ».
Raoul Hedebouw : « Une gauche de principes, décomplexée et plurielle »
Raoul Hedebouw a conclu que le succès des listes PTB-GO ! ferait du bien à toute la gauche parce qu’il permettrait de rouvrir les débats sur les grands enjeux. Citant en exemple l’adoption du traité budgétaire « passé somme une lettre à la poste », il a dénoncé l’absence de tout débat à ce sujet dans les parlements. Parlant du rassemblement, il a dit : « Le PTB a tendu la main, c’est un point de départ, au-delà des élections, le débat permettra d’aller plus loin ». Et de rappeler que le PTB est un parti national, partisan d’une « gauche de principes, décomplexée et plurielle ».
En réponse à une première question sur le poids que la gauche radicale pourrait avoir face à la droite flamande, Raoul Hedebouw a souligné : « On nous pousse depuis trente ans à des réponses individualistes ; la droite répond à ce « je » par un « nous nationaliste», l’enjeu pour la gauche est de reconstruire un « nous » des travailleurs.
Interpellé sur l’efficacité qu’auraient un ou deux élus dans les assemblées, il a répondu que l’histoire s’est construite ailleurs qu’au parlement et que les élus PTB-GO! seraient le relais d’un rapport de forces à construire dans la rue.
C. Briscolini : « Après les élections, nous serons derrière eux pour les contrôler »
Interrogé à son tour, Carlo Briscolini a rappelé que le combat de la FGTB de Charleroi pour un rassemblement anticapitaliste à gauche du PS et d’Ecolo était un combat de long terme. « Nous ne sommes pas des sprinters mais des marathoniens. Dans ce processus, personne n’est exclu, nous nous adressons aussi aux membres du PS et d’Ecolo. S’adressant au PTB, au PC et à la LCR, le président de la FGTB carolo a déclaré : « Après les élections, nous serons derrière eux pour les contrôler, sur base de notre programme d’urgence en dix points ». Evoquant la culture de débat nécessaire à la gauche, Carlo a souligné l’importance d’un débat en profondeur, qui ne se limite pas aux cadres dirigeants, un débat dans lequel il a plaidé pour un « droit de tendance » : « c’est quand il y a de la discussion, de la contestation, que différentes tendances s’expriment qu’un débat permet d’avancer », a-t-il conclu.

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