Affichage des articles dont le libellé est Capitalisme. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Capitalisme. Afficher tous les articles

lundi 6 janvier 2014

[Mons 2015 c’est (le) capital]

La culture, ça rapporte gros. Du moins à entendre Yves Vasseur le Commissaire Général de Mons 2015. Sur les 60 millions€ que coûteront l’opération de prestige qu’il cornaque, près de 90% proviendront de fonds publics[1]. Mais où vont-ils aboutir ? Les journaux semblent s’être contentés des explications du Commissaire du Peuple pour conclure que c’est une bonne opération pour la région : « l’argent qui a été investi dans l’opération [dans les autres villes qui ont été désignées « Capitales européennes »] a créé des retombées cinq à six fois supérieures donc c’est un investissement pour la Région, pour la ville, pour l’arrondissement de Mons et pour le Borinage ».

Si l’on en croit les exemples cités par le Commissaire Priseur, ces retombées culturo-actives se manifesteront dans les nuitées d’hôtel et dans les restaurants. « Il y aura entre autres beaucoup de retour dans le domaine hôtelier dans la grande périphérie de Mons. Le ratio sera sans doute globalement de 1/6 mais peut-être de 1/4 pour Mons stricto sensu ». Après Lille, Mons est donc « en passe » de devenir un beau bordel culturel pour des DSK en puissance « Lille tournait autour de septante-cinq millions, Marseille quatre-vingt-cinq, donc comparaison de ville à ville on est dans la bonne fourchette" ajoute-t-il. Notons au passage qu’en matière de « fourchette » une des premières réalisations de Mons 2015 fut l’édition d’une brochure présentant les restaurants qui participeront à la mise en bouche de l’évènement. Et en octobre dernier on poussa même le bouchon un peu plus loin : une soirée organisée par la fondation Mons 2015 dans la foulée de l’inauguration de l’expo dédiée à Andy Warhol, qui rassemblait une centaine de patrons d’entreprises de la région Mons-Borinage. « Des « Business Ambassadeurs » qui ont accepté de jouer le rôle de mécènes en versant un montant minimum de 1.000 euros à la Fondation. Une soirée a priori apolitique donc, mais rehaussée par la présence du Premier Ministre Elio Di Rupo venu pour discourir aux côtés d’Eric Domb, patron de Pairi Daiza et président de ce club « Mons 2015 entreprises »[2]. La Fondation du Commissaire y a même fait servir une cuvée spéciale de rouge portant étiquette rouge à la gloire du Grand Timonier, Elio. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.
"2014 sera l'année de la concrétisation"
Après la mise en bouche, la concrétisation. Le Général de Brigade y consacre l’essentiel de son énergie et n’oublie pas les voisines communes, amies de longue date : « Un dispositif de "pass" et de réduction sera mis au point pour les habitants des différentes villes partenaires souhaitant participer ». Tout le monde pourra donc jouir du spectacle de 2015. Il suffira de se mettre à la queue...
Et les retombées ? On allait oublier... Rien ne se perd, rien ne crée : les 90% de 60 millions €, multipliés par 4 ou 6, ils vont quand même passer quelque part, non ?
Déjà les « différents bords » se disputent une part de l’héritage, un notaire a même été dépêché sur les lieux pour surveiller la clé de répartition et garantir que les sommes adéquates passent bien aux bleus...
Si vous êtes hôteliers, voici le temps venu, donnez vos ordres « Toi la servante, toi la Maria Vaudrait p´t-être mieux changer nos draps ». Si vous vendez du PQ, des plateaux-repas, des draps de soie, des capotes d’origines diverses, des valises et des singes en plastique, hâtez-vous, il y a des affaires à faire. Si vous avez une grosse sono et un petit micro (pléonasme), vous pouvez aussi remettre prix. Si vous louez des tentes, des chapiteaux, des chaises, des tables (hautes), des verres, des verrines, des fourchettes, des hôtesses, et autre matériel pour organiser des évènements, dépêchez-vous d’introduire une candidature. Imprimeurs, traiteurs, réalisateurs, frimeurs : c’est votre heure !
Ainsi seront redistribués les euros publics dans des coffres privés. Et la fête durera toute l’année 2015 et encore2015 autres années. C’est capital la culture.

fRED

[1] "La Communauté française apporte trente millions, indique Yves Vasseur, la Région Wallonne quinze, la ville (de Mons ndlr) trois millions, la Province autour de quatre millions…ça c’est la base des subventions publiques " (86%).http://www.rtbf.be/info/regions/detail_quels-seront-les-sources-du-financement-des-60-millions-de-mons-2015?id=8168455 – Le reliquat est ventilé entre une série de fonds annexes européens (publics) et le sponsoring (privé)

samedi 4 janvier 2014

[Aussi faux que la terre est ronde...]





900 millions de dollars par an...



L’étude publiée à la mi-novembre[1] par le sociologue américain Robert Brulle sur l’origine des fonds qui financent  les climato-sceptiques commence à faire un peu de bruit... L’auteur a passé son temps à « tracer » l’origine des milliards de dollars qui se sont déversés sur des « chercheurs », des « journalistes », des « chroniqueurs », pour alimenter une campagne systématique de négation de la catastrophe climatique qui nous pend au nez. « Une action organisée et délibérée pour induire le débat public en erreur et distordre la représentation que se fait l'opinion du changement climatique » souligne le rapport. Et donc aussi pour peser sur les décisions politiques qui doivent impérativement être prises et qui menacent leurs intérêts ?

L’étude révèle ainsi que près de 7 milliards$ (900 millions$ par an) ont été récoltés par une nébuleuse de fondations entre 2003 et 2010. « Souvent on voit que ce sont des fondations financées par des conservateurs qui sont actives par exemple dans le climato-scepticisme, mais aussi pour lutter contre le droit à l’avortement. Le climato-scepticisme rejoint toute une série d’autres positions politiques, généralement dans la sphère ultraconservatrice du champ politique" estime François Gemenne, chercheur en sciences politiques à l'ULg, coauteur du livre "Controverses climatiques", cité par la RTBF[2]. Ces fondations sont souvent issues de grandes familles qui ont fait fortune dans l'industrie minière, la banque ou encore le pétrole. On peut citer parmi elles la fondation Lynde et Harry Bradley, la fondation Koch[3], la fondation Exxon-Mobil, ou encore la fondation Scaife.
Mais ce phénomène ne se limite pas aux Etats-Unis. Déjà en 2010, le Climate Action Network[4] avait révélé que les européennes EON, BP, BASF, Bayer, Solvay, Arcelor-Mittal, Lafarge et GDF-Suez avaient versé 306.000 dollars à des élus œuvrant contre un projet de loi favorisant l'émergence des énergies propres pour lutter contre le réchauffement climatique.
Au fil du temps, les « généreux donateurs » qui ont investi dans cette campagne ont mis au point un véritable camouflage de leurs opérations. « De 2003 à 2007, les Fondations Koch ou la Fondation Exxon-Mobil étaient lourdement impliquées dans le financement des organisations du contre-mouvement sur le changement climatique, écrit M. Brulle. Mais depuis 2008, elles ne font plus de contributions publiques. De manière concomitante, note-t-il, le Donors Trust (qui collecte les dons de fondations philanthropiques pour les redistribuer de manière opaque) prend une place centrale dans le dispositif. Les trois quarts environ des sommes perçues par la galaxie climato-sceptique américaine sont désormais intraçables »
fRED

[3] Les frères Charles et David Koch sont des industriels américains milliardaires qui utilisent une partie de leur argent (la quatrième fortune des Etats-Unis) à financer des fondations au service de leurs idées d’extrême-droite. Ces milliardaires sont aux côtés des élus du Tea Party et leurs institutions militent notamment contre l’Obamacare, le système d’assurance-santé mis en place par le président Obama.

mercredi 27 février 2013

[J’vais vous les faire bouffer !]



J’vais vous les faire bouffer !

Lénine disait en boutade  que « l'avant-dernier capitaliste vendrait la corde pour pendre le dernier ». Cette histoire de lasagnes à la viande de cheval en est une belle démonstration.

Faut-il redistribuer les plats trafiqués aux pauvres ? Non. La réponse est non.

Il y a une solution bien plus radicale : les faire bouffer à tous ceux qui ont tirés profit(s) de cette industrie frelatée où chaque bout de gras vendu fait du lard aux porcs de la finance.

Je propose qu’on les gave jusqu’à plus faim de toutes les merdes qu’ils ont mis sur le marché, les pâtes, les pattes, le cheval et la selle en plus.

fRED



P.S. : on en garde une part pour Stéphanie de Monaco qui a déclaré "On souffre de la même manière".

samedi 19 janvier 2013

[L'exploitation de l'Homme par l'Homme]

Bob, un ingénieur informatique dans une société américaine, venait tous les jours tranquillement au bureau et terminait son travail à l’heure… sauf que celui-ci était réalisé par une société située à Shenyang, une ville située dans le nord-est de la Chine... Régulièrement ses supérieurs le félicitaient pour la qualité de son travail. Il a même été désigné "employé du mois" à plusieurs reprises! Mais quand ils ont découvert qu'il sous-traitait son boulot en Chine, ils l'ont viré.
Bob ne faisait pourtant qu'appliquer les règles de "l'exploitation de l'homme par l'homme" à son échelle. En tirant profit, comme les actionnaires, de la force de travail qu'il achetait à moindre pris (20% de son propre salaire) pour la transformer en plus-value pendant qu'il surfait sur le net et jouait en ligne, peinard.
Ceci dit je pense que le travailleur chinois, qui par le même coup s'est fait virer, devrait intenter une action contre l'employeur de Bob qui a rompu un contrat tacite qui les liait et dont l'employeur s'était largement félicité (et certainement enrichi).
fRED

samedi 25 février 2012

[Nous sommes tous grecs]


Nous sommes tous grecs

Le capitalisme veut sortir de sa crise profonde par une offensive sans précédent contre les peuples. Ce qui se passe en Grèce, jours après jours, est un véritable laboratoire qui permet de tester jusqu’où la violence de ces attaques peut être supportée.
Sitôt les mesures imposées par la Troïka (FMI, BCE, UE), adoptées pour la forme par le parlement grec au cours d’une nuit d’enfer où l’offensive d’austérité se doubla d’une répression féroce contre la population et transforma Athènes et Thessalonique en « chambres à gaz » pendant des heures, les « serviteurs » du capital s’empressent de mettre la barre encore plus haut, et les agences de notation la note encore plus bas… « Il l’a bien cherché » continue-t-on à entendre du petit peuple grec. On s’apitoie surtout sur le sort des créanciers privés, banques et fonds d’investissement qui auraient « perdu de l’argent » en concédant un effacement partiel de la dette de la Grèce mais on passe sous silence les plantureux et scandaleux bénéfices qu’ils en ont tiré au cours des dernières années en plongeant la Grèce dans une dette abyssale.
Les « marchés » ont définitivement cadenassé la  « démocratie ». Les chefs des deux partis de la coalition au pouvoir, le PASOK (socialiste) et Nouvelle Démocratie ont même été obligés de s’engager par écrit à respecter les promesses faites d’économies budgétaires et de réformes y compris après les élections législatives anticipées, prévues sous peu.
Mais ce n’est pas encore assez. Les « experts » n’ont pas attendu une minute pour reprendre leur travail de sape : les calculs n’étaient pas bons, il faudra de nouvelles coupes sombres. Le fruit doit être pressé jusqu’au bout.
Dans cette spécialité, notre ancien premier ministre libéral, Guy Verhofstadt, montre ses crocs : « Le seul moyen de nettoyer les écuries d'Augias et de faire entrer les Grecs dans la modernité à laquelle ils aspirent est de provoquer une grande vague de libéralisation visant à découpler le travail de l'Etat. C'est tout le marché du travail qu'il faut donc réformer dans un premier temps, ainsi que supprimer les barrières administratives et règlementaires restreignant l'activité économique, puis il faudra privatiser les entreprises publiques, sitôt la situation économique suffisamment stabilisée pour éviter le bradage des biens nationaux à vil prix. (…)La stabilité des finances publiques n'est qu'un des éléments d'une politique globale qui doit aussi conjuguer la solidarité et la croissance. Une perspective dont la Grèce n'est d'ailleurs pas seule à avoir besoin. » (Le Soir – 22/02/12)
Voilà qui est clair, non seulement pour les grecs mais aussi pour tous les travailleurs européens dont le sort se joue aussi en Grèce, en Espagne, au Portugal. Chaque attaque où qu’elle apparaisse, est une attaque contre tous.

MES ?
Les parlements nationaux sont muselés. Il en va de même partout en Europe ou se joue actuellement le sort du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) : au sein de ce mécanisme, les décisions seront prises par le Conseil des gouverneurs composé exclusivement des ministres des finances de la zone euro. Aucun veto, ni aucune autorité des parlements nationaux n’est prévu sur ces ministres lorsqu’ils agissent au titre de gouverneurs. De plus, ils jouiront en cette qualité d’une immunité totale leur permettant d’échapper à toute poursuite judiciaire. Qui a fait la moindre publicité à ces discussions qui nous engagent sur le long terme ?
« Négation des compétences fiscales et budgétaires des parlements nationaux, déni des principes de base de la démocratie, impossibilité d’opposer un veto, immunité judiciaire totale, opacité des documents… Autant de procédés antidémocratiques qui m’amènent aujourd’hui à vous demander d’adopter une position claire quant à ce traité. Allez-vous l’accepter ou le rejeter ? Il va sans dire que je prendrai en compte votre réaction sur cette question cruciale la prochaine fois que je serai appelé(e) aux urnes » c’est le texte d’une lettre que le CADTM propose d’adresser aux parlementaires belges sur cette question. Ils ne semblent pas presséEs de répondre. Sur les douze parlementaires qui ont répondu au CADTM, seuls deux ont indiqué vouloir voter contre, sept « ne se prononcent pas »…

Ni pour, ni contre…
…bien du contraire ! C’est l’attitude adoptée par le PS français dans les votes à l’Assemblée comme au Sénat. « Le MES devrait finir sans être inquiété son petit bonhomme de chemin parlementaire. Ce nouveau fonds de soutien aux pays de la zone euro en difficulté, le «Mécanisme européen de stabilité», a été adopté, mardi à l’Assemblée, la droite et le centre l’approuvant, tandis que les socialistes se sont abstenus à l’exception d’un quinzaine d’entre eux » conclut Libération (23/02/2012).
En Grèce, comme partout en Europe, seule la rue pourrait imposer une alternative aux politiques d’austérité qui s’installent dans un vide démocratique absolu.

Que font les syndicats ?
C’est dans ce contexte que la Confédération Européenne des Syndicats (CES) appelle à une journée européenne d’action le 29 février. La CES cerne les vrais enjeux : la pauvreté qui gagne du terrain, l’emploi qui sombre, le sauvetage des banques préféré à celui des peuples, le drame du peuple grec,… mais se trompe de réponses et de moyens d’action. Peut-on croire que la relance (du système capitaliste) va stopper ses attaques constantes contre les conquêtes des travailleurs que sont les systèmes de Sécurité Sociale, le Droit du Travail, la Démocratie ? Et qui peut penser que, malgré leur simultanéité, quelques milliers de manifestants éparpillés dans chaque pays, au bon vouloir de leurs directions syndicales nationales, auront plus de poids que les millions de travailleurs qui ont affronté l’offensive capitaliste de la Grèce à l’Espagne en passant par la Belgique, la Roumanie, le Portugal et tant d’autres pays ? Oui, il est temps de porter le combat au niveau européen, mais de manière bien plus déterminée, sur des objectifs bien plus radicaux. Une autre voie est possible : celle qui, s’appuyant sur les larges mobilisations dans de nombreux pays, modifiera le rapport de forces en faveur des travailleurs.

Freddy Mathieu – 23/02/12

mercredi 27 juillet 2011

[La dictature des marchés, la monarchie belge et le nationalisme flamand]

La dictature des marchés, la monarchie belge et le nationalisme flamand
par Daniel TANURO  - 27 juillet 2011

Le roi de la galette...
[Le discours télévisé que le roi Albert II ] a prononcé à l’occasion de la fête nationale n’a pas reçu, à gauche, l’attention qu’il méritait. Le monarque est sorti de son rôle constitutionnel pour se camper en « dernier recours » et appeler la population à se mobiliser avec lui pour faire pression sur la classe politique, incapable de résoudre les problèmes. Quelques mois auparavant, Albert II, inversant les rôles au sein de l’exécutif, avait chargé le gouvernement Leterme, pourtant en affaires courantes, de confectionner un budget 2011 allant plus loin que les injonctions européennes sur la voie de l’assainissement budgétaire. La couronne intervient de plus en plus directement sur le champ politique, en faveur d’une politique d’austérité dure pilotée et coordonnée au niveau fédéral. Le nationalisme flamand ultra-libéral et séparatiste incarné par la NVA n’est pas le seul danger qui plane sur les acquis sociaux et sur les droits démocratiques.
Albert II a justifié sa sortie au nom du droit de la monarchie de « mettre en garde ». La constitution ne l’autorise pas à « mettre en garde » publiquement, en s’adressant directement à la population, par-dessus le gouvernement. Tous ses actes doivent être couverts par le Premier Ministre. De plus, théoriquement, le roi ne peut user de ce droit de mise en garde que dans le cadre de ses entretiens avec les responsables politiques, dans le cadre de ce qu’on appelle le « colloque singulier ». Mais, en période de crise politique, comme en période de guerre, le pouvoir de la monarchie est considérable. Albert II en use et en abuse dans le cadre de la crise de régime ouverte qui dure maintenant depuis plus d’un an. Prononcé le 20 juillet, son discours très militant, appuyé par des gestes impératifs, révèle à quel point la monarchie est un instrument aux mains de la classe dominante, ou d’une partie de celle-ci.
L’instrument d’un pouvoir fort
Sur le fond, la partie la plus significative du discours est celle dans laquelle Albert II appelle à des « réformes structurelles », tant dans le domaine institutionnel que dans le domaine socio-économique. Emballés dans de belles paroles sur le bien-être des citoyens et la démocratie (un chef d’Etat non élu qui parle de démocratie !), ces appels ne font pourtant pas illusion. Albert les justifie et les cadre explicitement dans la nécessité de continuer « l’aventure européenne » et de la mener à bien, contre les menaces de repli nationaliste. Or, à l’heure où l’Union Européenne met bas le masque et joue ouvertement son rôle d’instrument du capital, à l’heure où la troïka Commission européenne-Banque centrale européenne-FMI impose partout une austérité drastique pour garantir les profits d’une poignée de spéculateurs, chacun sait ce que « l’aventure européenne » signifie : blocage des salaires, privatisations, démantèlement de la sécurité sociale, allongement de la carrière professionnelle, flexibilité de la main-d’œuvre, pertes d’emploi dans la fonction publique… on en passe, et des meilleures.
Le discours musclé du souverain s’inscrit ainsi dans la tendance galopante à l’instauration en Europe d’une féroce dictature du capital, dont les seuls buts sont de sauver à tout prix les profits des banques et d’aider les entreprises du vieux continent dans leur guerre de concurrence contre leurs rivales américaines et asiatiques. Cette tendance a fait des bonds de géant ces derniers mois, avec l’instauration du « semestre européen » et de la « gouvernance économique européenne », des dispositifs qui reviennent tout simplement à mettre les parlements nationaux sous la tutelle des marchés et des agences de notation. Autrement dit à liquider ce que la démocratie parlementaire bourgeoise pouvait encore avoir de « représentatif » des populations, via le suffrage universel.
Dans notre pays, les voies d’instauration de cette dictature du grand capital divisent la classe dominante. La plus grande partie du patronat flamand, rassemblée dans le VOKA, considère que les rapports de forces politiques au Nord du pays lui permettent d’aller plus vite à l’objectif. La condition pour ce faire est une autonomie accrue de la Flandre, notamment en matière fiscale et sociale. Cette fraction de la classe dominante se reconnaît et s’exprime à travers la NVA de Bart De Wever, dont le nationalisme n’est que l’enveloppe populiste d’un ultra-libéralisme de combat, dirigé contre le mouvement ouvrier.
Une autre fraction, soutenue par la technocratie européenne et les grandes puissances, mise sur l’Etat fédéral, et utilise les craintes des conséquences d’une scission du pays – notamment de la sécurité sociale – pour faire avaler l’austérité au monde du travail, au nom du « moindre mal ». Principal parti au Sud du pays, le PS est l’instrument clé de cette stratégie, dont la note Di Rupo constitue l’expression la plus claire. Nul ne sait si les négociations politiques qui reprendront après le 15 août déboucheront ou non sur un gouvernement de plein exercice, avec le CD&V et sans la NVA. Mais une chose est certaine : si ces pourparlers devaient aboutir, ce serait au prix d’attaques encore plus dures que celles qui sont déjà planifiées dans le texte du formateur.
Tout en dénonçant l’incapacité du politique et en jouant sa propre carte – celle de la sinécure qui permet à sa famille de royaux parasites de vivre aux crochets des contribuables, Albert II vient clairement en appui de cette fraction. Quoique la NVA ne soit pas opposée au fédéralisme européen, on retrouve ici, mutatis mutandis, les tensions entre le grand capital pro-UE et les forces de droite qui, à l’instar du FN français, exploitent démagogiquement le mécontentement face à la mondialisation néolibérale. Pas étonnant que le discours du 20 juillet ait été interprété comme un coup de pouce aux efforts du Président du PS – dont l’ambition personnelle à devenir le Premier Ministre de Sa Majesté ne doit pas être sous-estimée. Pas étonnant que le PS, par la bouche de Laurette Onkelinx, ait salué la tirade bonapartiste du Chef de l’Etat. Tout cela montre le degré de dégénérescence de la social-démocratie, déjà illustré par les rôles de Papandréou en Grèce, de Zapatero en Espagne et de Socrates au Portugal – sans parler de DSK, l’ex-futur Président des Français. Quant à la NVA, elle a fustigé l’intervention du roi. Mais il ne faut pas s’y tromper : tout en misant sur le pourrissement des institutions de la Belgique, Bart de Wever est preneur de tout ce qui fait avancer l’austérité et reculer les droits démocratiques, car cela cadre avec son projet ultra-libéral. C’est pourquoi celui qui avoue sans ambages que « le VOKA est (son) patron », a soutenu l’extension des pouvoirs du gouvernement en affaires courantes, notamment lors de l’élaboration du budget 2011…
Le mouvement syndical craint De Wever, à juste titre. Mais il ferait une erreur terrible s’il se résignait à la stratégie du « moindre mal » de la social-démocratie et de ses alliés. La seule issue pour lui est d’élaborer son propre programme de réformes anticapitalistes. D’exiger un audit de la dette publique, afin de mettre en lumière les dettes illégitimes, produit de la manière dont les banques se sont enrichies en prêtant des capitaux fictifs. De réclamer l’abrogation des « baisses de charges » patronales ainsi qu’une gestion de la Sécurité sociale par les seuls représentant-e-s du monde du travail. De revendiquer une réduction radicale du temps de travail, sans perte de salaire, avec embauche proportionnelle et baisse des cadences. Etc… Il va de soi que ce programme, à la fois social, écologique et démocratique, n’a de sens que s’il va de pair avec une mobilisation en profondeur des travailleurs et des travailleuses – avec ou sans emploi – ainsi que des pensionné-e-s, des jeunes et de tou-te-s les laissé-e-s pour compte de ce système injuste, Belges et immigré-e-s.
Cette mobilisation ne peut gagner que si elle rassemble les forces, par-delà la frontière linguistique… et celles des appareils. Dans la mesure où cette mobilisation libèrera l’énergie et la créativité des exploité-e-s et des opprimé-e-s, elle permettra non seulement de sauvegarder les acquis sociaux mais aussi de réinventer la démocratie par en-bas, comme les Indigné-e-s ont commencé à le faire en Espagne et en Grèce. C’est alors seulement que les problèmes de la coexistence entre les peuples flamands et wallons pourront trouver une solution fédérale conforme aux intérêts du monde du travail. Une solution sans monarchie, dans le cadre d’une autre Europe, écosocialiste. Pour la gauche –la vraie- il n’y a tout simplement pas d’autre voie.
Daniel Tanuro

mardi 31 mai 2011

Democracia real YA ! – [Le crédit, le temps, l’espace et la révolution]

Par Daniel Tanuro - 31 mai 2011

En visite au camp des indignéEs de la Place de Catalogne, à Barcelone, Eduardo Galeano a accordé un entretien au cours duquel il a dit notamment ceci : « La vie vaut d’être vécue (…). Il y a un autre monde possible dans le ventre de ce monde-ci. (…) Je ne sais pas ce qui va se passer. Et ça ne m’importe pas tellement de savoir ce qui va se passer. Ce qui m’importe c’est ce qui est en train de se passer. Ce qui m’importe, c’est le temps qui est, et ce temps qui est s’ouvre sur d’autres possibles qui seront, mais on ne sait pas ce qu’ils seront » [1].
Crise du crédit, crise du temps, crise de civilisation
Ces paroles du célèbre écrivain latino-américain incitent à creuser la signification du petit mot « ya » dans ce slogan du mouvement social en cours dans l’Etat espagnol : « Democracia real ya » (démocratie réelle maintenant). Lorsqu’on se livre à cet exercice, on arrive à la conclusion que ce « Ya », en fait, concentre tout le potentiel révolutionnaire de cette magnifique mobilisation : on veut que ça change maintenant, n’essayez pas de nous endormir avec vos promesses d’un avenir meilleur ; on commence à imposer ce changement maintenant, par la lutte ici ; cette lutte est dure mais source d’intelligence, de joie, de dignité ici et maintenant ; elle entrouvre la porte vers un autre monde possible maintenant du fait que oui, il existe déjà, en creux, à l’envers du monde actuel.
« Toute économie se résout en dernière analyse à une économie du temps » (Marx). L’importance du « Ya » renvoie en fait à la crise de la temporalité capitaliste et indique qu’il s’agit d’un aspect majeur de la très profonde crise de civilisation qui ronge cette société de l’intérieur. Système en constant déséquilibre, système pressé qui ne peut que courir de plus en plus vite en grossissant sans cesse, le capitalisme écrase constamment le présent sous le futur, repoussant devant lui problèmes et solutions. Les premiers grossissent, les secondes deviennent de plus en plus improbables ou inacceptables ? Le capitalisme n’en a cure : il continue de courir. Il ne peut tout simplement pas faire autrement, car chacun des capitaux qui le composent doit choisir : courir ou mourir.
Courir, c’est-à-dire investir, remplacer les travailleurEUSEs par des machines plus productives. Courir, c’est-à-dire vendre à tout prix, réaliser la plus-value sans tarder afin de la réinvestir. Courir, c’est-à-dire créer sans cesse de nouveaux besoins pour que la surconsommation (des riches) et le surendettement (des pauvres) absorbent la surproduction par les machines. Courir, c’est-à-dire fabriquer des marchandises à l’obsolescence accélérée, afin que la demande ne soit jamais apaisée. Courir, c’est-à-dire investir à crédit, vendre à crédit, acheter à crédit, vivre à crédit, aimer à crédit, mourir à crédit…
La dite crise financière a fait jaillir l’absurdité de cette fuite en avant permanente. Crise du crédit, c’est-à-dire du centre nerveux censé coordonner les activités des capitaux concurrents et égaliser le taux de profit, cette crise de la finance est en réalité celle du capitalisme mondialisé en tant que mode de production de l’existence sociale. C’est la crise du « demain on rase gratis » ; la crise du « achetez aujourd’hui et payez plus tard » ; la crise du théorème de Schmidt (« les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain ») ; la crise de la croyance en un deus ex machina technologique qui surgira à temps pour empêcher une catastrophe écologique ;… et la crise des autruches politiques corrompues, si serviles face au capital et si arrogantes face aux peuples, à qui le portefeuille tient lieu de cerveau et le néolibéralisme de pensée.
Non à la relance destructrice, oui à l’alternative. Maintenant
Le capitalisme ne résout rien, il détruit tout. Côté planète, l’Agence Internationale de l’Energie vient de le révéler : les émissions de CO2 ont augmenté de 1,6 Gt en 2010. Cette hausse sans précédent confirme que le plafond de 2°C d’augmentation de la température par rapport à la période pré-industrielle ne peut plus être respecté. Faute de mesure très radicales prises maintenant, le cap est mis d’ici la fin du siècle sur une augmentation d’au moins 4°C de la température de la Terre [2], entraînant une série de catastrophes irréversibles à l’échelle humaine des temps… Côté société, il suffit de jeter un œil sur les statistiques du chômage, en particulier le chômage des jeunes, pour prendre la mesure du carnage : plus de 40% en Espagne, plus de 30% en Grèce et en Irlande, plus de 20% en France et en Allemagne. Privés du droit de se rendre utile à la société, des millions de jeunes diplôméEs, qualifiéEs, sont condamnés à survivre avec 500 ou 600 Euros par mois… au milieu d’un océan de capitaux inemployés.
De plus en plus de personnes comprennent que relancer ce système pourri en espérant que demain tout ira mieux ne ferait qu’augmenter les destructions de toutes sortes. Sur le plan écologique, cela signifierait encore plus de marchandises produites, donc d’énergie consommée, donc de gaz à effet de serre envoyés dans l’atmosphère – sans compter l’appropriation capitaliste des terres, des forêts, de l’air, ainsi que les technologies d’apprentis-sorciers (OGM, nucléaire, agrocarburants, gaz de schiste, « charbon propre »… on en passe). Sur plan social, la relance de la production ne satisferait pas les besoins sociaux les plus criants, vu que ceux-ci sont généralement non solvables. Le capitalisme ne produisant que pour le profit, sa relance nécessiterait donc d’accepter les plans d’austérité du FMI et des gouvernements, qui visent tout simplement à détruire ce qui reste de l’Etat providence : allongement de la carrière, diminution de salaire, coupes sombres dans la fonction publique et la sécurité sociale, flexibilité et précarité accrues,...
-camp de réfugiés à Ras Jedir - frontière Libye/Tunisie-
Une alternative est nécessaire. Pas demain, maintenant. Une alternative immédiate, fondée sur l’utilisation intelligente de « ce qu’il y a de subversif dans le réel », selon la formule de Bernard Friot [3]. Pour l’élaborer, pour en identifier les points d’appui existants, il faut penser ; pour penser il faut s’arrêter et se rassembler en un lieu déterminé. Reconquérir le temps et l’espace pour reconstruire du lien social : c’est ce que font les indignéEs dans l’Etat espagnol. Les manifestes qu’ils/ elles adoptent, au terme de longs débats démocratiques en assemblées populaires, montrent que la méthode est féconde. Comme celle de la place Tahrir en Egypte ou de la Casbah en Tunisie, cette mobilisation atypique confirme ainsi une grande leçon de l’histoire du mouvement ouvrier : la lutte collective permet à la conscience de faire d’énormes bonds en avant ; cela peut changer complètement le rapport de forces car, comme le disait Marx, « quand les idées s’emparent des masses, elles deviennent des forces matérielles ».
« Try to begin to change the world »
Quelles idées ? Il n’en manque pas ! Toutefois, dans le foisonnement créatif de demandes formulées par les IndignéEs de Madrid, de Barcelone et d’ailleurs, deux revendications nous semblent particulièrement importantes : la nationalisation de la finance et celle de l’énergie. D’une part, elles s’appuient sur le fait qu’il existe déjà un secteur public – c’est « le subversif dans le réel », l’ouverture vers un autre possible. D’autre part, si nous en soulignons l’importance, ce n’est pas par attachement dogmatique aux recettes sacrées du Programme de Transition, mais pour des raisons stratégiques, basées sur une analyse précise : ces deux secteurs sont les principaux responsables de la casse sociale et de la casse environnementale, ils sont liés entre eux par les énormes crédits nécessaires aux investissements de long terme en capital fixe (plateformes pétrolières, raffineries, centrales électriques,…), ils dominent l’économie ainsi que la politique, et bloquent toute solution écosocialiste… de sorte que leur couple infernal est en train de mener l’humanité droit dans le mur.
Ensemble avec la réduction radicale du temps de travail (sans perte de salaire et avec embauche compensatoire) et avec des réformes démocratiques dans le champ politique, ces deux revendications nous semblent devoir être mises au cœur d’un programme anticapitaliste. Elles lui confèreront beaucoup de force et de crédibilité, parce qu’elles répondent indiscutablement à des nécessités objectives vitales, incontournables (notamment la nécessité de prendre d’urgence des mesures drastiques pour éviter une élévation du niveau des océans d’un mètre ou plus d’ici la fin du siècle !).
On entend déjà les sceptiques et les blasés : vous prenez vos rêves pour des réalités, les gens sont trop individualistes, les rapports de forces sont trop dégradés, l’emprise des bureaucraties syndicales est forte, la conscience de classe est en chute libre, le projet socialiste est discrédité… Certes, tous ces facteurs incitent à tempérer quelque peu l’enthousiasme. Mais il s’agit avant tout de saluer la magnifique leçon d’audace, de courage, d’intelligence et de volontarisme (dans le bon sens du terme) donnée par les IndignéEs de la Puerta del Sol et de la Place de Catalogne !
« Try to begin to change the world », disait Ernest Mandel, s’appuyant sur la dernière des onze thèses de Marx sur Feuerbach (« Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde, il est temps de le changer »). Quelques milliers de jeunes ont commencé, et ils ont prouvé en pratique que notre vieille amie la taupe, la révolution, creuse sous la surface aride de ce capitalisme faussement triomphant.

TANURO Daniel
paru sur www.europe-solidaire.org


Notes
[2] Voir Fiona Harvey, The Guardian, disponible sur ESSF (artile 21758): Worst ever carbon emissions leave climate on the brink.
[3] « Retraites : l’enjeu majeur est de voir le subversif dans le réel », Bernard Friot, Carré Rouge N°44, nov. 2010.

mercredi 7 octobre 2009

[PREISS DAIMLER SAINT-GHISLAIN (ex BELREF) - appel à la solidarité]


le vendredi 16 octobre à 10h
manif pour l'emploi
FACE A L’USINE BELREF DE SAINT-GHISLAIN

[PREISS DAIMLER SAINT-GHISLAIN] (ex BELREF) a été déclarée en faillite le 29 septembre 2009.
Il est à souligner que seule l’usine belge est mise en faillite par la maison mère allemande P.D. GROUP avec ses 12 millions € de profit dégagé en 2008.
Celle-ci va poursuivre ses activités en Allemagne, Tchéquie, Chine et ailleurs dans le monde.
PREISS DAIMLER s’est comporté comme un « patron voyou » en ne respectant pas ses obligations légales et conventionnelles (non paiement des salaires de septembre, préavis,….).
Il s’agit d’une véritable catastrophe pour l’emploi régional : 173 emplois directs sont perdus sans compter les emplois indirects.
En fait c’est toute l’industrie de la céramique boraine qui est en train de disparaître de la carte.
NGK BAUDOUR (ex CERABEL), RNI, VESUVIUS HAUTRAGE, BELREF SAINT-GHISLAIN ont cessé de vivre en quelques mois.
L’épine dorsale du Borinage industriel est en train de passer de vie à trépas.

C’est pourquoi, la FGTB réclame des Pouvoirs Publics que tout soit mis en œuvre pour qu’un repreneur se manifeste rapidement en vue d’une poursuite des activités de BELREF qui est présente à SAINT-GHISLAIN depuis 1831.

Nous vous remercions déjà pour votre présence le
VENDREDI 16 OCTOBRE 2009 à 10h00

lundi 9 mars 2009

Manif anti-crise à la Bourse

Selon la police et les syndicats, quelque 2.000 militants CSC, CGSLB et FGTB se sont réunis lundi en fin de matinée sur la Place de la Bourse à Bruxelles dans le cadre d'une action dénonçant les conséquences de la crise."Nous ne sommes pas responsables de la crise et pourtant nous l'avons payée. Maintenant nous avons aussi notre mot à dire", a déclaré Rudy De Leeuw, président de la FGTB.
Au niveau européen, les syndicats plaident notamment pour l'introduction d'une taxe sur la spéculation financière, une meilleure harmonisation de la fiscalité européenne et un plan de relance européen.L'action de lundi à Bruxelles consistait surtout "à lancer un message en vue des prochaines manifestations qui sont à l'agenda, notamment celle de Londres le 28 mars et celle de Bruxelles le 15 mai". (Belga)

jeudi 20 novembre 2008

Dans 100 jours (-4)…


La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Ici, nous avons réuni théorie et pratique : Rien ne fonctionne... et personne ne sait pourquoi ! A. EINSTEIN.


Nicolas Sarkozy : " Je veux le dire aux Français : l’anticapitalisme n’offre aucune solution à la crise actuelle (...) La crise actuelle doit nous inciter à refonder le capitalisme sur une base éthique " (à Toulon, le 25 septembre 08). Il demande des "propositions concrètes" pour solutionner la crise et réformer le système financier. Il laisse cent jours après la réunion du G20 (= 23 février 2009) à Washington aux dirigeants européens pour travailler sur la refonte totale du système. (dans le Nouvel Obs)
George W.Bush, jeudi 13 novembre 2008 (J-102). "La crise n'était pas un échec du système de l'économie de marché. Et la réponse n'est pas d'essayer de réinventer ce système".
Le G20 « Les chefs d'Etat et de gouvernement du G20 s'en sont cependant largement tenus à Washington à des déclarations de principe. Ils s'en sont remis à leurs ministres des finances pour mettre au point des mesures concrètes avant le 31 mars 2009 (J+36), notamment en matière de régulation des marchés financiers. »
Jorma Ollila Président de la Table Ronde Européenne des Industriels (ERT) "Nous acceptons et soutenons les stratégies présentées au cours du week-end par les dirigeants du G20. Mais l'urgence de la situation appelle des mesures précises et allant beaucoup plus loin", écrivent, dans un communiqué, les grandes entreprises rassemblées dans la Table ronde européenne des industriels. Elles demandent en particulier "plus d'impulsions budgétaires, notamment de la part de la première économie européenne, l'Allemagne", via des programmes massifs d'investissement et des baisses d'impôt, mais aussi de nouvelles baisses de taux d'intérêt des banques centrales, des dispositifs garantissant l'accès au crédit, ou encore des progrès dans les négociations internationales pour la libéralisation des échanges. Dans le communiqué, l’ERT met en garde « contre une "sur-régulation" qui mettrait en danger les prospectives de croissances économiques. » Par ailleurs, Jorma Ollila son Président a critiqué les plans de relance favorisant des secteurs d'activité ciblés, notamment le secteur automobile, favorisé par l'effort politique.Les 47 membres de l'ERT, dont Renault, Saint Gobain, Nokia SAP, ou encore Siemens entre autres, représentent 5 millions d'emplois.
Juan Somavia, directeur général du Bureau Internaional du Travail (BIT). La crise financière «ne s'arrêtera pas à Wall Street, mais descendra aussi dans la rue», a alerté lundi le Bureau international du travail (BIT). En raison de la crise financière, le nombre de chômeurs dans le monde risque ainsi d'augmenter de 20 millions, passant de «190 millions en 2007 à 210 millions fin 2009», prévient Juan Somavia, directeur général du BIT. «C'est la première fois dans l'histoire que l'on dépassera les 210 millions de chômeurs», s'alarme Juan Somavia. Ce chiffre record, estimé à partir de données de l'ONU et du Fonds monétaire international (FMI), pourrait même s'aggraver en fonction de l'impact de la crise sur l'économie réelle. Le directeur général du BIT évoque ainsi une crise sociale «sévère, longue et globale». (Sur le site de l’OIT)
Nicolas Sarkozy a évoqué un «sommet historique» au cours duquel des «pays très différents» sont tombés d'accord pour «une nouvelle régulation des marchés afin qu'une telle crise ne puisse plus se reproduire». Il a également souligné que le G20 était d'accord sur l'établissement «d'une nouvelle gouvernance économique mondiale».
Les syndicats livrent leur propre «déclaration de Washington» Les représentants du monde syndical ont adopté ce week-end, dans la capitale américaine, leur propre «déclaration de Washington», qui reprend leurs propositions pour faire face à la crise économique et financière. Luc Cortebeeck, président de la CSC, a participé aux discussions en sa qualité de vice-président de la Confédération syndicale internationale (CSI). Les syndicats plaident pour une baisse des taux d'intérêt, pour des investissements dans les grandes infrastructures - notamment celles qui permettraient de créer des emplois dans les secteurs écologiques - et pour le soutien de l'enseignement, de la formation et des soins de santé, selon un communiqué diffusé par Luc Cortebeeck. Sur le plan fiscal, ils demandent que l'imposition des classes moyennes et des personnes défavorisées soient atténuée, afin de soutenir la consommation. Dans le domaine financier, les syndicats prônent une régulation accrue, ainsi qu'un renforcement de la supervision et des règles prudentielles. Les fonds à effet de levier, qui ont, selon eux, causé des dégâts à l'économie réelle en cherchant le profit à court terme, devraient aussi être mieux contrôlés. (sur la RTBF)
Fidel Castro Ruz « Langage technocratique, inaccessible aux masses. Hommage à l’Empire qui n’essuie pas la moindre critique pour ses méthodes abusives. Louanges au FMI, à la Banque mondiale et aux organisations de crédit multilatérales, qui ont engendré des dettes, des dépenses bureaucratiques fabuleuses et des investissements visant à fournir des matières premières aux grandes transnationales, lesquels sont en plus responsables de la crise.
Et ainsi à l’avenant, jusqu’au dernier paragraphe. Elle est ennuyeuse, bourrée de lieux communs. Elle ne dit absolument rien. Elle a été souscrite par Bush, champion de néolibéralisme, responsable de massacres et de guerres génocidaires, qui a investi dans ses aventures sanguinaires tout l’argent qui aurait suffi à changer la face économique du monde.
Le document ne dit pas un mot de l’absurdité de la politique consistant à convertir les aliments en carburants que prônent les Etats-Unis, de l’échange inégal dont nous sommes victimes, nous les peuples du Tiers-monde, ni de la course aux armements stérile, de la production et du commerce des armes, de la rupture de l’équilibre écologique et des gravissimes menaces à la paix qui mettent le monde à deux doigts de l’extermination.
Quiconque a assez de patience pour lire la Déclaration de bout en bout se rendra compte qu’il ne s’agit que d’un pieux appel lancé au pays le plus puissant de la planète, sur les plans technologique et militaire, à une étape de mondialisation de l’économie, pour qu’il fasse preuve d’éthique… C’est un peu comme si on priait le Grand Méchant Loup de ne pas dévorer le Petit Chaperon rouge ! »
(la traduction du Texte de Gramma ICI)
Damien MILLET et Éric TOUSSAINT, Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde (CADTM) : « Dans les films policiers, il est assez rare que les clés du palais de justice soient confiées aux coupables d’un crime abominable. C’est pourtant ce que le G20 est en train d’organiser… » (Le Soir)

vendredi 31 octobre 2008

APPEL ANTICAPITALISTE

« Comme un enfant dans un magasin de bonbons »

Alors que, parallèlement aux faillites, se profile une vaste recomposition du secteur bancaire, des attaques spéculatives ont pour objectif de faire s’effondrer le cours d’actions de certaines banques déjà affaiblies pour permettre leur rachat à des prix bradés. Avec un cynisme à peine croyable, le président de la Wells Fargo déclarait récemment dans la presse que, devant tant de cibles « délabrées », il se sentait comme un « enfant dans un magasin de bonbons ».(*)

Le capitalisme est en crise.
Hier si arrogant, si suffisant, si grandiloquent, le voici coincé dans ses contradictions. Incapable de s’autoréguler, il montre son vrai visage: la recherche du profit maximum, la loi de la jungle, la concurrence sans limite, la guerre économique permanente. Au mépris de la survie de la planète.
Pendant 30 ans on a assisté à un matraquage idéologique sur la « faillite de l’Etat et de sa bureaucratie » et la glorification du « libre jeu du marché ». On voit où cela nous a mené…
Des montages sophistiqués ont transformé la société en vaste casino où quelques « experts » branchés jouent avec l’argent et la vie des gens. Cette grave crise financière sera payée par les contribuables (impôts, taxes,...) et par les pays en développement qui verront toutes leurs factures s'envoler (nourriture, médicaments, pièces de rechange, biens d'équipement,...) dans les prochains mois.
Qui produit la richesse?
L’humanité n’a jamais produit autant de richesse, mais jamais la pauvreté n’a été aussi répandue. Le problème principal est donc qui s'approprie la richesse produite, car elle sert plus que jamais à « rémunérer » les actionnaires et de moins en moins à satisfaire les besoins sociaux. C’est le travail de tous, et lui seul, qui produit la richesse, le capital n’en produit pas. Dès lors il n’est ni archaïque, ni immoral de revendiquer que cette richesse produite collectivement serve à l’amélioration des conditions de vie de tous.
Qui est responsable de la crise?
Les banques, les compagnies d’assurances, les sociétés de crédit, les fonds de pension ou d’investissement, le patronat sont responsables de la crise actuelle. En injectant des centaines de milliards de dollars dans le système financier, États et banques centrales ne font que renflouer ceux-là mêmes qui sont responsables de la crise.
Bien plus qu’une vague «commission d’enquête», la levée du secret bancaire est indispensable pour faire toute la lumière sur les mouvements spéculatifs.
Comment en sortir?
Ce n’est pas aux salariés de payer la crise alimentée par la spéculation financière.
Il faut un plan d’urgence qui s’attaque à la racine de la crise. La recette traditionnelle des capitalistes, à savoir la nationalisation des pertes aujourd’hui et la privatisation des bénéfices demain, nous replongera au prochain cycle dans le même marasme. Toujours plus profond pour des millions de citoyens du monde.
Des mesures radicales s’imposent
La crise que nous traversons n’est pas un accident du capitalisme, un excès, un dérapage momentané. Elle est au cœur même de sa logique et c’est là qu’il faut tailler.
1. Nationaliser (= rendre à la nation) tous les organismes financiers, les banques et les assurances.
2. Instaurer une réglementation financière à l'échelle mondiale et de forts mécanismes de contrôle démocratiques.
3. Créer un système bancaire mutualisé qui drainera l’épargne, et se chargera du crédit. Un service bancaire public très largement décentralisé, accessible à tous, dans tous les quartiers et les villages.
4. Mettre fin à tous les privilèges, « parachutes dorés », et rémunérations « hors normes » qui incitent les « responsables » à emballer la machine.
5. Investir largement dans des services publics performants (enseignement, poste et télécommunications, transports publics,…) et des initiatives de développement durable.
6. Créer une Sécurité Sociale étendue, plutôt que de spéculer avec l'argent des travailleurs à travers les fonds de pension. Renforcer la pension légale, arrêter de défiscaliser les pensions privées. Rétablir le caractère d’assurance des allocations de chômage plutôt que faire la chasse aux chômeurs.
7. Relever les salaires et les allocations sociales grâce à un retour à une négociation collective salariale libre, un renforcement du système d'indexation salariale et de liaison des allocations au bien-être, la restauration d'une fiscalité directe réellement progressive et fortement redistributive vers les rémunérations basses et moyennes.


Premiers signataires
Raouf Ben Ammar (BE - UAG - CAP – FSBx), Marc Beugin (FR – syndicaliste CGT), Aline Bingen, Didier Brissa (BE - UAG), Freddy Bouchez (BE – accompagnateur syndical FGTB/Centre), Yannick Bovy (BE - militant syndical et altermondialiste), Anne Carlier, Céline Caudron (BE - LCR), Nico Cué (BE - secrétaire général MWB-FGTB), Michèle De Deken (BE – syndicaliste), Anne-Marie Delsaut (BE – syndicaliste), Vincent Demonty (BE – FGTB-CGSP enseignement - Président de la délégation de Chaudfontaine), Pierre Denoël, Marie-Claire Depas (citoyenne du Monde), Gaëlle Derede, Jean-Claude Deroubaix (BE – sociologue), Freddy Dewille (BE - Conseiller communal du groupe "Gauche" Anderlues), Didier Dirix (BE - Syndicaliste), Julien Dohet (BE - historien du mouvement ouvrier), Pascal Durand (BE - professeur d'université), Guy Fays (BE – syndicaliste FGTB Namur), Marie-Anne Fourneaux, Cristina Gay (BE - porte-parole, pour Une Autre Gauche), Aoued Gherbi, Corinne GOBIN (BE - politologue ULB), Léon Gosselain (BE – Climat et Justice Sociale), Christian Guilmot (BE – syndicaliste), Nancy Hardy, Denis Horman (BE – LCR), Alba Izzo, Paul Lootens (BE – syndicaliste FGTB), Freddy Mathieu (BE – syndicaliste), Peter Mertens (BE – PTB), Georget Mourin, Anne Mycinski, Georges Peeters (BE – syndicaliste), Angelo Pitzus, Isabelle Ponet (BE - LCR-Liège), Jean-François Ramquet (BE – syndicaliste), Daniel Richard (syndicaliste wallon), Ataulfo Riera (BE – LCR), Gille Smedts (BE – Parti Humaniste), Olivier Starquit (membre du collectif Le Ressort), Théâtre du Copion (BE), Roger Vander Cammen (BE - Délégué syndical MWB-FGTB), Alain Van Praet (BE - Délégué principal CSC-Transcom), Hendrik Vermeersch (BE – Secrétaire BBTK/SETCa BHV), Bernard Wauthy (citoyen du Monde)

Pour vous associer à ce texte signez en ligne ici
ou envoyez un mail à : criseducapitalisme@gmail.com

(*)http://www.capital.fr/Actualite/Default.asp?interview=N&source=FI&numero=70448&Cat=MAR