lundi 3 février 2014

[Coup de téléphone à Edgard]

L'épopée des verriers du pays noir
Le billet d’Edgard la semaine dernière m’a sérieusement secoué. Et je ne suis pas le seul. Comment est-il possible de rester aussi borné, aussi aveuglé, sur ce qui se passe dans le monde, en commençant par ce qui se passe autour de soi. Tout ça pour l’amour du foot…
J’ai donc décidé de lui téléphoner pour lui dire ce que je pensais.
Au premier abord, il m’a paru bizarre. Après les formules d’usage –« Ca va ? Oui et toi ça va ? Ouais, ça pourrait aller mieux, mais c’est plus cher… »– j’ai commencé à lui annoncer la couleur.
« Edgard, t’exagères avec tes discours d’illuminé. T’as vu les conneries que t’as débité sur le Qatar ? On dirait que tu ne sais pas comment on traite les travailleurs sur les chantiers de la Coupe du Monde 2022. Ces gens-là ne méritent pas une telle exploitation, un tel mépris. On doit respecter les gens qui travaillent ». Il me répond qu’il reconnait s’être un peu emporté. « Après coup, je me suis dit que j’avais été trop loin, mais on ne sait rien de ces pays encore reculés…».
J’ai essayé de lui expliquer que pour certains, le Qatar c’est la Mecque de la modernité capitaliste, qui turbine à coup de pétrodollars avec le soutien des grandes puissances. « Et c’est la logique même du système capitaliste: pour faire un maximum de profits il faut réduire les salaires au strict minimum et limiter au maximum le droit de s’organiser et de se défendre. Ce n’est donc pas parce que nous sommes « plus évolués » que nous avons obtenus des droits, mais grâce aux combats collectifs. Et ces droits il faut sans cesse les défendre car ils sont sans cesse remis en cause par les puissants ».
J’en ai profité pour faire la publicité pour le livre de mon camarade André. « Tu sais André Henry, qui a travaillé à Gilly avec ton père Gustave, il a écrit un chouette bouquin là-dessus. C’est l’histoire du combat des ouvriers verriers de la région de Charleroi. Tu devrais venir samedi au Vecteur [1], il va raconter tout cela avec d’autres camarades. Tu verras, ça va t’éclairer sur ta propre vie et je suis certain qu’après cela tu ne te tromperas plus d’ennemi et tu raconteras moins de bêtises ». Il est parti d’un grand rire et m’a demandé « el Vecteur, c’est où ça ? »
fRED

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