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mardi 22 avril 2014

[Le joli mois de mai n’est pas si loin -3-]




La machine Elio est lancée…
En quelques jours, le premier ministre s’est transformé en machine à faire des voix. Sourire par-ci, serre-pince par-là, quelques larmes en bonus (en direct du Rwanda), il passe même une nuit blanche pour « aller à la rencontre des travailleurs de la nuit ». C’est ce qui s’appelle descendre sur le terrain. La presse ne manque jamais une de ses sorties à croire que le phénomène « fait vendre ». Sud-Presse lui consacre quatre pages « à la recherche de ses ancêtres » (pas les auteurs de la Charte de Quaregnon, n’ayez crainte). La Libre a calculé « depuis le mois de février, il a cumulé environ deux heures de temps d’antenne »[1] pour marteler son discours sur le « sauvetage de la Belgique ». Et c’est sans compter sur l’opération de marketing pour  le jackpot boursier d’Eric Domb avec les pandas chinois…
Sadam
Ce métier est éreintant. A force de sourire et parfois seulement à la pensée de ne pas avoir souri assez et au bon moment, le stress gagne l’homme politique. Il n’en faut pas plus pour se choper un S.A.D.A.M. (Syndrome Algo Dysfonctionnel de l’Appareil Manducateur -ou mâchoire-). Et c’est la crampe. Les électeurs potentiels perçoivent dans ce sourire figé la marque d’un certain dédain à leur égard. Ils en restent sans voix et ça c’est une vraie catastrophe, nom d’une pipe !


À la Saint-Didier, soleil orgueilleux, nous annonce un été joyeux
« Haricot semé à la saint-Didier, en rapporte un demi-sentier », confiant en ce dicton, DJ Reynders accepta un jour la mission que lui confia le bon Roi Flip d’aller remettre un pin’s à un chanteur de musique légère. Cela ne pouvait pas faire de tort à sa récolte d’aller se faire voir en bonne compagnie. C’est que la « grand-mère à moustache » comme le surnomme les guignols, allait chanter devant 6000 personnes. DJ y voyait déjà pousser ses haricots… Certes, DJ avait tapé le nom du gars (« Cabrel, c’est ça ? ») dans google-search et il connaissait donc cette fameuse réponse sur les hommes politiques « Je trouve qu’en politique, il y a beaucoup de vanité. Je n’en aime aucun. Il suffit que quelqu’un veuille devenir politique pour que je le déteste par avance » mais son instinct lui disait que sa seule apparition soulèverait les foules et donnerait un peu de relief à un concert assez raplapla.
C’était sans compter sur cette poignée d’agitateurs qui profitèrent de sa montée sur scène muni du diplôme portant le sceau royal, pour exprimer bruyamment leur colère contre le chanteur… L’autre partie des spectateurs leur criait de se taire mais cela eu pour résultat d’amplifier le chahut dans la salle. Bien entendu, la presse gauchiste, toujours aux aguets, en tira la conclusion que c’était le planteur de haricots qui était visé !
Triste soirée…

fRED

paru sur  www.lcr-lagauche.org
ou vous retrouverez aussi  [Le joli mois de mai n’est pas si loin -2-]

[1] http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/di-rupo-se-repete-pour-mieux-vous-seduire-535269303570d35ee3f2226a

mercredi 16 avril 2014

[vidéo de campagne...]


Freddy Mathieu, LCR, 18e eff. PTB-GO! à La Chambre, en Hainaut
Freddy a 63 ans. Il est prépensionné et ancien responsable syndical FGTB. Plus d'infos: http://www.lcr-lagauche.org/?p=4027

Le 25 mai 2014, contre l'austérité et la misère, votez PTB-GO (Gauche d'Ouverture)! Pour une alternative anticapitaliste, écosocialiste et féministe, choisissez les candidat-e-s LCR!
Découvrez l'ensemble des candidat-e-s LCR sur les listes PTB-GO!, nos onze priorités et notre matériel de campagne sur notre site: http://www.lcr-lagauche.org/category/belgique/elections-2014
Rendez-vous aussi au meeting de la LCR/SAP le dimanche 11 mai, à 14h30, à La Tentation (rue de Laeken, 28) à Bruxelles avec la participation d'Olivier Besancenot, porte-parole du NPA et signataire de l'appel de soutien aux candidat-e-s LCR/SAP sur les listes PTB-GO!.
Contact: 0476/91.41.21, info@lcr-lagauche.org - Suivez-nous sur: facebook.com/lcr.sap.4, twitter.com/LcrSap4

vendredi 11 avril 2014

[le joli mois de mai n’est pas si loin]



Matthieu 5:1
Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne; et, après qu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui.

En ces temps-la, Elio dit à ses apôtres  « bougez-vous le popotin, pour gagner le scrutin, faut être sur le terrain ». Munis d’un appareil photo, ils partirent aussitôt.
Est-ce l’effet du printemps qui arrive -le joli mois de mai n’est pas si loin-  ou du changement d’heure récent, voilà les cigales subitement reconverties en fourmis laborieuses. Elles sont en service commandé, comme des salutistes aux ordres du grand timonier.



Attention au cholestérol !
Cela vous arrive, vous, d’aller souper chez des potes et de vous éclipser dix minutes plus tard pour aller chez d’autres potes, et là, rebelote, vous filez prendre le fromage à une troisième adresse ? Et bien moi j’en connais qui, pour le moment, font cela tous les vendredis soir et les samedis aussi.  Le dimanche matin ils paient des pintes à d’autres potes et se taillent en vitesse ; « on m’attend au concert apéritif de la philharmonie ». Ils se font musicaux quand il faut, solennels devant l’éternel et sérieux chez les vieux.
Je me demande si c’est bon pour la santé ce style de vie. D’autant plus qu’ils n’ont pas que cela à faire. Ils courent d’un bout à l’autre de la région –oui, ils courent, même que les photographes n’arrivent pas toujours à les suivre- posant une première pierre par-ci, buvant une dernière bière par-là. C’est fou le nombre de soupers, de premières pierres, de concerts annuels et de portes-ouvertes qui s’organisent ces temps-ci. Alors que ces messieurs-dames ont tant de boulot avec cette campagne qui commence.

fRED

paru sur www.lcr-lagauche.org

mardi 1 avril 2014

[Miracle à Mons ?]


Depuis deux ans l’enseignement provincial du Hainaut tient salon au Lotto Mons Expo[1]. Ça fait tourner le garage à Zeppelins et donne l’impression que la capitale interstellaire est sans conteste le centre de la galaxie. Dès la première édition, en 2013, partant d’un constat assez noir « La conjoncture économique est mauvaise, on le sait. Partout, des entreprises ferment, restructurent, « dégraissent »… Que vont devenir les personnes touchées par un licenciement ? Tout va dépendre de leur qualification… », l’objectif affiché était de promouvoir la formation et la qualification. Si l’on écoute la bonne parole provinciale, l’Itinéraire Métiers « est destiné à ouvrir aux jeunes et aux gens qui souhaitent réorienter leur carrière des portes insoupçonnées » car « Il y a, d’un côté, des gens en recherche d’emploi et, de l’autre, des postes qui restent vacants. La faute à la qualification ».
Passons sur ce raccourci un peu rapide qui laisse croire que la question de l’emploi se résume aux problèmes des qualifications et pourrait, oh miracle, se régler en mettant plus de jeunes « qualifiés » sur le marché de l’emploi… Parlons plutôt d’un autre miracle qui selon de nombreux témoins se serait produit dans cette édition 2014.

Miracoli, Miracolo
C’était  vendredi, jour de la grande prière. De tout le Borinage et plus loin encore de la province entière, on avait amené des dizaines, des centaines de jeunes en quête d’emploi. Il y en a qui furent sortis de leur classe à la dernière minute et invités à suivre leurs professeurs pour une traversée pédestre de la belle ville. C’est ainsi que le hall, transformé en Mecque de la qualification, se remplit d’une foule de pèlerins pour assister au programme concocté en haut lieu : « démonstrations, manipulations, animations »[2].
Et soudain IL apparut, IL fût là ! IL semblait flotter, porté par une lumière intense. Toute vie s’arrêta, l’espace d’une microseconde. Et tout changea de sens. Et tous furent changés en hommes bons, à l’éternelle jeunesse. Tout le mal qui les hantait, subitement dissipé, IL le remplaça par du bonheur et de l’allégresse. Voilà ce qui s’appelle tenir ses promesses : animations, démonstrations, manipulations…
Nous n’avons malheureusement pas de traces de cette apparition. Tous les appareils qui ont tenté de saisir l’image du Tout Puissant, numériques ou argentiques, furent frappés de cécité. Le Vénéré toucha les mains de ses nouveaux fidèles et, laissant la jeunesse se rassasier aux Jardins du délice, IL s’en fut pour porter la bonne parole au souper des pensionnés socialistes, deux villages plus loin. Et IL leur tint ce discours : « bienheureux les pauvres car ils mourront vieux ». A moins que ce ne soit l’inverse…
fRED

 publié sur LCR-LA GAUCHE

[1] Itinéraires métiers 2014, Treize établissements de l’Enseignement provincial à découvrir  et 3000 m² de découvertes didactiques et interactives, plus de 60 métiers à apprendre dès le niveau secondaire.
[2] http://www.swotee.be/events/6676/Itin%C3%A9raires-M%C3%A9tiers-2014

lundi 24 mars 2014

[L’affiche politique est à Mons ce que le béret basque est à la baguette]

Les élections approchent. On va donc voir se monter les panneaux d’affichage. Le printemps va faire fleurir des tonnes de numéros et des tronches photoshopées. Il n’y a pas de mal à ça : c’est un cadeau de la démocratie. Bien sûr il faudra se battre pour avoir sa petite place sur ces panneaux. Il y en a qui mesurent l’engagement politique aux quantités de colle qu’ils déversent dans la campagne et, accessoirement, au nombre d’affiches des « adversaires » arrachées...
Et puis il y a aussi les mastodontes qui n’ont pas besoin de ces petits coins d’expression, ils seraient plutôt dans le gigantisme. Aidés de leurs communicateurs, sponsorisés par de généreux bailleurs de fonds, ils ne condescendent pas à poser leur nœud-papillon sur un ticket de tram.

Spécialistes
A Mons on est des spécialistes de l’affichage politique. Depuis 1978 on y organise même une « Triennale Internationale de l’Affiche Politique ». Du monde entier nous parviennent des affiches qui ont coloré ses murs. Et nos autorités ne manquent pas, à chaque édition de la Triennale, de faire remarquer combien nous faisons preuve d’ouverture. Car dans beaucoup de pays, ces affiches n’auraient, tout simplement, aucune chance d’être... affichées ![1] On édite donc un joli catalogue, on organise un sympathique vernissage (où il est chic d’être vu -chips et boissons à volonté-). On laisse les affiches jaunir quelques mois dans l’expo. Et puis on attend la prochaine édition, le prochain vernissage, le prochain discours sur la démocratie. En espérant qu’il y aura beaucoup de remue-ménage dans le monde pour inspirer les militants politiques et les graphistes.
Que se passe-t-il entretemps à Mons? Rien de bien bandant ! On jette des gens à la rue, on ferme des boîtes, on expulse des chômeurs, des sans-papiers. On maltraite les femmes, on insulte les étrangers. Les écoles tombent en ruine, on ferme les bureaux de poste, les routes sont défoncées, les trains sont toujours en retard. Les commerces se vident. Et il y a des travaux partout. On espère que tout sera terminé « pour 2015 » !
Bref le train-train quoi. Pas de quoi se mettre à rouspéter. Pas la peine de faire un tract ou de coller des affiches appelant à la mobilisation... D’ailleurs vous allez la coller où votre affiche ? Le 26 mai on retire les panneaux et avant c’est interdit.

C’est interdit
Coller des affiches, c’est d’un autre siècle ça, Monsieur. Aujourd’hui la Ville doit être propre, excusez-nous pour les travaux, mais c’est pour votre bien. Vous avez bien attendu des années pour avoir une piscine, vous attendrez bien un peu pour avoir cette magnifique gare Bar-à-Tapas?

Affiches de la 12ème Triennale
 Et pour vos affiches et vos tracts, on vous conseille de lire attentivement les règlements communaux. Ils disent notamment ceci : « Toute manifestation publique en plein air, tout rassemblement ou toute  distribution organisés sur la voie publique, avec ou sans véhicule, de nature à encombrer la voie publique ou à diminuer la commodité et la sécurité de passage ne peuvent avoir lieu sans l'autorisation préalable et écrite du Bourgmestre ; toute manifestation publique se déroulant dans un lieu clos et couvert, et ce compris sous tentes et chapiteaux ne peuvent avoir lieu sans déclaration préalable et écrite au Bourgmestre. (...) La demande ou déclaration doit être adressée par écrit au Bourgmestre au  moins 20 jours calendrier avant la date prévue ».
« Afin d’éviter toute entrave à la circulation ainsi que l’émergence  d’encombrement et de manière à ne pas nuire à la propreté des rues, aucune personne ne pourra se livrer à la distribution d’imprimés, écrits, gravures, annonces, tracts d’opinion ou philanthropique, tracts publicitaires...à la vente d’autocollants ou à la réalisation d’une enquête sur la voie publique sans en avoir fait la déclaration préalable au Bourgmestre. (...) Cette déclaration sera faite au moins 48 heures avant la distribution. (...) Ces documents ne peuvent être distribués que de la main à la main aux passants qui les acceptent. Toute distribution à la volée est interdite. »[2]
Il y a des dispositions du même type pour les affichages et de plus les endroits qui le permettent sont pratiquement inexistants.
Voilà. Si vous êtes graphiste ou simplement révolté par quelque chose que vous aimeriez porter à la connaissance du plus grand nombre il ne vous reste plus qu’à attendre la publication du règlement de la prochaine Triennale de l’Affiche Politique, à envoyer votre contribution, espérer être sélectionné. Ne comptez pas trop sur l’écho que votre affiche aura auprès des invités au vernissage, ils ne viennent pas pour les affiches.

–fRED

Paru sur www.lcr-lagauche.org/category/nos-blogs/fred-edgard-et-cie/

[1] Morceau choisi, voici ce que nous dit la farde de presse de la 12ème édition : « Véritables odes à la diversité et à la tolérance, ces créations mettent en exergue les grandes problématiquesde ces trois dernières années telles que l’hyper-communication, les crises financières et l’urgence environnementale pour faire émerger les immuables questionnements de notre société »
[2] Plus précisément c’est la « Charte du respect de l'autre » qui  règlemente le sujet. Le texte qui n’hésite pas à se définir comme «  un projet de ville pour faire de Mons 2015 la capitale des idées et du cœur »  nous précise néanmoins « Pour rappel, jeter un mégot de cigarette ou un papier de bonbon en pleine rue à Mons est répréhensible... Les amendes actuelles pour les incivilités de tout ordre peuvent aller de 80 à 250 euros. »

mardi 18 mars 2014

[Edgard s’efface…]


Hier, Edgard m’a appelé.
« Alors mon gars, il parait que tu te présentes ? » me lance t’il [1]. « Maintenant que c’est officiel, je pense que tu devrais arrêter de m’utiliser pendant la campagne électorale ».
Moi qui fais habituellement des efforts pour dépeindre Edgard comme un type un peu stupide, là, j’étais scié ! Et d’une certaine manière un peu flatté.
« Réfléchis, me dit-il, tu as tout intérêt à utiliser l’espace que tu occupes sur ton blog sur le site www.lcr-lagauche.org pour faire des articles plus intéressants ».
Ça se tient. Je pourrais par exemple parler un peu plus des politiques d’austérité du gouvernement Di Rupo. Un peu moins de foot, un peu plus du quotidien des travailleurs – avec ou sans emploi. Tiens, là, cette semaine, je pourrais donner mes impressions sur la sortie de Paul Magnette à propos des « limites » qu’il fixe à la description de la « classe moyenne », une manière détournée de gommer les vrais antagonismes de classes qui caractérisent la société capitaliste d’aujourd’hui. En gros, selon Magnette, il n’y a plus que, dans l’ordre,  des « malheureux », la « classe moyenne » et loin au-dessus des « très riches ». Bref, ceux qui ne travaillent pas (des fainéants ?), ceux qui travaillent dur et ceux « qui font tourner l’économie et qui créent des emplois ». Les mécanismes d’exploitation, ça n’existe plus ! Qui produit la richesse ? Pourquoi et comment certains se l’accaparent ? Le Président f.f. du PS escamote tout cela.
Deux mois avant les élections, il se risque à faire quelques propositions « de gauche » : 1% d’impôt sur les fortunes (c’est pas PTBiste ça ?), la suppression des intérêts notionnels et une lutte contre la fraude fiscale… Mais si vous lui demandez pourquoi depuis les 25 ans que son parti est « aux affaires » – je n’ai pas dit « dans des affaires » – rien de cela n’a été appliqué, il va vous répondre que c’est la faute aux libéraux qui ne veulent pas les suivre ! Un peu comme sa copine Laurette qui va attendre le prochain gouvernement pour remettre en cause les mesures d’exclusion du chômage… Et comme le rapport de forces, il et elle le limitent à l’intérieur du gouvernement et que la lutte de classe a disparu dans le chapeau du magicien Magnette en même temps que les travailleurs, ces revendications resteront fermement enfermées dans le catalogue des bonnes intentions !
Bon là, vous allez me dire que, comme d’habitude, je décroche mes flèches à « la gauche » (du gouvernement) alors qu’elle est « attaquée » par la droite. Mais je suis simplement comme beaucoup d’électeurs : quand je regarde ce qui s’est passé depuis des années je ne perçois plus aucune différence entre cette pseudo gauche et cette vraie droite.
Et voilà pourquoi il y a tant d’Edgard sur les routes qui ne s’y retrouvent plus…
–fRED


[1] Edgard est bien informé : je pousserai la liste PTB-GO ! à la Chambre pour le Hainaut -18ème place-

lundi 17 février 2014

[Dimanche matin au marché avec Edgard]




- Edgard, tu ne sais pas quoi ? Les socialistes descendent dans la rue !
- Quoi ? Ils sont dans l’opposition ?
- Non ! Ils essaient de ne pas y aller. Faut dire qu’ils ne savent plus ce que c’est, la plupart des élus actuels n’étaient pas nés quand ils sont « montés » au pouvoir.
- Ouais, ça fait un sacré bail qu’ils sont au pouvoir... Je ne me souviens plus si c’est 25 ou 30 ans. Bon, et ils réclament quoi dans la rue, les socialistes ?
- Rien, ils distribuent des gadgets, une fois c’est des capotes, et une autre fois des pralines.
- Ils ne pourraient pas distribuer du boulot ? Des bons salaires ? Des pensions dignes ? Ça serait plus « socialiste », tu ne crois pas ?
- Tu n’y penses pas, c’es la crise, ils essayent de préserver l’essentiel.
- Et du boulot pour les jeunes, des salaires décents et une bonne pension, tu ne crois pas  que c’est essentiel ?
- Bien sûr, mais pour cela il faut des moyens et l’Etat est déjà bourré de dettes... L’Etat c’est comme un ménage, il ne peut pas vivre au-dessus de ses moyens. Tout le monde doit faire un effort, travailler un peu plus longtemps, faire des économies.
- Tu crois que distribuer des pralines ça aide à faire des économies ? Et les cadeaux qu’on fait aux entreprises en réduisant les cotisations sociales, tu ne crois que c’est à cause de cela qu’on ne sait plus payer le chômage et les pensions ? Tu trouves normal que les entreprises ne paient pratiquement pas d’impôts, qu’elles reçoivent des aides publiques et qu’au bout du compte elles se barrent en laissant leurs travailleurs à charge de la collectivité. Et leurs sites pollués aussi d’ailleurs !
- Edgard, je pense que tu ne comprends rien à la politique. Depuis que Fred t’as emmené à Charleroi pour écouter une conférence de gauchiste, tu parles comme eux : des slogans vides...
- T’aurais mieux fait de garder ta capote pour te protéger l’esprit et de ne pas bouffer cette saloperie de praline avec laquelle ils essaient de t’endormir. Ouvre les yeux, l’essentiel pour eux c’est de garder leur place !

jeudi 30 janvier 2014

[Appel]

Il est des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer…

Le 25 mai 2014, pour la première fois depuis longtemps, la gauche de gauche aura la possibilité de faire élire des représentant-e-s au parlement fédéral et dans les régions. Aujourd’hui, la fracture sociale qui mène jusqu’à la pauvreté et la destruction de l’environnement nous imposent un choix radical.
Face à la montée des inégalités et du chômage et aux attaques contre les droits sociaux, fruits de décennies de luttes et de sacrifices, face à l’absurde politique de rigueur imposée par la commission européenne avec l’aval de tous les gouvernements nationaux, une autre voix doit se faire entendre dans les enceintes parlementaires. Une voix qui propose des alternatives sociales et écologiques et relaie les luttes sociales sur le terrain. Le Premier mai 2012, la FGTB de Charleroi appelait au rassemblement autour d’une alternative anticapitaliste à gauche du PS et d’Ecolo. D’autres secteurs syndicaux, comme la CNE, se montrent ouverts à cette perspective. Les lignes bougent.
Nous nous engageons dans cette dynamique. C’est pourquoi nous avons décidé d’appeler à voter en faveur des listes PTB-GO ! (Gauche d’Ouverture) qui regroupent autour du PTB des personnalités indépendantes, des militants syndicaux et associatifs et d’autres forces de gauche (le PC et la LCR). Nous ne partageons pas l’ensemble du programme du PTB et nous pouvons même avoir des divergences importantes mais ce parti s’est ouvert et est en évolution.
Il y a urgence : les partis de la gauche traditionnelle (PS et Ecolo) assument les politiques d’austérité et adhèrent au Traité budgétaire européen (TSCG) qui ne fera que les accentuer. Les travailleurs, les femmes, les jeunes, les allocataires sociaux, les personnes d’origine immigrée sont durement frappés. La chasse aux chômeurs s’amplifie. Le sort réservé aux demandeurs d’asile et aux sans papier est indigne d’une démocratie. Les interventions militaires à l’étranger se multiplient. On peut évoquer les rapports de force ou la volonté d’éviter le pire : cela ne suffit plus et cela conforte l’hégémonie d’une droite libérale dont la faillite économique n’a d’égale que son arrogance politique.
Demain des élu(e)s se revendiquant pleinement de la gauche, pourront porter des revendications largement partagées à gauche comme, l’instauration d’une véritable fiscalité sur les grandes entreprises ou la défense des services publics. Par ailleurs, leur présence sera utile à toute la gauche, à ceux qui luttent, à ceux qui doutent, à ceux qui désespèrent de la politique et même à ceux qui tentent de modifier le cours des partis traditionnels. Voilà pourquoi nous pensons que cette fois voter pour les listes PTB–GO !, c’est faire progresser l’ensemble de la gauche. C’est le sens de l’appel que nous lançons : il est des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer.

Voici la liste des premiers signataires.
Pour assurer le succès de l'appel et surtout celui des listes PTB-GO, réjoignez- les en envoyant un mail à l'adresse : gauchedouverture(at)gmail.com et en indiquant votre qualité et votre localité.
 

Patrick Bebi, Acteur-Metteur en scène
Jean-Marie Chauvier, auteur
François D’agostino, membre du bureau politique du PC.
Noëlle De Smet, militante au CGé (Changement pour l’égalité)
Josy Dubié, Sénateur Honoraire
Fabrice Epis, secrétaire principal CNE Région Bruxelles- brabant wallon – retraité
Hugues Le Paige, journaliste-réalisateur
Anne Löwenthal,  Blogueuse militante
Anne Morelli, Professeure de l’U.L.B.
Fabrice Murgia, acteur et metteur en scène
Christian Panier, juge honoraire, enseignant UCL
Irène Petre, Permanente Nationale CNE (secteur commerce) – retraitée
Isabelle Stengers, philosophe, Université Libre de Bruxelles
Daniel Tanuro, Ingénieur agronome, membre de la direction de la LCR
Lise Thiry, virologue
Christian Viroux, ex-secrétaire régional FGTB Centrale générale

[25 mai 2014 : faire entendre une voix de gauche]


637 jours après l’appel de la FGTB Charleroi le 1er mai 2012, des listes de rassemblement intitulées PTB-GO ! ont été présentées officiellement à la presse. Objectif : faire entendre une voix de gauche dans la campagne pour les élections de mai 2014, et offrir la possibilité d’un vote utile à gauche de la gauche. La LCR se réjouit du fait que se regroupent ainsi autour du PTB des personnalités indépendantes, des militants syndicaux et associatifs ainsi que le PC et la LCR, dans le respect de l’identité et des spécificités de chacun.

Gauche d’ouverture
La dynamique lancée le Premier Mai 2012 par les syndicalistes de  Charleroi reçoit ainsi une première concrétisation. La Conférence de Presse de lancement de PTB-GO ! est à l’image de cette dynamique : une quinzaine de personnalités de milieux divers ont en effet présenté un Appel (voir le texte ci-dessous) qui débute par ces mots : « Il est des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer ». Elles l’ont fait en présence des principaux membres du Comité permanent de la FGTB de Charleroi, non signataires de l’Appel, mais  venus se réjouir publiquement du fait qu’un premier pas ait été franchi dans le sens de leurs prises de position.
Hugues Lepaige : « L’appel de la FGTB carolorégienne a constitué un moment fondateur »
Présentant la conférence de presse, Hugues Lepaige (journaliste et réalisateur), a campé brièvement l’initiative de l’Appel « Il y a des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer ». « L’appel de la FGTB carolorégienne a constitué un moment fondateur. Nous nous inscrivons dans cette dynamique », a-t-il dit.
Carlo Briscolini
Carlo Briscolini : « Un syndicat fort sans un parti fort à gauche, c’est une voie sans issue »
Au nom des responsables de la FGTB de Charleroi, presque tous présents, Carlo Briscolini, président de la régionale, s’est félicité du fait que trois partis de gauche aient pu se regrouper, avec l’appui de personnalités indépendantes. « Nous nous réjouissons de cette première étape dans la réponse à notre appel du Premier Mai 2012, a-t-il déclaré. » Rappelant les principes de l’indépendance syndicale, il a noté que les 30 années écoulées n’ont été qu’un long tunnel d’austérité sans fin. « La gauche de gouvernement nous promet toujours que demain ça ira mieux mais il n’y a jamais de lendemain pour les syndicats », a-t-il résumé. Et de conclure : « Un syndicat fort sans un parti fort à gauche, c’est une voie sans issue ».
Irène Pètre : « Une gauche gouvernementale qui fait payer la crise aux plus fragiles peut-elle encore s’appeler gauche ? »
Irène Pètre a rappelé l’événement de la Géode, au cours duquel Isabelle Wanschoor, au nom de la CNE, a soutenu l’appel de la FGTB de Charleroi et salué le courage de ses dirigeants. Elle aussi a souligné à quel point la CNE est attachée à l’indépendance syndicale. Elle a attiré l’attention sur le fait que Felipe Van Keirsbilck, secrétaire général de la Centrale, s’est exprimé en faveur d’un rassemblement à gauche du PS et d’Ecolo. « Le plus dur à supporter, pour les syndicalistes, a été le vote du Traité budgétaire européen : la gauche s’est lié les poings et les pieds, elle renonce aux politiques sociales. » Pointant l’exclusion de 55.000 chômeurs, dont une majorité de  femmes, l’ex-secrétaire de la CNE pose la question : « Une gauche gouvernementale qui fait payer la crise aux plus fragiles peut-elle encore s’appeler gauche ? » Et de dénoncer la mise à l’écart des syndicats, empêchés de faire leur « core business » par la politique gouvernementale.

Irène Pètre, Daniel Tanuro, Isabelle Stengers
Daniel Tanuro : « Ceci n’est pas une crise mais une impasse sociale et écologique du capitalisme »
Daniel Tanuro (LCR) a parodié Magritte : « ceci n’est pas une crise », a-t-il dit, mais une double impasse du capitalisme, sociale et écologique. La social-démocratie et les verts trompent leurs électeurs en disant qu’on en sortira par des sacrifices: outre que ceux-ci rendent les riches plus riches et les pauvres plus pauvres, ils ne permettent pas tracer une sortie de crise socialement juste, démocratique et écologiquement soutenable. Les mouvements syndicaux ont donc besoin d’un nouveau relais politique, anticapitaliste. C’est le sens de l’appel de la FGTB de Charleroi. A la LCR, nous avons estimé que cet appel ne pouvait pas rester sans au moins un début de concrétisation dans les élections de 2014. Les listes PTB-GO ! sont une solution créative pour concilier le sigle PTB et l’appel au rassemblement. La LCR s’y engage avec enthousiasme. Nous ferons tout pour que des représentants soient élus. Mais nous maintenons notre identité. Nous appellerons à voter préférentiellement pour nos candidat-e-s, pour une alternative non seulement anticapitaliste mais écosocialiste – car il faut sortir du productivisme, non seulement anticapitaliste mais féministe – car il faut sortir aussi du patriarcat ».
Jean Fagard : « Nous avons constaté des évolutions, de part et d’autre, et des convergences »
Jean Fagard a rappelé la longue expérience du PC en matière de rassemblement à gauche. « Nous avons estimé qu’il était inutile, voire nuisible de présenter des listes séparées, a-t-il dit. De plus, nous avons constaté des évolutions, de part et d’autre, et des convergences. Par exemple sur la défense des services publics, le logement et les revendications sociales en général. » Et Fagard de rappeler que le PC à Liège a déjà eu une expérience de liste commune avec le PTB. En conclusion, il a souligné que le PC s’inscrit lui aussi dans le cadre de l’appel lancé par la FGTB carolo, et précisé que la participation de la LCR au rassemblement avait été un élément important dans la décision prise par son parti.
Isabelle Stengers : « On nous dit que nous n’avons pas le choix, mais nous avons le choix de la révolte »
Isabelle Stengers en aura surpris plus d’un-e en disant qu’elle n’avait pas hésité une seule seconde à rejoindre l’initiative. En cause : l’émission de la RTBF collant l’étiquette « populistes » au PTB et amalgamant ce parti à Aube Dorée. « Voilà comment seront traités tous ceux qui osent l’insoumission à une société dans laquelle il y a une absence totale de perspectives, a-t-elle déclaré. Je soutiens cette initiative parce qu’elle permet de nous opposer à tout ce qui nous demande de nous soumettre à une société sans issue. On nous dit que nous n’avons pas le choix, mais nous avons le choix de la révolte. »
Jean Fagard, Josy Dubié, Raoul Hedebouw, Hugues Lepaige
Josy Dubié : « Jamais dans l’histoire on n’a produit autant de richesses aussi mal réparties »
Josy Dubié s’est réjoui de la présence nombreuse des syndicalistes à cette conférence de presse. Attirant l’attention sur les désaccords qu’il a avec le PTB, il a ensuite souligné l’évolution positive de ce parti, concrétisée notamment dans le fait que le livre de Raoul Hedebouw comporte un long chapitre sur l’écologie. « Car en effet nous devons mettre en cause le productivisme. Il faut produire, mais aussi respecter l’environnement, les pauvres sont les premières victimes des catastrophes écologiques ». Comme d’autres, J. Dubié a condamné l’attitude des partis traditionnels sur le Traité budgétaire européen : « Il instaure une austérité sans fin alors que l’austérité est le problème, pas la solution ». Citant le rapport d’Oxfam sur l’inégalité sociale (les 85 plus riches possèdent autant que 3,5 milliards d’individus), il a dénoncé la fracture sociale : « jamais dans l’histoire on n’a produit autant de richesses aussi mal réparties ».
Raoul Hedebouw : « Une gauche de principes, décomplexée et plurielle »
Raoul Hedebouw a conclu que le succès des listes PTB-GO ! ferait du bien à toute la gauche parce qu’il permettrait de rouvrir les débats sur les grands enjeux. Citant en exemple l’adoption du traité budgétaire « passé somme une lettre à la poste », il a dénoncé l’absence de tout débat à ce sujet dans les parlements. Parlant du rassemblement, il a dit : « Le PTB a tendu la main, c’est un point de départ, au-delà des élections, le débat permettra d’aller plus loin ». Et de rappeler que le PTB est un parti national, partisan d’une « gauche de principes, décomplexée et plurielle ».
En réponse à une première question sur le poids que la gauche radicale pourrait avoir face à la droite flamande, Raoul Hedebouw a souligné : « On nous pousse depuis trente ans à des réponses individualistes ; la droite répond à ce « je » par un « nous nationaliste», l’enjeu pour la gauche est de reconstruire un « nous » des travailleurs.
Interpellé sur l’efficacité qu’auraient un ou deux élus dans les assemblées, il a répondu que l’histoire s’est construite ailleurs qu’au parlement et que les élus PTB-GO! seraient le relais d’un rapport de forces à construire dans la rue.
C. Briscolini : « Après les élections, nous serons derrière eux pour les contrôler »
Interrogé à son tour, Carlo Briscolini a rappelé que le combat de la FGTB de Charleroi pour un rassemblement anticapitaliste à gauche du PS et d’Ecolo était un combat de long terme. « Nous ne sommes pas des sprinters mais des marathoniens. Dans ce processus, personne n’est exclu, nous nous adressons aussi aux membres du PS et d’Ecolo. S’adressant au PTB, au PC et à la LCR, le président de la FGTB carolo a déclaré : « Après les élections, nous serons derrière eux pour les contrôler, sur base de notre programme d’urgence en dix points ». Evoquant la culture de débat nécessaire à la gauche, Carlo a souligné l’importance d’un débat en profondeur, qui ne se limite pas aux cadres dirigeants, un débat dans lequel il a plaidé pour un « droit de tendance » : « c’est quand il y a de la discussion, de la contestation, que différentes tendances s’expriment qu’un débat permet d’avancer », a-t-il conclu.

samedi 5 novembre 2011

[Tunisie : un électeur potentiel sur deux n’est pas allé voter]

Tunisie : un électeur potentiel sur deux n’est pas allé voter
 
par Hassane ZERROUKY (*)
3 novembre 2011

Plus de 51 % 
des Tunisiens en âge de voter sont restés à la maison. Sur 7,5 millions d’électeurs potentiels, seuls 3,7 millions se sont rendus aux urnes. De quoi relativiser 
le triomphalisme des islamistes d’Ennahda.
« Le taux de participation pourrait dépasser les 60 %  », s’enthousiasmait Kamel Jendoubi, le président de la commission électorale, dimanche 23 octobre, à la mi-journée. Les reportages de la presse et des télés arabes, françaises et anglo-saxonnes, montrant de longues files d’attente devant les bureaux de vote, accréditaient l’image d’un engouement populaire massif pour ces premières élections libres, neuf mois après la chute du dictateur Ben Ali. Un succès populaire loué par Barack Obama, pour qui ce scrutin «  a changé le cours de l’histoire  ».
La réalité est tout autre. En fait, la participation n’a été que de 48,91 %. Plus de 51 % des Tunisiens en âge de voter sont restés à la maison. Sur un nombre total d’électeurs potentiels de 7 569 824, seulement 3 702 627 électeurs se sont rendus aux urnes. 
les files : surtout le résultat de la désorganisation...
De ce fait, les 1 535 000 voix obtenues par le parti islamiste Ennahdha lui accordant 90 sièges sur les 217 à pourvoir ne représentent que 20,28 % de l’électorat. Autrement dit, l’ampleur du succès électoral des islamistes est à relativiser. «  Il y a un peuple qui a voté et un autre, celui qui a fait la révolution, a boycotté les urnes  », résume l’avocat Jalal Zoghlami. «  Les 18-35 ans, la frange jeune, politisée des quartiers populaires de Tunis et des villes de l’intérieur, celle qui a occupé la place de la Casbah en janvier-févier, n’a pas voté. Pour ces jeunes, la Constituante n’était pas la priorité. Il fallait consolider les acquis de la révolution, ils n’ont pas été écoutés, mais ce n’est que partie remise. Quant à l’usage du religieux par Ennahdha, les progressistes le savaient. Au lieu d’axer leur message sur les problèmes des Tunisiens, ils se sont focalisés sur la seule menace islamiste  », ajoute-t-il.
Les partis de gauche – Congrès pour la république (CPR, 30 sièges, 13,82 %), Ettakatol (Forum pour le travail et les libertés, 21 sièges, 9,68 %), le Parti démocrate progressiste (PDP, 19 sièges, 8,76 %), le Pôle démocratique moderniste (5 sièges, 3 %), le PCOT (3 sièges, moins de 3 %), le Mouvement des démocrates socialistes (MDS, 2 sièges moins de 3 %), le Mouvement des patriotes démocrates (2 sièges) – totalisent 80 sièges, soit 1,4 million de voix.
L’universitaire et économiste Salah Hamzaoui, proche du Parti communiste ouvrier tunisien (PCOT), n’est pas surpris. «  Plus de 115 partis et listes, avec des numéros différents selon les circonscriptions, des promesses de toutes sortes, ont créé un désarroi chez des gens qui n’ont jamais voté librement. Le bulletin de vote était une vraie affiche avec une multitude de noms et de sigles divers. Alors, ils ont renoncé.  » Selon lui, «  c’était voulu. En accordant l’agrément à autant de partis et de listes, le ministère de l’Intérieur, aux mains d’un ancien du régime de Ben Ali, a fait délibérément dans la confusion. Au lieu de refuser ce fait, les progressistes ont sombré dans le démocratisme sous prétexte qu’on ne peut refuser que des Tunisiens créent des formations ou se présentent aux élections sous l’étiquette d’indépendants, arguant qu’à l’issue du scrutin, n’émergeront que cinq à six formations politiques  ».
Cette confusion a probablement favorisé l’arrivée surprise en troisième position d’une liste indépendante, El Arridha Chaabia (Pétition populaire pour la justice et le développement) de Hachemi Hamdi, avec 19 sièges. Ce milliardaire, surnommé le Berlusconi tunisien, propriétaire de la chaîne télévision satellitaire Al Mustaqila, est un ancien d’Ennahdha, entré en conflit avec son chef, Rached Ghannouchi. C’est, dit-on, un proche de Leila Ben Ali. «  Hachemi Hamdi est l’homme des Saoudiens, alors que Ghannouchi est celui des Qatariens. L’Arabie saoudite et le Qatar se livrent une guerre d’influence via Ennahdha et Al Arridha  », soutient un observateur.
«  Ennahdha, proche de l’AKP turc. C’est du pipeau  !  » assure Fateh, militant associatif. En effet, le premier ministre turc, lors de sa visite à Tunis en juin dernier, a quelque peu refroidi les nahdhaouis en se prononçant pour le respect de la laïcité en vigueur en Turquie. «  Il existe une tendance pro-AKP au sein d’Ennahdha. Mais elle est minoritaire. Pour la faire émerger, il faudrait un puissant mouvement de la société civile  », assure une universitaire pour qui c’est la tendance ultra-conservatrice proche des Frères musulmans égyptiens qui domine. Quant à Souad Abderahim, l’élue non voilée d’Ennahdha, «  ce n’est qu’un alibi moderniste  », prévient-elle. Âgée de quarante-sept ans, Souad Abderahim, pharmacienne et femme d’affaires, est la représentante type de ces milieux néo-libéraux auxquels Ennahdha, sous l’influence du Qatar, a voulu donner des gages. «  Pas que le Qatar  », s’insurge Jalal Zoghlami. «  Trois mois avant les élections, sous l’égide de la Banque mondiale, des marchés financiers, de Washington et Paris, un projet dénommé Programme du jasmin (al moukhatat el yasmin, en arabe) a été mis au point, avec un volet politique prévoyant un partage des pouvoirs après les élections, accepté par Ennahdha. Ce plan prévoit de confier la présidence de la République à Beji Caid Essebsi (actuel premier ministre), les ministères de l’Économie, des Finances, de la Défense, la direction de la Banque centrale de Tunisie, à des technocrates. À charge pour Ennahdha de s’entendre avec d’autres partis pour les autres ministères.  »
Reste que le Congrès populaire pour la république (CPR) de Moncef Marzouki qui, selon les sondages ne devait arriver qu’en quatrième position, n’était pas prévu dans ce plan. Il risque, de ce fait, de jouer les trouble-fête et fausser les calculs établis. À l’évidence, en dépit de la victoire d’Ennahdha, l’avenir politique de la Tunisie semble plus compliqué qu’il n’y paraît.
Hassane Zerrouky

* Paru dans l’Humanité : http://www.humanite.fr/monde/un-ele...

mercredi 26 octobre 2011

[Tunisie : Que dire ? Que faire ?]

[Tunisie : Que dire ? Que faire ?]
expo face à l'ambassade de France - Tunis
 Pour la deuxième fois en 9 mois le peuple tunisien a surpris les « commentateurs » de la vie sociopolitique tunisienne. Si les sondages donnaient Ennahdha (1), le parti islamiste, arrivant en tête aux élections pour l’Assemblée Constituante, personne n’avait prévu l'ampleur de ce succès. Et surtout, personne n’avait prévu une telle déroute pour les listes qui, se réclamant du « modernisme » tels le PDP et le Pôle Démocratique et Moderniste, s’étaient érigés en « rempart » contre l’islamisme…  Comment expliquer ces résultats ?

Premier constat : les chiffres. Les grandes tendances des résultats sont constatées partout dans des proportions relativement identiques, tant à l’intérieur de la Tunisie -dans les grandes villes comme dans les régions les plus reculées- que dans les votes à l’étranger.
Deuxième constat : le  religieux. L’ampleur du résultat d’Ennahdha ne peut pas être dissocié des bons résultats (du moins si on tient compte des prévisions) d’autres listes. Ceux du CPR et de  Ettakatol/ FDTL qui tous deux ont toujours ménagé Ennahdha quand le PDP et le PDM en faisaient leur cible privilégiée. Mais il faut aussi classer dans la même veine les résultats surprenants d’une deuxième liste marquée comme « islamiste », celle d’ Hechmi Hamdi, ancien dissident d’Ennahdha, tête de liste d’Al Aridha Al Chaabia. Il se paie même le luxe de se classer devant Ennahdha dans la circonscription de Sidi Bouzid et deuxième à Kasserine, villes symboles de la révolution ! Propriétaire de Al-Mostakilla, chaîne de télévision émettant par satellite depuis Londres où il réside, l’homme a des moyens. Il y a quelques mois encore, Hechmi Hamdi ne cachait pas son admiration pour Leila Ben Ali ; sur sa télé il ventait ses mérites : « elle fait sa prière 5 fois par jour et son livre de chevet est le coran ». Au final son parti emporterait 25 sièges, même si des contestations sont encore pendantes en raison de suspiscion de financements « occultes » de sa campagne…
On voit donc se dessiner un arc de forces politiques dont l’épicentre est Ennahdha mais qui n’est pas uniquement composé de partis faisant référence à la religion. Leurs traits commun : ils ne remettent pas en cause le cadre de l’économie libérale et ils étaient peu ou pas présents dans la phase révolutionnaire de décembre 2010/janvier 2011. Des caractéristiques qui les rendent « fréquentables » pour l’Europe et les Etats-Unis. En fait, ils bénéficient de leur réputation d’opposants réprimés par Ben Ali.
Troisième constat : le langage. À la différence des « partis d’intellos » se réclamant de la modernité, les forces qui sortent en tête du scrutin ont su tenir un langage simple, populaire. On peut ne pas aimer ces méthodes souvent populistes, mais elles ont parlé au quotidien des citoyens. Bien plus que des concepts qui restent éloignés et abstraits… Hechmi Hamdi promet des soins gratuits et deux cents dinars (100 euros) pour chacun des 500.000 chômeurs du pays en contrepartie de jours de travail communautaire. C’est de la démagogie mais cela parle aux plus démunis.
L’essentiel de la gauche radicale, elle, a mis les luttes sociales entre parenthèses pour se consacrer à la lutte électorale, désincarnée du quotidien, et a été incapable d’unir ses forces…
Quatrième constat : les mecs.  Malgré la règle de la parité totale pour la présentation des listes électorales, l’Assemblée constituante sera celle des hommes. Sur 1517 listes présentées, seulement 110 étaient menées par des femmes. A noter également que la moyenne d’âge chez les candidatEs est moins élevée que chez les hommes, Etant donné l’éparpillement, les femmes auront donc peu d’occasions de faire entendre leur voix. Paradoxe, c’est Ennahdha qui relève la moyenne grâce à ses élus en nombre suffisant dans chaque circonscription. L’Assemblée constituante sera néanmoins majoritairement masculine et agée à 95% de plus de 30 ans dans un pays qui compte 50% de femmes et 55% de moins de 30 ans.
Cinquième constat : le fric. Même habitués aux campagnes coûteuses en Europe, on ne pouvait qu’être frappés par la démesure des moyens développés par certains partis. Tracts en surabondance,  meetings et shows à l’américaine, caravanes de voitures « customisées », bus aux sonos gonflées,  distributions de gadgets, de fleurs, d’autocollants, et de colis alimentaires dans les régions les plus pauvres, tout y est passé. La campagne officielle, relativement courte, a été précédée d’une déferlante de publicités sur toutes les chaînes de télévision, au point que les annonceurs commerciaux traditionnels se sont mis à « faire dans l’électoral » pour vendre leur camelote.
Question flouze, Ennahdha avait déjà fait fort, dès fin avril : trois mois à peine après sa sortie de l’illégalité elle s’offrait un siège rutilant à Tunis, un bâtiment précédemment occupé par Tunisie Télécom, au loyer estimé à 20.000dt mensuels (2).
Mais d’où vient tout cet argent ? Visiblement ce n’est pas le financement public des partis (7500 dt -3800€- dont la deuxième moitié sera libérée sur présentation de pièces probantes…) qui permet de telles frasques ! Une hypothèse parmi tant d’autres : le monde des affaires recycle dans la « démocratie »(3)  l’argent qu’il « concédait » précédemment aux mafieux qui gardaient les portes de son gigantesque casino… Et par ailleurs la Tunisie, de par sa position géostratégique est fort convoitée par des pays et des milieux influents…

Tous les grands problèmes restent
La victoire d'Ennahdha ferme une séquence, celle dans laquelle les classes dominantes ont mené une « contre-révolution démocratique » afin de se doter d'une alternative politique : moins encombrante et moins vorace que l'ex-dictateur en fuite, ayant une légitimité « populaire » et surtout l’aval des puissances impérialistes.
Mais rien n’est joué. Le remembrement opéré ne règle aucun des grands problèmes qui ont conduit le peuple tunisien dans le tourbillon révolutionnaire. Au contraire même, il les rend plus aigus : comment le nouveau gouvernement, malgré sa confortable majorité, pourra t’il tenir les innombrables promesses que ses leaders ont faites ? Les bailleurs de fonds, les puissances étrangères et les dépeceurs qui rodent autour de l’économie Tunisienne vont réclamer des « retour sur investissement (3)» qui se traduiront inévitablement par plus de disparités régionales, plus de précarité, plus de pauvreté… Et il ne suffira plus de répondre « ce n’est pas le moment de… »
Les luttes sociales qui n’ont pas cessé depuis décembre 2010, même si elles sont fort éparpillées, pourraient reprendre de plus belle. Au lendemain des élections, le Président du bureau politique d’Ennahdha déclarait « Si la Constituante n’honore pas ses engagements le peuple y répondra par le slogan ‘ Dégage !’». Son parti et le gouvernement qu’il va former pourraient en faire les frais…
Au sein de l’UGTT, qui tient un congrès crucial en décembre, les militants de gauche doivent se doter d’un objectif commun : la faire rompre de manière radicale avec la politique de « collaboration » avec le (nouveau) gouvernement et  retrouver ses réflexes de classe. Appuyer résolument les luttes auxquelles la bureaucratie avait mis une sourdine pendant la campagne pour la Constituante. Tracer des convergences entre les travailleurs pour améliorer leurs conditions de travail et les jeunes chômeurs pour leur garantir une protection sociale digne.

Freddy MATHIEU

(1)     Pour ne pas alourdir ce texte limitons-nous aux sigles des partis et reportons-nous au dossier « Qui sont les (nombreux) partis politiques tunisiens » sur le site Tunisie Libre de Rue 89 - http://blogs.rue89.com/tunisie-libre/2011/09/06/qui-sont-les-nombreux-partis-politiques-tunisiens-220493
(2)     100000 dinars pour connecter 26 sites d’Ennahdha à la fibre optique ? http://hazemksouri.blogspot.com/2011/05/100000-dinars-pour-connecter-26-sites.html
(3)     En référence à l’appel des milieux d’affaires « Invest in democracy »… (investindemocracy.net/)

[Tunisie : voter rue Lénine...]

jeudi 20 octobre 2011

[Continuer la révolution, il n’y a pas le choix…]

Continuer la révolution, il n’y a pas le choix…
Tunis le 20 octobre 2011
...dans la Medina, les images de Kadhafi circulent
Malgré les efforts considérables déployés pour convaincre les tunisiens d’aller aux urnes, c’est aujourd’hui le colonel Kadhafi qui tient la vedette. Dans la médina, la nouvelle de sa capture s’est répandue comme une trainée de poudre. Sur leur GSM, des jeunes repassent sans cesse le film d’AlJazeera montrant le corps du dictateur voisin sorti de son égout.



Une « Constituante » peut en cacher une autre…
Dans les premières semaines du gouvernement provisoire qui a suivi la fuite du dictateur tunisien Ben Ali, la revendication de l’élection d’une assemblée constituante était incontestablement une revendication juste et populaire, au même titre que la dissolution du RCD, le départ du gouvernement de tous ceux qui avaient eu des responsabilités sous Ben Ali (et en particulier Mohamed Ghanouchi ancien et nouveau premier ministre…).
On mesure aujourd’hui combien la contre offensive du régime a été pernicieuse…
Dissous le RCD ? Officiellement, oui. Mais parmi les quelques 115 partis qui ont reçu leur visa après le 14 janvier, une vingtaine au moins sont constitués d’anciens RCD.
Écartés les anciens RCDistes ? Il y a plus d’un fait troublant qui montrent  que les hommes de Ben Ali sont encore bien présents aux postes les plus influents. Ainsi, lors de la visite de l’actuel premier ministre, Béji Caïd Essebsi, aux Etats-Unis (3-7 octobre), on a pu noter la présence de Mohamed Nouri Jouini, ancien ministre de la Planification et de la Coopération Internationale, dans la délégation tunisienne à Washington. Son passé ne fait pourtant pas de doute : En 1996, il travaille pour la présidence de la République ; un an plus tard, il devient conseiller auprès du président Zine el-Abidine Ben Ali. Il devient secrétaire d'État auprès du ministre du Développement économique, chargé de la Privatisation, le 24 janvier 2001; il conserve son poste jusqu'à sa nomination au poste de ministre du Développement et de la Coopération internationale en septembre 2002. Suite à la révolution de 2011, il conserve de nouveau son poste, en tant que ministre de la Planification et de la Coopération internationale, dans les deux premiers gouvernements de Mohamed Ghannouchi. Commentant cette présence « officielle » à Washington, le président de l'Association des économistes tunisiens, a souligné « que l’objectif de cette visite est de soutenir la transition économique, l’emploi, ainsi que l’investissement en Tunisie, en particulier dans le domaine des affaires. En ce qui concerne la présence de Mohamed Nouri Jouini, (…) le but était d’inciter les américains à investir dans notre pays, puisqu'il a des relations fortes aux Etats Unis, où il a effectué ses études pendant de longues années. » D’autre part, il a indiqué « que le positionnement géographique stratégique de la Tunisie peut servir les intérêts géopolitiques des USA dans la région, leur permettant d'atteindre plus facilement le marché libyen en cas de coopération avec la Tunisie. A noter également, selon certaines sources, en marge de cette visite des contacts conjoints des autorités américaines avec des représentants du parti islamiste Ennahda et des proches du premier ministre tunisien en vue de « faciliter » les relations futures au sein du prochain gouvernement ; un accord aurait été discuté consistant à ce qu’on laisse à Béji Caïd Essebsi son poste de Premier ministre, en contrepartie, les USA (et l’Europe) continueraient leur soutien  financier à la Tunisie.
En mai déjà, le parti Ennahda avait été invité aux Etats-Unis où il avait donné des gages aux représentants du Département d’Etat et même rencontré  l’ex-candidat républicain à la présidence, le sénateur John McCain.

Visites et voyages
La visite suivante du premier tunisien fut pour la Libye… Au cours de cette visite, la première depuis la révolution, M. Béji Caïd Essebsi  était accompagné par une importante délégation composée de six ministres ainsi que de la présidente de l'organisation patronale UTICA. Nul doute que le message américain est arrivé à destination entre de bonnes mains.
Dans les jours qui ont suivi ce fut le tour de l’ancien premier ministre belge, Guy Verhofstadt, de venir parler « affaires » à Tunis, en tant que président du groupe parlementaire de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE). Le grand duduche du parlement européen a même déclaré qu’il allait « aider » la Tunisie : “Réticente au début envers la révolution tunisienne, l’UE veut aujourd’hui se rattraper et apporter l’aide nécessaire pour assurer un passage vers la démocratie”, a déclaré Guy Verhofstadt. “Nous croyons en l’avenir d’une Tunisie démocratique et ouverte”, a encore souligné le président de l’ADLE qui a mis en relief “la richesse du pays le plus européen de l’Afrique du Nord”, fort d’un taux d’instruction élevé, d’un esprit ouvert au monde extérieur et d’un statut respectueux de la femme.


Ramona
Au fond, depuis des mois, tous autant qu’ils sont ,nous répètent les mêmes rengaines : réussir la révolution c’est réussir les élections. Et à ceux qui rappellent que les objectifs premiers de la révolte de l’hiver 2010-2011 qui a chassé le dictateur, sont «Travail, liberté, dignité nationale», ils répondent que ce n’est pas le moment de revendiquer, l’important c’est de rassurer les investisseurs. C’est de reprendre de plus belle le pillage économique de la Tunisie, avec, en corollaire, l’intensification de la précarité.
Aux femmes qui craignent que les compromis avec les islamistes ne se fassent sur leur dos, en enclenchant la marche arrière sur le statut de la personne, le pouvoir tout autant qu’Ennahda font miroiter le code électoral qui impose la parité sur les listes de candidats. A Washington, le premier ministre a déclaré : « le principe de la parité entre les hommes et les femmes sur les listes électorales est une décision d’avant-garde qu’aucun autre pays n’a prise, même parmi les plus avancés dans le monde ». Mais avec plus de 1.600 listes (dans 112 partis -60%- et des coalitions indépendantes-, plus de 11.000 candidats et seulement 5% des têtes de listes pour les femmes, celles-ci ne risquent pas de peser plus lourdement sur le projet de Constitution qui sortira de la nouvelle assemblée. Tout au plus remplissent-elles aujourd’hui le rôle d’attrape-voix…
-Tunis, station Le Passage - 20 octobre-
Les jeunes quant à eux peuvent être rassurés : les rapeurs vedettes, les blogueurs de choc, et les zartistes de combat se mobilisent aussi pour leur chanter « Ramona » et les inciter à voter. Pour qui, pour quoi, ramone par-ci, ramone par-là…

Répression et soumission
Mais derrière ce nouveau « vernis démocratique », les vieilles habitudes du benalisme sont toujours visibles : la répression continue, les militants sont inquiétés, des partis toujours réprimés (dont la Ligue de la Gauche Ouvrière qui s'est vu une première fois refuser le visa (1), officiellement car elle a le même programme qu'un autre parti -c’est vrai que 113 au lieu de 112…). Les travailleurs qui se battent pour leurs droits, pour leurs emplois, les jeunes diplômés qui mènent campagne pour obtenir des jobs, sont traités « d’égoïstes », sont mis au banc des accusés. Les familles de ceux qui sont morts -ou ont été blessés- pour la révolution, attendent toujours que justice soit faite. Les tortionnaires, les criminels, sont toujours à l’abri de poursuites. Idem pour le clan mafieux. Et même Ben Ali et consorts, dont l’argent détourné à tout le loisir de se dissimuler étant donné le peu d’empressement du gouvernement provisoire de s’attaquer aux symboles de la corruption.
D’ailleurs, comme avant sous Ben Ali, le gouvernement provisoire s’est empressé de rembourser les dettes odieuses du dictateur et dans cette campagne, cette question cruciale pour un pays qui a fait une révolution au nom de la « dignité nationale », est totalement escamotée. Tous les partis qui prétendent « compter » dans la prochaine république semblent bien incapables d’ouvrir les livres de compte de la dictature.  De toutes les manières, c’est le peuple qui  paye l’addition.
-comment camoufler la réalité...-
L’organisation des élections pour la constituante participe d’une vaste offensive idéologique pour camoufler ces réalités.
La LGO appelle finalement au boycott de ces élections en ces termes : « Ces forces contre révolutionnaires se sont mises d’accord sur l’organisation d’élections contraires aux mots d’ordre de la révolution pour étouffer les aspirations des masses populaires à l’émancipation, et de ce fait elles s’emploient à légitimer une opération électorale illusoire alors que les masses populaires n’accordent aucun intérêt à ces élections car ne répondant pas à leurs revendications en matière de droit au travail, de développement, de justice sociale, mais aussi la rupture avec les politiques répressives et les choix socio-économique impopulaires. »
Le nombre de listes en présence est sensé donner l’impression que les citoyens tunisiens ont le choix. Mais au fond, il n’y a qu’un choix qui leur permettra de finir ce qu’ils ont commencé en décembre 2010 : continuer la révolution.
-à la Kasbah, les affiches électorales ont remplacés les grafitis...-

Freddy Mathieu










(1) Dernière minute : la LGO vient finalement de recevoir son habilitation.