lundi 13 janvier 2014

[Privés de Public ?]

La semaine dernière, les journaux Het Belang van Limburg et Gazet van Antwerpen répercutaient les déclarations du tour-opérateur Thomas Cook qui propose un étalement des périodes de vacances scolaires entre la Flandre et la Wallonie. « Tout le monde y gagnerait, aussi bien le secteur du voyage que les consommateurs » argumente le voyagiste... Quelques jours plus tard la RTBF mettait en ligne une émission/débat sur l’intérêt d’équiper tous les véhicules de « dashcams » suite au buzz qu’a fait la vidéo d’un chauffeur de camionnette avec caméra embarquée. Les fabricants (et distributeurs) de dashcams et les compagnies d’assurances sont pour l’obligation d’équiper les véhicules car elles espèrent les « rentabiliser » et limiter leurs interventions financières dans certains sinistres.
la voiture du manager...
On assiste là à une forme insidieuse de « privatisation » de l’espace public : voilà les compagnies privées (tour-opérateurs et assurances) qui dictent les lignes de conduite en matière d’Enseignement ou de Sécurité Routière... Ce ne sont que deux exemples récents de ce vent du « tout au privé » qui souffle  autour de nous. Mais on pourrait en voir d’autres manifestations dans l’étalage de la vie privée des deux derniers Présidents de la République française. L’un se vautrant dans le bling-bling ou se prélassant sur le yacht d’un grand patron... l’autre, surpris dans ses petites escapades. Ou encore, en Belgique, le Premier utilisant la « TV de service public » pour amorcer sa campagne électorale en assénant des fadaises en attendant d’aller faire sa popote sur la chaîne privée RTL.
Il va bon train le phénomène de la « privatisation du monde », comme disait Daniel Bensaïd[1], qui citait de multiples exemples de cette soumission de la vie au marché : privatisation de l’enseignement universitaire, des politiques de santé, mais aussi des politiques monétaires (qui échappent au contrôle politique des Etats car relevant des banques centrales autonomes), privatisation du « vivant » (des plantes, des molécules...) à travers le dépôt de brevets pour « geler » les découvertes que d’autres pourraient exploiter, privatisation du savoir et même privatisation de la guerre (corps armés privés agissant pendant la guerre en Irak).
Bien évidemment cette « dépossession » du collectif s’accompagne d’une « contre-révolution » dans le langage. Ce qui est tendance aujourd’hui c’est d’être un « manager » et « d’exceller » dans la « gouvernance » pour réussir sa success-story.
fRED


[1] Voir la vidéo de la Conférence de Daniel Bensaïd ici : http://www.youtube.com/watch?v=uxBvxfRI2CE

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