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dimanche 1 décembre 2013

[Les tergiversations d’Ennahdha pour endormir les masses]



par Farid KHALMAT

Tunisie 

Les tergiversations d’Ennahdha pour endormir les masses

Le « Dialogue National » n’arrête pas de reprendre ou plus précisément n’arrête pas d’arrêter. Au Luxembourg, on appellerait cela « la procession d’Echternach ». Sinon qu’en Tunisie, on recule plus qu’on n’avance.

La semaine des quatre jeudis
En octobre, au terme de plusieurs semaines de négociations au forceps, le « quartet de choc »[1] avait réussi à convaincre vingt et un partis politiques - dont Ennahdha, au pouvoir - de signer une « feuille de route » fixant les prochaines étapes de la transition, lesquelles devaient être bouclées avant la fin octobre : adoption de la Constitution, mise sur pied de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), élaboration de la loi électorale et formation d'un gouvernement apolitique dirigé par une personnalité indépendante. Dire qu’Ennahdha avait plus que peiné à accepter la feuille de route est un euphémisme. Mais la pression populaire était encore forte après l’émotion provoquée, une deuxième fois, par un assassinat politique, celui, le 25 juillet, du député Mohamed Brahmi après celui de Chokri Belaïd en février. Il était clair que les islamistes et leurs alliés feraient tout pour rester au pouvoir, ses ministres ne le cachaient pas. Ils firent donc le gros dos et entreprirent une véritable guérilla dans tous les domaines : manœuvre pour bloquer l’ANC, refus puis interprétation changeante de la « feuille de route », blocages répétés sur les noms des personnalités présentées par le quartet pour succéder au premier ministre… « On quitte le gouvernement et pas le pouvoir » résume Rached Ghannouchi, leader d’Ennahdha.
« Le dialogue est, effectivement, en panne depuis plus de deux semaines, à cause, justement, du désaccord sur le nom du futur chef du gouvernement. Ce qui est en train de faire le bonheur de la Troïka et à sa tête Ali Laârayedh qui a, enfin, refait surface en sortant de son silence. ‘Le gouvernement actuel n’a pas été placé par l’opposition et ne partira pas par la volonté de celle-ci’, a-t-il dit en substance. » indiquait fort justement le site Business-News[2] le 17 novembre.
Le même jour, Rached Ghannouchi répétait que « le gouvernement actuel est venu par les urnes et ne remettra les rênes du pouvoir qu’entre des mains sûres. Le gouvernement d’Ali Laârayedh ne démissionnera pas avant l’achèvement de la rédaction de la Constitution et la formation de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE)». Les islamistes utilisaient ainsi la clause, que certains avaient qualifiée déjà de véritable bombe à retardement, qu’ils avaient tenu à ajouter à la « feuille de route » et qui conditionne la démission du gouvernement par une simultanéité des deux processus, donc par l’obligation d’achever le processus constitutionnel. Or, depuis lors, les manœuvres de la Troïka au pouvoir ont bloqué l’ANC. Faut-il rappeler que des élections devaient se tenir au maximum un an après le 23 octobre 2011, date de l’élection de l’ANC, celle-ci devait donc avoir terminé la rédaction de la Constitution en octobre 2012.

Lundi, c’est sûr.
Il y a quelques semaines, c’était sûr, le « Dialogue National » allait reprendre lundi… mais de quelle semaine ? Après l’onde de choc du funeste 25 juillet, le premier ministre avait annoncé des élections générales : « croix de bois, croix de fer si je mens je vais en enfer (version locale) »… La date avancée : le 17 décembre, date plus que symbolique, troisième anniversaire de l’immolation de Mohamed Bouazizi, l’étincelle qui avait déclenché la colère populaire et le renversement de Ben Ali… En Belgique le sieur Di Rupo, avec ses 540 jours de crise, n’a qu’à bien se tenir : à la vitesse à laquelle les tractations avancent, pas de doute, Ali Laârayedh compte bien s’installer « un certain temps » dans son paradis terrestre, la Kasbah, pour « expédier les affaires courantes ». Le temps qu’il faudra.
Ancien ministre de l’Intérieur, il a une manière très particulière de conjuguer le verbe « expédier »… Expédier les journalistes, les avocats et les rappeurs en prison. Expédier les opposants politiques dans la tombe. Expédier les affidés d’Ennahdha dans tous les recoins de l’administration de l’Etat, les Gouvernorats, pour préparer les élections qui s’avèrent plus que périlleuses.
Voilà pourquoi toutes les manœuvres sont bonnes pour transformer le fameux « Dialogue National » en éteignoir de la pression populaire. Aujourd’hui les islamistes se paient même le luxe « d’appeler toutes les composantes de la scène politique tunisienne à fournir les efforts nécessaires pour la reprise du Dialogue National »[3]

Manifestations des Diplômés Chômeurs le 28/11 - Tunis
Seule l’action paie
Ceci  indique combien la gauche tunisienne s’est laissée duper par un processus qui, bien qu’initié par la puissante UGTT, ne pouvait que se trainer en longueur et l’éloigner des grandes mobilisations d’août qui demandaient la chute immédiate du gouvernement et la dissolution de l’ANC qui avait « dépassé sa date de péremption ».
Les atermoiements des politiques et le climat d’insécurité entretenu par le pouvoir (les groupes terroristes semblent frapper aux moments qui le servent le mieux) semblaient avoir rendus les masses amorphes mais les trois mouvements de grèves régionales simultanées, à Gafsa, à Siliana, à Gabès, ainsi que les nombreux conflits et manifestations de secteurs (Santé Publique, Recettes des Finances, Magistrats, Avocats, Cheminots de Sfax, enseignants, Diplômés Chômeurs…) sont venus pour montrer qu’il n’en n’est rien. « Notre peuple vient de nous montrer encore une fois qu'il était prêt à répondre présent pour les grandes batailles et plus jamais pour les mesquineries des « négociations » et des « dialogues » stériles! » estime fort  opportunément notre camarade Anis Mansouri (Porte-parole de la coordination en Suisse du Front populaire) sur sa page Facebook.
Il est grand temps de retrouver le chemin de la mobilisation populaire.
Le secrétaire général de l’UGTT a affirmé ce 28 novembre, au lendemain des grèves de Gafsa, Siliana et Gabès, que les protestations observées dans les différentes régions du pays témoignent d’un grand état de tension. « L’attente a trop duré et elle est devenue insupportable pour les citoyens.  La patience du Quartet touche à ses limites ». Depuis plusieurs semaines le leader de l’UGTT menace de dévoiler les responsables du blocage du « Dialogue National », s’il persiste. Qu’il le fasse, mais surtout qu’il ne dilapide pas, en imitant Ennahdha dans ses tergiversations, la force de frappe que lui confèrent des centaines de milliers d’adhérents. Ceux-là qui avaient « dégagé » Ben Ali le 14 janvier 2011.

30/11/2013 - Farid KHALMAT
paru sur www.lcr-lagauche.org

[1] Le « Dialogue National » initié par le « Quartet » constitué de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), de  l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica, patronat), de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) et de l'Ordre des avocats, était sensé trouver une réponse rapide à la crise politique faisant suite aux assassinats politiques et aux actions terroristes depuis le printemps.
[3] Le Conseil de la Choura du Mouvement Ennahdha, tenu les samedi et dimanche 23 et 24 novembre 2013 à propos de l’évolution du Dialogue National - http://www.tunisienumerique.com/tunisie-communique-du-conseil-de-la-choura-dennahdha-2/202036 -

lundi 14 janvier 2013

[Dégage!]

Dégage!

14 janvier 2011
Le célèbre "Dégage!" le 14 janvier devant le Ministère de l'Intérieur, avenue Bourguiba à Tunis. La grève générale de l'UGTT a donné le coup fatal à Ben Ali.

dimanche 13 janvier 2013

2014

2014...
13 janvier 2011
Le président s'engage à quitter le pouvoir en 2014, ordonne le cessez-le-feu à l'encontre des manifestants, promet une "liberté totale" pour la presse et une baisse des prix.
Treize nouveaux morts à Tunis, deux à Keirouan.
Le nombre de morts dépasse les 80, dont beaucoup tués par balles par des snipers, visés à la tête ; les blessés se comptent par milliers.
"On est clairement passés de la contestation sociale au champ politique. Le mélange de concessions présidentielles et de déploiement de force parviendra-t-il à calmer l’ardeur des manifestants ? Les prochaines heures seront déterminantes pour savoir si Ben Ali aura réussi, sinon à sauver sa tête et celle de sa famille au cœur des accusations de corruption, au moins à gagner du temps.
Premier élément de réponse, ce vendredi, avec l’appel à la grève générale maintenu par l’UGTT, le syndicat hier très officiel, et qui vient de prendre l’initiative de s’associer au mouvement de protestations." (Rue 89 - 13/01/2011)

samedi 14 janvier 2012

[Tunisie, un 14 janvier...]

14/01/2011 : grève générale, rassemblement Avenue Bourguiba
Il y a un an, le 14 janvier 2011, Ben Ali prenait la fuite après un mois de révolte populaire. Le mot d’ordre de grève générale lancé par l’UGTT pour cette journée du 14 janvier fut déterminant dans le processus révolutionnaire initié par l’acte de désespoir de Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid.
L’UGTT vient de tenir son 22ème congrès. Nous livrons ici deux analyses sur les résultats de ce congrès : celle de notre camarade Nizar Amami, syndicaliste dans les PTT et militant de la Ligue de la Gauche Ouvrière,  ainsi qu’un compte-rendu du syndicat Union syndicale Solidaires (France). Nous y reviendrons.

Tunisie : 22ème congrès de l’UGTT
Par Nizar Amami

14/01/2011 : devant le siège de l'UGTT
Le 22e congrès de l’UGTT s’est réuni du 25 au 28 décembre 2011. Une grande partie de celui-ci a été consacrée à l’élection de la nouvelle direction nationale.
Le nouveau Bureau exécutif (BE) est nettement mieux que l’ancien. Il repose sur de véritables militants impliqués dans les luttes, et qui ne sont pas corrompus.
Une liste concurrente avait été constituée autour de proches de l’ancien numéro 2 de la centrale. Elle comportait des soi-disant indépendants, dont certains étaient en réalité proches des islamistes actuellement au pouvoir.

lundi 26 décembre 2011

[Tunisie : un an après le début du printemps]


Tunisie : un an après le début du printemps
26 décembre 2011 par Alain Baron

Quiconque affirmant le 1° janvier 2011 que deux semaines plus tard Ben Ali aurait fui le pays se serait heurté, pour le mieux, à l’incrédulité générale. 
  • A l’époque, le « miracle tunisien » était présenté par les institutions financières internationales comme le modèle économique à suivre.
  • La droite occidentale et leurs comparses sociaux-libéraux (1) fermaient les yeux sur les emprisonnements et les tortures d’un régime dans lequel ils voyaient un « rempart contre l’islamisme », ainsi qu’une occasion de participer au pillage du pays.
Le 14 janvier, les mobilisations populaires ont finalement contraint Ben Ali à s’échapper vers la très intégriste Arabie saoudite, d’autant plus ravie de l’accueillir qu’il avait emporté avec lui une partie de son butin.
Il serait présomptueux de prétendre pouvoir résumer en une page l’année tumultueuse qu’a traversée la Tunisie. Il est néanmoins possible d’essayer de retracer l’enchaînement des évènements.

Un démarrage douloureux
Tout a commencé le 17 décembre 2010, à Sidi-Bouzid, par le geste désespéré de Mohamed Bouazizi qui résume les souffrances de tout un peuple : celle des jeunes ne trouvant, au mieux, que des petits boulots malgré la scolarisation massive, celle de l’arbitraire policier et mafieux, celle du chômage de la misère frappant particulièrement les régions de l’intérieur, celle résultant de la ruine de l’agriculture vivrière suite aux accords de libre-échange spécialisant la Tunisie dans un nombre limité de produits d’exportation, etc.

lundi 24 janvier 2011

[Le syndicat tunisien UGTT demande la démission du gouvernement]

Voici le texte issu d’une nouvelle réunion importante de la commission administrative de l’UGTT réunie le 21 janvier 2011. Traduction rapide et sommaire. L’UGTT aurait appelé à des grèves tournantes dans les régions.

1) La CA réaffirme que l’UGTT est une organisation nationale concernée par le fait politique, et ce vu son histoire de lutte durant l’époque coloniale ou durant la période de la construction de l’Etat moderne et en considération des liens dialectique entre l’économie, le social , le politique, le culturel qui existent dans un processus de développement et surtout durant ces jours

2) Ils rappellent que le retrait des ministres de l’UGTT du gouvernement est du au fait qu’il n’a pas été répondu aux conditions posées par le bureau exécutif de l’UGTT dans sa déclaration du 15 janvier, position qui s’est avérée juste et correspond aux demandes des manifestants et des composantes de la société politique et civile

3) Vu les grandes manifestations dans le pays qui réclament la dissolution du gouvernement et le refus d’y voir la participation de représentants du RCD, en considération, vu les démissions nombreuses vu au refus d’un certain nombre de partis et courants politiques, et vu la nécessité de rassurer tout le monde pour se consacrer effectivement aux réformes annoncées ; les membres de la CA demandent la dissolution du gouvernement et la création d’un gouvernement de coalition et de « sauvetage » nationale qui répond aux demandes des manifestants et des partis politiques, des associations, des ONG et de l’ensemble du peuple.

4) Il décident en vue de la participation effective à une commission de réformes politiques ; la création de comités syndicaux composés d’experts et de spécialistes pour la préparation des projets de l’UGTT en matière de réformes politiques, économiques , sociales qu’il y a lieu de mettre en place pour l’édification de la démocratie ; ainsi que des élections transparentes qui permettent des la liberté de choix et la création d’un gouvernement parlementaire, une information honnête. En outre l’UGTT demande a participer la commission d’enquête sur les meurtres par balles en vue de juger les responsables et aussi sa participation dans la commission contre la corruption

5) Ils appellent tous les travailleurs à se dresser contre les tentatives d’entraves au fonctionnement normal des institutions et leurs retour à la normal , et aussi à rester sur ses gardes pour la défense de nos acquis et éviter au pays tout vide

6) Ils réaffirment leur droits de lutter légitimement soit par la grève ou les manifestations pacifiques jusqu’à la composition du gouvernement selon les conditions posées par l’UGTT et qui correspondent aux demandes de toutes les composantes politique et à celles du peuples

7) Ils demandent la proclamation du 14 janvier comme fête nationale

8) Ils demandent de toute urgence aux travailleurs de maintenir l’unité de leur organisation pour permettre la continuité de la lutte et la satisfaction des revendications et de rester vigilants contre les tentatives de division.

21 janvier 2011

paru sur http://www.lcr-lagauche.be/