jeudi 24 février 2011

[la révolution tunisienne - R+40 - ] 6


Dictateurs sans frontières
Berlusconi est présent dans Nesma TV, chaine privée Tunisienne dont le P-DG est l’ancien ministre tunisien de la Communication, Fethi Houidi.
Mouammar Kadhafi a investi en 2009 16 millions d'euros (21,9 millions de dollars) dans un complexe hôtelier de la ville italienne de L'Aquila, ravagée cette année-là par un tremblement de terre meurtrier. En outre le dictateur et sa famille détiennent d'importantes participations dans les secteurs du pétrole et du gaz, dans les télécommunications, dans les infrastructures de développement, dans des hôtels, dans les médias et dans la grande distribution… tout comme le clan Ben Ali/Trabelsi !


Dans le sud de la Tunisie, plus qu’ailleurs, tous les regards sont scotchés aux télévisions qui passent en boucle les images de la répression sanglante organisée par le régime Kadhafi. On n’est pas loin de la frontière libyenne. Toutes les grandes villes se mobilisent pour organiser le rapatriement des travailleurs tunisiens qui fuient les combats et le climat haineux qui s’est développé après le début de la révolte en Libye. Un climat provoqué et attisé par le pouvoir en place qui essaye de détourner l’attention sur « les étrangers » qui seraient à l’origine des troubles. Après le discours de Seïf El Islam Kadhafi, qui s'en est pris aux Tunisiens, les incidents se sont multipliés.
Pourchassés, agressés, des milliers de Tunisiens ont fui la Libye depuis dimanche. «J'ai été battu et ils ont pris tous mes biens, alors que je n'ai rien fait», dit le jeune Houcine, en larmes. Rassemblés au poste frontalier de Ras Jedir, ils ont demandé secours à leurs compatriotes. Les habitants de Ben Guerdane ont vite répondu à l'appel. Des bus, des louages et des véhicules privés ont rapatrié des centaines de ces travailleurs à Gafsa, Sfax, Gabès, Sidi Bouzid, Douz, Kébili surtout.
Sofien m’explique qu’il travaillait avec son frère en Libye : « grâce au pétrole, le niveau de vie là-bas est plus élevé que chez nous , mais l’atmosphère devenait étouffante, c’est surtout le manque de liberté qui a poussé les jeunes à la révolte ». Ce lundi il a été récupérer son frère et deux amis, originaires de Sidi Bouzid, au poste frontière de Ben Guerdane.
Depuis mercredi l’exode s’est amplifié : au moins 30.000 personnes, essentiellement des travailleurs immigrés tunisiens et égyptiens, ont fui les violences en Libye, a déclaré ce jeudi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
L’armée tunisienne a installé des hôpitaux d’urgence aux postes frontières et tous les bus publics et touristiques ont été mobilisés à des dizaines de kilomètres à la ronde pour assurer le transfert de ces exilés.
Des combats qui se rejoignent
Mais la solidarité n’a pas seulement revêtu les aspects matériels -si nécessaires-, elle s’est aussi concrétisée par de grandes manifestations exprimant la solidarité avec le peuple libyen tout autant que sa sympathie avec les nombreux travailleurs tunisiens qui fuient ce pays. Dès lundi matin, une grande manifestation regroupant des centaines de personnes a parcouru les artères de la ville de Ben Guerdane. "Dégage, dégage, dégage", "Peuple arabe uni, contre Kadhafi"... Voilà quelques-uns des slogans chantés par les Tunisiens qui ont manifesté, mardi 22 février, devant l'ambassade de Libye à Tunis.
Un grand nombre d'étudiants et d'élèves est descendu, mardi aussi, dans les rues de la ville de Sfax organisant des marches de soutien au peuple libyen. Une grande marche a parcouru les artères de la ville de Sfax et s'est arrêtée devant le siège de la radio régionale pour protester contre la répression exercée à l'encontre du peuple libyen et les atteintes à la légalité internationale, aux conventions et aux principes des droits de l'Homme.
Les manifestants ont scandé des slogans appelant à la solidarité de l'ensemble des Tunisiens avec leurs frères libyens et à la mobilisation de tous les moyens possibles pour leur porter secours. Ils ont, en outre, demandé l'ouverture des frontières et à apporter une aide médicale et alimentaire aux citoyens libyens, en signe de solidarité et d'unité des peuples tunisien et libyen.
En parallèle, le sit-in organisé à la Place des Martyrs à Bab El Kasbah s'est poursuivi pour la troisième journée consécutive, pour protester contre le gouvernement provisoire.
De nombreuses personnes, ainsi que la section régionale des avocats de Sfax, ont rejoint les manifestants, parmi lesquels des jeunes, des étudiants et des élèves.
Les participants au sit-in se sont rendus au consulat de Libye à Sfax pour exprimer leur condamnation des agressions contre le peuple libyen affirmant leur soutien à la révolution de la dignité en Libye.
Ils ont aussi affirmé que leur mouvement de protestation spontané est un appel pour la dissolution du gouvernement provisoire en Tunisie, l'élection d'une Assemblée constituante, la promulgation d'une nouvelle constitution ainsi que la préparation de prochaines élections transparentes.
Et ce jeudi c’est à Gabès que se sont déroulées des manifestations allant dans le même sens. Les chauffeurs de louages étant en grève et les bus réquisitionnés pour les transports depuis la frontière (à 160km), la ville de Gabès était pratiquement bloquée.
fRED

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