jeudi 30 janvier 2014

[Appel]

Il est des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer…

Le 25 mai 2014, pour la première fois depuis longtemps, la gauche de gauche aura la possibilité de faire élire des représentant-e-s au parlement fédéral et dans les régions. Aujourd’hui, la fracture sociale qui mène jusqu’à la pauvreté et la destruction de l’environnement nous imposent un choix radical.
Face à la montée des inégalités et du chômage et aux attaques contre les droits sociaux, fruits de décennies de luttes et de sacrifices, face à l’absurde politique de rigueur imposée par la commission européenne avec l’aval de tous les gouvernements nationaux, une autre voix doit se faire entendre dans les enceintes parlementaires. Une voix qui propose des alternatives sociales et écologiques et relaie les luttes sociales sur le terrain. Le Premier mai 2012, la FGTB de Charleroi appelait au rassemblement autour d’une alternative anticapitaliste à gauche du PS et d’Ecolo. D’autres secteurs syndicaux, comme la CNE, se montrent ouverts à cette perspective. Les lignes bougent.
Nous nous engageons dans cette dynamique. C’est pourquoi nous avons décidé d’appeler à voter en faveur des listes PTB-GO ! (Gauche d’Ouverture) qui regroupent autour du PTB des personnalités indépendantes, des militants syndicaux et associatifs et d’autres forces de gauche (le PC et la LCR). Nous ne partageons pas l’ensemble du programme du PTB et nous pouvons même avoir des divergences importantes mais ce parti s’est ouvert et est en évolution.
Il y a urgence : les partis de la gauche traditionnelle (PS et Ecolo) assument les politiques d’austérité et adhèrent au Traité budgétaire européen (TSCG) qui ne fera que les accentuer. Les travailleurs, les femmes, les jeunes, les allocataires sociaux, les personnes d’origine immigrée sont durement frappés. La chasse aux chômeurs s’amplifie. Le sort réservé aux demandeurs d’asile et aux sans papier est indigne d’une démocratie. Les interventions militaires à l’étranger se multiplient. On peut évoquer les rapports de force ou la volonté d’éviter le pire : cela ne suffit plus et cela conforte l’hégémonie d’une droite libérale dont la faillite économique n’a d’égale que son arrogance politique.
Demain des élu(e)s se revendiquant pleinement de la gauche, pourront porter des revendications largement partagées à gauche comme, l’instauration d’une véritable fiscalité sur les grandes entreprises ou la défense des services publics. Par ailleurs, leur présence sera utile à toute la gauche, à ceux qui luttent, à ceux qui doutent, à ceux qui désespèrent de la politique et même à ceux qui tentent de modifier le cours des partis traditionnels. Voilà pourquoi nous pensons que cette fois voter pour les listes PTB–GO !, c’est faire progresser l’ensemble de la gauche. C’est le sens de l’appel que nous lançons : il est des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer.

Voici la liste des premiers signataires.
Pour assurer le succès de l'appel et surtout celui des listes PTB-GO, réjoignez- les en envoyant un mail à l'adresse : gauchedouverture(at)gmail.com et en indiquant votre qualité et votre localité.
 

Patrick Bebi, Acteur-Metteur en scène
Jean-Marie Chauvier, auteur
François D’agostino, membre du bureau politique du PC.
Noëlle De Smet, militante au CGé (Changement pour l’égalité)
Josy Dubié, Sénateur Honoraire
Fabrice Epis, secrétaire principal CNE Région Bruxelles- brabant wallon – retraité
Hugues Le Paige, journaliste-réalisateur
Anne Löwenthal,  Blogueuse militante
Anne Morelli, Professeure de l’U.L.B.
Fabrice Murgia, acteur et metteur en scène
Christian Panier, juge honoraire, enseignant UCL
Irène Petre, Permanente Nationale CNE (secteur commerce) – retraitée
Isabelle Stengers, philosophe, Université Libre de Bruxelles
Daniel Tanuro, Ingénieur agronome, membre de la direction de la LCR
Lise Thiry, virologue
Christian Viroux, ex-secrétaire régional FGTB Centrale générale

[25 mai 2014 : faire entendre une voix de gauche]


637 jours après l’appel de la FGTB Charleroi le 1er mai 2012, des listes de rassemblement intitulées PTB-GO ! ont été présentées officiellement à la presse. Objectif : faire entendre une voix de gauche dans la campagne pour les élections de mai 2014, et offrir la possibilité d’un vote utile à gauche de la gauche. La LCR se réjouit du fait que se regroupent ainsi autour du PTB des personnalités indépendantes, des militants syndicaux et associatifs ainsi que le PC et la LCR, dans le respect de l’identité et des spécificités de chacun.

Gauche d’ouverture
La dynamique lancée le Premier Mai 2012 par les syndicalistes de  Charleroi reçoit ainsi une première concrétisation. La Conférence de Presse de lancement de PTB-GO ! est à l’image de cette dynamique : une quinzaine de personnalités de milieux divers ont en effet présenté un Appel (voir le texte ci-dessous) qui débute par ces mots : « Il est des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer ». Elles l’ont fait en présence des principaux membres du Comité permanent de la FGTB de Charleroi, non signataires de l’Appel, mais  venus se réjouir publiquement du fait qu’un premier pas ait été franchi dans le sens de leurs prises de position.
Hugues Lepaige : « L’appel de la FGTB carolorégienne a constitué un moment fondateur »
Présentant la conférence de presse, Hugues Lepaige (journaliste et réalisateur), a campé brièvement l’initiative de l’Appel « Il y a des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer ». « L’appel de la FGTB carolorégienne a constitué un moment fondateur. Nous nous inscrivons dans cette dynamique », a-t-il dit.
Carlo Briscolini
Carlo Briscolini : « Un syndicat fort sans un parti fort à gauche, c’est une voie sans issue »
Au nom des responsables de la FGTB de Charleroi, presque tous présents, Carlo Briscolini, président de la régionale, s’est félicité du fait que trois partis de gauche aient pu se regrouper, avec l’appui de personnalités indépendantes. « Nous nous réjouissons de cette première étape dans la réponse à notre appel du Premier Mai 2012, a-t-il déclaré. » Rappelant les principes de l’indépendance syndicale, il a noté que les 30 années écoulées n’ont été qu’un long tunnel d’austérité sans fin. « La gauche de gouvernement nous promet toujours que demain ça ira mieux mais il n’y a jamais de lendemain pour les syndicats », a-t-il résumé. Et de conclure : « Un syndicat fort sans un parti fort à gauche, c’est une voie sans issue ».
Irène Pètre : « Une gauche gouvernementale qui fait payer la crise aux plus fragiles peut-elle encore s’appeler gauche ? »
Irène Pètre a rappelé l’événement de la Géode, au cours duquel Isabelle Wanschoor, au nom de la CNE, a soutenu l’appel de la FGTB de Charleroi et salué le courage de ses dirigeants. Elle aussi a souligné à quel point la CNE est attachée à l’indépendance syndicale. Elle a attiré l’attention sur le fait que Felipe Van Keirsbilck, secrétaire général de la Centrale, s’est exprimé en faveur d’un rassemblement à gauche du PS et d’Ecolo. « Le plus dur à supporter, pour les syndicalistes, a été le vote du Traité budgétaire européen : la gauche s’est lié les poings et les pieds, elle renonce aux politiques sociales. » Pointant l’exclusion de 55.000 chômeurs, dont une majorité de  femmes, l’ex-secrétaire de la CNE pose la question : « Une gauche gouvernementale qui fait payer la crise aux plus fragiles peut-elle encore s’appeler gauche ? » Et de dénoncer la mise à l’écart des syndicats, empêchés de faire leur « core business » par la politique gouvernementale.

Irène Pètre, Daniel Tanuro, Isabelle Stengers
Daniel Tanuro : « Ceci n’est pas une crise mais une impasse sociale et écologique du capitalisme »
Daniel Tanuro (LCR) a parodié Magritte : « ceci n’est pas une crise », a-t-il dit, mais une double impasse du capitalisme, sociale et écologique. La social-démocratie et les verts trompent leurs électeurs en disant qu’on en sortira par des sacrifices: outre que ceux-ci rendent les riches plus riches et les pauvres plus pauvres, ils ne permettent pas tracer une sortie de crise socialement juste, démocratique et écologiquement soutenable. Les mouvements syndicaux ont donc besoin d’un nouveau relais politique, anticapitaliste. C’est le sens de l’appel de la FGTB de Charleroi. A la LCR, nous avons estimé que cet appel ne pouvait pas rester sans au moins un début de concrétisation dans les élections de 2014. Les listes PTB-GO ! sont une solution créative pour concilier le sigle PTB et l’appel au rassemblement. La LCR s’y engage avec enthousiasme. Nous ferons tout pour que des représentants soient élus. Mais nous maintenons notre identité. Nous appellerons à voter préférentiellement pour nos candidat-e-s, pour une alternative non seulement anticapitaliste mais écosocialiste – car il faut sortir du productivisme, non seulement anticapitaliste mais féministe – car il faut sortir aussi du patriarcat ».
Jean Fagard : « Nous avons constaté des évolutions, de part et d’autre, et des convergences »
Jean Fagard a rappelé la longue expérience du PC en matière de rassemblement à gauche. « Nous avons estimé qu’il était inutile, voire nuisible de présenter des listes séparées, a-t-il dit. De plus, nous avons constaté des évolutions, de part et d’autre, et des convergences. Par exemple sur la défense des services publics, le logement et les revendications sociales en général. » Et Fagard de rappeler que le PC à Liège a déjà eu une expérience de liste commune avec le PTB. En conclusion, il a souligné que le PC s’inscrit lui aussi dans le cadre de l’appel lancé par la FGTB carolo, et précisé que la participation de la LCR au rassemblement avait été un élément important dans la décision prise par son parti.
Isabelle Stengers : « On nous dit que nous n’avons pas le choix, mais nous avons le choix de la révolte »
Isabelle Stengers en aura surpris plus d’un-e en disant qu’elle n’avait pas hésité une seule seconde à rejoindre l’initiative. En cause : l’émission de la RTBF collant l’étiquette « populistes » au PTB et amalgamant ce parti à Aube Dorée. « Voilà comment seront traités tous ceux qui osent l’insoumission à une société dans laquelle il y a une absence totale de perspectives, a-t-elle déclaré. Je soutiens cette initiative parce qu’elle permet de nous opposer à tout ce qui nous demande de nous soumettre à une société sans issue. On nous dit que nous n’avons pas le choix, mais nous avons le choix de la révolte. »
Jean Fagard, Josy Dubié, Raoul Hedebouw, Hugues Lepaige
Josy Dubié : « Jamais dans l’histoire on n’a produit autant de richesses aussi mal réparties »
Josy Dubié s’est réjoui de la présence nombreuse des syndicalistes à cette conférence de presse. Attirant l’attention sur les désaccords qu’il a avec le PTB, il a ensuite souligné l’évolution positive de ce parti, concrétisée notamment dans le fait que le livre de Raoul Hedebouw comporte un long chapitre sur l’écologie. « Car en effet nous devons mettre en cause le productivisme. Il faut produire, mais aussi respecter l’environnement, les pauvres sont les premières victimes des catastrophes écologiques ». Comme d’autres, J. Dubié a condamné l’attitude des partis traditionnels sur le Traité budgétaire européen : « Il instaure une austérité sans fin alors que l’austérité est le problème, pas la solution ». Citant le rapport d’Oxfam sur l’inégalité sociale (les 85 plus riches possèdent autant que 3,5 milliards d’individus), il a dénoncé la fracture sociale : « jamais dans l’histoire on n’a produit autant de richesses aussi mal réparties ».
Raoul Hedebouw : « Une gauche de principes, décomplexée et plurielle »
Raoul Hedebouw a conclu que le succès des listes PTB-GO ! ferait du bien à toute la gauche parce qu’il permettrait de rouvrir les débats sur les grands enjeux. Citant en exemple l’adoption du traité budgétaire « passé somme une lettre à la poste », il a dénoncé l’absence de tout débat à ce sujet dans les parlements. Parlant du rassemblement, il a dit : « Le PTB a tendu la main, c’est un point de départ, au-delà des élections, le débat permettra d’aller plus loin ». Et de rappeler que le PTB est un parti national, partisan d’une « gauche de principes, décomplexée et plurielle ».
En réponse à une première question sur le poids que la gauche radicale pourrait avoir face à la droite flamande, Raoul Hedebouw a souligné : « On nous pousse depuis trente ans à des réponses individualistes ; la droite répond à ce « je » par un « nous nationaliste», l’enjeu pour la gauche est de reconstruire un « nous » des travailleurs.
Interpellé sur l’efficacité qu’auraient un ou deux élus dans les assemblées, il a répondu que l’histoire s’est construite ailleurs qu’au parlement et que les élus PTB-GO! seraient le relais d’un rapport de forces à construire dans la rue.
C. Briscolini : « Après les élections, nous serons derrière eux pour les contrôler »
Interrogé à son tour, Carlo Briscolini a rappelé que le combat de la FGTB de Charleroi pour un rassemblement anticapitaliste à gauche du PS et d’Ecolo était un combat de long terme. « Nous ne sommes pas des sprinters mais des marathoniens. Dans ce processus, personne n’est exclu, nous nous adressons aussi aux membres du PS et d’Ecolo. S’adressant au PTB, au PC et à la LCR, le président de la FGTB carolo a déclaré : « Après les élections, nous serons derrière eux pour les contrôler, sur base de notre programme d’urgence en dix points ». Evoquant la culture de débat nécessaire à la gauche, Carlo a souligné l’importance d’un débat en profondeur, qui ne se limite pas aux cadres dirigeants, un débat dans lequel il a plaidé pour un « droit de tendance » : « c’est quand il y a de la discussion, de la contestation, que différentes tendances s’expriment qu’un débat permet d’avancer », a-t-il conclu.

dimanche 26 janvier 2014

[Au Qatar avec Edgard]

Je n’en peux plus. Voilà qu’encore une fois on s’attaque à nous, les amateurs de foot. Sous prétexte qu’il y aurait eu quelques accidents sur les  chantiers de la Coupe du monde de football qui doit se dérouler au Qatar en 2022, voilà qu’Amnesty International et une myriade d’ONG se mettent en branle et crient au scandale. Même si on admet le chiffre publié dans les gazettes[1], ce n’est quand même qu’une infime partie des 2 millions d’ouvriers, étrangers bien évidemment, qui sont engagés pour construire nos stades, nos buvettes, les routes et tout le tralala dont on aura besoin pour ce magnifique spectacle en 2022.
Moi ce que je dis c’est que si tous ces ouvriers étaient plus attentifs il y aurait moins d’accidents. Et on n’y peut rien, nous, si certains ont une santé fragile. Qu’ils fassent du sport et ils se porteront mieux. Quand, comme eux, c’est le sport qui vous fait vivre on se dépense un peu pour rester en forme.
C’est parce que je ne suis pas en bonne santé sinon j’aurais déjà acheté mes billets.
Le Qatar est bien bon de sauver nos clubs[2], de payer dignement nos joueurs, avec toutes les retombées pour l’économie (à côté de ça Mons 2015, c’est du pipi de chat !), quand on voit qu’en retour on traite ce petit pays audacieux comme de la crotte de chameau.
Évidemment après les ONG, c’est les syndicats qui mettent leur nez dans tout ça[3]. Et eux pour foutre le bordel, y a pas mieux. Ils sont capables d’exiger des choses totalement irréalistes, des bottines de sécurité par-ci, des heures de pause, des casques par-là, et pourquoi pas des primes de risque et un logement à l’hôtel gratos? Et à votre avis qui va payer tout ça ? Nous, les supporters ! Sans compter les retards sur les chantiers et les amendes qui vont tomber… Déjà que nos entreprises sont sur la paille, maintenant elles sont prises en otage. Vous allez voir qu’ils vont créer des Comités de Soutien Machin et déposer des motions à tire larigot comme ils sont en train de le faire sur les pseudo-réfugiés afghans, les soi-disant exclusions du chômage ou leur fameux Index ! Vous avez vu ce qui s’est passé à Mons il y a quelques semaines quand ils ont envahi la ville pour détruire le marché de Noël ?  Le bourgmestre libéral a bien eu raison de rester ferme : « Si nous avions donné suite aux revendications des sans-papiers afghans, nous aurions ouvert la boîte de Pandore et pris le risque que pour toute une série d’autres sujets qui font l’objet de contestations quant à la politique du gouvernement fédéral, que la ville de Mons soit prise en otage par rapport à toutes ces personnes qui contestent la ligne politique adoptée par le gouvernement fédéral ».
— Edgard


paru sur www.lcr-lagauche.org/au-qatar-avec-edgard/

[1] En 2013, 185 Népalais auraient trouvé la mort sur les chantiers de la Coupe du monde de football qui doit se dérouler au Qatar en 2022. Selon un bilan établi par le Guardian, cela porte le total de travailleurs népalais ayant péri sur les chantiers des infrastructures à 382 en deux ans.
[2] « Globalement, on sent bien que quelque chose a changé dans le football européen ces deux dernières années. Si les années 2000 ont vu l’arrivée des « simples » milliardaires dans le football européen (à Chelsea, à Manchester City, etc.), les années 2010 ont vu l’arrivée d’une institution avec une puissance financière extrêmement plus élevée  (…) On sent bien là l’importance du contrat avec Qatar Tourism Authority et le fait que les propriétaires du PSG ont quelque chose de spécial. En effet, c’est le seul club de football professionnel détenu par un État. » in  http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1134631-le-psg-5e-club-le-plus-riche-du-monde-paris-a-les-moyens-de-devenir-le-numero-1.html
[3] Mercredi 9 septembre, une délégation syndicale internationale a été refoulée d’un chantier de l’entreprise QDVC, une joint-venture entre Qatari Diar, la division BTP du fonds souverain qatari, et la société française Vinci Construction. (http://www.lemonde.fr/international/article/2013/10/10/au-qatar-les-chantiers-de-vinci-sont-interdits-aux-curieux_3493501_3210.html)

lundi 20 janvier 2014

[Féli-Citation]


http://www.lcr-lagauche.org/wp-content/uploads/2014/01/edgard-bonnet.jpg
Je déteste les gens qui s’appuient sur une citation quelconque pour mettre en relief leur article. Comme si ça avait un sens… Vous me voyez mettre ici, pour appuyer mon propos, un truc comme «On [La France] ne peut pas accueillir toute la misère du monde » ? Il ne faudrait pas une minute pour qu’un gauchiste vienne y mettre son grain de sel, du style « vous avez oublié la 2ème partie de cette phrase de Michel Rocard « mais elle doit en prendre sa part ». Il pousserait sans doute le vice jusqu’à rappeler la date et les circonstances de cette déclaration « en février 1989 lors du 50ème anniversaire de la Cimade ». Et pour fignoler un peu et finir par m’énerver, ajouterait le commentaire postérieur de Rocard lui-même : « Prononcée par moi en 1990 [en réalité en 1989]  la première partie de cette phrase a eu un destin imprévisible [...]. Au point qu’aujourd’hui cette phrase [...] est séparée de son contexte et sert de caution tous azimuts pour légitimer l’application, sans aucune considération des droits de la personne humaine, des impitoyables lois Pasqua de 1993 ».
Je ne veux pas de ce genre de commentaire, donc je m’abstiens de répéter ce que d’autres ont dit à tort et à travers avant moi.
D’ailleurs il ne faut jamais citer des socialistes, ils ne sont pas fiables. Vous imaginez la honte, après avoir cité Elio Di Rupo: « À force de dire des choses excessives, vous conduisez les citoyens vers l’abîme. Le PS a réussi à former un gouvernement et nous travaillons dans un pays qui est encore debout » (à la réception de nouvel an donnée à Mons par Elio Di Rupo le dimanche 15 janvier 2012), de voir un Jean-Pascal Labille, ministre socialiste de Di Rupo qui fâche les patrons flamands, « à force de dire des choses excessives ». Même le très vénérable Karel Vinck (75 ans, certes un repris de justice – il est condamné à trois ans de prison avec sursis pour homicide involontaire quand il était à la tête d’Eternit Italie – mais néanmoins ex patron de Bekaert, l’Union Minière, la SNCB et Umicore, bref un type pondéré qui « parle de Jean-Pascal Labille comme d’un « homme dangereux », qui ne sait pas ce qu’est une entreprise. « Dans la vie d’une entreprise s’appliquent d’autres règles de base que celles, idéologiques, auxquelles certains politiciens et partis prêtent serment » [1]
Je reste donc prudent avec les citations. Des citations, j’ai les miennes, et un fameux stock. Je les garde. J’ai dit.
—Edgard

[1] Le Soir – 24/12/2013

mardi 14 janvier 2014

[Du foot, de la démocratie, des pintes]


un entretien avec Edgard 

Je vous ai déjà dit comment j’ai rencontré Edgard ? Je l’ai « trouvé » à la « buvette des jeunes » lors du dernier match de l’année. Il y avait beaucoup de monde et il jouait des coudes pour accéder au comptoir (visiblement trop haut, peu adapté pour accueillir « les jeunes »…). Ce sont d’abord mes côtes qui ont fait connaissance avec son coude droit. J’ai regardé le type qui s’agitait ainsi à mes côtés. A première vue, sympa mais bavard. Il avait l’air content. « Quel but le noir là ! » me lance-t-il. Il n’y en n’avait eu qu’un seul (de but) juste avant la fin du match. Je ne pouvais pas me tromper sur l’identité du joueur à féliciter. « Richard Soumah, il avait pourtant l’air au bout du rouleau et puis subitement il retrouve l’énergie d’aller marquer… ».
Voilà, ça c’est le début. Et quelques verres de bière plus tard on discutait encore de foot, de stades, d’équipes, de coups de sifflet, de pelouse et… de démocratie ! Edgard m’expliquait sa « vision du monde »… « Moi, je vois ça comme ça » me dit-il. « Comme un très grand stade. Il y a de très bonnes équipes qui jouent sur le terrain : la nôtre et « les autres ». On doit gagner. Et à chaque but, on gueule comme des fous dans les gradins. La mi-temps c’est comme le Doudou, on boit des pintes. Et la troisième mi-temps c’est le 21 juillet, on boit des pintes. Pour mettre de l’ordre sur le terrain, il y a un type en noir avec un gros sifflet. C’est le premier ministre quoi. Il distribue des cartons jaunes et des cartons rouges. Tu vois le symbole? Rouge, Jaune, Noir. Et pour que notre terrain ne soit pas envahi, les « visiteurs », on les parque dans un coin des tribunes derrière des grilles. On peut en accepter 200 à chaque match, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde... Après le match on ne traîne pas trop, le lendemain on boulote.»
Là, je commençais à avoir du mal à avaler… Dans ma tête, chaque fois qu’il disait « stade », je pensais « Santiago du Chili ». Et les « visiteurs parqués derrière des  grilles » sonnaient du côté de Vottem… Bon je n’allais pas le prendre de front. Je me suis mis à parler de ma conception à moi de « vivre ensemble ».  « Pour moi ce sera une très grande fête. Il y aura du soleil, tous les habitants seront contents de se rencontrer et de parler de choses et d’autres. Toutes les familles vont apporter à boire et à manger (tout ça confectionné avec les fruits et les légumes de leur jardin). On chantera, on dansera. Des gens  venus de très loin nous feront écouter leur musique et nous on essaiera de danser comme eux. Ça va faire rire tout le monde, mais c’est cela le but. Les enfants vont inventer des jeux avec ce qu’ils trouveront sur place. J’en vois déjà courir derrière un pneu qu’ils guident avec un bâton. Cerise sur le gâteau, il n’y aura pas d’entrée à payer, pas d’ « invités VIP » ni des « joueurs-vedettes », sur la pelouse, tous égaux dans notre diversité ».
J’allais lui préciser tout cela, lui parler d’autogestion, du droit de contrôler et de révoquer les élus, de la mise au pas de la finance qui a provoqué tant de crises, de la mise hors d’état de nuire des groupes de l’énergie fossile qui conduisent notre planète à la catastrophe, j’avais encore tant de choses à lui dire... Mais je me suis rendu compte qu’Edgard avait posé sa tête sur ses bras repliés sur la table et dormait. J’étais au moins content de ne pas l’avoir énervé avec mes délires abracadabranstesques.

fRED

chaque lundi, retrouvez Edgard dans mon blog sur www.lcr-lagauche.org/