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mardi 18 mars 2014

[Edgard s’efface…]


Hier, Edgard m’a appelé.
« Alors mon gars, il parait que tu te présentes ? » me lance t’il [1]. « Maintenant que c’est officiel, je pense que tu devrais arrêter de m’utiliser pendant la campagne électorale ».
Moi qui fais habituellement des efforts pour dépeindre Edgard comme un type un peu stupide, là, j’étais scié ! Et d’une certaine manière un peu flatté.
« Réfléchis, me dit-il, tu as tout intérêt à utiliser l’espace que tu occupes sur ton blog sur le site www.lcr-lagauche.org pour faire des articles plus intéressants ».
Ça se tient. Je pourrais par exemple parler un peu plus des politiques d’austérité du gouvernement Di Rupo. Un peu moins de foot, un peu plus du quotidien des travailleurs – avec ou sans emploi. Tiens, là, cette semaine, je pourrais donner mes impressions sur la sortie de Paul Magnette à propos des « limites » qu’il fixe à la description de la « classe moyenne », une manière détournée de gommer les vrais antagonismes de classes qui caractérisent la société capitaliste d’aujourd’hui. En gros, selon Magnette, il n’y a plus que, dans l’ordre,  des « malheureux », la « classe moyenne » et loin au-dessus des « très riches ». Bref, ceux qui ne travaillent pas (des fainéants ?), ceux qui travaillent dur et ceux « qui font tourner l’économie et qui créent des emplois ». Les mécanismes d’exploitation, ça n’existe plus ! Qui produit la richesse ? Pourquoi et comment certains se l’accaparent ? Le Président f.f. du PS escamote tout cela.
Deux mois avant les élections, il se risque à faire quelques propositions « de gauche » : 1% d’impôt sur les fortunes (c’est pas PTBiste ça ?), la suppression des intérêts notionnels et une lutte contre la fraude fiscale… Mais si vous lui demandez pourquoi depuis les 25 ans que son parti est « aux affaires » – je n’ai pas dit « dans des affaires » – rien de cela n’a été appliqué, il va vous répondre que c’est la faute aux libéraux qui ne veulent pas les suivre ! Un peu comme sa copine Laurette qui va attendre le prochain gouvernement pour remettre en cause les mesures d’exclusion du chômage… Et comme le rapport de forces, il et elle le limitent à l’intérieur du gouvernement et que la lutte de classe a disparu dans le chapeau du magicien Magnette en même temps que les travailleurs, ces revendications resteront fermement enfermées dans le catalogue des bonnes intentions !
Bon là, vous allez me dire que, comme d’habitude, je décroche mes flèches à « la gauche » (du gouvernement) alors qu’elle est « attaquée » par la droite. Mais je suis simplement comme beaucoup d’électeurs : quand je regarde ce qui s’est passé depuis des années je ne perçois plus aucune différence entre cette pseudo gauche et cette vraie droite.
Et voilà pourquoi il y a tant d’Edgard sur les routes qui ne s’y retrouvent plus…
–fRED


[1] Edgard est bien informé : je pousserai la liste PTB-GO ! à la Chambre pour le Hainaut -18ème place-

lundi 3 mars 2014

[Je suis patraque]



Je ne sais pas si c’est l’âge, mais je ne comprends rien à rien. Tenez, l’Ukraine, vous comprenez ce qu’il s’y passe ? On ne sait plus qui est qui. Il y a des types de tous les extrêmes qui se battent : l’extrême-droite, bien sûr ; l’extrême-gauche, c’est normal et même l’extrême-centre ! Nous on voudrait bien sortir de cette foutue Europe et eux ils veulent y entrer. Les « Démocraties » européennes soutiennent les nostalgiques du fascisme et les nostalgiques de l’Union Soviétique vantent les mérites de Poutine qui est tout sauf un gauchiste et encore moins un démocrate... Ça doit être les retombées de Tchernobyl!
Vu d’ici (par l’intermédiaire d’RTL) on a l’impression qu’on n’a le choix qu’entre le borgne et le bossu. Je me dis qu’on en a de la chance de vivre dans un petit pays tranquille où il n’y a finalement aucun problème. Un pays accueillant. On est bien gouvernés. N’en déplaise à tous ceux qui passent leur nuit à râler sur la toile. Ici, il n’y a pas d’oligarques, pas trop de politiciens pourris. Et on ne sort pas de prison pour se faire applaudir sur la place de Bruxelles.
Je vous le dis, je suis dans la plus totale confusion. Le matin, après un café bien serré, je me sens parfois un peu bizarre. J’ai l’impression qu’on essaie de me manipuler. Mais ça passe vite, ça doit être le café... J’allume la radio, tout ce qui parle de politique rentre par une oreille et ressort par l’autre. Je me réveille réellement quand on parle de foot. Et je suis en superforme quand mon club  gagne. Pas souvent, je vous le concède...

-Edgard

mardi 25 février 2014

[Notre club, c’est notre vie]

Ce n’est pas à vous que je dois expliquer combien je suis fanatique quand on parle de foot. La semaine passée, j’étais encore en pleine effervescence. Mon club va mal. Déjà qu’on est derniers, voilà maintenant que notre patron semble baisser les bras ! Il a pourtant déjà tellement investi dans ce club, des millions… Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens prêts à claquer leur fortune, gagnée honnêtement à la sueur de leur front, dans une boîte locale ? Car mon club, en plus d’être une grande famille, c’est une véritable entreprise. De deux choses l’une : le boss, ou bien il s’est complètement trompé dans sa stratégie d’investissement ou alors il a été saboté. Quand il compare avec les autres clubs wallons, il pencherait plutôt pour la deuxième solution : « Quand on voit l’investissement de Roland Duchâtelet au Standard, il a mis 32 millions, il a déjà repris 20 millions et va revendre le club 60 millions. Moi, j’ai mis un montant important et le jour où je pars, je partirai avec rien. Dans les conditions actuelles, je ne peux plus continuer comme cela. S’il n’y a pas un geste fort de la Ville et si elle ne renoue pas le dialogue avec moi pour trouver des solutions et faire avancer le stade et retrouver les sponsors qui sont partis, moi je ne reste pas ».
En tout cas, il a bien raison de se sentir trompé : de pareils sacrifices pour si peu de résultats, cela n’obéit à aucune loi économique. En plus il y en a qui émettent des doutes, qui prétendent que l’origine des fonds n’est pas claire, que « le foot c’est une grande machine à laver le fric douteux », que « les appels d’offres pour les travaux du stade seront truqués ». Et d’autres qui se demandent pourquoi achever le stade alors qu’il n’y a que quelques centaines de spectateurs à chaque match.  Bref les éternels rouspéteurs. Comme si notre Président pouvait se permettre de tremper dans de telles combines alors que tous les projecteurs sont braqués sur la région en raison des « personnalités » qui en font la réputation ?
D’ailleurs le leader du club a bien montré son indépendance par rapport aux autorités à qui il reproche leur attentisme. Les supporters sont venus spontanément pour manifester sur la place de la Ville et soutenir les efforts de leurs dirigeants, même s’ils sont assez mécontents des résultats sportifs. Le Président déclarait  le soir même à la RTBF[1] « Quand j’ai vu les problèmes avec les supporters du Standard, j’ai vu les hommes politiques se réunir et essayer de trouver des solutions », abondant ainsi dans leur sens et les remerciant de leur pression sur la Ville.
Notre club, c’est notre vie.
—Edgard


paru sur : http://www.lcr-lagauche.org/notre-club-cest-notre-vie/

[1] http://www.rtbf.be/sport/football/belgique/jupilerproleague/detail_leone-si-on-me-donne-l-outil-je-reste-meme-en-d2?id=8203379

lundi 17 février 2014

[Dimanche matin au marché avec Edgard]




- Edgard, tu ne sais pas quoi ? Les socialistes descendent dans la rue !
- Quoi ? Ils sont dans l’opposition ?
- Non ! Ils essaient de ne pas y aller. Faut dire qu’ils ne savent plus ce que c’est, la plupart des élus actuels n’étaient pas nés quand ils sont « montés » au pouvoir.
- Ouais, ça fait un sacré bail qu’ils sont au pouvoir... Je ne me souviens plus si c’est 25 ou 30 ans. Bon, et ils réclament quoi dans la rue, les socialistes ?
- Rien, ils distribuent des gadgets, une fois c’est des capotes, et une autre fois des pralines.
- Ils ne pourraient pas distribuer du boulot ? Des bons salaires ? Des pensions dignes ? Ça serait plus « socialiste », tu ne crois pas ?
- Tu n’y penses pas, c’es la crise, ils essayent de préserver l’essentiel.
- Et du boulot pour les jeunes, des salaires décents et une bonne pension, tu ne crois pas  que c’est essentiel ?
- Bien sûr, mais pour cela il faut des moyens et l’Etat est déjà bourré de dettes... L’Etat c’est comme un ménage, il ne peut pas vivre au-dessus de ses moyens. Tout le monde doit faire un effort, travailler un peu plus longtemps, faire des économies.
- Tu crois que distribuer des pralines ça aide à faire des économies ? Et les cadeaux qu’on fait aux entreprises en réduisant les cotisations sociales, tu ne crois que c’est à cause de cela qu’on ne sait plus payer le chômage et les pensions ? Tu trouves normal que les entreprises ne paient pratiquement pas d’impôts, qu’elles reçoivent des aides publiques et qu’au bout du compte elles se barrent en laissant leurs travailleurs à charge de la collectivité. Et leurs sites pollués aussi d’ailleurs !
- Edgard, je pense que tu ne comprends rien à la politique. Depuis que Fred t’as emmené à Charleroi pour écouter une conférence de gauchiste, tu parles comme eux : des slogans vides...
- T’aurais mieux fait de garder ta capote pour te protéger l’esprit et de ne pas bouffer cette saloperie de praline avec laquelle ils essaient de t’endormir. Ouvre les yeux, l’essentiel pour eux c’est de garder leur place !

mardi 11 février 2014

[Le voyage d'Edgard]

Fred m’avait dit la semaine passée d’aller écouter André Henry à Charleroi. Je le connais un peu car mon père a travaillé avec lui à « la Discipline ». Je crois que j’ai gardé quelque chose du nom de cette usine verrière. J’aime bien l’ordre, c’est plus fort que moi.
Samedi vers une heure, j’ai pris le train. Il faisait un temps de chien. Déjà ça, j’étais de mauvaise humeur. Il y avait un siècle que je n’avais pas pris le train pour Charleroi. Je (re)découvrais le parcours, comme souvent sous la pluie… Ce qui m’a frappé, heurté, choqué, c’est l’état des maisons et des autres bâtiments tout au long des voies. Même les gares sont à l’abandon. Et que dire des innombrables usines et ateliers où, jadis, grouillaient tant de gens ? De mon temps… Aujourd’hui, la dorsale wallonne ressemble plus aux vestiges du squelette d’un immense animal industriel qui est mort d’avoir avalé toutes les saloperies qu’on fabriquait dans ses entrailles. Et les gens avec.
Des verreries, des faïenceries, des laminoirs, des charbonnages, des manufactures diverses, il ne reste que ruines. A mains endroits la « nature » a presque recouvert le béton et l’acier. On dirait une planète que les habitants auraient quittée précipitamment. Une guerre ? Une épidémie ? Une contamination chimique ? Mais où sont-ils donc disparus ? Vous êtes certains que ce n’est pas dangereux de faire passer des trains dans des endroits pareils ?
Je me suis réveillé à Monceau, on arrivait. Sitôt sorti de la gare du Sud, le cauchemar me reprend. Cette ville est lugubre. Je n’ai pas de parapluie mais je me mets à espérer une averse infernale pour nettoyer toute cette tristesse. Sitôt passé le pont sur la Sambre, c’est pire encore. Ce n’est plus une épidémie, c’est Beyrouth ! Même la Police qui est réputée indestructible est en voie de l’être…
Sur une vitrine épargnée par les pelleteuses, je reconnais la tronche de Van Cau, l’ancien seigneur du coin. Il semble dire « Sans nous ce serait pire… »

André Henry
J’ai enfin pu m’extraire de ce quartier apocalyptique. Sur la Place Albert 1er, il y a même des lumières qui brillent (en plein après-midi !). «  Le Vecteur n’est pas loin dans la rue de Marcinelle » m’avait dit Fred. Je suis trempé et content d’arriver. A l’intérieur tout est en noir et blanc. Ils n’ont pas encore inventé la télé-couleur les rouges ? Ce qui me rassure c’est que les participants sont aussi vieux que moi… Je reconnais deux ou trois anciens camarades à mon père. Mais ça me rassure un peu, il y a encore des êtres vivants sur cette planète. J’ai bien écouté André Henry et ses camarades. J’ai pas tout compris. Il y en a qui sont un peu hermétiques. Mais grâce à André Henry j’ai quand même pigé où sont passés tous les ouvriers de mon cauchemar ferroviaire : il a expliqué comment l’industrie verrière avait pratiquement disparu du paysage carolo. Elle en avait pourtant été la fierté… Il m’a ému quand il a expliqué la résistance des ouvriers qui ont su garder la tête haute même dans les moments les plus durs. C’est vrai que mon père m’expliquait toujours que dans la lutte on peut être battus, mais que le principal c’est de garder sa dignité. André Henry ne s’est pas contenté de parler de leurs combats historiques, il a montré toute l’actualité de ces luttes au moment où on annonce encore des centaines de licenciements à Roux et à Auvelais[1]. Il a aussi eu des mots très justes sur les jeunes qui sont ballottés de sous-statuts en contrats précaires, d’un intérim à un autre, et finalement relégués au chômage… ou même au CPAS.
On a quand même eu droit à quelques chansons que les spectateurs semblaient connaître. Très sincèrement je n’ai pas perdu mon temps samedi après-midi. D’ailleurs la pluie avait cessé quand je suis sorti. Et en retournant, j’ai évité de regarder par la fenêtre du train. D’ailleurs il faisait noir.

Edgard


[1] Ce lundi 10 février, au cours d’un conseil d’entreprise extraordinaire, la direction d’AGC a annoncé la fermeture de son usine de Roux, dans la région de Charleroi. La multinationale japonaise entame donc la procédure « Renault » visant à licencier la totalité du personnel : 190 travailleurs. C’est un nouveau coup dur pour le Pays Noir et pour le secteur verrier puisque 300 emplois sont menacés également chez Saint Gobain, à Auvelais (Basse Sambre) et que les mauvaises nouvelles s’accumulent dans d’autres secteurs. (voir notre article ici)

lundi 3 février 2014

[Coup de téléphone à Edgard]

L'épopée des verriers du pays noir
Le billet d’Edgard la semaine dernière m’a sérieusement secoué. Et je ne suis pas le seul. Comment est-il possible de rester aussi borné, aussi aveuglé, sur ce qui se passe dans le monde, en commençant par ce qui se passe autour de soi. Tout ça pour l’amour du foot…
J’ai donc décidé de lui téléphoner pour lui dire ce que je pensais.
Au premier abord, il m’a paru bizarre. Après les formules d’usage –« Ca va ? Oui et toi ça va ? Ouais, ça pourrait aller mieux, mais c’est plus cher… »– j’ai commencé à lui annoncer la couleur.
« Edgard, t’exagères avec tes discours d’illuminé. T’as vu les conneries que t’as débité sur le Qatar ? On dirait que tu ne sais pas comment on traite les travailleurs sur les chantiers de la Coupe du Monde 2022. Ces gens-là ne méritent pas une telle exploitation, un tel mépris. On doit respecter les gens qui travaillent ». Il me répond qu’il reconnait s’être un peu emporté. « Après coup, je me suis dit que j’avais été trop loin, mais on ne sait rien de ces pays encore reculés…».
J’ai essayé de lui expliquer que pour certains, le Qatar c’est la Mecque de la modernité capitaliste, qui turbine à coup de pétrodollars avec le soutien des grandes puissances. « Et c’est la logique même du système capitaliste: pour faire un maximum de profits il faut réduire les salaires au strict minimum et limiter au maximum le droit de s’organiser et de se défendre. Ce n’est donc pas parce que nous sommes « plus évolués » que nous avons obtenus des droits, mais grâce aux combats collectifs. Et ces droits il faut sans cesse les défendre car ils sont sans cesse remis en cause par les puissants ».
J’en ai profité pour faire la publicité pour le livre de mon camarade André. « Tu sais André Henry, qui a travaillé à Gilly avec ton père Gustave, il a écrit un chouette bouquin là-dessus. C’est l’histoire du combat des ouvriers verriers de la région de Charleroi. Tu devrais venir samedi au Vecteur [1], il va raconter tout cela avec d’autres camarades. Tu verras, ça va t’éclairer sur ta propre vie et je suis certain qu’après cela tu ne te tromperas plus d’ennemi et tu raconteras moins de bêtises ». Il est parti d’un grand rire et m’a demandé « el Vecteur, c’est où ça ? »
fRED

dimanche 26 janvier 2014

[Au Qatar avec Edgard]

Je n’en peux plus. Voilà qu’encore une fois on s’attaque à nous, les amateurs de foot. Sous prétexte qu’il y aurait eu quelques accidents sur les  chantiers de la Coupe du monde de football qui doit se dérouler au Qatar en 2022, voilà qu’Amnesty International et une myriade d’ONG se mettent en branle et crient au scandale. Même si on admet le chiffre publié dans les gazettes[1], ce n’est quand même qu’une infime partie des 2 millions d’ouvriers, étrangers bien évidemment, qui sont engagés pour construire nos stades, nos buvettes, les routes et tout le tralala dont on aura besoin pour ce magnifique spectacle en 2022.
Moi ce que je dis c’est que si tous ces ouvriers étaient plus attentifs il y aurait moins d’accidents. Et on n’y peut rien, nous, si certains ont une santé fragile. Qu’ils fassent du sport et ils se porteront mieux. Quand, comme eux, c’est le sport qui vous fait vivre on se dépense un peu pour rester en forme.
C’est parce que je ne suis pas en bonne santé sinon j’aurais déjà acheté mes billets.
Le Qatar est bien bon de sauver nos clubs[2], de payer dignement nos joueurs, avec toutes les retombées pour l’économie (à côté de ça Mons 2015, c’est du pipi de chat !), quand on voit qu’en retour on traite ce petit pays audacieux comme de la crotte de chameau.
Évidemment après les ONG, c’est les syndicats qui mettent leur nez dans tout ça[3]. Et eux pour foutre le bordel, y a pas mieux. Ils sont capables d’exiger des choses totalement irréalistes, des bottines de sécurité par-ci, des heures de pause, des casques par-là, et pourquoi pas des primes de risque et un logement à l’hôtel gratos? Et à votre avis qui va payer tout ça ? Nous, les supporters ! Sans compter les retards sur les chantiers et les amendes qui vont tomber… Déjà que nos entreprises sont sur la paille, maintenant elles sont prises en otage. Vous allez voir qu’ils vont créer des Comités de Soutien Machin et déposer des motions à tire larigot comme ils sont en train de le faire sur les pseudo-réfugiés afghans, les soi-disant exclusions du chômage ou leur fameux Index ! Vous avez vu ce qui s’est passé à Mons il y a quelques semaines quand ils ont envahi la ville pour détruire le marché de Noël ?  Le bourgmestre libéral a bien eu raison de rester ferme : « Si nous avions donné suite aux revendications des sans-papiers afghans, nous aurions ouvert la boîte de Pandore et pris le risque que pour toute une série d’autres sujets qui font l’objet de contestations quant à la politique du gouvernement fédéral, que la ville de Mons soit prise en otage par rapport à toutes ces personnes qui contestent la ligne politique adoptée par le gouvernement fédéral ».
— Edgard


paru sur www.lcr-lagauche.org/au-qatar-avec-edgard/

[1] En 2013, 185 Népalais auraient trouvé la mort sur les chantiers de la Coupe du monde de football qui doit se dérouler au Qatar en 2022. Selon un bilan établi par le Guardian, cela porte le total de travailleurs népalais ayant péri sur les chantiers des infrastructures à 382 en deux ans.
[2] « Globalement, on sent bien que quelque chose a changé dans le football européen ces deux dernières années. Si les années 2000 ont vu l’arrivée des « simples » milliardaires dans le football européen (à Chelsea, à Manchester City, etc.), les années 2010 ont vu l’arrivée d’une institution avec une puissance financière extrêmement plus élevée  (…) On sent bien là l’importance du contrat avec Qatar Tourism Authority et le fait que les propriétaires du PSG ont quelque chose de spécial. En effet, c’est le seul club de football professionnel détenu par un État. » in  http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1134631-le-psg-5e-club-le-plus-riche-du-monde-paris-a-les-moyens-de-devenir-le-numero-1.html
[3] Mercredi 9 septembre, une délégation syndicale internationale a été refoulée d’un chantier de l’entreprise QDVC, une joint-venture entre Qatari Diar, la division BTP du fonds souverain qatari, et la société française Vinci Construction. (http://www.lemonde.fr/international/article/2013/10/10/au-qatar-les-chantiers-de-vinci-sont-interdits-aux-curieux_3493501_3210.html)

lundi 20 janvier 2014

[Féli-Citation]


http://www.lcr-lagauche.org/wp-content/uploads/2014/01/edgard-bonnet.jpg
Je déteste les gens qui s’appuient sur une citation quelconque pour mettre en relief leur article. Comme si ça avait un sens… Vous me voyez mettre ici, pour appuyer mon propos, un truc comme «On [La France] ne peut pas accueillir toute la misère du monde » ? Il ne faudrait pas une minute pour qu’un gauchiste vienne y mettre son grain de sel, du style « vous avez oublié la 2ème partie de cette phrase de Michel Rocard « mais elle doit en prendre sa part ». Il pousserait sans doute le vice jusqu’à rappeler la date et les circonstances de cette déclaration « en février 1989 lors du 50ème anniversaire de la Cimade ». Et pour fignoler un peu et finir par m’énerver, ajouterait le commentaire postérieur de Rocard lui-même : « Prononcée par moi en 1990 [en réalité en 1989]  la première partie de cette phrase a eu un destin imprévisible [...]. Au point qu’aujourd’hui cette phrase [...] est séparée de son contexte et sert de caution tous azimuts pour légitimer l’application, sans aucune considération des droits de la personne humaine, des impitoyables lois Pasqua de 1993 ».
Je ne veux pas de ce genre de commentaire, donc je m’abstiens de répéter ce que d’autres ont dit à tort et à travers avant moi.
D’ailleurs il ne faut jamais citer des socialistes, ils ne sont pas fiables. Vous imaginez la honte, après avoir cité Elio Di Rupo: « À force de dire des choses excessives, vous conduisez les citoyens vers l’abîme. Le PS a réussi à former un gouvernement et nous travaillons dans un pays qui est encore debout » (à la réception de nouvel an donnée à Mons par Elio Di Rupo le dimanche 15 janvier 2012), de voir un Jean-Pascal Labille, ministre socialiste de Di Rupo qui fâche les patrons flamands, « à force de dire des choses excessives ». Même le très vénérable Karel Vinck (75 ans, certes un repris de justice – il est condamné à trois ans de prison avec sursis pour homicide involontaire quand il était à la tête d’Eternit Italie – mais néanmoins ex patron de Bekaert, l’Union Minière, la SNCB et Umicore, bref un type pondéré qui « parle de Jean-Pascal Labille comme d’un « homme dangereux », qui ne sait pas ce qu’est une entreprise. « Dans la vie d’une entreprise s’appliquent d’autres règles de base que celles, idéologiques, auxquelles certains politiciens et partis prêtent serment » [1]
Je reste donc prudent avec les citations. Des citations, j’ai les miennes, et un fameux stock. Je les garde. J’ai dit.
—Edgard

[1] Le Soir – 24/12/2013

mardi 14 janvier 2014

[Du foot, de la démocratie, des pintes]


un entretien avec Edgard 

Je vous ai déjà dit comment j’ai rencontré Edgard ? Je l’ai « trouvé » à la « buvette des jeunes » lors du dernier match de l’année. Il y avait beaucoup de monde et il jouait des coudes pour accéder au comptoir (visiblement trop haut, peu adapté pour accueillir « les jeunes »…). Ce sont d’abord mes côtes qui ont fait connaissance avec son coude droit. J’ai regardé le type qui s’agitait ainsi à mes côtés. A première vue, sympa mais bavard. Il avait l’air content. « Quel but le noir là ! » me lance-t-il. Il n’y en n’avait eu qu’un seul (de but) juste avant la fin du match. Je ne pouvais pas me tromper sur l’identité du joueur à féliciter. « Richard Soumah, il avait pourtant l’air au bout du rouleau et puis subitement il retrouve l’énergie d’aller marquer… ».
Voilà, ça c’est le début. Et quelques verres de bière plus tard on discutait encore de foot, de stades, d’équipes, de coups de sifflet, de pelouse et… de démocratie ! Edgard m’expliquait sa « vision du monde »… « Moi, je vois ça comme ça » me dit-il. « Comme un très grand stade. Il y a de très bonnes équipes qui jouent sur le terrain : la nôtre et « les autres ». On doit gagner. Et à chaque but, on gueule comme des fous dans les gradins. La mi-temps c’est comme le Doudou, on boit des pintes. Et la troisième mi-temps c’est le 21 juillet, on boit des pintes. Pour mettre de l’ordre sur le terrain, il y a un type en noir avec un gros sifflet. C’est le premier ministre quoi. Il distribue des cartons jaunes et des cartons rouges. Tu vois le symbole? Rouge, Jaune, Noir. Et pour que notre terrain ne soit pas envahi, les « visiteurs », on les parque dans un coin des tribunes derrière des grilles. On peut en accepter 200 à chaque match, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde... Après le match on ne traîne pas trop, le lendemain on boulote.»
Là, je commençais à avoir du mal à avaler… Dans ma tête, chaque fois qu’il disait « stade », je pensais « Santiago du Chili ». Et les « visiteurs parqués derrière des  grilles » sonnaient du côté de Vottem… Bon je n’allais pas le prendre de front. Je me suis mis à parler de ma conception à moi de « vivre ensemble ».  « Pour moi ce sera une très grande fête. Il y aura du soleil, tous les habitants seront contents de se rencontrer et de parler de choses et d’autres. Toutes les familles vont apporter à boire et à manger (tout ça confectionné avec les fruits et les légumes de leur jardin). On chantera, on dansera. Des gens  venus de très loin nous feront écouter leur musique et nous on essaiera de danser comme eux. Ça va faire rire tout le monde, mais c’est cela le but. Les enfants vont inventer des jeux avec ce qu’ils trouveront sur place. J’en vois déjà courir derrière un pneu qu’ils guident avec un bâton. Cerise sur le gâteau, il n’y aura pas d’entrée à payer, pas d’ « invités VIP » ni des « joueurs-vedettes », sur la pelouse, tous égaux dans notre diversité ».
J’allais lui préciser tout cela, lui parler d’autogestion, du droit de contrôler et de révoquer les élus, de la mise au pas de la finance qui a provoqué tant de crises, de la mise hors d’état de nuire des groupes de l’énergie fossile qui conduisent notre planète à la catastrophe, j’avais encore tant de choses à lui dire... Mais je me suis rendu compte qu’Edgard avait posé sa tête sur ses bras repliés sur la table et dormait. J’étais au moins content de ne pas l’avoir énervé avec mes délires abracadabranstesques.

fRED

chaque lundi, retrouvez Edgard dans mon blog sur www.lcr-lagauche.org/

mardi 7 janvier 2014

[Edgard]



On aurait du commencer par là. Vous présenter Edgard.
« Edgard n’a pas été gâté par la vie. A 17 ans il travaillait déjà… » Bon on arrête là la description de sa monotone existence, on n’est pas en train de faire un billet sur le dernier procès d’assises pour la gazette locale.
Edgard, c’est un pote comme je n’aimerais pas en avoir. Je l’ai inventé de toute pièce pour me convaincre que mes autres potes ne sont pas si cons que ça. Chaque fois que j’ouvre la DH ou une édition locale de Sud-Presse, chaque fois que je me branche sur Vivacité entre 9 et 10h, j’entends Edgard qui parle. Il suffit de le brancher un peu et le voilà réveillé, crachant son éternel bon sens à la tête des lecteurs et auditeurs. Il a un (mauvais) mot pour tout le monde. Les syndicats « qui exagèrent », les fonctionnaires « qui ne foutent rien », les ouvriers « qui ne sont jamais contents », les voisins « qui mettent leur télé trop fort » et « laissent chier leur chien sur mon trottoir », les trains « qui ne sont jamais à l’heure » et les bus « qui sont toujours en grève »…
Edgard sait de quoi il parle : « moi monsieur, mon père était ouvrier ! », « et ma mère fonctionnaire », « quand j’étais jeune j’étais révolutionnaire »…
Pourtant Edgard est un type très apprécié au café où ses amis du Club « Les Supporters Savent Pourquoi » se retrouvent pour la 3ème mi-temps. Surtout quand c’est lui qui paie la tournée. Il a une admiration profonde pour ceux qui ont réussi « grâce à leur travail » comme Grégoire de Spoelberch[1], et Les Taureaux d'Or[2] Eden Hazard et Axel Witsel[3], les piliers de la Jupiler League, la Troïka du ballon rond. Edgard a toujours été sportif. Le lundi matin, il délaisse les forums en ligne et le courrier des lecteurs de La Lanterne pour se jeter dans la Gazette des Sports. Il « n’est pas raciste, d’ailleurs… » il apprécie Marco Materazzi, Company, Lukaku et Fellaini. Il ne comprend pas le flamand mais il est d’accord avec Bart De Wever quand il déclare "Nil volentibus arduum".
Vous allez me dire que là, j’aggrave son cas. Non il est comme ça, Edgard. Normal quoi…
fRED



[1] « Grégoire de Spoelberch, un des actionnaires des familles historiques du brasseur AB InBev, a de nouveau vendu un paquet d'actions du brasseur belgo-brésilien, lit-on sur le site de la CBFA, régulateur belge de la finance. Membre du conseil d'administration d'AB InBev, Grégoire de Spoelberch a vendu 100.000 actions pour une valeur de 4,3 millions d'euros via sa firme d'investissement GDS Consult. Ces dernières années, la famille de Spoelberch a vendu des milliers d'actions. En décembre 2009, 100.000 actions avaient déjà été vendues, suivies par 200.000 actions au début de l'année. Les trois familles actionnaires historiques du géant brassicole, Spoelberch, Mévius et Vandamme, sont considérées comme les plus riches de Belgique. » - In http://trends.levif.be/economie/actualite/people/un-peu-plus-riche-encore-grace-a-ab-inbev/article-1194828234412.htm#
[2] Le Taureau d'Or représente le prix du meilleur buteur de la Jupiler Pro League.
[3] Eden Hazard transféré de Lille à Chelsea pour 40 millions d'euros Axel Witsel du Benfica au Zénit aussi pour 40 millions d'euros

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