lundi 26 décembre 2011

[Tunisie : un an après le début du printemps]


Tunisie : un an après le début du printemps
26 décembre 2011 par Alain Baron

Quiconque affirmant le 1° janvier 2011 que deux semaines plus tard Ben Ali aurait fui le pays se serait heurté, pour le mieux, à l’incrédulité générale. 
  • A l’époque, le « miracle tunisien » était présenté par les institutions financières internationales comme le modèle économique à suivre.
  • La droite occidentale et leurs comparses sociaux-libéraux (1) fermaient les yeux sur les emprisonnements et les tortures d’un régime dans lequel ils voyaient un « rempart contre l’islamisme », ainsi qu’une occasion de participer au pillage du pays.
Le 14 janvier, les mobilisations populaires ont finalement contraint Ben Ali à s’échapper vers la très intégriste Arabie saoudite, d’autant plus ravie de l’accueillir qu’il avait emporté avec lui une partie de son butin.
Il serait présomptueux de prétendre pouvoir résumer en une page l’année tumultueuse qu’a traversée la Tunisie. Il est néanmoins possible d’essayer de retracer l’enchaînement des évènements.

Un démarrage douloureux
Tout a commencé le 17 décembre 2010, à Sidi-Bouzid, par le geste désespéré de Mohamed Bouazizi qui résume les souffrances de tout un peuple : celle des jeunes ne trouvant, au mieux, que des petits boulots malgré la scolarisation massive, celle de l’arbitraire policier et mafieux, celle du chômage de la misère frappant particulièrement les régions de l’intérieur, celle résultant de la ruine de l’agriculture vivrière suite aux accords de libre-échange spécialisant la Tunisie dans un nombre limité de produits d’exportation, etc.

jeudi 1 décembre 2011

[Plan d’action syndical : apprendre le grec!]


Plan d’action syndical : apprendre le grec!

Ce 15 novembre, au Heysel, les organisations syndicales ont donné le coup d’envoi de la mobilisation contre les plans concoctés par les partis qui négocient la formation d’un gouvernement. Six à sept mille participants: le Front Commun se félicite de ce succès mais, s’agissant en majorité de délégués et du cadre permanent des trois organisations, il est bien difficile d’en tirer déjà des indications de la mobilisation réelle que les dirigeants sont prêts à poursuivre. Anne Demelenne a annoncé une grande manifestation le 2 décembre et "n’a pas exclu" une grève générale fin décembre (le 19?).
A plusieurs reprises, la question grecque est venue sur le tapis. Il est vrai que nous avons quelques similitudes avec la Grèce: 10 millions d’habitants, un parti social-démocrate (le PASOK) au pouvoir menant une offensive contre les classes populaires et appelant la droite à terminer le boulot avec lui (en Grèce c’est même l’extrême-droite, qui a voté tous les plans d’austérité au parlement!)… Il n’est sans doute pas inutile pour nous d’essayer de tirer des leçons de ce qui s’est passé là-bas.

Mobilisation sans précédent
Ce jeudi 1er décembre devant le parlement
Depuis les manifestations et les émeutes de décembre 2008 – qui faisaient suite à la mort d'un adolescent de 15 ans tué par balle par la police, mais étaient surtout révélatrices du désenchantement de toute une jeunesse, la "génération 600 €," la Grèce a connu de grands mouvements: pratiquement un arrêt de travail généralisé tous les deux mois, des manifestations de plus en plus nombreuses (15 en 18 mois, dans plus de 70 villes), une radicalisation de la jeunesse et de pans entiers de la société. Les 19 et 20 octobre, il s’agissait du cinquième arrêt de travail généralisé depuis le début de l’année, et du deuxième arrêt de 48 heures depuis la fin juin. Poussées par cette dynamique, les directions syndicales, malgré leurs lourdeurs et leurs liens avec le PASOK, ont contribué à ces mobilisations, tout en espérant s’en servir pour "négocier" avec le pouvoir quelques "aménagements" des mesures d’austérité.
Cette mobilisation croissante n’a pourtant pas suffi (pour le moment) à contrecarrer l’offensive coordonnée de l’UE, du FMI et de la BCE. Pour quelles raisons?