samedi 26 février 2011

[la révolution tunisienne - R+41 -] 7

25.2
Mobilisation sur tous les fronts
Ce vendredi est le 6ème sans Ben Ali. Moubarak est parti. Et Kadhafi les suit. D’autres tyrans vacillent. Et pourtant ce grand mouvement arabe a un côté inachevé.
Le système économique dont le dictateur était l’employé zélé est toujours bien en place. Les groupes économiques étrangers se battent pour prendre la place du clan Ben Ali dans les secteurs clés (cfr. L’opérateur Vivendi qui lorgne sur les 25% de parts d’El Materi (le beau-fils) dans Tunisiana).
Après un petit ravalement de façade le gouvernement de l’avant/après Ben Ali s’est adjoint quelques jeunes loups recrutés en hâte dans les milieux d’affaires européens. Il jette beaucoup de poudre aux yeux, découvrant des caches secrètes par-ci, quelques « anciens » corrompus par-là… mais sur l’essentiel il continue la même politique : celle qui a bradé le patrimoine national en le soumettant aux diktats du capital international et de ses serviteurs fidèles (FMI, UE, OMC, Banque Mondiale). Il s’apprête même servilement à rembourser des centaines de millions de dettes accumulées pour payer les folies de l’ancien dictateur, la dette honteuse.
Plus de 120.000 tunisiens dans la rue ce vendredi.
Une foule compacte, venue de toutes les régions du pays, a envahi la place du gouvernement à la Kasbah, vendredi 25 février, aux alentours de 14h, alors qu'ils n'étaient que quelques dizaines de milliers en milieu de matinée.
La place du gouvernement et celle à proximité de la municipalité de Tunis, arborant les couleurs nationales auxquelles étaient associées les drapeaux de la Libye (drapeau de l'Indépendance), de la Palestine, de l'Egypte et de l'Algérie.
Les manifestants, qui étaient issus de toutes les composantes et franges de la société notamment, les étudiants, les lycéens, les représentants d'associations, les avocats, les syndicalistes de l'UGTT et les militants du front du 14 janvier, scandaient des slogans et brandissaient des banderoles revendiquant la dissolution du RCD et l'instauration d'un régime parlementaire.
« Ghannouchi dégage », « Ça suffit avec les mises en scène », « Honte à ce gouvernement », scandaient les manifestants. D'autres brandissaient des banderoles où l'on pouvait lire « Ghannouchi, ton insistance montre que tu caches ta mauvaise foi ».
Une dizaine de tirs de sommation ont été entendus vendredi à 17heures 45 locales devant le siège du ministère de l'Intérieur, où des policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants qui grimpaient aux fenêtres de l'immeuble, pourtant protégé par des fils barbelés et des blindés.
L’occupation de la place de la Kasbah a repris depuis 6 jours et elle compte bien s’incruster.

Même Djerba se mobilise
A Midoun (Djerba) ce 25/02
Ce vendredi après-midi plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans le théâtre en plein air pour une fête de solidarité. Beaucoup de femmes, des enfants et un groupe de jeunes très déterminés, scandant des slogans contre le gouvernement de Ghannouchi et les vestiges du RCD.
En arrière plan de la scène où se déroulait un concert, de part et d’autre du drapeau tunisien, les organisateurs avaient placardés deux images très significatives : l’immolation du jeune Bouazizi et le drapeau palestinien. Sur une banderole on lisait « La révolution est partie de Tunisie et elle se terminera par la libération de la Palestine. »
Des pancartes indiquaient aussi la solidarité avec la Libye voisine, le Yémen, Barhein, « Tous ensemble » …
A Houmt Souk, la capitale de l’île, on signalait également des mouvement de grogne.

Les « communicateurs » savent s’y prendre pour inventer des mots qui font rêver  les touristes occidentaux. Après « Djerba la douce » pour ripoliner les 193 hôtels en « All In » (c’est-à-dire avec la photo de Ben Ali dans le hall d’entrée) ils ont créé de toute pièce le concept « Révolution du Jasmin », une révolution qui sent bon le sable chaud, où l’on change trois ou quatre personnages de place, une sorte de série américaine où il est question de quelques lingots d’or, de grosses bagnoles, de gens simples devenus riches (et méchants), de mafieux d’opérette (reconnaissables à leur lunettes de soleil). Mais où tout se termine bien, on reprend le boulot les gars…
Ce n’est pas celle-là qui manifeste, se bat, s’étend.
En Tunisie, c’est la révolution « tout court », difficile, au chemin tortueux, aux doutes, aux souffrances, aux gaz lacrymogènes, aux cartouches, aux reculs, aux rebonds, aux convictions.
Un processus plus qu’un moment. Une Histoire plus que des histoires. Une rupture plus qu’un soubresaut. Une libération plus qu’une récréation.
C’est la Révolution.






Sans transition
L’équipe de la Tunisie a remporté, vendredi à Khartoum (Soudan), la 2ème édition du CHAN (Championnat d’Afrique des nations) après sa victoire sur l’Angola sur le score de 3 buts à 0.

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