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mardi 11 mars 2014

[Patatras Calatrava]


Vous vous rendez compte ? Cette fameuse gare si capitale à Mons 2015, c’est une fausse couche ! L’érection de cette belle queue (de dragon !) dressée vers le futur, est reportée à une date ultérieure, en 2018. Son génial géniteur sera à la pension depuis trois ans… Les travaux ne seront donc pas finis à temps pour recevoir les millions de touristes japonais, bruxellois, congolais, piétrebaisiens et pandalandais attendus en 2015. Du coup (si on peut dire), le coût de la mise au monde de la dragon-station sera revu à la hausse. Déjà en 2010 et 2012, le prix initial (2007) de 37 millions d’euros avait été revu sérieusement à la hausse. Eurogare[1] annonçait alors 150 millions[2]. Et aujourd’hui le SPF Mobilité et Transports parle de 272 millions d’euros, sept fois plus que le montant initial! A titre de comparaison, en novembre 2011 une nouvelle gare a été ouverte à Rome, qui a coûté 170 millions d’euros (elle accueille quotidiennement 140.000 passagers là où Mons -la quinzième en Belgique et la cinquième en Wallonie- en accueille chaque jour ouvrable de l’ordre de 20 000[3].

Mais qui cala ces travaux-là ?
Selon les responsables du projet mammouth, ces dépassements seraient dus aux retards provoqués par les recours déposés par les opposants sur différents thèmes (destruction de l’ancienne gare, sauvegarde de la tour St-Georges). Pourtant la première estimation déjà revue à la hausse (environ 155 millions d’euros) date de début 2010[4] soit bien avant les premiers recours. De plus il est quand même prévisible que des citoyens, des institutions, des associations exercent leur droit démocratique en recourant à la justice. Et l’expérience précédente à Liège, elle aussi gratifiée d’un jolie gare « Calatrava » (36.000 passagers par jour) qui a coûté 312 millions d’euros (et même +/- 437 millions, si on y ajoute les modifications des infrastructures ferroviaires que sa construction a entraînées) au lieu des 3,9 milliards de francs (quelque 100 millions d’euros) prévus en 2002, aurait pu nous éclairer…
« Gouverner, c’est prévoir », nos responsables ne semblent pas avoir fait leur la formule d’Émile de Girardin ! A moins que cette « inflation » n’ait été voulue dès le départ, comme dans beaucoup de chantiers publics, afin de faciliter les décisions au point de départ et ensuite trouver tous les bons prétextes pour justifier les dépassements ?

dimanche 26 janvier 2014

[Au Qatar avec Edgard]

Je n’en peux plus. Voilà qu’encore une fois on s’attaque à nous, les amateurs de foot. Sous prétexte qu’il y aurait eu quelques accidents sur les  chantiers de la Coupe du monde de football qui doit se dérouler au Qatar en 2022, voilà qu’Amnesty International et une myriade d’ONG se mettent en branle et crient au scandale. Même si on admet le chiffre publié dans les gazettes[1], ce n’est quand même qu’une infime partie des 2 millions d’ouvriers, étrangers bien évidemment, qui sont engagés pour construire nos stades, nos buvettes, les routes et tout le tralala dont on aura besoin pour ce magnifique spectacle en 2022.
Moi ce que je dis c’est que si tous ces ouvriers étaient plus attentifs il y aurait moins d’accidents. Et on n’y peut rien, nous, si certains ont une santé fragile. Qu’ils fassent du sport et ils se porteront mieux. Quand, comme eux, c’est le sport qui vous fait vivre on se dépense un peu pour rester en forme.
C’est parce que je ne suis pas en bonne santé sinon j’aurais déjà acheté mes billets.
Le Qatar est bien bon de sauver nos clubs[2], de payer dignement nos joueurs, avec toutes les retombées pour l’économie (à côté de ça Mons 2015, c’est du pipi de chat !), quand on voit qu’en retour on traite ce petit pays audacieux comme de la crotte de chameau.
Évidemment après les ONG, c’est les syndicats qui mettent leur nez dans tout ça[3]. Et eux pour foutre le bordel, y a pas mieux. Ils sont capables d’exiger des choses totalement irréalistes, des bottines de sécurité par-ci, des heures de pause, des casques par-là, et pourquoi pas des primes de risque et un logement à l’hôtel gratos? Et à votre avis qui va payer tout ça ? Nous, les supporters ! Sans compter les retards sur les chantiers et les amendes qui vont tomber… Déjà que nos entreprises sont sur la paille, maintenant elles sont prises en otage. Vous allez voir qu’ils vont créer des Comités de Soutien Machin et déposer des motions à tire larigot comme ils sont en train de le faire sur les pseudo-réfugiés afghans, les soi-disant exclusions du chômage ou leur fameux Index ! Vous avez vu ce qui s’est passé à Mons il y a quelques semaines quand ils ont envahi la ville pour détruire le marché de Noël ?  Le bourgmestre libéral a bien eu raison de rester ferme : « Si nous avions donné suite aux revendications des sans-papiers afghans, nous aurions ouvert la boîte de Pandore et pris le risque que pour toute une série d’autres sujets qui font l’objet de contestations quant à la politique du gouvernement fédéral, que la ville de Mons soit prise en otage par rapport à toutes ces personnes qui contestent la ligne politique adoptée par le gouvernement fédéral ».
— Edgard


paru sur www.lcr-lagauche.org/au-qatar-avec-edgard/

[1] En 2013, 185 Népalais auraient trouvé la mort sur les chantiers de la Coupe du monde de football qui doit se dérouler au Qatar en 2022. Selon un bilan établi par le Guardian, cela porte le total de travailleurs népalais ayant péri sur les chantiers des infrastructures à 382 en deux ans.
[2] « Globalement, on sent bien que quelque chose a changé dans le football européen ces deux dernières années. Si les années 2000 ont vu l’arrivée des « simples » milliardaires dans le football européen (à Chelsea, à Manchester City, etc.), les années 2010 ont vu l’arrivée d’une institution avec une puissance financière extrêmement plus élevée  (…) On sent bien là l’importance du contrat avec Qatar Tourism Authority et le fait que les propriétaires du PSG ont quelque chose de spécial. En effet, c’est le seul club de football professionnel détenu par un État. » in  http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1134631-le-psg-5e-club-le-plus-riche-du-monde-paris-a-les-moyens-de-devenir-le-numero-1.html
[3] Mercredi 9 septembre, une délégation syndicale internationale a été refoulée d’un chantier de l’entreprise QDVC, une joint-venture entre Qatari Diar, la division BTP du fonds souverain qatari, et la société française Vinci Construction. (http://www.lemonde.fr/international/article/2013/10/10/au-qatar-les-chantiers-de-vinci-sont-interdits-aux-curieux_3493501_3210.html)

lundi 6 janvier 2014

[Mons 2015 c’est (le) capital]

La culture, ça rapporte gros. Du moins à entendre Yves Vasseur le Commissaire Général de Mons 2015. Sur les 60 millions€ que coûteront l’opération de prestige qu’il cornaque, près de 90% proviendront de fonds publics[1]. Mais où vont-ils aboutir ? Les journaux semblent s’être contentés des explications du Commissaire du Peuple pour conclure que c’est une bonne opération pour la région : « l’argent qui a été investi dans l’opération [dans les autres villes qui ont été désignées « Capitales européennes »] a créé des retombées cinq à six fois supérieures donc c’est un investissement pour la Région, pour la ville, pour l’arrondissement de Mons et pour le Borinage ».

Si l’on en croit les exemples cités par le Commissaire Priseur, ces retombées culturo-actives se manifesteront dans les nuitées d’hôtel et dans les restaurants. « Il y aura entre autres beaucoup de retour dans le domaine hôtelier dans la grande périphérie de Mons. Le ratio sera sans doute globalement de 1/6 mais peut-être de 1/4 pour Mons stricto sensu ». Après Lille, Mons est donc « en passe » de devenir un beau bordel culturel pour des DSK en puissance « Lille tournait autour de septante-cinq millions, Marseille quatre-vingt-cinq, donc comparaison de ville à ville on est dans la bonne fourchette" ajoute-t-il. Notons au passage qu’en matière de « fourchette » une des premières réalisations de Mons 2015 fut l’édition d’une brochure présentant les restaurants qui participeront à la mise en bouche de l’évènement. Et en octobre dernier on poussa même le bouchon un peu plus loin : une soirée organisée par la fondation Mons 2015 dans la foulée de l’inauguration de l’expo dédiée à Andy Warhol, qui rassemblait une centaine de patrons d’entreprises de la région Mons-Borinage. « Des « Business Ambassadeurs » qui ont accepté de jouer le rôle de mécènes en versant un montant minimum de 1.000 euros à la Fondation. Une soirée a priori apolitique donc, mais rehaussée par la présence du Premier Ministre Elio Di Rupo venu pour discourir aux côtés d’Eric Domb, patron de Pairi Daiza et président de ce club « Mons 2015 entreprises »[2]. La Fondation du Commissaire y a même fait servir une cuvée spéciale de rouge portant étiquette rouge à la gloire du Grand Timonier, Elio. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.
"2014 sera l'année de la concrétisation"
Après la mise en bouche, la concrétisation. Le Général de Brigade y consacre l’essentiel de son énergie et n’oublie pas les voisines communes, amies de longue date : « Un dispositif de "pass" et de réduction sera mis au point pour les habitants des différentes villes partenaires souhaitant participer ». Tout le monde pourra donc jouir du spectacle de 2015. Il suffira de se mettre à la queue...
Et les retombées ? On allait oublier... Rien ne se perd, rien ne crée : les 90% de 60 millions €, multipliés par 4 ou 6, ils vont quand même passer quelque part, non ?
Déjà les « différents bords » se disputent une part de l’héritage, un notaire a même été dépêché sur les lieux pour surveiller la clé de répartition et garantir que les sommes adéquates passent bien aux bleus...
Si vous êtes hôteliers, voici le temps venu, donnez vos ordres « Toi la servante, toi la Maria Vaudrait p´t-être mieux changer nos draps ». Si vous vendez du PQ, des plateaux-repas, des draps de soie, des capotes d’origines diverses, des valises et des singes en plastique, hâtez-vous, il y a des affaires à faire. Si vous avez une grosse sono et un petit micro (pléonasme), vous pouvez aussi remettre prix. Si vous louez des tentes, des chapiteaux, des chaises, des tables (hautes), des verres, des verrines, des fourchettes, des hôtesses, et autre matériel pour organiser des évènements, dépêchez-vous d’introduire une candidature. Imprimeurs, traiteurs, réalisateurs, frimeurs : c’est votre heure !
Ainsi seront redistribués les euros publics dans des coffres privés. Et la fête durera toute l’année 2015 et encore2015 autres années. C’est capital la culture.

fRED

[1] "La Communauté française apporte trente millions, indique Yves Vasseur, la Région Wallonne quinze, la ville (de Mons ndlr) trois millions, la Province autour de quatre millions…ça c’est la base des subventions publiques " (86%).http://www.rtbf.be/info/regions/detail_quels-seront-les-sources-du-financement-des-60-millions-de-mons-2015?id=8168455 – Le reliquat est ventilé entre une série de fonds annexes européens (publics) et le sponsoring (privé)